LA PARTIE BASSE (OUEST) DU COMPLEXE

Située en contrebas de la corniche sur laquelle se dressait le mastaba, la section Ouest comprend la chapelle Ouest, la principale, flanquée au Sud d'une seconde chapelle à l'état d'ébauche. Devant se trouvent deux cours situées sur deux niveaux différents.

Les deux cours

La cour N°1 est immédiatement devant la chapelle principale, et au même niveau qu'elle. Elle est divisée en deux parties (1a et 1b) par un mur qui court Est-Ouest, aménagé dans la roche au moment du creusement initial. Il n'atteint cependant pas la façade de la tombe dont il reste séparé par une soixantaine de centimètres. La cour N°1a se trouve au Nord du mur et mesure 7,60 x 3m. De l'autre côté du mur se trouve la cour N°1b, 2,20 x 3,00m, devant la chapelle Sud inachevée.
Derrière (Ouest) et 1,70 à 1,35m plus haut que la cour N°1 s'étend la cour N°2, qui mesure 10,25 x 3,25m.
Fait remarquable, les deux cours ne communiquent que par une méchante volée de cinq marches donnant dans l'angle Sud-Ouest de la cour N°1b, alors qu'on se serait attendu à une communication franche et directe.

La chapelle inachevée

().

Au Sud de la chapelle de Merefnebef se trouve l'ébauche d'une seconde chapelle, qui fait face à la cour N°1b. Dans l'état actuel, elle mesure 1,80m de large et 0,51m de profondeur. Le travail d'excavation est très incomplet, et aucune décoration ou texte n'a été appliqué. Il est probable que cette chapelle était, elle aussi, destinée au culte funéraire du vizir ou d'un membre de sa famille

La chapelle principale

Elle a été excavée sur la face Ouest de la falaise, son plancher étant situé 5,80m plus bas que celui du mastaba qui la surplombe.
Une ouverture étroite s'ouvre au milieu de la paroi et donne dans une chapelle transversale (axe Nord-Sud) dont les murs sont entièrement décorés de reliefs peints.

C'est elle que nous allons décrire en détails dans ce qui suit.

LA FACADE (EST)

FACADE EST

La façade de la chapelle se présente comme une niche taillée dans le creux de 5,89m de long ; 2,96m de haut et une profondeur variant de 0,76 à 1,15m. Elle est délimitée, en haut par le rebord de la falaise qui la surplombe, qui a été transformé en un linteau externe, et de chaque côté par deux jambages. Le plafond de la niche est peint en rouge, afin d'imiter le prestigieux mais inaccessible granit ().

ENCADREMENT DU MUR EST

F1 : le "linteau externe"

()

En mauvais état, il est orné d'une inscription en relief dans le creux : "Le prince héréditaire, le comte, le chef Nekhbite, le préposé aux secrets du roi dans toutes ses places, le compagnon, le directeur du palais, le préposé aux secrets de la Maison du Matin, Merefnebef".

F2 : jambage Sud

(sur sa face antérieure)

Il est large de 1,49m dans sa partie supérieure, et de 1,70m dans sa partie inférieure, pour une hauteur de 2,12m. La décoration est divisée en deux parties. En haut, quatre colonnes d'inscriptions ; en bas, une représentation, mal préservée, du vizir marchant vers l'entrée de sa chapelle.

F3 : jambage Nord

(sur sa face antérieure, ).

Il mesure 1,10m de large, pour une hauteur de 3,11m. Merefnebef, une longue canne dans la main gauche, se dirige vers l'entrée. Il porte une longue perruque striée qui lui tombe sur les épaules, et un grand collier dont quelques restes sont visibles.
Les détails des reliefs dans le creux qui ont été préservés, comme les traits du vizir, ou l'aile de l'oiseau, témoignent de l'habileté des artisans.

F4 et F5 : la face interne des jambages

Ce sont eux qui délimitent la niche au Nord et au Sud. Tous deux comportent une grande représentation de Merefnebef sortant de la tombe, en un relief creusé particulièrement profond. Le torse, nu, est représenté selon les règles de "l'aspective", combinant vue de face et vue de côté. Le bras proximal est ballant, tandis que le distal, qui porte une longue canne, est plié à 90°, ce qui donne un aspect non naturel à la main gauche du mur Nord, les doigts étant inversés. Le vizir porte une courte perruque bouclée, un collier, des bracelets, et une longue jupe attachée sur le ventre. L'inscription d'accompagnement est également identique sur les deux murs et reprend les noms et titres de Merefnebef.

