La cour péristyle

Nous avons déjà dit que sa présence est inhabituelle dans les mastabas de l'époque. Certains ont évoqué la possibilité d'un rajout ultérieur, qui se serait greffé sur la structure en brique initiale ; cela semble moins probable, notamment en raison de la situation de l'entrée du caveau funéraire au centre de cette cour ().
Elle mesure environ 14,10m de long (nord-sud) et 11,65m de large (est-ouest). Douze piliers, espacés de 1,50m, se dressent en périphérie, situés en moyenne à 1,66m des murs à l'est et à l'ouest, et à presque 2m au nord et au sud (). Quatre faces seulement sont décorées, avec à chaque fois le même thème : Ty debout, avec canne et sceptre.
Ils délimitent donc une partie couverte périphérique qui, pendant un certain temps, a assuré la protection des décors et surtout de leurs couleurs contre les intempéries et la morsure du soleil qui inonde la partie centrale de la cour.
Cette zone à ciel ouvert, où se trouve l'entrée du couloir menant au caveau, est actuellement en contrebas, mais à l'origine, après l'enterrement, elle avait été comblée et dallée afin de se trouver au même niveau que les déambulatoires périphériques ().

On entre dans la cour par son côté nord-ouest (). Si l'on fait quelques pas sur la droite et qu'on se tourne de 90°, on peut alors voir une enfilade formée successivement par le mur ouest de la cour, l'entrée dans le massif, et deviner le premier puis le second corridor, l'entrée dans la chapelle dont le mur sud se trouve à 32m ().

Nous allons maintenant commencer l'examen des parois, en tournant dans le sens des aiguilles d'une montre.
La partie haute de tous les murs est perdue, ainsi qu'une partie des registres médians et inférieurs. Après l'effondrement (ou l'enlèvement par des carriers) du toit protégeant les parois, toute la couleur du décor a disparu, ce qui rend les photographies particulièrement difficiles en pleine lumière.

Mur nord

(partie est)

() Elle mesure 8,30m de long, et la paroi d'origine est conservée sur une hauteur de 2,04m, avec deux petits appendices supplémentaires.
Ainsi, seul le registre le plus bas est entier et, comme il est classique à l'Ancien Empire, il contient des scènes de boucherie.
La paroi peut être divisée en deux parties: à gauche les scènes de boucheries, encadrées de chaque côté par Ty, et à droite, les processions de prêtres convergents vers la fente du serdab.

Les 2/3 gauche

1) - À l'extrême gauche, près de l'entrée.

Ty est debout, tourné vers les scènes qui se déroulent sur la paroi devant lui. Il est représenté en grande taille, sans doute sur une hauteur de trois registres. Sa tête, son avant-bras et sa main gauche sont effacés, tandis qu'on distingue encore le bas d'un collier. Il porte un pagne à grand devanteau et des sandales. Dans sa main gauche, il tient un grand bâton, tandis que sa main droite est serrée autour d'une pièce de tissu. Derrière lui s'avance un homme de taille bien inférieure, pieds nus, coiffé d'une courte perruque arrondie à boucles, main droite sur l'épaule gauche en signe de respect. Il s'agit du "… scribe, supérieur des serviteurs du Ka, Kaaper".
À droite du défunt se trouve la fin d'une colonne de hiéroglyphes mentionnant "l'ami unique Ty", suivi d'un titre avec pour déterminatif trois barques.

2) - Les scènes de boucherie

Elles débutent du côté gauche avec deux hommes maîtrisant un gros boeuf, l'un d'eux, après avoir lié les pattes arrières de l'animal, s'aide de son pied gauche pour serrer la corde qu'il a passée par-dessus l'épaule et dont il tient l'extrémité de la main droite (). La patte avant droite du bœuf étant déjà immobilisée à 90°, il est dans une position très instable. A l'avant, son compagnon tient le licol de la main droite et une corne de l'animal de la main gauche, essayant de le précipiter à terre.
Il s'agit ici de bœufs jwA, comme le précise la légende 1"maîtriser 50 jeunes bœufs jwA pour la boucherie". Il existe une autre sorte de boeufs, les gn ou ng, qui sont parfois nommés "boeufs à longues cornes", en se basant sur l'hypothèse de M. Murray (dans Saqqara mastabas: p31). En fait, P. Montet a fait remarquer dès 1910 qu'il suffit de se rendre dans la tombe proche de pour se rendre compte que les deux variétés ont des cornes de la même longueur, ce qui est illustré par la du tome II de la publication de Norman de Garis Davies, qui montre au registre du haut les boeufs 1"gn", et sur les trois registres suivants des 2"jwA", portant un énorme collier. Leur différence tient au fait que l'un est élevé en liberté (le gn), tandis que l'autre (le jwA) est engraissé en étable. Lepsius dans Denkmaler II, montre des boeufs gn en train de passer un gué ().

• Première scène

()

La bête gît sur sol, morte, les pattes liées. Un homme tire sur la patte avant de l'animal, tandis que son compagnon, aiguisoir à la ceinture, découpe la base du membre avec un grand couteau.

• Seconde scène (vue tb_0891)

À gauche, un boucher debout aiguise son couteau, devant lui la légende 2"aiguiser par le boucher" ; il est nu, avec une ceinture à laquelle est suspendu son aiguisoir. Devant lui un autre boucher, aiguisoir à la ceinture, plonge dans les entrailles de la bête, tandis que son compagnon tire sur la patte avant ; la légende dit 3"arracher le cœur".
Note : Très souvent il y a deux personnes, l'une aiguisant, l'autre découpant. Ce n'est certainement pas un boucher et son aide, comme on l'a dit fréquemment, puisque tous deux ont couteau et aiguisoir. Il s'agit probablement de deux bouchers, l'un travaillant l'autre aiguisant ; vu la fréquence à laquelle il faut affûter les couteaux de cuivre, ceci fait non seulement gagner du temps, mais aussi de l'efficacité. Montet propose un autre possibilité : il s'agit du même boucher à deux moments différents de son travail.
Immédiatement à droite, un homme s'approche, amenant un vase dont l'usage est précisé par la légende : 1"transporter un vase pour le sang" ( et ).

Troisième scène
Deux hommes sont à l'ouvrage ; le premier s'adresse à son collègue et lui dit quelque chose comme 2"tiens (bon) boucher". L'aiguiseur est cette fois à droite tourné vers la gauche, l'inscription devant lui est partiellement effacée, mais on lit quand même 3"aiguiser le couteau".

Quatrième scène

Elle est superposable à la première ; le boucher de gauche s'adresse à son collègue et lui dit 4"tire", l'autre répond 5"je fais comme tu désires". On peut noter, et c'est une règle générale, qu'il n'y a jamais de réponse négative dans ce type de dialogues : l'interpellé est toujours d'accord avec le demandeur.

Le petit sous-registre au-dessus des bouchers ()

Immédiatement au-dessus des scènes de boucherie, prolongeant sur la droite la première inscription du registre, se trouvent plusieurs tables basses sur lesquelles s'étale le résultat du travail des bouchers, notamment tout le côté d'un bœuf, dont on voit bien les côtes, des vases, des pots (à graisse?)

3) - Le second registre

Il comportait des scènes de navigation, dont il ne persiste qu'un fragment, au-dessus de la première scène d'abattage (). Une barque transporte plusieurs statues de Ty, avec un personnage appelé 1"inspecteur des prêtres funéraires" qui, retourné, pratique un rituel sur la plus grande.

4) - Seconde représentation de Ty

()

Après la fin d'une colonne de hiéroglyphes "…pour l'ami unique Ty", le défunt ne persiste que sous forme de ses jambes et de son pagne. Derrière lui se tient une femme, dont seul le bas du corps est conservé.

