Mastaba D64 : la partie décorée appartenant à Ptahhotep

PTAHHOTEP

Ptah-hotep signifie littéralement (le Dieu) Ptah est satisfait (ou est en paix). Ainsi le nom de notre personne est bâti sur celui du grand dieu de la région de Memphis et de sa nécropole. Il s'agit d'un nom porté par plusieurs hauts fonctionnaires de la Vème Dynastie, dont la plupart ont atteint le vizirat. Ceci en faisait les hommes les plus importants du pays après le roi.
Ptahhotep partage avec son père Akhethotep (également vizir) un grand mastaba double, dont il n'occupe à vrai dire qu'une petite portion. Il persiste un petit doute sur le fait que notre Ptahhotep ait été vizir lui aussi. Le titre n'apparaît étrangement pas dans la tombe, mais on le trouve sur son sarcophage, et il est quasiment sûr qu'il a occupé la fonction.
Dans sa chapelle, Ptahhotep est accompagné de ses deux fils "aînés" dont l'un s'appelle Akhethotep comme son grand-père, et l'autre Ptahhotep comme lui. Tous deux occuperont des fonctions importantes sous le règne d'Ounas, dernier roi de la Vème dynastie et successeur de Djed-ka-Ra / Isesi.
Tout comme ses prédécesseurs, Ptahhotep porte des titres nombreux, certains recouvrant des fonctions réelles tandis que d'autres sont purement honorifiques.
Ptahhotep était notamment "Inspecteur des prêtres de la pyramide de Isesi, des prêtres-Ouab (= purs) de la pyramide de Nyouserra (et) des prêtres de la pyramide de Menkauhor".

Parmi tous ses titres, Ptahhotep semble particulièrement attaché à celui de "prêtre de Maat" ainsi qu'à l'épithète "celui qui aime Maat", ce qui indique qu'il remplissait d'importantes fonctions judiciaires comparables à celle d'un ministre de la justice (voir l'article sur ). Cet intérêt particulier pour Maat et ces probables hautes fonctions juridiques font qu'il a parfois été identifié - sans preuve - au Ptahhotep des fameuses "Maximes pour Ptahhotep", un des textes sapientiaux les plus célèbres de la littérature égyptienne.

Parmi les autres titres portés par Ptahhotep nous trouvons celui de "inspecteur des canaux", qu'il partage avec ses deux fils aînés.
On trouve aussi :
Premier après le roi
Bâton du peuple
Gouverneur de la Grande Maison
Directeur de la Grande Cour
Chef des secrets de tous les ordres du roi

et beaucoup d'autres.

PTAHHOTEP : ANTICHAMBRE ET CHAPELLE

On entre dans la partie du mastaba réservée à Ptahhotep en passant à travers une étroite ouverture qui se trouve dans le coin sud-est de la salle à piliers.
Le niveau de la première petite pièce, effectivement une antichambre, est plus bas de 30 cms par rapport à la salle à piliers. Le plafond étant lui à la même hauteur, la pièce mesure 2,33m de haut. À droite, on trouve un recessus en forme d'étagère ; au niveau de son coin inférieur fut retrouvé un récipient contenant de la peinture. On peut s'amuser à supposer qu'il a été laissé dans ce coin par quelqu'un (pourquoi pas le maître Ptahenankh lui-même) qui venait de terminer son travail dans la chapelle.

On ne sait pas grand-chose de la manière dont se poursuit le mastaba à l'est de cette antichambre. Au XIXème siècle en effet Mariette fit édifier un petit escalier pour les personnages importants qui venaient visiter le mastaba. Cela a dû se faire au prix de quelques destructions. Le plan originel ne pourrait donc être restitué que si on démolissait cet escalier pour se retrouver au niveau d'origine de la pièce.
Quoi qu'il en soit, on trouve près de la porte de la chapelle un étroit passage qui s'ouvre dans une salle en calcaire, encore plus petite que l'antichambre. Elle conduit elle même à au moins deux autres pièces qui étaient comblées de déblais quand Davies les a examinées.