LE MUR EST

Prière de se reporter au document pour repérage.
Le mur mesure 5,75m de long et 2,87m de haut. Il est entièrement décoré, avec des reliefs disposés en trois registres, au-dessus et de chaque côté de l'ouverture centrale ().

F6 : le "linteau interne"

C'est un long rectangle de 5,70m de long pour 0,46m de hauteur, occupant toute la partie supérieure de la paroi. Il comporte une inscription en 4 lignes, qui se terminent chacune par un des noms du personnage et une sorte de "vignette" à l'extrémité Nord. Des traces vert-bleuâtre sont encore focalement visibles dans les signes.

Ligne 1"Une offrande que donne le roi, une offrande que donne Anubis, Supérieur de la Tente Divine, qui réside dans la place de l'embaumement, qui est sur sa colline, Seigneur de la Terre Sacrée et de Sepa ; qu'il soit enseveli dans la nécropole du désert Occidental, après une très longue vieillesse, en paix, en paix, auprès du grand dieu (comme) quelqu'un qui a suscité la paix, quelqu'un qui a vécu dans un état de déférence, quelqu'un qui a dit le bien et qui a pensé à (sa) tombe, quelqu'un honoré par Osiris, qui est dans le cœur du roi en toutes ses places, dont le grand nom est Merefnebef".

Ligne 2 : "Une offrande que donne le roi, et Osiris, Seigneur de Busiris (afin que) une offrande invocatoire sorte pour lui à la fête de l'ouverture de l'année, à la fête de Thot, à la fête du jour de l'an, à la fête Ouag, à la grande fête, à (la fête) de brûler, à la fête du mois et à celle de mi-mois, à la fête Sadj, à toutes les fêtes, chaque jour, éternellement, pour l'honoré auprès du grand dieu, auprès de Ptah Qui-est-au-Sud-de-son-mur, et par Sokaris (celui dont) le beau nom est Fefi".

Ligne 3"Quant à toute personne qui entrera dans cette tombe en état d'impureté, après avoir mangé les abominations que l'esprit glorieux qui est entré dans la nécropole abomine, sans avoir enlevé leur impureté, comme ils (auraient dû) se purifier pour le temple du dieu, leur châtiment, qui est terrible, sera appliqué par le grand dieu à cause de cela. De plus, tous les rituels glorieux et nobles ont été réalisés pour moi. Son grand nom est Ounas-Ankh

Ligne 4 :[…] qui sont faites pour l'excellent, qui est parmi les esprits glorieux, par l'intermédiaire du devoir de cet excellent prêtre lecteur, qui connaît véritablement les rituels. De plus, je suis initié aux secrets de chaque dieu. De plus, je connais toutes les choses par lesquelles l'esprit glorieux qui est parti dans la nécropole devient glorieux, en tant qu'honoré du grand dieu et par le roi. De plus, je connais toutes les choses qui le font monter au grand dieu. L'ami unique, préposé aux secrets, dont le grand nom est Merefnebef".

F6 : la "vignette"

().

Située à gauche (Nord), montre le vizir en compagnie d'une femme dont la représentation est presque effacée -naturellement - et de son fils Manefer, qui a été, lui, martelé volontairement. L'inscription devant les personnages rappelle certains titres du défunt, notamment ceux en rapport avec la pyramide de Teti et son temple Meret-Teti.
Les signes, qui étaient bleus sur un fond blanc, sont une imitation (par leur forme également), des textes que l'on trouve dans la pyramide d'Ounas, qui est proche, et qui avait été achevée peu de temps avant que Merefnebef ne creuse sa tombe. Il y a là certainement une volonté du défunt de s'approprier un attribut royal.

F7 A-B : les inscriptions du registre médian

Le registre médian mesure 0,72m de haut. Il est constitué d'inscriptions qui courent depuis l'entrée vers le Nord et vers le Sud. La décoration est en relief levé sur une fine couche de plâtre blanc, mais certaines parties sont simplement peintes directement sur la façade. Les inscriptions, initialement esquissées en rouge, étaient polychromes, sur un fond bleu (qui a tourné au gris).

