Mur ouest, cÔtÉ nord (P&M 8)

() La composition du décor est typique de la XVIIIe dynastie, mais a été parfois remaniée par Djehoutyemheb. La paroi est divisée en deux registres de hauteur sensiblement égale, chacun à son tour divisé en deux parties.

1) - Registre supérieur

a) - Partie gauche

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À l'origine c'était Djehouty, probablement accompagné de sa mère, qui était assis devant la table d'offrande avec, face à lui deux femmes : l'une lui tendait une coupe, l'autre un collier de perles. Djehoutyemheb les a transformées en deux chanteuses vêtues à la mode ramesside agitant leurs sistres hathoriques au-dessus d'une table d'offrandes bien garnie ; l'une d'elles tient aussi un collier menat avec un contrepoids en or comportant une tête de la déesse Hathor coiffée du pschent et portant l'uraeus au front (). Elles ont été renommées par Djehoutyemheb : "La chanteuse d'Amon, roi des dieux, (de) