Les documents se rapportant à Antefoqer

1) - Le mastaba Licht nord N°400, avec statue

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Découvert par Gauthier et Jéquier à l'angle sud-est de la pyramide d'Amenemhat I. Le mastaba mesure 19 × 13m. Il est entouré d'un revêtement de briques crues qui se prolongeait vers l'est, de façon à former une cour devant l'entrée du tombeau. Il ne persiste de nos jours que les assises inférieures des murs. La cour est cernée par un mur de briques crues de 1,5m d'épaisseur, et à son extrémité se trouve le bâtiment de culte dont la façade mesure 9,20m de longueur. On entre par une porte de 1m de large dans un hall transversal à chaque extrémité duquel s'ouvre une pièce de culte. Quelques traces de décor ont été retrouvées, notamment des inscriptions mentionnant le nom d'"Antefoqer, fils de Senet", établissant ainsi de manière irréfutable qu'une dame Senet est la mère du vizir. Trois de ses titres sont conservés : "Maire de la ville de pyramide", "Vizir" et "contrôleur de la grande salle".
La partie inférieure d'une statue assise est inscrite d'une formule d'offrandes classique "hotep di nesou" adressée à Anubis, et porte aussi le nom du vizir. Il est donc quasiment certain que ce dernier a été enterré ici.
La situation privilégiée de ce monument montre qu'Antefoqer est déjà un très puissant personnage à la fin du règne d'Amenemhat. peut-être en raison de leurs origines thébaines communes, il choisit de rattacher son avenir post-mortem à ce souverain plutôt qu'à son second maître Sésostris, et il ne fera rien construire à Licht sud, près de la pyramide de ce dernier. Les travaux de la pyramide de Sésostris n'ayant commencé qu'en l'an 10 de son règne, une raison plus prosaïque pourrait être une impossibilité matérielle.

2) - La stèle du substitut ("ouhemou") Ameny de Mersa/Ouadi Gaouasis

Depuis qu'Abdel Monem Sayed a découvert ce site au bord de la mer Rouge en 1976, de nombreuses et importantes découvertes ont été faites quant aux aptitudes maritimes des anciens Égyptiens. Les vestiges remontent, pour les plus anciens, à la XIIe dynastie, et trois d'entre eux sont contemporains de l'époque de Sésostris I. L'un, retrouvé à 450m à l'ouest du port de la XIIe dynastie, mentionne deux personnages célèbres de l'époque, le vizir Antefoqer et le substitut Ameny. Il est composé d'une ancre sur laquelle était dressée une stèle rectangulaire (le cintre a disparu) encadrée de deux blocs irréguliers.

Texte de l'inscription : "Sa Majesté a ordonné au noble gouverneur […] directeur de la ville […] vizir […] directeur des six grands châteaux, Antefoqer, de construire cette flotte provenant des arsenaux de Coptos, et de se rendre à la région minière de Pount (bia-Pount), pour (l') atteindre sans encombre et (en) revenir sans encombre, de pourvoir à tous leurs travaux dans le but d'une efficacité à toute épreuve (…) Or le substitut Ameny, fils de Montouhotep, était sur la côte du Grand Bleu, occupé à construire ces bateaux en compagnie du grand tribunal du nome Thinite de la 'Tête du Sud' qui était avec lui".

Il semble donc que les bateaux ont été construits à Coptos sous les ordres d'Antefoqer, puis transportés en pièces détachées jusqu'au bord de la mer Rouge pour y être remontés sous la direction d'Ameny, qui disposait d'une troupe d'environ 3750 hommes. Le but de l'expédition, qui a emprunté la mer Rouge, était le pays de Pount. La présence des grands du nome thinite pourrait s'expliquer par l'expérience acquise aux chantiers navals de Thinis (This).

Le terme de bia-Pount est intéressant, car Rosanna Pirelli (citée par Favry) montre que Pount et bia-Pount sont des noms spécifiques de lieux que l'on atteint par bateau en partant de Mersa Gaouasis. Elle propose de voir en Pount un vaste territoire (éventuellement étendu des deux côtés de la mer Rouge) dans lequel bia-Pount, traduit par "la région minière de Pount", serait une zone spécifique et limitée, probablement riche en or.

