B- Zone médiane du mur est

Ce panneau, qui mesure 1,70m de haut et en moyenne 1,35m de large, est entièrement consacré à des scènes se passant dans les marais, un thème dont la fréquence augmente à la fin de la Ve et au début de la VIe dynastie (peut-être inspiré par la salle "des saisons" du temple solaire de Nyouserrê). Il est divisé en deux parties d'égale hauteur. Il apparaît évident que le bord gauche a été tronqué par l'ajout de la dernière statue dont nous avons parlé.
Ce panneau n'a été que peint, sans travail en relief, et sa qualité d'exécution, moyenne dans la partie du bas est franchement mauvaise dans la scène du haut. La préservation des couleurs est médiocre, essentiellement réduite au rouge de la peau des hommes, c'est pourquoi il est utile de se référer à la de McFarlane.

1) - Le registre supérieur

Iroukaptah, debout sur le pont d'une barque en papyrus, est en train de chasser les oiseaux des marais à l'aide d'un bâton de jet. L'ensemble de la représentation est extrêmement grossier et se résume à des contours en noir sur le fond de plâtre. La silhouette du défunt est mal proportionnée, notamment au niveau des bras, et de relativement petite taille : il est certes plus grand que les autres personnages de la même scène, mais d'un autre côté il ne dépasse pas la taille des bouchers. Sa perruque qui dégage l'oreille est également inhabituelle. D'une main il tient un bâton de jet, mal esquissé, et de l'autre deux oisillons dont les piaillements servent d'appeau.
Devant lui se tient une femme, assez grande, probablement son épouse, qui tient aussi un volatile par les ailes. L'esquisse d'un garçon, sans nul doute un de ses fils, complète la scène vers l'avant. À l'arrière, un batelier fait un geste de conjuration ().
À gauche de ce bateau, tourné dans l'autre sens, se trouve un second esquif portant un homme qui semble prêt à lancer un harpon, mais la représentation est très abimée et incomplète. On remarquera l'absence de fourré de papyrus pourtant habituel dans ce type de représentation.
Manifestement cette scène a été rajoutée à la va-vite après une modification du programme décoratif initial.

2) - Le registre inférieur

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Il se subdivise en trois sous-registres dont la hauteur varie de 27 à 30cm, sur un fond gris-bleu.

a) - Registre supérieur : passage à gué

Tourné vers l'entrée, il montre des bouviers sur des barques en papyrus en train de surveiller un troupeau de bovidés qui traverse à gué. Ce thème est rencontré essentiellement entre les règnes de Nyouserrê et de Pépy I, le plus souvent en association avec des scènes de chasse aux oiseaux et de pêche, comme c'est le cas ici.
Cinq bovins adultes, peut-être accompagnés d'un veau, ont de l'eau jusqu'au poitrail. Sur chacun des bateaux se tiennent trois hommes. À l'avant du premier esquif, un d'entre eux, assis sur ses mollets, tient en main un bâton avec lequel il fait avancer le troupeau. Le batelier qui se trouve derrière lui (tout comme les deux hommes sur le second bateau) désigne d'un doigt un point particulier, peut-être un crocodile qui approche, puisque l'artiste en a dessiné un sous les bateaux pour rappeler le danger permanent que représente l'animal - et le circonvenir magiquement. On peut se demander pourquoi il n'y a pas un bateau devant le troupeau, pour le guider (comme dans le mastaba de Ty) : celui-ci a peut-être disparu ?

b) - Registre médian : capture d'oiseaux au filet

Le filet, hexagonal comme toujours, est représenté fermé, rempli de volatiles difficiles à reconnaître. Le superviseur de la chasse est debout, dos au filet, derrière quelques tiges de papyrus stylisées, tourné vers les haleurs, auxquels il donne le signal de fermer le piège en étendant d'un bras à l'autre un morceau d'étoffe blanche. Les haleurs sont au nombre de cinq et ne semblent pas faire de grands efforts en tirant sur la corde pour refermer le filet. Je dois avouer que, malgré les explications de Pierre Montet qui a consacré un article au sujet, je n'ai toujours pas compris comment cela fonctionnait…
Deux éléments sortent de l'ordinaire ici : le premier homme est représenté dans une attitude différente de celle de ses compagnons, et la figure du surveillant est inhabituelle : debout derrière ses hommes et portant le pagne triangulaire qui indique son grade, sa main droite repose sur son épaule gauche.

c) - Registre inférieur : pêche à la senne

Les Égyptiens nous montrent, comme d'habitude, le dernier moment de la pêche, celui où tous les hommes, répartis en deux équipes parallèles de cinq pêcheurs, halent le filet sur la berge, la plupart en tirant directement sur la corde, tandis que d'autres s'aident d'une sangle. Le bras du fleuve (ou le canal) où se situe l'action est représenté, avec quelques poissons, sous les hommes, qui sont de ce fait plus petits que ceux du registre médian. Leurs poses sont étonnamment statiques, là où dans d'autres tombes on trouve les hommes dans des attitudes très diverses, faisant de grands efforts. Entre les deux groupes se tient un surveillant un peu bedonnant, portant un pagne en pointe et s'appuyant sur un bâton () ; un exemple mieux conservé se trouve dans le mastaba de Mehou ().