Le 1/3 droit du mur

Il est centré par une fente qui donne sur le premier serdab, vers laquelle se dirigent des porteurs d'offrandes.

1) - Serdab

Rappelons qu'il s'agit d'une pièce complètement fermée, ou qui ne comporte qu'une (ou plus rarement plusieurs) mince fente, et qui contient une (ou plusieurs) statue du ka du défunt, support -entre autre- de son ba, à laquelle les offrandes peuvent être présentées ; par ce biais, le mort peut aussi s'assurer que le service qui lui est dû est effectivement – et correctement- pratiqué…

Chez Ty, il y a deux serdabs, ce qui est rare. Le premier, qui nous occupe ici, est aménagé dans la partie la plus épaisse du mur nord de la cour (). Il comporte deux ouvertures : une dans l'angle nord-est du vestibule d'entrée, et l'autre, dont nous parlons en ce moment.

2) - Les porteurs

( et )

Ils sont désignés comme "hem-ka" ("serviteur du ka") .

À gauche : viennent d'abord deux personnages portant la patte avant d'un bovidé, tandis que les deux suivants présentent un oiseau en le tenant par le bec et les ailes.

À droite, les deux premiers brandissent aussi chacun un oiseau, le troisième va présenter une patte avant, que le quatrième porte, assez négligemment, sur l'épaule droite, tandis qu'il tient l'anse d'un petit récipient dans sa main gauche. Puis viennent deux porteurs d'oiseaux.
Les légendes sont classiques : 1"apporter" ; 2"les morceaux de choix" ; 3"chef des prêtres funéraires" ; 7"sous le contrôle du prêtre funéraire".
Note : pour savoir si le morceau de bovidé transporté est une patte avant ou une cuisse, il est intéressant de donner la règle énoncée par Loret dans sa "Préface à la faune momifiée de l'ancienne Égypte" : dans le cas de la patte avant, la pointe du sabot et l'angle formé par la jambe lorsqu'elle est pliée sont dirigés dans le même sens, c'est le contraire pour la cuisse. Il est alors facile de constater que, la plupart du temps, les scènes décrites comme "transport de cuisse…" sont fautives, et qu'il s'agit de la patte avant, considérée comme la partie noble par les Égyptiens.

Mur est

()

Il ne reste pas grand-chose des décors d'origine, puisque sur une longueur de 14,30m seuls 7,50m ont conservé un registre et la partie inférieure d'un second. Pour faciliter la présentation, nous avons séparé les scènes en trois groupes,

1) - Scène 1 : le palanquin

Il s'agit d'une scène intéressante, mais hélas incomplète. Les scènes montrant le défunt dans une chaise à porteur ne font pas leur apparition avant le règne de Niouserra (Roth, voir bibliographie). Ensuite, elles deviendront canoniques dans les cimetières Memphites pendant tout le début de la VIème Dynastie. Ces objets de luxe, ainsi que le nombre disproportionné des porteurs, servaient à montrer l'opulence et le statut social du défunt. Mais il s'agissait également d'une métaphore pour désigner la procession funéraire qui, à cette époque, n'était pas représentée. On porte le vivant dans sa chaise comme on portera le défunt dans son cercueil. Il s'agissait d'un moyen magique pour s'assurer que le défunt bénéficierait de funérailles faites dans les règles.
Chez Ty, dix hommes (mais ils étaient peut-être vingt car chacun peut être dédoublé), pieds nus, et vêtus d'une simple ceinture dont les pans retombent vers l'avant pour cacher le sexe, ont sur l'épaule les barres de portage d'un grand palanquin. Ce dernier est formé d'une caisse carrée, ajourée, qui déborde largement sur le registre sus-jacent. On devine encore la silhouette d'un personnage assis, genoux repliés vers le menton. Manifestement, le second registre comportait des porteurs de biens dont seules les jambes sont encore visibles.
Sous le palanquin, un homme conduit un singe à l'aide d'une laisse, et derrière s'avance un chien très racé, à la queue en trompette, et dont le cou est décoré d'un ruban. Il s'agit des deux animaux familiers de Ty, et l'importance qu'il leur attache ressort de leur taille par rapport au petit homme qui les guide ().