3) - La stèle N°8 d'Ouni du Ouadi el-Houdi

(mines d'améthyste du désert oriental)

Le monument est en granit gris, et mesure 0,76m de haut et 0,40m de large. Il comporte neuf lignes de texte dont la lecture est très difficile. Elle date de l'an 20 d'un roi non nommé, mais qui ne peut-être que Sésostris I. Voici ce que déclare "'l' adjoint du responsable des choses scellées, Oun (i) " : " (…) c'est le responsable de la ville, le vizir et prince, le responsable des Six Grandes Cours, Antefoqer, vivant, prospère et en bonne santé, qui m'a envoyé pour emporter de l'améthyste".

4) - Deux inscriptions à el-Girgaoui

La première inscription (RILN 73)

(). Merci au Pr Obsomer pour la photo de gauche

C'est la plus ancienne mentionnant Antefoqer. Elle est gravée sur une stèle rupestre de 0,48m de haut et 0,70m de large, au nom de Reniqer, scribe du vizir. Elle comporte un texte principal de onze lignes avec, sur la gauche, un personnage debout accompagné d'une inscription secondaire. Le texte principal relate une importante expédition militaire dirigée par le vizir en personne, et qui avait pour but de s'assurer du contrôle effectif de la Basse Nubie.
Probablement sur ordre du souverain, l'expédition fut particulièrement violente, puisqu'Antefoqer déclare qu'il a massacré la population, brûlé les maisons et détruit les récoltes : " (…) C'est alors que j'ai navigué en amont (probablement de la seconde cataracte) victorieusement, en massacrant le Nubien sur sa rive, et j'ai redescendu le fleuve en arrachant leurs céréales et en coupant des fagots de leurs arbres, dans l'intention de mettre le feu à leurs maisons, comme on fait à celui qui se rebelle contre le roi."
Manifestement, Antefoqer poursuivait le chef Nubien rebelle, l'a retrouvé et tué, confirmant qu'il était le commandant en chef de cette expédition. Les atrocités sont commises lors du voyage de retour, peut-être parce que les populations locales ont refusé de l'aider dans sa quête, ou parce qu'elles se sont soulevées en son absence.
La stèle n'est pas datée, mais elle fait certainement référence à la grande expédition lancée par Amenemhat I en l'an 29 de son règne.
Pour la petite histoire, cette stèle, découverte en 1963 par Zaba, a été détruite volontairement par les habitants des alentours…

La seconde inscription (RILN 10A) du même site indique que le chancelier du roi de Basse Égypte, Sehetepra, et le responsable des bateaux Redis "furent envoyés en mission pendant vingt ans pour les allées et venues vers Ouaouat du (directeur) de la ville, le vizir, Celui du Rideau, Antefoqer". Ces vingt années s'étendent de l'an 29 d'Amenemhat à l'an 18 de Sésostris, date à laquelle ce souverain envoya une grande expédition pour occuper cette fois la Haute Nubie.

5) - Deux textes d'envoûtement du musée du Caire font référence à un Antefoqer, fils d'Antefoqer et de Satsasobek, donc le fils du vizir, ce qui complique encore la lecture de la tombe TT60 car la signification exacte de ces textes reste mal comprise. On peut toutefois se demander quelle relation il peut y avoir entre la disgrâce du fils et le père. Rien n'indique que ce dernier ait lui même été mis à l'écart à la fin de sa vie, même si on imagine sans peine que tant de pouvoir pendant aussi longtemps ne lui a probablement pas attiré que des amis.

6) - Trois copies de lettres retrouvées à Naga ed-Deir et citées dans le papyrus Reisner II

Il s'agit d'ordres envoyés par Antefoqer aux intendants du palais à Thinis, à propos de travaux de construction (peut-être un dock)

7) - Et bien sûr la tombe TT60

dont nous nous occupons.