TOMBE N°4, groupe nord

IV- Mur Est et partie Est du mur Nord

() Il est occupé par une vaste fresque divisée en deux registres supérieur et inférieur avec une description détaillée du Grand temple, et des scènes montrant l’adoration du soleil par le couple royal, ainsi que la récompense de Meryra, résultat de la bonne administration du fonctionnaire qui a rempli les magasins du temple.
Comme son homologue du mur Ouest les tableaux se prolongent sur la partie adjacente du mur Nord.

A- Mur Est, registre supérieur

Le monument en question est le Grand Temple d’Aton (Per-jtn-m-Akhet-jtn = La demeure d’Aton dans Akhetaton). L’énorme masse du temple occupe la plus grande partie (environ les 2/3) de l’espace. L’action est donc cantonnée dans le 1/3 droit, et centrée par l’offrande faite par le couple royal.

1) - A l’extérieur de la porte du grand temple

()

a) - Le Palais Royal

()

La partie droite du tableau montre une vue en élongation du palais royal que nous déjà vu sous un autre angle sur le mur Ouest (voir celui ci page 1 pour une comparaison). Le palais est ici surmonté par l’image de l’Aton rayonnant entouré des cartouches royaux, tous effacés.
Cette fois le palais est représenté vide, sans aucun serviteur affairé. On remarquera que ce qui semble représenter le second pylône correspond en réalité à la fenêtre d'apparition (voir partie Ouest du mur Sud, page 1).
Juste derrière se trouve une salle comportant deux chaises à pieds ouvragés (ou deux trônes) qui entourent une table chargée de victuailles et qui semblent attendre le retour du couple royal.
On peut utilement comparer les angles de présentation du palais sur les murs Est et Ouest grâce à .

b) - L’escorte qui a amené le couple royal l'attend pour le retour

().

Elle se tient à l'extérieur de l'enceinte du temple. Les chevaux des deux attelages royaux sont retenus par un palefrenier tandis que le conducteur se tient à l’arrière, courbé.
Au dessus des chars, une série de six porte-enseignes tenant en main pour les quatre premier un enseigne avec le double cartouche de l’Aton, et pour les deux derniers, un enseigne portant la barque solaire. Ils sont suivis par deux Nubiens armés de leurs arcs traditionnels et de quatre personnages provenant de Syro-Palestine et de Libye. Peut être s'agit t'il d'une figuration de type iconique des différents peuples censés être contrôlés par l’Égypte.
En dessous, un troisième char attend, faisant partie de l’escorte militaire qui, avec les porte-éventails, escortera le couple royal.

2) - Dans l'espace entre le pylône d'entrée dans l'enceinte et le premier pylône du Gem-pa-Aton

Le couple royal consacre les offrandes divines sur un autel en plein air, entre le pylône d’enceinte et le premier pylône du temple proprement dit (). Cinq petits autels surchargés de provisions et deux de fleurs sont placés devant et entre le roi et la reine qui brandissent tous deux un sceptre sekhem. Leurs visages ont été martelés, mais il persiste la coiffe de Néfertiti, composée d’une double plume entourant un disque solaire. Le disque Aton et ses rayons terminés par des mains surmonte la scène.
Remarquons le personnage tout petit qui présente un vase à libation d’une main, et le matériel pour la fumigation de l’autre : il s’agit peut être de Meryra ?

Derrière le couple royal, on retrouve disposé sur deux rangs en pseudo perspective quatre petites princesses avec autant de suivantes ( et ). Elles agitent des sistres Hathoriques.
L’inscription est historiquement importante pour les datations de la période amarnienne car elle est une des très rares mention de la plus jeune des filles du couple royal : "Nefer-neferou-jtn-ta-sheryt", c’est à dire "Neferneferouaton - la petite", pour ne pas qu'on la confonde avec sa mère Nefertiti. Curieusement, c’est d’ailleurs la seule des princesses nommée. L’artiste a par ailleurs pris soin de les distinguer entre elles par leur taille et par la nudité de la plus petite.