2) - Scène 2 : le transport de mobilier

Elle est séparée de la précédente par une ligne verticale (). En allant de l'arrière vers l'avant de la scène, nous voyons d'abord une succession de neuf personnages dont les sept premiers portent sur l'épaule des pièces de mobilier. Traditionnellement, ils sont décrits comme des porteurs de coffres. Certains des objets transportés pourraient cependant être des fragments démontés du palanquin dont nous venons de parler, amené en pièces détachées dans la tombe.

() Le premier porteur est identifié comme 2"porteur de sceau, Pepy" ; le second est 3"prêtre funéraire et barbier (de) Kakai, Hekenou". Remarquer le hiéroglyphe du peigne. Le nom Kakai (4), inscrit dans un cartouche, est le nom de naissance du roi Neferirkare. Il a été manifestement - et maladroitement - rajouté.

Puis nous trouvons un autre "porteur de sceau", suivi du cartouche Kakai. Il transporte des nattes ou des pièces de tissu roulées, qui servaient peut être à tapisser l'intérieur du palanquin.

Vient ensuite () un personnage dont le titre (5) comporte un signe en forme de palette (on pense à celle de Narmer), auquel ont été très maladroitement rajoutés un signe vertical qui doit correspondre au signe de vie ankh, et un nouveau cartouche de Kakai, non seulement grossièrement gravé, mais de plus fautif puisqu'il manque le signe final, le roseau valant pour "i" (). Mastabase, ainsi que le dictionnaire Hanning translittèrent le signe "Xaqw", dérivant donc du verbe "Xaq", raser. La traduction pourrait donc être ici aussi, malgré la différence des glyphes, 5"Barbier du vivant Kakai". Le terme général "barbier" pourrait ainsi avoir recouvert des fonctions différentes, comme maquilleur.
Il faut trois porteurs pour la grande pièce de bois, certainement un des côtés de la caisse, ou son plancher.

Les deux hommes qui les précèdent portent un des côtés du siège () ; le caractère bidimensionnel de la pièce est attesté par la manière dont le premier homme l'empoigne : on distingue nettement les doigts de sa main gauche près de ceux de la main droite, ce qu'il ne pourrait certainement pas faire s'il portait une masse cubique. On ne sait à qui s'applique l'épithète 6"chef (des?) porteur (s) de sceau" qui accompagne cette saynète.

Un homme s'avance ensuite, tenant un grand éventail ovale de sa main droite, et un rouleau de sa main gauche.
Enfin, clôturant cette première séquence, trois personnages transportent ce qui constitue manifestement un autre côté du palanquin (à la manière dont il est tenu, on voit encore qu'il s'agit d'une 'plaque' et non d'un objet en trois dimensions). Devant, un nouveau porteur de nattes est précédé d'un porteur de cloison.

() Il ne faut pas moins de deux personnes pour le fauteuil de Ty, du moins pour son squelette, puisque certaines des autres pièces transportées servent à le reconstituer (). On notera que, selon la tradition égyptienne de tout représenter au mieux, les pieds à pattes d'animal sont perpendiculaires au siège, afin qu'on les distingue mieux.

Le personnage qui les précède porte une pièce de bois dont la nature reste mystérieuse. C'est probablement à lui que s'applique la légende 7"surveillant de service de mois" 8"Kakai, qu'il vive". Devant lui, un autre 2"porteur de sceau" qui tient sous l'aisselle droite un rouleau de nattes plus petit que les précédents, et dans la main gauche, une paire de sandales.

Les deux personnages qui viennent ensuite tiennent deux longs rouleaux ou étuis qui semblent comporter une sorte de boucle au sommet (). Il n'est pas possible de savoir si la légende 9"chef porteur de sceau du mois" s'applique à l'un d'eux ou à celui qui les précède.