Un passage de 1m seulement de large pour 2,2m de haut, situé à l'extrémité sud de l'antichambre, donne sur la chapelle de Ptahhotep. Le niveau en est également surbaissé puisqu'il est à 70 cms sous celui de la salle à piliers. Par contre à la différence de l'antichambre, le plafond est ici nettement surélevé.
Le plafond est constitué par deux immenses dalles dont le côté visible a été rainuré et peint en rouge vif pour imiter des troncs de palmier qui auraient été disposés transversalement d'un côté à l'autre (). Les murs quant à eux ont été doublés de plaques de calcaire blanc, et ce sont celles-ci qui ont été sculptées et peintes.
La partie la plus basse des murs est, comme ailleurs, édifiée en pierres vaguement violacées de moindre qualité.

C'est de cette chapelle célèbre - à juste titre - qui a donné son nom au mastaba entier que nous allons maintenant parler.
Ses dimensions sont modestes : 5,3m du nord au sud ; 2,3m d'est en ouest ; et 3,75m de hauteur (dont 2,75m sont sculptés sur les côtés et les fausses portes de l'ouest sur toute leur hauteur).
Les reliefs en pierre levée et peinte sont par contre admirables de finesse et peuvent rivaliser avec ceux du , habituellement considérés comme les plus beaux de tous les mastabas d'Égypte.

DÉCORATION : GÉNÉRALITÉS

Il est à peu près certain que lorsque Mariette a découvert le mastaba, au milieu du XIXème siècle, les bas reliefs devaient avoir conservé une bonne partie de leurs brillantes couleurs. La négligence administrative associée à l'absence des plus élémentaires méthodes de conservation pendant le demi-siècle suivant a conduit au résultat actuel : ce qui avait survécu pendant des millénaires s'est grandement perdu.

En raison de ses petites dimensions, la chapelle de Ptahhotep n'offrait pas la surface nécessaire pour le développement de grandes compositions comme on les trouve dans certains vastes mastabas des débuts de la Vème Dynastie. L'avantage c'est que le propriétaire a donc du faire un choix pour ne garder que les scènes qu'il estimait importantes pour son devenir dans l'au-delà. On évite ainsi les répétitions fréquentes dans les monuments de plus grande taille.

En dehors des représentations -indispensables !- de préparation et d'apports des offrandes alimentaires, la chapelle de Ptahhotep comporte aussi des scènes originales qui combinent une observation attentive et une exécution extrêmement soignée.
Toutes les représentations de la chapelle s'imbriquent harmonieusement et judicieusement les unes dans les autres. Que ce soit l'efficience fonctionnelle des scènes de chasse dans le désert (vues et ) ou la remarquable fidélité et précision des scènes de reproduction animales sur le mur Est (vues , ) ou encore la qualité de représentation des tables d'offrandes et de leur garniture (par exemple, vues , et ).

Gigantesque puzzle habilement entremêlé, le décor plein de vie et de bruit (car les sons écrits vivent tout autant que les personnages gravés) est là pour assurer sa fonction de vie pour Ptahhotep, fonction éternellement renouvelée.
Car il ne faut pas oublier que l'efficacité du repas funéraire mentionné sur le mur ouest (c'est à dire là où le soleil se régénère dans le monde souterrain) dépend intimement des activités diurnes magiquement toujours exécutées par Ptahhotep sur le mur Est où le soleil se lève.

ENTRÉE

L'épaisseur des murs d'entrée est décorée de quatre registres symétriques en rapport avec le transport des denrées vers la table d'offrandes par les serviteurs du Ka. Il s'agit essentiellement de bétail et d'oiseaux.
Le mur Est montre des bœufs au registre supérieur, tandis que dans les trois registres inférieurs les produits transportés sont divers ().
Sur le mur ouest, les trois registres du bas sont identiques. Par contre le registre du haut est plus original. En effet il montre un condensé des produits d'une basse cour et nomme les espèces animales : des oies à front blanc (tjerep), des canards (pekhet), des pigeons (menout), des oies grises communes (ra), des canards (set), d'autres oies (ser).