3) - le temple proprement dit ou Gem-pa-Aton

(, et la déjà citée pour une vision selon l'axe Est-Ouest).

Ce gigantesque ensemble est entouré par une enceinte en briques crues mesurant 730 × 230mètres, délimitant ainsi un espace interne d’environ 17 hectares.
Cet espace est occupé par un bâtiment principal, le temple proprement dit,  le Gem-pa-jtn (ou Gem-pa-Aton = La rencontre avec le disque), mesurant environ 210m de long par 33m de large.
Derrière celui ci on trouve un sanctuaire séparé, le Hout Benben (= le château du Benben).

Le temple est représenté comme vu par son côté Nord (à comparer avec la vision "de face" de la représentation sur la partie Ouest du mur Nord).
Grâce à Google Earth, il est possible de comparer le plan des monuments avec les traces qu'ils ont laissé au sol. Une montre l'étendue de tout l'ensemble architectural. Dans la diapositive de gauche, vous pourrez comparer plan et tracé au sol du Gem-pa-Aton.
L'allée centrale de circulation dans le temple était surélevée, les autels dans les trois premières cours apparaissant alignés dans des fosses légèrement en contrebas.
De chaque côté du temple, l'image satellitaire montre parfaitement les centaines d'autels en plein air disposés dans la cour. Quelques uns sont également représentés par Meryra chargés de provisions, le long des murs Nord et Sud. On y trouve aussi une cour carrée servant à l'abattage et contenant le cadavre d'un boeuf aux pattes liées qu'on vient de sacrifier. On peut cette cour d'abattage à la représentation d'une autre proche du Hout-Benben.

a) - Le pylône d'entrée (N°1) et le complexe du Per-hay

( ; ) Il est représenté (de face) sur la gauche du couple royal.
Il matérialise l’entrée dans le temple lui-même mais également, par un raccourci typiquement égyptien, la salle à colonnes qui lui faisait immédiatement suite, appelée Per-hay (= la Maison de Réjouissance). Il est intéressant de remarquer comment l’artiste l’a rendue : les deux môles du pylône sont ornées de mâts portant des étendards, mais on y a aussi dessiné un empilement de 8 colonnes lotiformes à chapiteaux fermés qui se trouvaient en fait derrière.
De même entre les deux môles, on remarque deux portes, l’une plus petite que l’autre qui correspondent à l’entrée et à la sortie de la salle Per-hay.
Cela apparaît clairement si l'on considère la vue comparative au niveau de l'emplacement désigné comme "pavilion" et qui est le Per-hay.

b) - Après le Per-hay

()

on franchit le pylône 2 et on se retrouve alors dans la première grande cour où sont disposé de chaque côté des centaines de petits autels. En son centre se dresse le grand autel, le principal du temple. On y accède par des marches aboutissant à une petite plateforme. Il est surchargé de provisions.

Puis on franchit le pylône 3 pour déboucher sur une nouvelle cour à autels, qui devrait avoir à peu près la taille de la précédente, mais que l’artiste a raccourci par manque de place.

on la quitte par le pylône 4 qui donne sur une cour plus petite, comportant une double colonnade supportée par des piliers lotiformes.

le pylône 5 franchi, nouvelle cour remplie d’autels

les pylônes 6 et 7 donnent sur le fond du temple et ses magasins, auxquels sont associés quelques autels.

La paroi Est se conclut par l’extrémité de ce bâtiment principal. La suite de la scène se trouve sur la partie Est du mur Nord.

B- Partie Est du mur Nord, registre supérieur

(). Grâce à la photo satellitaire, de la situation du sanctuaire peut être proposée. Ses dimensions sont estimées à 100 × 70mètres.

Visions comparatives du sanctuaire (Hout Benben) du Gem-pa-Aton

1) - Début de la section sur la droite du panneau

Il se fait par un espace comportant de chaque côté de l’axe central quatre structures rectangulaires (jardins ou bassins), avec quelques autels. Puis vient l’entrée par un pylône dans l’enceinte du sanctuaire, le Hout-Benben (= le château, ou la maison du Benben).
() Dans l’avant cour nous retrouvons en haut un groupe de quatre musiciens qui rendent hommage à l’astre vivifiant devant un amas d’offrandes.
En bas se dresse une stèle sur un piédestal, dont nous ignorons tout du texte probablement fort intéressant qu'elle portait. Elle est ici associée à une statue d’Akhenaton assis () : certains (NdG Davies) y ont vu une figuration du Benben, cette pierre solaire "primordiale" du temple de Ra à Héliopolis; d'autres (notamment le Pr Marc Gabolde) pensent qu'il n'y avait pas de vraie matérialisation du Benben en Amarna; ce qui n'empêchait nullement la présence d'une "maison" du Benben…

Un abattoir est figuré dans l’angle inférieur, ou du moins une cour contenant deux boeufs abattus, dépecés et dont on a coupé la tête. A gauche, des serviteurs préparent des boissons ou nettoient des récipients qui vont être stockés dans un petit bâtiment annexe.

2) - Le nouveau pylône est le premier du sanctuaire proprement dit

.

Il donne sur une cour dont la première partie est à l'air libre, tandis que la porte d'accès au Saint des Saints est flanquée de chaque côté de quatre colonnes lotiformes et de statues debout du roi coiffé alternativement de la couronne de la Haute et de la Basse Égypte, les deux bras croisés sur la poitrine tenant les signes du pouvoir : le sceptre et le fouet ( ; ).
Cette cour rappelle ainsi une salle hypostyle.

3) - On pénètre dans le Saint des Saints par un nouveau pylône plus grand que le précédent (voir informatiquement par Vergnieux et Gondran).

Il était doublé de deux pans de mur en chicane, empêchant la vision par les profanes de l'intérieur de cet espace, le plus sacré de tout le Gem-pa-Aton.
La cour est centrée par l’autel principal entouré d’autels secondaires (). C'est ici qu'Akhenaton rendait le culte le plus secret, théoriquement matin et soir.
Tout autour de cette cour, des portes ouvrent sur douze courettes comportant chacune une table d'offrandes.
Il n’y a aucune porte, et donc pas de communication vers la grande cour périphérique par l’arrière du bâtiment.

Une autre vision Est-Ouest du sanctuaire nous est donnée dans la figuration qui se trouve à l'extrémité de la paroi Ouest du mur Nord (). On y retrouve toutes les parties déjà décrites, et le mur en chicane est représenté par deux traits au dessus du pylône. A gauche de l'édifice, une autre représentation de stèle sur un piédestal, mais sans statue du roi. la boucherie, et deux serviteurs affairés, l'un à balayer le sol, le second à nettoyer l'intérieur d'un grand cratère. On voit également mieux les deux espaces rectangulaires ouverts vers l'avant qui jouxtent l'entrée. Une représentation dans la tombe d'Ahmes montre qu'il s'agissait d'une petite salle de chaque côté, destinée à accueillir la famille royale.

4) - Suit une représentation mal assurée par rapport aux plans au sol

Il s'agit d'un espace étroit qui comporte deux portes d’entrée en haut et en bas à partir de la cour (). On remarquera que l’Aton irradiant qui surmonte cette partie entoure et bénit ces entrées en même temps que son sanctuaire.
Enfin on trouve ce qui constitue probablement un magasin et qui s’ouvre par son extrémité gauche sur l’extérieur par une porte, doublée d’une autre dans le second mur d’enceinte.

Ainsi se termine cette vaste représentation du registre supérieur.

