Le mur ouest

Il est centré par l'entrée étroite (0,54m de large) qui le divise en deux parties, la droite (nord) d'environ 3m et la gauche (sud) d'environ 2,90m. Chaque côté est divisé en deux panneaux principaux, eux-mêmes subdivisés en entités plus petites. Ici encore, par un travail à différents niveaux de profondeur, les artistes ont essayé de restituer une troisième dimension. La principale différence entre les deux côtés est la couleur : présente et encore assez bien préservée sur le côté nord, elle n'a pas été appliquée sur le côté sud. On est d'emblée frappé par l'existence de trois fausses portes, ce qui n'est cependant pas exceptionnel dans la nécropole et par le fait que les différentes scènes se situent à des niveaux plus ou moins profond, nouvel effort pour suggérer un aspect tridimensionnel, comme le montre la .

Mur ouest, cÔtÉ nord (droite)

Il mesure environ 3m de long pour 1,92m de haut. Il peut être divisé en deux parties distinctes, de largeur presque identique, par une des deux colonnes verticales en creux qui entourent la fausse porte, sur lesquelles sont représentées les jarres contenant les huiles canoniques utilisées pour les onctions. Une image originale de cette paroi est celle prise depuis l'intérieur du puits 89, sur la paroi nord ().

1) - La partie gauche

La zone décorée est entourée d'une double ligne noire, et ne mesure que 1,33m de long et 1,30m de haut. Une large bande anépigraphe la sépare du sol. Elle est divisée en deux parties, séparées par une ligne noire : en haut, le défunt et les offrandes, en bas, une scène de boucherie.

A- Le défunt et les offrandes

(h = 0,98m)

Les deux personnages et leurs légendes, ainsi que la table d'offrandes avec ses pains sont sculptés dans le creux, tandis que le reste est en relief levé. Leur peau est rouge très sombre, comme d'ailleurs celle de tous les autres personnages.
"L'ami unique, l'inspecteur de la maison du roi, Nyankhnefertoum" est assis sur un siège noir strié de jaune (veinures et nœuds du bois) dont le dossier bas est recouvert d'un coussin blanc. Les pieds se terminent en pattes de lion reposant sur des supports semi-coniques. Le maître porte un pagne moulant, une perruque et une courte barbe. Autour du cou s'étale un collier formé d'une alternance de rangs bleu clair et bleu foncé (suggérant la turquoise et le lapis lazuli). La main gauche posée sur la cuisse serre une pièce d'étoffe, l'autre touche les miches de pain (jaunes) dressées symétriquement sur la table (bleue) monopodale.
Les offrandes sont représentées de deux manières différentes : à gauche et au-dessus de la table, elles sont rangées avec ordre, selon un style académique, tandis que sous la table on trouve une accumulation qui semble désordonnée.

Sous la table s'accumulent donc en tas des denrées alimentaires diverses ; l'artiste a voulu donner une note de "vécu" à la représentation, qui devait correspondre à une réalité de terrain lors d'un repas funéraire. On y trouve plusieurs pièces de bœuf : flanc (avec côtes), pattes, tête, plusieurs oiseaux, des laitues, du raisin…
L'héritier présomptif "son fils ainé, le prêtre ouab de la Grande Maison, Merouka", s'avance pour ajouter à cette pile une oie, qu'il présente à son père de ses deux mains tendues, l'une immobilisant les ailes, l'autre tenant le cou de l'animal. Officiant à l'enterrement de ce dernier, il marque ainsi sa prééminence dans la fratrie.

Devant la table et au-dessus (donc à côté) s'alignent, sur trois registres de 0,20m de hauteur, les offrandes méthodiquement classées. Pour remplir les vides de la composition, l'artiste a ajouté des grappes de raisin : leur belle couleur bleu turquoise tachetée de noir rend attrayant ce tableau dont le reste de la polychromie a largement disparu.

Registre bas : Dans le même plan que les pains se trouvent deux vases larges (). De celui de gauche, un cratère sur un reposoir, sortent des tiges de lotus dont les fleurs sont alternativement ouvertes ou en boutons : il s'agirait donc d'un pot de fleurs [N.B. personnellement, je crois qu'on peut aussi envisager l'hypothèse de Schäfer et considérer que les fleurs sont une métaphore du décor intérieur du vase]. L'autre vase, également sur un reposoir, ressemble à un bateau semi-circulaire dans lequel sont posés cinq objets non identifiés, séparés par du raisin et de la laitue.

Registre médian : une table basse noire supporte une aiguière (le second objet a disparu) ; vient ensuite un curieux objet, panier ou plateau, entièrement rempli de fruits, puis deux autres plateaux chargés de denrées diverses, notamment des pains coniques. À l'extrême gauche se dressent cinq rouleaux de tissu.