1) - Inscription Sud (F7A)

Elle mesure 2,575m. Sa polychromie est presque perdue aujourd'hui. Elle comprend 26 colonnes, qui se lisent de gauche à droite.
(1) Je suis un esprit efficient, équipé [avec plus de choses que les autres esprits efficients] révéré et dans la louange du roi. (3) J'étais un prêtre lecteur excellent dans la connaissance de toutes les choses de la magie (4) plus que n'importe qui. Jamais (5) aucune magie efficace ne me fut cachée. Celui qui fut un préposé aux secrets (6) du roi dans toutes les affaires qu'il aimait […] qui a (7) eu le suucès modeste, dans sa fonction et en dehors, par chacun de ses ordres (8) Celui qui fut un vrai préposé aux secrets du roi. (9) Oh ! Passants, [vivants] ! (10) Quant à toute personne qui fera une chose mauvaise (11) contre cette tombe, contre les offrandes invocatoires de pains ronds, de bière, de pains allongés, contre le serviteur du Ka (12) je ferai venir la fin de ceci en leur présence (13) la peur ne se formera pas en moi pour ce (cas), afin que (14) les survivants puisse (le) voir et puissent craindre les esprits efficients (15) qui vivront à nouveau dans ce pays tout entier. (16-26) Je suis parti de ma ville, et je suis descendu de mon nôme, (après) avoir atteint la grandeur et un grand âge, (après) avoir fait la Maat, ce que les dieux aiment, (après) que j'ai apaisé [le dieu] avec (tout) ce qu'il aime, en ayant fait la Maat, et l'offrande invocatoire de bière, pains ronds et allongés pour les esprits efficients, (après) que j'ai respecté mon père, et été agréable à ma mère, (après) que j'ai enterré celui qui n'avait pas de fils, (après) que j'ai donné la propriété du père [au fils. Afin que les gens passant à proximité d'eux] puissent le rapporter : ["Voyez, celui que les dieux aiment est révéré avec eux"].

2) - Inscription Nord (F7B)

Elle mesure 2,608m de long et comporte 25 colonnes dont la polychromie est un peu mieux respectée ( et ). Elle se lit de droite à gauche.
(1-8) C'est un que le roi aime, celui qui aime sa vie, celui qui aime la prospérité, celui qui aime se pouvoir se trouver sur terre comme Ra dans l'horizon, celui dont les serviteurs ne font pas un enterrement dans cette tombe, celui qui n'enterre personne dans cette tombe, ni ses enfants, ni son frère, ni son serviteur du Ka.
(8) Quant à celui qui agira (mal) malgré cela, je les ai éloignés de cela, en tant que celui vivant pour le roi. (10) C'est son opposant, c'est son concurrent, (11) celui qui conspire contre lui. Je serai (12) jugé avec lui en raison de cela (à savoir) [la Majesté] du grand dieu. Quant à cette tombe d'éternité, je l'ai faite compte tenu (du fait que) toutes les choses me seront fournies par le roi. Le roi m'a formellement donné une place pour elle dans une zone propre (16) de la terre sacrée dans le district […] l'enceinte d'Osiris. Sa Majesté voulait que je puisse monter vers le dieu au sujet de toutes choses, car j'avais été anobli par le roi au sujet de toutes choses. Quant à cette tombe d'éternité, je l'ai faite pour affermir mon corps dans le domaine [alors que] j'étais un dignitaire du roi. C'est par les scribes qu'elle (la tombe) [fut faite] réjouissant son cœur ; c'est par les artisans qu'elle a été faite […] bon enterrement pour le courtisan, directeur du palais-'H, Mer [efnebef]".

F8 : registre inférieur

Mesurant 1,29m de haut, il se compose de huit panneaux, quatre de chaque côté de l'entrée, portant chacun une représentation du vizir qui marche vers l'entrée. Un exemple sur ce cliché (zone F13) ().

Les caractères communs aux diverses représentations sont : un petit tablier noué sur le devant ; un grand collier ; une petite barbe rectangulaire ; un sceptre Hrp dans une main (passant de manière illogique derrière le personnage sur les figures de gauche) et une longue canne dans l'autre.
Une preuve du caractère inachevé du travail du sculpteur et du peintre se trouve dans le troisième personne de la séquence Sud (F9) : le personnage a été recouvert d'une épaisse couche de plâtre, dont la surface a été lissée.

LE PASSAGE D'ENTRÉE

Les deux côtés du petit couloir d'entrée sont décorés de reliefs sur une hauteur de 1,69m, laissant subsister, en haut et en bas, un bandeau recouvert de plâtre, non décoré. Chaque zone décorée est divisée en deux panneaux.
Le sol du couloir était à l'origine plâtré et peint en blanc.
Un cliché donne une idée de l'état du passage lors de sa découverte ().