C- Mur Est, registre inférieur

1) - A la partie droite

Nous nous situons entre les magasins et le Nil, par lequel arrivent toutes les denrées, y compris alimentaires puisque les terres agricoles sont situées sur l’autre rive du Nil. L’abondance des bateaux, matérialisée par une véritable forêt de mâts, souligne l’intensité du trafic. Chaque mât est tenu par des cordages et porte à son sommet un enseigne qui semble être un double cartouche. Les voiles sont repliées. Chaque bateau est amarré à un piquet et une passerelle ressemblant à un escalier en descend. A la proue, un homme qui est sans doute le capitaine, est courbé devant le roi. Derrière lui, le pont est encombré de marchandises.

Les bœufs que transportaient les navires ont été regroupés dans des étables situées près du quai. Ces étables sont divisées en deux parties auxquelles donnent accès deux portes avec en plus une poterne pour celle de gauche. Chaque bouvier s’occupe de cinq bêtes qu’il semble nourrir à la main. Chaque bête est attachée à ce qui semble être une pierre. On remarquera que les animaux sont d’espèces différentes, certains ayant par exemple une bosse qui les rapproche du zébu.

Entre les deux séries de scène, et attendant devant la porte extérieure du temple le retour du roi, trois attelages de char avec leurs servants, et quelques soldats.

2) - suit la scène principale : la représentation de la récompense de Meryra

En tant que souverain et Grand Prêtre, Akhenaton remercie ainsi son fidèle et zélé serviteur dans la carrière duquel cette journée a du représenter une apothéose.
() La scène se déroule dans la cour devant les greniers, ce qui peut sembler logique puisque c’est dans leur gestion que Meryra s’est distingué. De plus il est très improbable que des cérémonies de ce type se soient tenues dans les zones cultuelles plus profondes du temple.

Meryra est debout, les bras levés tandis que sur ordre du souverain, l’Intendant de la Maison de l’Or accumule autour de son cou de lourds colliers d’or. D’autres pièces précieuses lui ont déjà été données et sont portées par des serviteurs ou des prêtres du temple. On remarquera sur la tête de Meryra ce qu’on a coutume d’appeler un "cône d’onguent", sur la nature exacte duquel il y a encore actuellement débat.
Assistent à la scène trois autres personnages, probablement des prêtres, des porteurs d’enseigne et des flabellifères. Enfin quatre scribes notent tout scrupuleusement.

Vient ensuite le couple royal debout, en taille majestueuse par rapport aux autres personnages () (Meryra lui est représenté de la même taille que les autres personnages subalternes, mais non courbé). Akhenaton est nonchalamment appuyé de sa main gauche sur une longue canne, tandis que de la main droite il fait le signe de la donation. Il prononce le discours suivant, disposé en quatre colonnes de hiéroglyphes :
"Paroles dites par le roi du Sud et du Nord qui vit de Maat, le maître du Double Pays : Belles sont les apparitions de Ra – l’Unique de Ra" que l’intendant de la Maison de l’Or amène ( ?) le Grand Prêtre d’Aton dans Akhetaton, Meryra, place des colliers d’or de son cou à sa tête et autour de ses chevilles parce qu’il écoute l’enseignement de Pharaon (Per-Aa), vie-santé-force, qu’il a fait tout ce qui a été dit concernant ces belles places faites par Pharaon (v-s-f) dans le château du Benben, dans la maison d’Aton, pour l’Aton qui est dans Akhetaton ; (il) a apporté toutes bonnes choses pures, avec du blé et de l’orge en abondance, sur la Table d’Offrande d’Aton, pour l’Aton."
Nous voyons dans cette dernière phrase le rôle réel qu’Akhenaton assignait au "Grand Prêtre" : celui d’un intendant en chef, en charge des aspects matériels du culte mais nullement de son exécution. Remarquons au passage qu'Akhenaton se comporte avec les biens du temple comme avec les siens propres. Il a en effet réussi à réunir dans sa main deux pouvoirs jusque là distincts : le pouvoir régalien et la grande prêtrise du principal Dieu d'Empire.

A ce discours, Meryra répond : "Le Grand Prêtre d’Aton dans le temple d’Aton qui est dans Akhetaton, flabellifère à la droite du roi, favori du Maître des Deux Terres, Meryra, il dit : Santé à Oua-n-Ra […] à l’enfant parfait de l’Aton, qu’il lui soit donné d’accomplir sa durée ( ?) pour le temps infini et le temps éternel."