Registre du haut : il débute à gauche par une table identique supportant trois vases de formes légèrement différentes. Vient ensuite une accumulation de denrées diverse sur et sous un guéridon bas, suivie de trois vases hauts fermés par des bouchons noirs et séparés par des grappes de raisin. Enfin, sur la gauche, on trouve un curieux plat en forme de barque de roseaux où s'accumulent les victuailles, et enfin un gros vase globulaire.

B- Registre inférieur : deux scènes de boucherie

(1,30 × 0,32m)

Le décor est réalisé en relief levé sur un fond qui a conservé des traces de sa couleur gris foncé d'origine. Deux grosses carcasses de bœufs dont les pattes arrière sont liées, gisent sur le sol et sont en train d'être découpées par des bouchers.

 Scène de gauche : un aide, maladroitement représenté avec des bras beaucoup trop longs, est arc-bouté sur la patte avant de la bête, tandis que son compagnon qui tient le couteau lui dit "Tire (là) !". Là encore, les décorateurs ont eu un problème, car le couteau commence là où devrait se trouver la main. Rappelons qu'il n'y a aucune preuve que le système de la grille de repérage, qui définit les proportions, ait été utilisé pour les représentations de personnages à l'Ancien Empire (Kanawati). À l'arrière se tient un homme occupé à "aiguiser le couteau".

La scène de droite est plus réaliste, car les bouchers sont représentés derrière la carcasse. On retrouve un affûteur, tandis que son compagnon, penché dans les viscères, est occupé à "arracher le cœur".
Devant, un personnage du nom de Tjetji, sans nul doute le fils de Nyankhnefertoum, va amener un khepesh (patte avant droite) vers la table d'offrandes, ce que précise la courte colonne de hiéroglyphes devant lui : "apporter les morceaux de viande de choix".

2) - La partie droite : la fausse porte et ses bordures

Cette zone frappe d'emblée le regard par la conservation d'une bonne partie de la polychromie, donnant un aspect extraordinaire à l'ensemble… et nous donnant une idée de tout ce que nous avons perdu ailleurs dans cette chapelle et dans une multitude d'autres.

A- Les bordures

()

La fausse porte est entourée de deux zones rectangulaires de 1,69m de haut creusées plus profondément dans la paroi, ce qui donne l'impression que les jambages externes et le linteau supérieur de la "porte" sont surélevés. Celle de gauche mesure 0,23m de large, celle de droite de 0,30 à 0,36m de bas en haut. Toutes deux portent des représentations des huiles canoniques destinées aux onctions.

La colonne de gauche () est divisée en quatre parties, toutes bâties sur le même modèle : une table basse noire supporte deux ou trois vases, chacun surmonté du nom de l'huile qu'il contient : sTj-HAb, Hknw, sft, nxnm. Les vases sont de formes différentes, mais présentent le même modèle décoratif : le corps est bleu, tacheté de noir, le haut et le goulot sont rouges avec une bande verticale blanche médiane.

La colonne de droite () montre, sur les restes d'un fond sombre et qui a nécessité plusieurs réparations et retouches, quatre personnages qui se ressemblent : ils s'avancent vers la porte en tenant de leurs deux mains un vase contenant une huile d'un nom différent de celles déjà vues : twAwt, HAtt aS, HAtt THnw, mrHt. Les figures sont maladroitement réalisées, avec de nombreuses retouches, traduisant la difficulté du travail de l'artiste dans ce coin de paroi. Détail très intéressant, un (ou plusieurs) Mereri a ajouté son nom à l'encre rouge devant les jambes de deux personnages : "Mereri" et "son fils, […] de la Grande Maison, Mereri", à rapprocher de l'usurpation déjà constatée sur la paroi est, probablement contemporaine.

B- La fausse porte

(pour l'ensemble des descriptions, se reporter à la et au )

Elle mesure 1,04m de large et 1,69m de haut, jusqu'à l'anfractuosité située à la base, dans laquelle était scellée la table d'offrandes en calcaire fin (environ 1,12 × 0,6 × 0,15m), déplacée par des pillards à la recherche de l'entrée du puits funéraire (nous en reparlerons). Elle est constituée de deux jambages et d'un linteau externe, idem en interne, un panneau et une fente centrale surmontée d'un rouleau. Le fond, initialement noir a été recouvert d'un badigeon blanc afin de le rendre grisâtre, puis a secondairement été peint en jaune pâle, ce qui est bien visible surtout sur le linteau externe ; textes et vignettes sont gravés dans le creux et richement colorés.
L'ensemble est nettement différent de la fausse porte de Merefnebef dont le fond imite le granit et dont les inscriptions sont monochromes (). Ce changement, important puisque nous avons vu combien Temi est soucieux de copier son prestigieux prédécesseur, traduit l'évolution, dans le doute et les essais, vers un style différent, un peu plus libre, à une période où le pouvoir politique de la monarchie commence de se déliter au profit de grands notables (aboutissant, par exemple, au gigantesque ).