Il est possible que les trois hommes suivants portent des coffres (dont un au couvercle bombé) plutôt que des pièces de palanquin. Ils sont 5"chef porteur de sceau".

Ils sont précédés par deux porteurs d'éventail, le premier tenant en plus un appui-tête, et le second un chasse-mouche (?) ()

3) - Fils et intendant

()

Sans séparation objective par rapport aux porteurs, nous trouvons maintenant trois hommes assis sur un talon, un genou relevé. Les deux premiers sont des fils de Ty.

Le premier est Ty 'junior' : 10"Son fils Ty, chef coiffeur de la Grande Maison". Le terme "per aA", "Grande Maison", désigne le palais royal et désignera, mais bien plus tard, à la XVIIIème dynastie, le roi lui-même : Pharaon (pensons à 'la Maison Blanche', 'l'Élysée'…).

Le second est 11"Son fils Demedj, chef des élevages de canards".

Tous deux font face au 12"Supérieur des prêtres funéraires, (13) Ka-aper". C'est la troisième fois que nous rencontrons cet important personnage.
On remarque que les trois hommes semblent pratiquer une gestuelle rituelle qui nous est incompréhensible : Ty a la main gauche sur l'épaule droite, tandis que sa main droite saisit son coude gauche ; Demedj a la main droite sur l'épaule gauche tandis que sa main gauche est placée à la saignée du coude droit ; enfin Kaaper à les deux mains sous les aisselles.

4) - Le second registre

On peut essayer de deviner quelque peu ce qui se passait. Devant et derrière la caisse du palanquin, trois hommes avancent. Les deux derniers à gauche et le premier à droite tiennent vraisemblablement un bâton dans la main droite.
Au-dessus des porteurs les plus à gauche, huit hommes s'avancent vers la gauche, jusqu'au trait vertical. Ils représentent la suite du défilé du registre sous-jacent, et il est probable qu'ils transportaient eux aussi des fragments du palanquin.
A la droite de ce défilé, sans séparation objective, les scènes changent, avec deux couples d'hommes qui se font face. Puis on aperçoit la base d'un objet en bois reposant sur le sol et les jambes d'un personnage qui masquent en partie le pied arrière du meuble (?).
Sans aucune séparation, nous trouvons ensuite deux hommes agenouillés et un debout avec un objet ovalaire qui semble avoir des cordages tendus vers un point central. Ils se trouvent devant deux personnages assis, le premier de beaucoup plus petite taille que le second, dont on peut sans risque dire qu'il s'agit de Ty. Deux bases de colonnettes indiquent que les sièges devaient se trouver sous une zone couverte, peut être un dai. C'est sous la chaise du défunt que l'on trouve Ty (junior), Demedj et Kaaper.

Mur sud

Rien n'est conservé, la paroi est presque lisse ; tout au plus, distingue t'on vaguement sur les photos des restes de frises.

Mur ouest

( et ). Il mesure 14,45m, soit 0,15m de plus que la paroi est, ce qui signifie que la cour n'est pas rigoureusement d'équerre.
Pour faciliter l'étude, la paroi sera décomposée en quatre parties. A l'extrême gauche, jouxtant l'entrée vers la chapelle, se trouve la fausse-porte de Demedj (nous la verrons en dernier), puis on peut diviser la paroi en trois panneaux.
Ici encore un soubassement non décoré de 1,50m de haut occupe toute la partie basse ; au-dessus, le registre inférieur a survécu correctement sur 12,50m de long, les deux derniers mètres jusqu'au mur étant par contre détruits. A la partie médiane, le second registre persiste sur une longueur de 6m, et on reconnaît très focalement des traces du troisième. Quatre images de Ty, seul ou accompagné, ponctuent la paroi. Elles sont toutes tournées vers la droite, c'est à dire vers l'entrée de la cour, afin d'accueillir les visiteurs.