Derrière Akhenaton se tient Néfertiti qui sur sa tête porte une coiffe ornée de l’uraeus. Le couple est baigné par les rayons de l’Aton qui trône au dessus de la scène.
Derrière le couple royal se tiennent les petites princesses dont deux seules sont encore visibles, et une cohorte d’accompagnants.

3) - Les greniers

() Le mur d’enceinte sur la gauche est percé de deux portes, qui constituent l’entrée dans l’enceinte des greniers proprement dits. Elle est divisée en deux espaces communiquant où sont représentés les silos à grains. Quatre scribes et quatre porte-étendard attendent le souverain.
Une porte surmontée d’uraei amène devant une nouvelle enceinte de même largeur que la précédente. Le mince espace entre les deux est orné d’arbres entourés d’un muret destiné à leur irrigation.

4) - L’entrée dans l’édifice suivant

() Elle peut se faire soit par une porte centrale qui comporte un petit toit en avancée, soutenu par des colonnes florales, ou par deux portes latérales plus petites. On aboutit ainsi à une petite cour au centre de laquelle trône un kiosque surélevé et soutenu par de légères colonnes papyriformes, auquel on accède par quelques marches. Il est entouré d’un muret. Corniches et muret sont surmontés d’uraei.
On sort de cette cour vers la gauche par un système de trois portes identique à celui de l’entrée, pour aboutir dans un espace rectangulaires planté d’arbres. De part et d'autre de cet espace s'ouvrent des portes (une grande flanquée de deux petites) conduisant à deux cours à péristyle symétriques l'une par rapport à l'autre. Chacune comporte de part et d'autre de son axe central une série de six magasins dont l'entrée se trouve sous une colonnade couverte.

Les denrées les plus diverses s’y accumulent : jarres à long col, ouvertes ou scellées ; pains, vases pansus, sacs, coffres à vêtements… Le quatrième en bas à gauche contient du poisson séché. On imagine l’odeur…
Le cinquième en haut à gauche contient des objets précieux, avec des vases de type Crétois et Syrien (). Les denrées accumulées dans les divers récipients et sacs nous restent inconnues.
L’allée des magasins du haut comporte à son extrémité, près de deux petites portes, un édifice ressemblant à un kiosque dont l’entrée semble être située de l’autre côté du mur d’enceinte, dont il formerait alors un des éléments. Celle du bas n'a pas de communication avec l'extérieur.

D- Partie Est du mur Nord, registre inférieur

1) - Si nous reprenons l’allée centrale transversale vers la gauche et sortons

Nous nous retrouvons alors en face d’une nouvelle porte dans une enceinte. Après l’avoir franchie, on trouve immédiatement vers le haut la petite maison d’un portier. Le mur qui en forme la partie supérieure est mitoyen avec celui de quatre habitations situées dans une courette plantée de trois arbres.
Toute cette zone du registre inférieur est surmontée par le hiéroglyphe du ciel (qui présente une extrémité arrondie), et les bâtiments qui y sont figurés doivent donc se trouver dans l'enceinte du temple et non à l'extérieur.

La partie centrale de la composition est fortement endommagée (). Selon Norman de Garies Davies, en tenant compte de ce qui reste d’inscription hiéroglyphique, elle correspondrait à la maison de Meryra. Cela reste très douteux, car celle ci se trouvait plus certainement en dehors de l'enceinte du temple. De plus la complexité des deux bâtiments, l'absence de zones privatives évidentes ne plaident pas non plus pour cette hypothèse.