MUR NORD

Partie supérieure du mur nord

La portion Est est consacrée aux activités matinales de Ptahhotep : toilette, musique, et c'est déjà le moment pour le haut fonctionnaire d'écouter les rapports journaliers de ses subordonnés.

C'est ainsi que nous le trouvons assis sur sa magnifique chaise écoutant le rapport du personnage officiel au début du troisième rang, tandis que ses serviteurs s'occupent de son apparence extérieure. L'un ajuste sa barbe et sa perruque, un second apporte des pièces de lin, un troisième -expert en pédicurie- oint ses pieds de parfum. Derrière lui, un autre serviteur lui apporte une boîte.
Sous le siège est représenté un animalier qui tient en laisse trois chiens sloughis et un singe ().

Sur le registre du haut, on trouve un harpiste ainsi qu'un accompagnateur qui donne la cadence par ses battements de mains ou ses claquements de doigts.
Derrière eux quatre nains surveillent le collier et d'autres bijoux du maître qui va s'en revêtir.
Les deux registres médians montrent six serviteurs agenouillés dans une attitude de respectueuse soumission.
Le registre du bas porte trois autres musiciens : un harpiste, une chanteuse et un flûtiste (). Devant eux, un privilégié a le droit de se servir dans une large quantité de provisions : il s'agit du maçon en chef Sethef, probablement le constructeur de la tombe.

Partie inférieure du mur nord

Situées à gauche de l'entrée quand on se retourne, les scènes sont ici encore distribuées en quatre registres où l'on retrouve les apports d'offrandes, mais aussi des scènes de boucherie.
Le registre du haut dit : "Apporter les biens au responsable de la ville de pyramides…Ptahhotep".
Second registre : "Apporter les tributs, les choses qui germent, et toutes bonnes choses par les serviteurs du ka…".
Les troisième et quatrième registres comportent les scènes de découpage du bétail, accompagnées par la conversation entre les bouchers (il est d'ailleurs curieux que ces scènes de boucherie soient celles auxquelles sont souvent annexés des dialogues). Ainsi au troisième registre, le cinquième homme qui tire sur la patte d'un bœuf étend sa main vers le "chef des prêtres-Ouab de Pharaon, le médecin Akhatarna" lui disant : "Vois ce sang !", et le prêtre de répondre "il est pur". Car il fallait qu'un homme de l'art détermine si l'animal sacrifié était apte ou non à la consommation. Sans doute ne regardait-il pas seulement le sang (qu'aurait-il pû lui apprendre ?) mais aussi l'aspect extérieur de la bête et ses viscères.

Au quatrième registre, les deux hommes à gauche coupent la patte avant d'un bœuf, tandis qu'un de leurs compagnons proclame fièrement "Voyez ce cœur !". Sur la droite un autre personnage porte un grand récipient et ordonne aux bouchers affairés : "Donnez-moi ce sang !".

MUR EST

Richement décoré, le mur Est se divise en deux grandes parties : au nord, nous trouvons une grande figure de Ptahhotep accompagné de "son fils aîné Ptahhotep (II) ". Comme tous les Égyptiens (et aussi plus tard les Romains, eux aussi hommes de la terre) il aime assister aux travaux des champs "les activités agréables accomplies par le pays tout entier".
Du côté sud nous retrouvons Akhethotep en grande taille, mais plus vieux, et cette fois accompagné de "son fils aîné Akhethotep" et qui supervise les "contributions des forteresses et des villes du sud et du nord du domaine funéraire…".

Le décor est très varié et évoque la vie des champs et de la campagne dans des biotopes différents, avec une population de paysans-pêcheurs et insiste sur la multiplication des espèces animales avec plusieurs scènes de copulation. Il s'agit là d'une des responsabilités essentielles d'un haut dignitaire de cette époque de veiller à la prospérité de ses troupeaux qui représentent l'essentiel de sa richesse. Il s'agit aussi d'évoquer la fécondité de la nature et le renouvellement de la vie en général.

Partie gauche (moitié nord)

Les scènes sont distribuées en sept registres principaux, parmi lesquels le 4ème et le 5ème sont subdivisés en deux sous registres.