Premier panneau

Il se trouve immédiatement à droite de la fausse-porte.

1) - Ty

Il ne persiste que la moitié inférieure de son corps. Chacun des deux registres derrière lui porte deux scribes chargés d'enregistrer ce qui se passe sur les scènes de droite. Sur le registre du haut, mal conservé, on lit encore 2"… des domaines funéraires", et devant le deuxième homme 1"employé. Sur le registre du bas se trouve celui qui semble le plus gradé : 1"scribe inspecteur du bureau royal, scribe des équipages, chef des prêtres funéraires, devant lui un 2"scribe en chef des documents royaux, supérieur des prêtres funéraires, Kaaper".
Devant Ty un reste de colonne de texte fait allusion à des domaines, ou à des villes, et se termine se termine classiquement par "… pour l'ami unique Ty".

2) - Bateaux et animaux

()

A- Registre bas

Il est composé de deux parties superposées.

Partie inférieure
Elle est occupée par quatre bateaux à rames ; les trois premiers sont dotés d'une cabine à claire-voie ou, pour reprendre une terminologie moderne, un 'taud', c'est-à-dire un toit souple posé sur des piquets ; le quatrième n'est pas couvert, mais est doté d'une figure de proue. Tous sont munis à la poupe d'une paire de grandes rames faisant office de gouvernail. Les rameurs ne sont pas figurés, et le nombre de rames représentées est variable: 11,17,12,13.
Les légendes : devant chaque bateau un homme courbé est 1" le plus âgé du chantier", au-dessous, à la poupe du premier bateau 2"pilote", au-dessus des deux premiers bateaux la légende indique l'origine des marchandises transportées : 3"provenance du sud". Cette légende est complétée pour les deux derniers bateaux par 6"accostage".

Partie supérieure
On peut supposer qu'il indique les animaux ainsi transportés : gazelles et antilopes pour les deux premiers bateaux ; remarquez leurs attaches individuelles à une pièce du pont. Pour les deux suivants, nous trouvons des grues, des pigeons (le lapidaire les a soigneusement entremêlés, ce qui n'a pas dû être facile), et enfin deux autres animaux du désert, un 4"addax" et un 5"addax femelle".

B- Second et troisième registres

()

Ils sont eux aussi divisés en deux sous-registres.

En bas, des bateaux sont visibles. Il s'agit plutôt de barges, dont la poupe et la proue sont peu relevées, et qui ne comportent que quatre rames latérales. Elles étaient peut-être tirées depuis la berge, ou par les autres bateaux. Sur le pont se dresse une sorte de cabane en bois, fermée, sur le toit de laquelle se trouvent des jarres, et qui se prolonge vers la poupe par une sorte de nasse grillagée. Les bateaux ne transportent cette fois que des animaux domestiques : boucs, bœufs gras, mais aussi 1"orge, en quantité".

En haut, chaque bœuf est maintenu par le licol tenu par un homme assis. Peut-être s'agit-il d'animaux en cours de transport. La légende est sans rapport avec la scène : 1"chef des équipages". Registre trois, un seul bateau est entier, son chargement est désigné comme 1"pxA" (une variété de céréales).

Second panneau

()

1) - Ty et sa famille

Nous retrouvons le défunt, sandales aux pieds, bâton en main, large collier autour du cou. Derrière lui se tiennent sa femme, Neferhetepes, agenouillée, et ses deux fils Ty (junior) et Demedj, tous nu-pieds. Ty, presque aussi grand que les trois autres personnages, fait face à trois registres figurant l'inventaire d'un élevage de volaille. Il s'agit cette fois d'élevage Hrwt, c'est-à-dire d'élevage simple sans gavage. La différence a été parfaitement expliquée par P.Montet dans sa thèse "scènes de la vie civile". Face au défunt se trouve un texte explicite: " (voir)… les oiseaux des Hrwt du domaine par l'ami unique Ty".