Partie externe de la fausse porte
Les deux jambages mesurent environ 0,25m de large et comportent à leurs bases le nom abrégé du défunt, Temi, surmontant une image de celui-ci qui, un bâton à la main, se dirige vers la partie centrale (). Le texte, identique des deux côtés, se dispose en deux colonnes verticales : " (1) Une offrande que donne Osiris, (à savoir) une offrande invocatoire pour lui lors de l'Ouverture de la Fête de l'Année, à la Fête de Thot, à toute fête, chaque jour, pour l'éternité, (2) (pour) l'inspecteur de la Grande Maison, loué auprès du roi, maître de dignité, loué auprès du Grand Dieu et d'Anubis, (3) Temi".

Le linteau

Il mesure 1,04 × 0,31m. Sur sa gauche se trouve une image de Nyankhnefertoum marchant (), devant lequel se trouvent trois lignes de texte : " (1) Une offrande que donne le roi, une offrande que donne Anubis, (afin) qu'il soit enterré dans la nécropole après avoir atteint une grande vieillesse. (2) Une offrande que donne Osiris (à savoir) une offrande invocatoire pour lui pour l'Ouverture de la Fête de l'Année, pour chaque fête, chaque jour, pour l'éternité (3) (pour) l'inspecteur de la maison du roi, l'intendant de la Grande Maison, le loué auprès du Grand Dieu, Nyankhnefertoum".

Partie interne de la fausse porte
Les deux montants sont gravés de 2,5cm plus profondément que les précédents. Leurs parties inférieures sont superposables, sauf que c'est le nom complet, Nyankhnefertoum, qui figure au-dessus de la figure qui marche. Sous les cartouches jaunes cerclés de bleu du roi Ounas (dernier roi de la Ve dynastie) on trouve la même série de titres : " (1) Le serviteur funéraire de la pyramide d'Ounas, l'ami unique, (2) l'inspecteur de la maison du roi, préposé au secret des paroles du dieu, (3) Nyankhnefertoum".

Au centre, creusée plus profondément, se trouve l'espace virtuel que le ka du défunt est censé franchir entre les deux mondes afin de tirer la substantifique moelle des offrandes qui lui sont présentées (où, à défaut, qui sont représentées sur les parois). Le boudin torique au sommet représente la natte enroulée qui se trouve au-dessus des fenêtres dans les maisons.
Le linteau qui les surplombe reprend les titres d'ami unique et d'inspecteur de la maison du roi, suivi d'un déterminatif représentant Temi assis sur une chaise, bâton en main.
Ces mêmes titres sont repris de part et d'autre du panneau du dessus. En son centre, on voit le défunt, assis sur un siège très simple, étendant le bras au-dessus de la table d'offrandes qui se trouve devant lui, avec le texte habituel de la formule d'offrandes : un millier de pain, bière, etc. La peinture est négligée, surtout au niveau du bras droit, des mains et des jambes, et il n'y a quasiment aucun détail. La chaise est jaune, avec de multiples traits noirs, et ses pieds léonins reposent sur de très hauts supports de protection semi-coniques.

C- À la base de la fausse porte

C'est au pied de cette fausse porte que se trouvait la table d'offrande, ultérieurement déplacée jusqu'au centre de la pièce par des pillards à la recherche du puits funéraire. Il s'agit d'une plaque de calcaire fin de 1,12 × 0,60 × 0,15m. Un signe hotep est gravé sur la surface entre deux puits rectangulaires.
La traduction des inscriptions est la suivante : (1) "Une offrande que donne le roi et Anubis, qu'une formule d'offrande invocatoire soit récitée pour lui à chaque fête" ; (2) "Le prêtre funéraire de la pyramide de Teti, l'inspecteur de la maison du roi, Nyankhnefertoum" ; (3) "Le sous-directeur des prêtres funéraires de la pyramide d'Ounas, l'inspecteur de la maison du roi, Temi" ; (4) "L'inspecteur de la Grande Maison, (Ny) ankhnefertoum" ; (5) "L'inspecteur de la maison du roi, Temi" ; (6) "L'inspecteur de la Grande Maison, Temi".

On retrouve au pied de cette fausse porte et près de l'entrée (et là seulement) des preuves du culte rendu sous forme de traces de foyers sur le sol (30 - 35 cm de diamètre), avec des restes de charbon et quelques os. Les quelques fragments de poterie retrouvés datent de la fin du règne de Teti et un peu après. Ceci donne un indication importante : il semble bien que, à cette période, le culte "funéraire" d'un individu commençait à être rendu de son vivant dans sa chapelle, même si cette dernière n'était pas achevée.