Ptahhotep est représenté en grande taille. Il porte au cou un large collier formé de quatre rangs de perles, avec un pendentif en forme de cœur. Coiffé d'une perruque courte, il est vêtu d'un pagne triangulaire et porte dans la main droite la canne insigne de sa fonction, et dans la gauche le morceau d'étoffe qui est l'avatar d'un rouleau plus ancien, titre de propriété..
Au-dessus de lui, le texte nous apprend qu'il contemple "tous les agréables spectacles qui ont lieu dans le pays tout entier". À la fin de l'inscription, nous retrouvons la liste des titres du personnage.
Il est précédé par "son fils aîné, qu'il aime, le sab-ad-mer (= inspecteur des canaux) Ptahhotep". Le fils est représenté à plus petite échelle que son père, tenant en main un oiseau par les ailes, et tenant de l'autre main la partie basse de la canne paternelle : un moyen de partager un peu de son pouvoir et de matérialiser la succession qui doit normalement avoir lieu entre le père et le fils.
Seshemka, autre inspecteur des canaux, suit en retrait le fils de Ptahhotep.

Premier registre

Quoiqu'endommagé, on arrive encore à y reconnaître la scène classique de passage d'un troupeau à gué. Vient ensuite une scène de collecte du papyrus, rassemblé en bottes puis transporté. Les bottes constituées seront pour certaines utilisées dans le 5ème registre pour la fabrication de petites embarcations

Second registre

Il est entièrement dédié à des jeux et des exercices physiques par de jeunes hommes, insistant sur certaines prouesses techniques. Il s'agit là non seulement de représenter des distractions fréquemment, mais aussi d'une image destinée à exalter la force et la vitalité de la jeunesse, promesse de renouveau pour Ptahhotep qui contemple ces scènes.

Troisième registre

C'est celui consacré au travail de la vigne, avec une scène en continuité de droite à gauche.
À l'extrême gauche un serviteur du Ka arrose un pied de vigne qui s'épanouit en une vigne montée sur treillis. Un homme et deux adultes la vendangent soigneusement, recueillant les lourdes grappes ("cueillir les grappes").
Vient ensuite la phase de pressage, opération conduite par cinq hommes. Pour être sûr d'extraire la totalité du jus, le raisin est serré dans une pièce de tissu tordue sur elle même. Un homme en position acrobatique, et qui semble flotter dans l'air écarte le plus possible avec les pieds les deux bâtons l'un de l'autre pour extraire le maximum de jus et ne laisser que le moût.
C'est ainsi que l'artiste égyptien rendait en deux dimensions la profondeur spatiale de la scène qu'il voulait décrire.

Quatrième registre

Divisées en demi-registres, les scènes se situent dans la frange désertique symbolisée par une maigre végétation d'arbustes parsemant des dunes. Une fois de plus les talents exceptionnels d'observateur animalier et de précision dans la décoration de l'artisan égyptien font merveille dans la succession des petites saynètes vivantes du registre.
Nous voyons défiler ainsi les principaux animaux qui peuplent ces franges du désert, qui sont délogés par les chiens sloughis. Quelques espèces ont même fait l'objet de tentatives de domestication, comme certaines antilopes.
En dessous, et comme toujours se dirigeant de gauche à droite, un chasseur, le "serviteur du Ka, Iry" couvert pour se protéger de la froidure des nuits, tient en laisse deux sloughis, tandis qu'il observe une vache suivie de son veau. La pauvre est dans une très mauvaise posture puisqu'elle vient d'être saisie au mufle par un lion ().
Un peu plus loin, une gazelle et un oryx ont eux été attrapés et tués par les agiles sloughis.
Une petite scène émouvante et fort bien réalisée se trouve près de l'angle du registre, à droite : deux hérissons sont représentés (à une échelle irréaliste par rapport aux autres animaux). L'un d'eux sort de son terrier et a attrapé une sauterelle ().

Cinquième registre

Diverses activités ont lieu sur les berges du fleuve. Sur la partie gauche du haut, un homme prépare des poissons pour le séchage. D'un geste précis, il les ouvre avec son couteau en pierre ou en métal.