2) - L'inventaire

Face à Ty se dressent quatre colonnes fasciculées avec chapiteaux lotiformes, qui pourraient traduire la présence d'un bâtiment de deux étages. Toutefois, il faut plutôt considérer les deux sous-registres comme une commodité picturale due au manque de place et ne voir qu'un seul plan. Il existe d'ailleurs une seule ouverture qui permet l'accès à l'intérieur du bâtiment, dans lequel Ty et sa famille attendent les intendants.

A- Le registre du bas

Juste devant l'ouverture, un personnage s'avance, rouleaux de papyrus coincés sous l'aisselle. Il porte les titres 1"Juge, intendant du domaine, inspecteur des scribes des documents royaux, N" Je ne suis pas arrivé à identifier le nom. Derrière lui, deux intendants du domaine suivent avec d'autres rouleaux sous le bras.

B- Registre médian

Au-dessus du juge, nous retrouvons Kaaper en train de lire un papyrus devant son maître ; il est qualifié de 1"Inspecteur des scribes des documents royaux, scribe des équipages, (2) supérieur des prêtres funéraires, Kaaper". Derrière lui, légèrement courbés, deux 3"archiviste" transportent sous le bras et dans un étui les papyrus qui pourraient être nécessaires pour la comptabilité.
Le côté droit de chacun de ces deux registres est quasi superposable : à l'avant, un homme sort du bâtiment, en serrant dans sa main droite une pièce de cuir ou de tissu ; il est qualifié de "nxt-xrw", littéralement, "celui qui a une voix forte" ce qui est difficile à rendre. Mastabase utilise "Tally-man", ce qui est tout aussi difficile à traduire en Français. La meilleure approximation me semble être "contremaître en chef" (sous entendu quelqu'un qui a de l'autorité et en conséquence parle haut et fort) ; il est suivi par un 4"Scribe des oiseaux" qui porte les pièces justificatives qui ont été produites.

C-Le troisième registre (haut)

Il est très mal conservé et seule demeure sa partie inférieure, mais il semble que les représentations étaient superposables aux scènes que nous avons décrites, peut-être même en étaient-elles une pure répétition (ainsi, l'enclos à volaille avec son bassin, que nous allons voir maintenant, est dupliqué).

D-Devant les contremaîtres

Deux hommes se dirigent eux aussi vers l'enclos. Ceux du haut portent des sacs, et le premier verse les grains qu'il contient par terre, à l'intérieur de l'enclos. Les deux du bas portent des paniers de vannerie pleins de grains.

3) - L'enclos

( et )

Huit piquets fourchus soutiennent probablement un filet de toit, mais, comme dans le cas vu précédemment, cela n'est pas explicite, et surtout le moyen de contention latéral, vraisemblablement un autre filet, n'est pas visualisé. Au centre, nous retrouvons une mare, alimentée par quatre rigoles diagonales. Des canards s'y baignent, au milieu des lotus et des nénufars, et l'un s'ébroue. Le reste des volatiles picorent le grain déversé à terre par quatre hommes.

Troisième panneau

1) - Ty et sa famille

Ty est debout, tout comme son épouse qui le suit. On distingue mieux ici ses bijoux : collier, bracelets de poignets et de chevilles, et sa longue perruque tripartite, qui lui descend dans le dos. Sa robe à double bretelle laisse voir un sein de profil.
Son fils Demedj s'avance à ses pieds, portant des rouleaux de papyrus ; il est désigné comme étant "… responsable de l'élevage des canards de la Grande Maison royale"
De l'autre côté de la canne de son père, et s'y agrippant de la main droite, se trouve Ty 'junior', tourné dans l'autre sens. Il a tous les attributs de l'enfance : il est nu, avec le petit doigt pointé vers sa bouche, et il porte une grande tresse latérale. Autour du cou une amulette (jib?) est suspendue à une chaîne. Malgré cela, il porte le titre de "Supérieur des coiffeurs de la Grande Maison" ().
La fin de l'inscription au-dessus de lui est explicite : " (voir)…les oiseaux dans les Stbw du domaine" ; il s'agit donc ici de l'examen d'une ferme de gavage.