L’entrée dans le complexe était située dans une partie du mur ayant perdu son relief, et l’édifice se divise en deux parties autour d’une allée centrale bordée de colonnes papyriformes qui se termine sur trois petites pièces (des chambres, des bureaux ?). Deux allées latérales partent vers la droite et la gauche. Des portes qui semblent joliment ouvragées et posséder un système de ventilation conduisent aux pièces principales ainsi qu’à des pièces accessoires. On remarquera la seconde petite pièce à partir du haut, à droite : son mur de fond est surélevé en arrondi pour pouvoir accueillir les planches d’un lit.
Entre deux portes monumentales se trouve un autel rectangulaire. La pièce n’avait probablement pas de toit à cet endroit puisque le culte était rendu à ciel ouvert.

En dessous et séparé de la maison proprement dite se trouve une étable où l’on distingue deux ânes (ou chevaux).

2) - Une porte mène de l’allée centrale, près de l’étable, vers un large espace situé en bas de l’image

L’entrée principale dans cette zone, elle, se situait dans le mur d’enceinte du bas. La zone est plantée d’arbres, chacun entouré étant taluté afin de permettre un bon arrosage. Celui ci se faisait à partir d’un grand bassin.

La fonction du bâtiment qui occupe le centre de l’espace est assez mystérieuse ().
Il fallait passer deux nouveaux pylônes pour avoir accès à une cour rectangulaire où s’ouvraient une série de pièces. Seule la première porte à gauche et à droite donnaient sur une allée couverte, soutenue par des colonnes papyriformes. De chaque côté de l'allée s’ouvraient diverses pièces, toutes représentées vides.
Une allée transversale de même type est retrouvée au dessus sans que les dommages du mur permettent de préciser où se situait l’entrée.

En ressortant du bâtiment nous retournons dans le grand espace planté d’arbres. Sur la gauche, nous avons un nouveau bâtiment précédé d’un bassin.
Ce bassin servait certainement à des fins d’irrigation, mais comme les autres il avait sûrement d’autres fonctions. En effet, il est entouré d’un muret faisant une saillie en redans sur deux des côtés, saillie qui comporte en son centre un petit "monticule", dont on ne sait s’il s’agit d’un reposoir ou d’un autel en plein air. De là, deux escaliers entourant une rampe centrale descendent dans l’eau. Il pourrait donc s’agir d’un lac sacré servant aux ablutions, ou d’une sorte de mini lac dans lequel on descendait des barques solaires ?

3) - Le grand édifice derrière le bassin

il a été par Norman de Garies Davies de manière convaincante, mais aucune explication satisfaisante quand à sa fonction n’a pu être proposée en raison de son étrangeté. Il permet cependant une correspondance entre la représentation conventionnelle égyptienne et notre vision moderne des choses.
Par contre sa fonction reste un mystère. Une première enceinte à pylône (lequel est flanqué de deux portes latérales) ouvre sur une sorte de déambulatoire planté d’arbres qui entoure le noyau central lui même formé de deux parties différentes. A gauche et à droite on trouve des magasin dont six remplis de biens divers. Les deux de l’extrémité comportent un escalier permettant d’accéder au toit (C sur la ).
Le noyau central présente une architecture symétrique. Il comporte un nouveau mur d’enceinte, avec un nouveau pylône donnant de chaque côté sous un portique supporté par des colonnes. Les côtés droit et gauche de cet espace sont occupés par trois pièce dont seule celle du centre comporte une ouverture d’accès. Aucun moyen d’entrer ou de sortir n’est visible pour les autres, peut être y accédait t'on par le toit?
Le cœur du dispositif comporte un espace carré qui devait être surélevé. On y accédait par des escaliers latéraux donnant sur une porte.
Se pose maintenant un problème : ce qui ressemble à des portes en haut et en bas de l’édifice se trouvaient donc en hauteur et sans moyen d’accès. Il ne s’agirait donc pas de portes mais de balcons. Au centre de l’espace trône un autel chargé d’offrandes, dont la vue devait donc manifestement être cachée volontairement.
Entre ce cœur et les chambres latérales, sont disposés deux autels nus.

L’arrière du bâtiment comporte deux pièces (?) auxquelles on accède par des portes. On remarque à l’extrême droite la petite poterne qui permet d’entrer et sortir discrètement de l’édifice.