Dans un petit sous registre du haut, un enfant aide un homme à fabriquer des cordages en tordant sur elles-mêmes de longues tiges de papyrus. Ces cordes sont destinées à la construction de petites embarcations dont on voit les stades successifs de réalisation. Ce travail nécessitait l'aide d'artisans spécialisés qui se faisaient souvent assister par leurs enfants à qui ils transmettaient ainsi leur savoir-faire nautique. Comme tous les apprentis, le jeune garçon commencera par de petites tâches subalternes. Ceci transparaît dans l'ordre que donne un homme à son fils : "ô vigoureux garçon, porte (moi) les cordes". Le jeune ainsi interpellé s'exécute : il serre entre eux deux rouleaux et répond à son père : "ô père, voici la corde pour (toi) ".

Sixième registre

Les zones marécageuses près du Nil et de ses canaux offrent refuge et nourriture à une grande variété d'oiseaux que les Égyptiens capturaient à l'aide de filets tractés. Au signal donné par le scribe en chef Oupemneferet, les hommes tirent de toutes leurs forces le plus rapidement possible le filet dans lequel sont piégés les volatiles. Ceux qui ne sont pas trop abîmés iront dans la basse cour, les autres à la broche.

Septième registre

Ce registre, le plus bas situé, décrit le retour des bateliers qui, dans une joute amicale, se hâtent de rapporter les produits du domaine : paniers pleins d'œufs, d'oiseaux sauvages, de petit bétail.
À l'extrême gauche, un homme d'âge moyen est assis sur un tabouret bas, mangeant des produits présents sur une table. C'est un personnage important, un ami de Ptahhotep et peut être celui qui a décoré ce mastaba. En témoigne le texte au-dessus de lui : "son mehenkh bien aimé et fidèle, le chef sculpteur Ankhenptah". Mehenkh est un nom familier donné aux architectes et artisans en charge des tombes.
Avec son nom ainsi sculpté dans le calcaire, il se garantissait une survie éternelle près du propriétaire. Ce fait est d'autant plus remarquable que Ankhenptah serait ainsi un des exceptionnels artistes à avoir "signé" son œuvre.

Partie droite (moitié sud)

En symétrie parfaite avec la moitié nord, les scènes se répartissent là encore en sept registres, dont cette fois seul le quatrième est subdivisé en deux.
Ptahhotep apparaît de nouveau sur le côté droit. Cette fois il est coiffé d'une perruque noire plus longue et une fausse barbe courte. Son vêtement reste un court pagne triangulaire. Il tient en main sa canne de fonction.
Au-dessus de sa tête se trouve un texte : "Voir le tribut, les contributions des forteresses et des villes du nord et du sud".
Cette fois il est précédé par son autre "fils aîné, qu'il aime, le sab-ad-mer Akhethotep". Le fils tient la partie inférieure de la canne de son père et de l'autre main un oiseau.
Ptahhotep surveille la présentation d'animaux, soit capturés dans le désert, essentiellement des herbivores dont on essaiera de domestiquer certains, soit d'animaux d'élevage, surtout du bétail.

Premier registre

Six hommes sont en train de lutter, l'un d'entre eux s'appelle Akhethotep et pourrait être le fils de Ptahhotep. À droite, six autres hommes amènent un prisonnier devant eux.

Second registre

Quatre hommes tirent deux traîneaux supportant des cages contenant un lion et un léopard. À côté, deux hommes portent dans des palanches des animaux ligotés ; entre eux, un homme tient sur son épaule une gazelle. Enfin un dénommé Khoumhotep guide sa meute.

Troisième registre

C'est une continuation des scènes précédentes avec un défilé d'animaux accompagnés de six hommes ().

Quatrième registre

Il montre des bouviers avec du bétail. L'une des vaches est en train de mettre bas. Le petit sous registre du dessus montre du bétail entravé ().

Cinquième et sixième registre

Divers types de ruminants sont conduits vers Ptahhotep (, et ).