2) - La ferme d'engraissage

Il persiste le registre du bas, et la partie gauche des second et troisième registres.

A- Registre 1 (bas)

()

Nous retrouvons Kaaper 1"Scribe inspecteur des documents royaux, scribe des équipages, supérieur des prêtres funéraires" qui, comptabilité sous le bras, se dirige vers Ty, comme Demedj qui le précède ().
Le premier homme, qui lui tourne le dos, a une activité évidente : 2"Nourrir les grues" (le mot grue devant le déterminatif est effacé). Au-dessus des oiseaux, deux personnages sont accroupis autour d'un récipient posé sur un brasier. Celui de gauche agite un petit éventail de la main droite, et touille la mixture de la gauche, avec cette légende laconique : 3"Cuire" ; en face de lui, son compagnon roule un pâton entre ses mains, avec la légende : 4"Préparer les boulettes de pain".
Viennent ensuite, en bas, deux autres hommes nourrissant des grues à partir des récipients posés au sol, avec des oiseaux attendant leur tour (). Légende du premier : 2"Nourrir les grues", et du second : 5"Préparer les boulettes de pain pour engraisser les grues." Au-dessus, deux hommes sont accroupis, dos-à-dos, occupés à 4"Préparer les boulettes de pain", qui ont une forme allongée, ce que l'on voit bien sur les récipients où ils sont posés.

B- Registre 2

()

Un homme légèrement penché en avant regarde le travail de deux personnages accroupis en train de gaver des canards (un troisième a presque disparu). Il est surmonté de la légende : "Voir nourrir les oiseaux par le contremaître en chef".

C- Registre 3

Deux hommes s'avancent. Ils ont une mission : 1"Observer la nourriture des oies". Devant, un autre est accroupi et son geste précisé : 2"Préparer les boulettes de pain pour nourrir les oiseaux".

3) - À droite se trouve à nouveau Ty et son épouse, devant lesquels on distingue Demedj, reconnaissable à son titre : "chef de l'élevage des canards" partiellement conservé.

La partie ouest du mur nord a totalement disparu, aussi retournons-nous à l'extrémité sud de la travée, juste avant l'entrée dans la partie intime, pour examiner la fausse-porte du fils ainé de Ty.

La fausse-porte de Demedj

Elle se trouve donc sur l'extrême gauche de la paroi. Elle mesure 1,85m de large et 2,17m de hauteur. Elle est constituée de cinq panneaux rectangulaires, d'environ 0,37m chacun, avec un rouleau au-dessus de la partie centrale. Il existait certainement un linteau au sommet, ainsi qu'une stèle, qui ont disparu.
La partie centrale, qui correspond à l'ouverture proprement dite, anépigraphe, est divisée en deux par un trait vertical. À son sommet, le rouleau imite la natte roulée d'une habitation et comporte le nom (mutilé) du défunt, et commençait par le signe "mr" (Gardiner U36) signifiant qu'il était aimé de quelqu'un. Les panneaux latéraux sont symétriques deux à deux, et chacun occupé pour moitié par une représentation et pour moitié par du texte. Demedj est debout, tourné vers l'entrée ; il s'appuie sur une longue canne et porte le sceptre sekhem à l'horizontale. Comme nous l'avons vu pour l'image de Ty sur le pilier droit du portique, sur les panneaux de droite, le sceptre passe derrière le bassin. Nous avons déjà expliqué pourquoi. Juste au-dessus de l'homme, une courte ligne rappelle son nom et le titre qu'il considère comme majeur : "Le connu du roi, Demedj" ; les trois colonnes de texte au-dessus de Demedj énumèrent son nom et ses autres titres.
[NB : une traduction complète sera fournie dans quelques temps].

La fausse-porte jouxte l'entrée dans la partie couverte (), dans laquelle nous allons maintenant pénétrer.