Le mur nord

Il mesure 2,60 × 1,90m. Il présente une ouverture béante d'environ 1,02m de haut et 1,15m de large, causée par l'effondrement d'une paroi le séparant d'un puits funéraire contigüe. De ce fait, il ne reste plus à gauche que 1,16m de paroi préservée, et à droite seulement 0,54m fortement endommagés.

Le puits funÉraire 89

Il fut creusé secondairement, mais pas très longtemps après le mastaba de Nyankhnefertoum, dans la seconde partie de la VIe dynastie. Son ouverture (1,20 × 1,10m) se trouve près de celle des deux puits destinés à Nyankhnefertoum (52 et 77) (). Sa profondeur est de 3,56m. Au fond, une niche funéraire a été ménagée dans la paroi ouest, se dirigeant vers le sud, où elle n'est plus séparée de la paroi nord de la chapelle que par 20cm de roche fissurée et friable. Une momie dans un cercueil de roseaux () y fut déposée, ensuite le puits fut comblé de sable, déblais de creusement, pierres…
À la toute fin de la VIe dynastie ou au début de la Première Période Intermédiaire, un accident se produit. La paroi de séparation, dont la roche était déjà de qualité très médiocre, a due être fragilisée encore d'avantage par les infiltrations liées aux abondantes précipitations de cette époque ; peut-être aussi les coups des pillards lorsqu'ils ont détaché la table d'offrande du mur ouest sont-ils responsables ? Quoi qu'il en soit, la paroi s'effondre, et le contenu du puits, ainsi que la momie qu'il contenait, se déversent dans la chapelle, là où les découvreurs les ont retrouvés. Voici l'aspect de la pièce le déblaiement et le déblaiement (la table d'offrande a aussi été remise à sa place).
Lors de l'accident, la liste d'offrandes et la partie supérieure du registre inférieur ont été abimées et partiellement restaurées avec les fragments retrouvés dans les débris.

Toute la paroi est occupée par une scène unique en deux registres superposés, traités, et c'est très original, de façon différente : les porteurs du registre inférieur sont sculptés en relief levé, pour montrer qu'ils sont au premier plan, tandis que le registre supérieur où se tient Nyankhnefertoum est en profond relief dans le creux, et apparait ainsi situé dans un relatif arrière-plan. Il s'agit d'une nouvelle tentative pour essayer de rendre un aspect tridimensionnel.
Chaque registre est entouré d'une ligne incisée puis peinte en noir. Une frise était supposée entourer l'ensemble de la paroi en haut et sur les côtés droit et gauche. Son fond blanc a été appliqué partout, mais seule la partie supérieure a reçu un motif représentant une fleur de lotus très stylisée, qui se résume à trois branches noires (). Le reste de la paroi comporte un fond noir, sauf à l'extrême droite où la couleur n'a pas été appliquée.

Registre supÉrieur

1) - Partie gauche

Nyankhnefertoum est assis sur un siège à dossier bas dont les pieds, en forme de pattes de taureau, se terminent par des cônes de protection. Il est coiffé d'une perruque longue et porte une courte barbe. Bien que celà soit difficile à apprécier sur photo, le visage est bien détaillé, le globe oculaire allongé, le sourcil est épais, presque rectiligne, les joues harmonieusement galbées. Autour du cou, un collier fait de rangs successifs bleu clair et bleu foncé offre un contraste saisissant avec la peau rouge sombre (). Le pagne est mal préservé, et on voit la couche de mortier jaunâtre qui a servi à préparer (et à réparer) cette zone. Il porte la main gauche repliée sur la poitrine, tandis que la droite touche la table (noter la position artificielle du pouce liée au principe de l'aspective défini par Emma Brunner-Traut).
Par manque de place sur la ligne de sol, le pied de la table d'offrande qui se trouve devant lui est surélevé et semble flotter dans le vide. Sur le plateau se dressent verticalement des miches de pain. De chaque côté du pied on trouve l'énumération classique "des milliers de vases d'albâtre, pièces de lin, pains-t, pains -pAt, (cruches de) bière, bœufs, oiseaux".
Au-dessus de la tête du défunt, on lit : "L'ami unique, l'inspecteur de la Grande Maison", et devant son visage se trouve un texte en quatre petites colonnes : "L'inspecteur de la maison du roi, celui qui est aimé de son maître, l'inspecteur de la Grande Maison, le préposé aux secrets, le pensionné (loué) auprès du Grand Dieu, Nyankhnefertoum, l'Ami Unique, inspecteur de la Grande Maison".