Septième registre

Le supérieur des greniers Kahep fait avancer des grues. Il est suivi sur deux rangées par, en haut trois espèces d'oies puis un groupe de cygnes, et en bas des canards, des pigeons et enfin des poussins. Le texte d'accompagnement chiffre ces volatiles à 600 000…

MUR SUD

En symétrie avec la partie inférieure du mur nord, le mur sud développe lui aussi une riche iconographie en rapport avec la préparation et la présentation des offrandes pour le repas funéraire de Ptahhotep qui sera représenté sur le mur ouest. Sur le double registre du haut s'accumulent des quantités impressionnantes de nourriture représentant la quintessence de la production des domaines.

Les registres 2 et 3 sont dévolus à un défilé de jeunes femmes, allégories des domaines que contrôle Ptahhotep. Le texte d'accompagnement nous donne le nom de ces domaines et, beaucoup plus important, le nom des nômes (circonscription administrative) dans lesquels ils se situent.

Le quatrième registre est consacré à des scènes de boucherie. On a inscrit au-dessus des bouchers une partie des paroles qu'ils échangent. Ainsi les deux les plus à droite, en train de découper une patte avant : "Tire fort !" "C'est ce que je fais !".

La légende accompagnant les registres 5 et 6 dit : "Apporter les offrandes par les serviteurs du Ka, serviteurs du grand auprès du roi, Ptahhotep". Les personnes ainsi désignées sont certainement de haut rang, et d'ailleurs on y trouve un inspecteur du canal du nom de Ptahhotep, qui est probablement le fils représenté sur le mur Est.

MUR OUEST

Ce mur est constitué de deux blocs massifs en calcaire, occupant la moitié de la paroi avec, entre les deux, une partie centrale.
Pour pouvoir réaliser la corniche de la partie haute, à gauche, ainsi que les fausse-portes, les blocs ont dû être creusés très profondément, et on ne peut qu'imaginer leur taille et leur poids d'origine.
Entre les deux stèles fausse-portes qui se trouvent des côtés droit et gauche, nous trouvons une scène centrale où nous voyons Ptahhotep assis devant sa table funéraire et un invraisemblable empilement de denrées diverses ().
Il s'agit là de la représentation la plus importante de toute la chapelle puisqu'elle résume tout le reste : le défunt veut que sa table d'offrandes soit toujours garnie, et pour palier l'inévitable abandon des mortels, il immortalise la scène dans la pierre. Magiquement elle se répètera dans l'au-delà.

Les offrandes du panneau central

Assis devant une table d'offrandes bien garnie, Ptahhotep est revêtu d'une peau de panthère, qui est rituellement celle du prêtre-Sem. La queue s'étend sur la chaise tandis que la partie haute est élégamment nouée autour de son épaule gauche. Il porte à son nez un vase contenant probablement un parfum dont il respire avec délice les effluves agréables et revivifiantes ().
Au-dessus de lui se trouve une liste une liste en relief donnant ses titres de prêtre des pyramides de Djed-ka Ra / Isesi, de Ny-ouser-Ra et de Men-kaou-Hor. Bien que son règne soit plus tardif que celui des deux autres, le nom d'Isesi est respectueusement placé en première position, car sans aucun doute il s'agit du pharaon régnant auquel notre Ptahhotep doit son rang et sa fortune. La colonne de gauche reprend certaines de ses importantes fonctions ministérielles.

Au sommet de la partie centrale, entre les deux fausses portes, se trouve une liste détaillée des offrandes et des cérémonies en rapport avec elles.

En face de Ptahhotep, à main droite, des officiants se déploient sur quatre rangs. Sur le rang du haut, des prêtres lavent les tables d'offrandes ou de sacrifice, brûlent de l'encens, et récitent les formules rituelles. Les trois rangs du dessous ne montrent que de hauts personnages venant apporter leur contribution à l'offrande funéraire. C'est ce que Ptahhotep espère bien qu'ils vont continuer à faire après sa mort.