1) - Le panneau du haut

Il est identique de chaque côté, et mesure 1,32m de hauteur. Figures et inscriptions sont réalisées en relief levé recouvert de plâtre puis peints. Le défunt est accompagné par une de ses compagnes et deux de ses enfants ; tous marchent vers l'extérieur de la tombe ().
Trois des fils et leurs légendes d'accompagnement ont été volontairement martelé, sans aucun doute après le décès de leur père.
Le seul fils épargné a pour nom Fefi (le même que le "beau nom" de son père). Il se trouve sur le mur Sud, agrippé à la canne paternelle, et regardant derrière lui ; tandis qu'à côté, tenant aussi la canne, mais martelé, se tenait le fils aîné (Manefer) ( et ). Nous verrons que Fefi est plus que suspect d'être l'auteur des martelages de la tombe, qui ont amené à l'éviction de ses frères.

Devant et au-dessus des personnages se trouvent dix colonnes de texte mentionnant leurs noms et titres. Nous trouvons ainsi, au Nord, Merefnebef, Meresankh et les deux fils sont Mem-l'ancien et Manefer ; au Sud, Merefnebef, Sesheshet et les deux fils Fefi et Manefer.
Les deux femmes ont une longue perruque tripartite, et leurs corps sont enserrés dans une robe collante, qui comporte deux bretelles couvrant les seins.
Sesheshet, qui porte le titre d'épouse, est représentée plusieurs fois dans la tombe. Meresankh, par contre, n'est représentée qu'ici, et avec le titre "Honorée auprès d'Anubis", ce qui indique probablement qu'elle était morte quand la scène fut réalisée.
Comme dans tout le reste de la tombe, les corps des hommes sont peints en rouge et ceux des femmes en jaune. Tous les vêtements sont blancs.
Merefnebef est représenté de la même manière que sur la façade, dans une combinaison de vue frontale et latérale ; sa tête est rasée, et il n'a pas de barbe postiche. Il porte une longue jupe, nouée sur le devant, et des sandales aux pieds. Ce type de représentation du vizir ne se trouve qu'ici. Ailleurs dans la tombe, il portera toujours une perruque, une barbe, et un pagne.
Pourquoi donc cette exception ? Cela pourrait être lié au siège des scènes : en sortant de sa tombe vers le jour, il voulait peut-être se montrer dans un état de pureté particulier.

2) - Le panneau du bas

( et ).

Lors de leur découverte, les scènes de navigation étaient entièrement recouvertes d'une épaisse couche de plâtre blanc, peut-être en raison de leur caractère sacré, comme cela se retrouve dans d'autres contextes. Afin de mieux discerner les reliefs, les conservateurs ont –prudemment - retiré la couche de plâtre et renforcé la pierre sous-jacente.

Les deux esquifs se dirigent vers l'Est, et sont près d'accoster (les rameurs sont d'ailleurs au repos) devant un porteur surchargé d'offrandes et qui les attend. Ce dernier pourrait symboliser la richesse des domaines en charge de pourvoir au culte funéraire du défunt. Il est aussi représenté beaucoup plus grand que les membres d'équipage.
La scène la plus intéressante se trouve sur la paroi Nord (), au niveau de la cabine arrière où six hommes au moins font face à une statue du défunt. Cinq d'entre eux sont penchés en avant, main levée, et rende probablement un rite. Le sixième debout à côté de la statue, pourrait être un prêtre. Derrière la statue, un autre personnage fait un geste typique de déploration. Certaines caractéristiques de la statue (visage saillant, courte chevelure) suggèrent qu'elle appartient à un type de statue funéraire (dite "portrait" par certains) bien attesté à l'Ancien Empire.
L'emplacement de ces scènes de navigation représente une véritable innovation, succédant à un mouvement récent (à l'époque!) puisque situé au tournant de la Vème et de la VIème Dynastie. Jusqu'à cette époque en effet, ces scènes étaient placées près de l'entrée, dans les registres supérieurs. Il s'agissait d'imiter les vraies barques funéraires présentes dans les plus grands mastabas, que les propriétaires avaient eux-mêmes empruntées au roi.
Ici, il existe une continuité sémantique entre le registre supérieur et inférieur de chaque paroi. En effet, les artistes ayant placé les représentations du maître et de sa famille en haut n'ont pas jugé nécessaire de les répéter dans les bateaux du bas, où seule une statue de culte est présente. Ainsi se trouvent mêlés, de manière fort originale, un signifiant commercial (la cargaison des bateaux) et un signifiant religieux, d'autant plus qu'il n'est pas impossible que l'idée du voyage solaire diurne et nocturne soit sous-jacente.