2) - Partie droite

()

a) - La liste d'offrandes

(encore appelée pancarte)

Elle occupe un rectangle de 1,75 × 0,68m. Son fond est blanc, avec des hiéroglyphes monochromes, d'un beau bleu cobalt qui est la couleur la mieux préservée de la chapelle. La pancarte est divisée en trois zones par des incisures ; chaque zone est formée de deux parties : un grand rectangle en haut, qui décrit la substance où le rite, et un plus petit en dessous pour la quantité. Du fait de la lacune, on ne sait pas exactement le nombre de colonnes, évalué à 31. Ainsi on trouve des huiles, des pains, des boissons, de la bière, des pièces de viandes, des libations, des encensements, "le meilleur de la table d'offrande. Une fois"… À titre d'exemple, la première colonne en haut à gauche se lit "verser de l'eau. Un vase", celle immédiatement à sa droite se lit "encens sur le feu. Un encensoir" (voir image à droite)

b) -Sous la liste, se trouve un sous-registre de 1,87m de long et seulement 0,20m de haut, largement détruit, qui, sur un fond noir, montre une collection d'offrandes. Sur la gauche, on reconnait encore une table basse, noire cernée de jaune, sur laquelle sont posés deux lave-mains, constitués chacun d'un vase SAwtj et d'une cuvette Hesmnjj (voir en bas de l'image, sous la pancarte).
De l'autre côté de la brèche se trouve un court segment qui semble n'avoir jamais été peint (). On y voit, à gauche, une partie de vase qui semble contenir des fleurs de lotus ouvertes et en boutons ; selon Schäfer, il ne s'agit pas de signifier que le vase contient effectivement des fleurs mais de représenter le décor du bord du vase ou celui en relief de l'intérieur du récipient. Viennent ensuite cinq rouleaux coniques disposés tête bêche ; leur nature exacte reste incertaine (lin ou miches de pain ?) et enfin une petite table d'offrandes conclut (ou débute !) la ligne.

Registre infÉrieur

Mesurant 2,50 × 0,30m, il est mutilé dans sa partie haute médiane. Il se prolonge sous la chaise de Nyankhnefertoum à qui leurs offrandes sont destinées. Chacun des personnages est accompagné d'une petite légende, sculptée en léger relief, parfois à peine incisée, qui se trouve sous l'offrande transportée. Comme le précédent, le fond de ce registre est noir, mais la couleur n'a pas été appliqué du côté droit.

Il est introduit sur la gauche (ouest) par une courte colonne de hiéroglyphes : "Apporter les morceaux de choix, patte avant (khepresh) et oiseaux".
Séparée par une ligne noire, vient ensuite une procession de douze personnages se dirigeant vers la gauche. Rappelons qu'ils sont traités en relief levé pour essayer de donner un aspect tridimensionnel à tout le tableau. Ils sont tous superposables : chacun est coiffé d'une courte perruque ronde et porte autour des reins un petit pagne blanc moulant.

Les deux premiers apportent une pièce de choix, la patte avant d'un gros animal (boeuf, gazelle, ibex, etc.) () ; il s'agit tout d'abord de "son fils ainé, l'inspecteur de la maison du roi, Merouka", suivi par "son fils, de son corps, son aimé, Mereri". La précision "de son corps" est unique et laisse supposer qu'il y avait quelques doutes sur la question. À noter aussi que les hiéroglyphes sont de taille et de disposition inégales.

Les cinq suivants apportent chacun une oie qu'ils tiennent à deux mains (). Il s'agit de "son fils, sous-directeur de la Grande Maison, Djaouy", "son fils, son aimé, Tjetji" et "son fils […] shepes […] Mereri" mais ici aussi il y a des retouches : la première partie du texte est gravée, la seconde seulement peinte, confirmant l'existence de problèmes avec un au moins des deux Mereris les plus jeunes.

Viennent ensuite "le serviteur du ka, intendant, supérieur du lin, Djaouy", "le directeur de la table royale, Imaheni", puis enfin viennent les "serviteurs du ka" Sobekhotep, Nefer, Iherdjefaou, Shafi et Temi, qui apportent des offrandes diverses ().