La partie gauche du registre inférieur ainsi que les offrandes situées sous la table n'ont pas été peintes, mais le travail de sculpture est remarquable.
Juste sous la table, de chaque côté du pied, nous trouvons une forme abrégée de la liste d'offrandes, résumée par le hiéroglyphe valant pour "des milliers de pain, bière, tissu, vêtements, bœufs, antilopes, oies"

La stèle - fausse porte sud

Une large corniche à gorge surmonte la fausse porte qui est traitée en relief.
Cette fausse porte est entièrement inscrite et décorée selon l'usage, regroupant et résumant les éléments de la carrière terrestre de Ptahhotep, avec énumération intégrale de ses titres et fonctions ( et ).
Après nettoyage Davies a retrouvé au pied de la stèle une petite table d'offrandes basse très simple, sans inscription, taillée dans la même pierre servant aux assises inférieures des murs. Cette table ayant été retrouvée solidarisée à la roche par une fine couche de boue séchée montre qu'il s'agit bien de celle originellement en place. On l'aperçoit au pied de la .
Cette stèle (car il s'agit bien de cela) est traitée comme une porte dans une autre porte, chacune ayant son linteau inscrit, celui de l'extérieur étant plus travaillé que l'autre. Chaque jambage porte deux colonnes de texte. L'espace entre les deux architraves est presque entièrement occupé par une représentation schématisée de la table d'offrandes.

Les quatre jambages sont terminés par la figure de Ptahhotep et son nom. Les deux du centre portent une représentation usuelle du maître debout, mais les deux autres le montrent, à gauche, assis dans une chaise surmontée d'un dai et portée par quatre hommes, et à droite assis sous une autre structure en dai. Le texte d'accompagnement, récité par un prêtre traité en petite taille indique qu'il va chaque jour faire un tour d'inspection au bénéfice du défunt.
Le texte du jambage externe gauche commence par : "Entrer dans sa demeure d'éternité en paix parfaite, étant dans un statut de bienheureux devant Osiris…".
Le texte du jambage externe droit : "Traverser l'eau en paix parfaite…, pris en mains par ses pères…".
Les jambages du milieu portent les formules "hetep-di-nesou" habituelles. : "Puisse le roi donner une offrande invocatoire…".

La stèle - fausse porte nord

Cette fausse porte n'est pas inscrite comme il est usuel des noms et titres du défunt. Mais étant située au-dessus des appartements funéraires souterrains, elle est néanmoins parfaitement capable -comme son homologue- d'assurer sa fonction de lieu de passage entre une des parties immatérielles de l'individu (le Ka) et les offrandes que les parents ou un personnel spécialisé auront déposées dans la chapelle.
L'aspect d'ensemble du monument est cependant inhabituel, et elle pourrait représenter l'aspect en redans de l'extérieur du palais royal, qui peut lui-même avoir servi de modèle à celui de la résidence terrestre du défunt.
Ainsi Ptahhotep aurait combiné trois symboles : un passage vers l'au-delà, un passage dans le palais de son souverain et un passage vers sa propre habitation terrestre.

La structure était à l'origine entièrement colorée. Quand NdG Davies a fait ses relevés au début du XXème siècle, les restes de couleur étaient encore suffisants pour restituer la teinte de chaque portion. Ceci a permis à Jon Hirst de pratiquer une superbe reconstitution qui permet d'imaginer la paroi comme personne n'a pu le faire jusqu'ici (voir ). Vous trouverez des détails précis en comparant et . Tous les patrons sont représentés et se trouvent également utilisés ailleurs dans la tombe.
Il est difficile de se rendre compte de la profondeur de la sculpture, mais on peut en avoir une idée grâce à , prise il y a plus d'un siècle.

Au centre, sous le linteau arrondi (qui est peut-être le seul à avoir porté une inscription, savoir le nom du défunt), la "porte" est matérialisée par une ouverture profonde dont les bords sont peints en imitation bois. De chaque côté, les grands espaces verticaux sont décorés de structures géométriques rappelant des mâts de navires. Ces "mâts" sont peints comme s'ils étaient attachés à la base par des cordes passant à travers des nœuds. Les espaces étroits sont emplis de motifs ressemblant à des chaînes qui rappelleraient celles utilisées pour les dresser ou les abaisser. Ces nœuds sont serrés à leur sommet tandis que les cordages s'affaissent en tas au pied.