4) - La sortie vers l’arrière par le pylône nous amène dans un jardin

une grande partie en est occupée par un énorme puits-bassin dans lequel on descend par un escalier (, ).
Lorsque la nappe phréatique baissait, un système de shadouf permettait de remonter l’eau. Le jardin est empli de différentes espèces d’arbres, parmi lesquelles on reconnaît des palmiers-doum, des palmiers-dattier, des perséas, … Un petit édifice enclos se trouve entre le puits et l’enceinte interne.

5) - Que sont ces édifices devenus?

Aucun de ces bâtiments ne peut être repéré sur les photos satellitaires. Il semble donc raisonnable de situer ces constructions (qui étaient dans l'enceinte du temple, on l'a vu) près du Nil, dans une zone actuellement détruite. La présence du puits à cet endroit semblerait d'ailleurs logique.

V- Le mur Nord

A- Les parties Ouest (gauche) et Est (droite)

Elles ont déjà été décrites

B-La porte Nord

() Elle présente une intéressante variation au niveau des jambages. En effet la formule d’introduction ne comporte pas la formule habituelle d'offrande invocatoire "hetep-dj-nesou" mais la formule "j (3) w-n-k" (= Louanges à toi). Il ne semble pas qu’il faille y voir de connotation théologique particulière.
De plus, le nom mentionné originellement en bas de colonne n’était pas Meryra (qui a été rajouté sur un badigeon de plâtre) mais Hatyay. On ne peut pas en déduire forcément que la tombe aurait été à l’origine destinée à un autre, car il n’y a qu’ici que l’on trouve cette mention, mais la question reste ouverte et Meryra pourrait avoir été le successeur de ce dernier, tombé en disgrâce. Une faute du scribe est cependant plus vraisemblable car le nom n'apparaît nulle part ailleurs.

La seconde salle hypostyle

( ) On y pénètre par une ouverture encore plus épaisse que les précédentes, mais non décorée. Elle mesure environ 6m de large près de l'entrée, 8,5m vers l'arrière et elle est profonde de 6m. Son plafond fait un peu moins de 5m de haut au maximum.
En entrant dans la pièce, on ressent une impression de dignité poignante malgré la quasi obscurité qui masque mal le caractère très irrégulier des murs et colonnes et qui montre immédiatement le degré d’inachèvement du monument.
A l’origine, la salle était pensée comme une seconde hypostyle qui aurait due être plus large encore que la première, et comporter comme elle quatre colonnes rapportées dans la masse et supportant des architraves.
Seule la nef centrale a été à peu près évidée, mais aucun des murs n’est droit. Le sol est lui aussi très irrégulier avec de véritables marches passant d'un niveau à un autre. Les piliers ont une section très variable et l’un d’entre eux n’est même pas dégagé complètement de la masse rocheuse.

La chapelle

La salle se termine par une chapelle encore plus grossièrement esquissée que le reste de la pièce. Elle mesure environ 3,5m de profondeur, pour une largeur maximum de 2m près de l'entrée, et un plafond dont la hauteur va de 2m à 1m de l'avant vers l'arrière.Une saillie rocheuse dans le fond pourrait représenter les genoux d’une statue assise prévue à cet endroit. Il est probable que les parois auraient reçues un décor si elles avaient été achevées.
C'est ici qu'aurait dû se trouver le puits funéraire, qui n'a jamais été creusé.

Épilogue

Qu'est devenu Meryra à la mort du roi?
Nous n'en savons rien. Peut être a-t-il été balayé avec d'autres zélateurs de "l'hérétique", où bien a t'il senti à temps le vent tourner et est il rentré à Thèbes se remettre sous la protection des divinités traditionnelles? En tous cas, il n'a pas été enterré dans la tombe N°4.
Qu'il reste en paix, puisque son but est atteint : trente trois siècles après sa mort, son souvenir est encore évoqué et son nom prononcé.