B- Partie sud

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La portion décorée s'arrête au niveau de l'ouverture du serdab, le fond de la paroi n'a été que grossièrement dégrossi, tout comme le mur du fond ainsi que l'extrémité du mur ouest ().
Nous distinguerons quatre parties : le propriétaire assis en face des offrandes, les scènes de navigation, les dessins préparatoires pour deux autres statues () et enfin ce qui se trouve au niveau et à droite du serdab

1) - Iroukaptah et les offrandes

La scène est presque la symétrique en miroir de celle du côté nord, dans le prolongement de laquelle elle est située. Elle mesure 3,65m de long et, comme elle, elle est divisée en deux registres (hauteur totale : 0,46 à 0,49m) avec, à l'extrémité droite, Iroukaptah assis (hauteur : 0,70m).

Le maître (il ne peut s'agir que de lui) est assis au-dessus de l'entrée du serdab. La scène est à peine visible, mais avec l'image survolée 137 elle devient lisible. Seul le pied arrière du siège est représenté, mais il a cette fois la forme d'une patte de lion.

Les offrandes sont réalisées avec un grand luxe de détails et ont conservé l'éclat de leurs couleurs. On y retrouve les mêmes éléments que ceux précédemment décrits, aussi, plutôt que d'en dresser une liste fastidieuse, vaut-il mieux les admirer en détail sur le panneau ci-dessous et les images de détail (, , ).

2) - Les scènes de navigation

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Quatre registres de 30 à 39 cm de hauteur occupent un panneau à fond gris bleuté de 1,50m de large. Chacun comprend deux bateaux. Leur coque à la forme typique des navires fluviaux de l'Ancien Empire. Le nombre de ces scènes témoigne de l'importance des bateaux dans la vie des anciens Égyptiens, un thème qui perdurera au cours des siècles et qui, à l'Ancien Empire, sera particulièrement développé durant la Ve et le début de la VIe dynastie ; c'est ainsi qu'on rencontre aussi quatre registres de bateaux dans les sépultures quasiment contemporaines de Ptahhotep et de Ty.

Registre 1 et 2

Sur les deux registres du haut, quatre vaisseaux sont poussés vers le sud par le vent qui souffle de la Méditerranée. Le second bateau du premier registre est papyriforme avec la proue et la poupe évasées et les liens (fictifs) réunissant les bottes de papyrus entre elles.
En dehors de cela, les quatre bateaux se ressemblent beaucoup, tant au niveau du gréement et de la structure d'ensemble que de l'équipage () : un mât double déporté vers l'avant, une cabine décorée de tentures en damier dont le toit, qui se prolonge en auvent vers l'arrière, est suffisamment solide pour permettre à un marin chargé de manœuvrer les voiles de s'y tenir (à moins que l'artiste ne l'ait placé là parce qu'il n'y avait pas de place ailleurs !). À l'avant se tient un pilote portant une canne, chargé de guider l'embarcation et notamment d'éviter les bancs de sable ; ses ordres sont relayés aux barreurs de l'arrière et aux rameurs par le personnage qui a les bras écartés et qui, sur un des bateaux du second registre, tient un court bâton de la main droite () tandis qu'il est absent sur le premier bateau du premier registre (). Iroukaptah, bien qu'il ne soit pas nommé, se tient entre la cabine et le mât. Trois fois sur quatre un homme qui porte comme le défunt un pagne pointu se tient devant lui, une main sur l'épaule opposée en signe de déférence. On remarque (avec difficulté) que les rameurs (5 ou 6 par bord) sont au repos, leurs rames (plus nombreuses que les hommes) se trouvant au-dessus de l'eau.

Registre 3

Moins haut que les deux précédents, il montre deux vaisseaux qui se dirigent vers le nord, portés par le courant et par les efforts des rameurs qui sont cette fois tournés vers la poupe et assis au-dessus du bordage. Celui de droite a une proue en forme de tête animale (hérisson ?). Cette fois, ce sont deux pilotes qui se tiennent en faction à la proue. Nous retrouvons Iroukaptah (ou sa statue), vêtu de son pagne triangulaire sous un auvent à l'avant de la cabine. On voit beaucoup mieux l'espèce de sceptre que tient en main l'homme aux bras écartés, avec lequel il transmet les instructions des pilotes.

Registre 4

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Il est très mal préservé. Il comporte deux barges de transport dont le pont est presque totalement occupé par une grande cabine. L'équipage est très réduit : un ou deux pilotes à l'avant, deux barreurs à l'arrière. Il est difficile de reconnaître ce que transportaient ces bateaux, on distingue des jarres, des tas de grains et ce qui ressemble à des rouleaux de tissu.

3) - Dessins préparatoires de statues

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Entre les scènes de navigation et le serdab, on trouve, incomplètement préservées, les esquisses peintes en rouge de deux statues qui auraient été de la même taille que celles à côté de l'entrée ; une troisième tête mélangée aux deux autres traduit l'hésitation des artisans quant à la manière de remplir l'espace. Plusieurs repentirs témoignent également de leurs efforts pour centrer les statues dans les futures niches.

4) - L'ouverture du serdab et le mur à droite de celui-ci

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Elle se trouve à 30cm au-dessus du niveau du sol et mesure 0,65m de large et de 1,15 (nord) à 1,05m de hauteur ; l'épaisseur est de 30cm. Elle avait été scellée par un mur de briques crues, dont un grand nombre jonchaient le sol au moment de la découverte de la tombe.
L'entrée donne sur une petite pièce grossièrement dégrossie, anépigraphe, en forme de parallélogramme de 1,65 × 1,10 × 1,10m.

Nous avons déjà vu que, au-dessus de cette ouverture, on trouve une représentation d'Iroukaptah assis.
À droite de l'ouverture, le mur n'est que grossièrement aplani et comporte, à 1m au-dessus du sol, une saillie horizontale en relief de 0,85 × 0,10 × 0,15m, dont la fonction reste obscure ().