Mur sud

Il comporte une grande scène de 2,66m de long et 1,14m de haut, divisée en quatre tableaux. Entre le plafond et les côtés droit et gauche du panneau décoré, une bordure de 5 à 8cm a été ménagée. La zone non décorée du bas du mur est inhabituellement haute (0,65m). Les irrégularités liées au dégrossissage avaient été largement compensées avec du mortier de rebouchage, qui est tombé presque partout.
La réalisation du décor a posé de gros problèmes car la roche est ici de très mauvaise qualité et parcourue de fissures, dont une particulièrement large (5cm) à 0,70m de la paroi ouest, monte d'abord verticalement, puis bifurque en diagonale vers le plafond. Tout ceci rend la paroi friable, notamment dans sa partie supérieure ; pour pallier cette situation, les artisans ont appliqué d'épaisses couches d'un mortier rosâtre (différent du premier).
La paroi est inachevée ; elle n'a jamais reçu sa peinture, et le travail de gravure n'en est pas au même stade sur les trois registres horizontaux. Il existe également une différence dans la qualité de réalisation, que nous retrouverons sur le mur ouest, et tout laisse à penser que le même maître et le même apprenti ont œuvré sur cette paroi.

1) - Le couple assis

()

La scène occupe un panneau presque carré (0,90 × 0,88m) traité en relief dans le creux, à la différence du reste de la paroi qui est en relief levé.
Le couple est assis côte à côte, le dos calé par un coussin sur une petite banquette à dosseret bas. Seshseshet, coiffée d'une grande perruque tripartite, enlace son mari d'une main et lui tient le coude de l'autre. Nyankhnefertoum, coiffé d'une perruque descendant sur l'épaule, respire le parfum d'une fleur de lotus ouverte devant ses narines, allusion poétique discrète à son nom, tandis que son autre main est posée sur sa cuisse serrant un objet, sans doute un fragment de tissu.

Les représentations n'ont pas de détail interne, sauf quelques ébauches au niveau des visages.
Il existe une nette différence entre la colonne de texte située devant les personnages, qui s'étend verticalement du sommet jusqu'aux pieds, et les six autres colonnes au-dessus du couple.
La première colonne est faite de grands hiéroglyphes profondément creusés, sans détails, semblables à ceux de la fausse porte sud du mur ouest : "Le prêtre funéraire de la pyramide de Teti, le sous-directeur des prêtres funéraires de la pyramide d'Ounas…"
L'inscription continue sur les six petites colonnes "… l'inspecteur de la maison du roi, aimé de son seigneur, l'inspecteur de la Grande Maison, le préposé aux secrets, Nyankhnefertoum ; son épouse, son aimée, louée par son époux, Seshseshet" ; les signes sont plus petits, moins profonds, souvent maladroits ou mal proportionnés ; un cas particulier concerne le hiéroglyphe du traîneau, "tm", volontairement fautif, comme nous le retrouverons plusieurs fois sur la paroi ouest.

2) - Les trois registres devant le couple

Ils sont tous trois restés inachevés. Celui du bas se prolonge sous la chaise du défunt et de sa femme. Le décor est réalisé en relief levé, et les silhouettes des personnages ont seulement été dégrossies à des degrés divers, ce qui permet de suivre différentes phases du travail.

A- Registre supérieur

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C'est le plus haut (0,54m). Les contours sculptés sont encore grossiers, souvent rectangulaires, et on voit encore les traits guides en plusieurs endroits, notamment pour les détails des visages.
Trois esquifs de papyrus se dirigent vers le couple auquel ils amènent des oies sauvages en provenance des marais. Le travail du sculpteur est au mieux préliminaire, et plusieurs représentations des lignes guides noires et rouge sont encore visible sur la paroi polie. L'aplanissement de la paroi, particulièrement irrégulière dans cette zone, a été complété au mortier, mais de larges fragments se sont détachés.
À l'avant et à l'arrière de chaque nacelle se tient un homme quasiment nu qui manœuvre une longue perche ; lorsqu'il est désigné, c'est par le qualificatif "chasseur d'oiseaux". Entre les deux se tient un personnage dont la représentation traduit l'abondance : bien en chair (plus en tous cas que les mariniers), avec des ébauches de seins graisseux, il est vêtu d'un pagne long à devanteau rectangulaire ; dans chaque main, il agrippe par les ailes des oies. Le premier et le troisième de ces hommes sont désignés comme "supérieur de la chasse aux oiseaux". Des volatiles sont également représentés dans des cages, une sur la première et troisième barque, deux sur celle du milieu. Sur deux des cages, une oie est perché : on la devine en train d'agiter les ailes (voir plusieurs exemples des oies sur l'image de ). Les bateaux flottent sur le Nil ou sur un canal ; l'eau aurait été représentée par des lignes en zigzag sur un fond bleu, mais, à ce stade, le dessinateur avait juste délimité la zone (7cm de haut) par deux lignes horizontales.

B- Registre médian

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Il mesure 0,28m de haut et 1,75m de long. Ici aussi, le côté gauche a été largement enduit d'un mortier rosâtre, qui a servi à tracer les lignes guides préliminaires. Le décor est plus avancé que sur le registre supérieur mais aucune figure n'est cependant achevée. Le graveur a renoncé à travailler sur le mortier et de ce fait les 30 dernier centimètres de l'extrémité gauche n'ont pas été décorés. Il nous reste sept personnages, assez bien préservés, tous porteurs d'offrandes, qui se dirigent vers le couple. Ils restent inachevés, mais sont à un stade plus avancé que sur le registre supérieur.

Premier groupe

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Deux femmes ouvrent le cortège, chacune désignée comme : "Sa fille, son aimée, la connue du roi, Khenout (1) / Metjout (2) ". Vient ensuite un homme, probablement un des fils du défunt, resté anonyme. Ces trois personnages amènent non seulement des oiseaux, mais aussi des tiges de lotus.

Second groupe

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Séparé de ce premier groupe par un petit espace, on en trouve un second formé de quatre hommes, des porteurs subalternes aux cheveux courts, les reins serrés dans de petits pagnes. Bien qu'ils n'amènent chacun que deux oies, leurs attitudes sont différenciées.
À gauche, le registre se termine par une épaisse ligne verticale rouge tracée sur le mortier.

C- Registre inférieur

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Il mesure 0,30m de haut et occupe toute la largeur de la paroi (2,69m), passant sous le couple assis. Il montre quelques scènes d'une fête à laquelle assiste le couple, ce dernier constituant vraiment le centre de toute la paroi. Sur ce registre, la gravure a été achevée, il n'y a plus trace de ligne guide sur la paroi. Il ne restait donc plus qu'à appliquer la couleur, ce qui n'a pas même été commencé.
De gauche à droite, nous trouvons :

Premier groupe ()
Il est formé de neuf femmes : deux "chanteuse (s) " qui battent la mesure et devant elles sept "danseuse (s) ". Ces dernières s'avancent, les deux bras levés au-dessus de la tête, un pied décollé du sol. Toutes portent un grand pagne à devanteau ainsi qu'une queue de cheval terminée par un pompon, qu'elles balancent en cadence au rythme de la danse. La poitrine n'est individualisée que chez une des danseuses, posant une fois de plus la question de la place du sein dans l'imaginaire érotique égyptien. Mais peut-être s'agit-il de jeunes filles pré-pubères ?

Second groupe (vue ci-contre)
Viennent ensuite deux couples constitués chacun d'une joueuse de harpe (tournée vers la gauche) et d'un chironomiste (tourné vers la droite) qui se font face ; chaque couple est désigné comme "donneur de rythme (et) chanteuse". L'homme est accroupi, un genou à terre. Il porte la main droite à son oreille, comme le font les chanteurs de chants polyphoniques tandis que sa main gauche est tendue vers la harpe. Ce groupe, qui était revêtu d'une fine couche de mortier, a particulièrement souffert des efflorescences salines qui forment une véritable croûte de surface.

Troisième groupe ()
Dernier personnage du tableau, un nain se dirige vers la gauche. Il est désigné comme "leur maître". On comprend que cette épithète est en rapport avec un singe et un chien nommé "iaXi", qu'il tient tous deux en laisse, et qui sont certainement les deux animaux de compagnie préférés du défunt. Ils sont représentés l'un au-dessus de l'autre, comme suspendus sur une ligne de sol imaginaire, comme nous l'avons vu sur la paroi est.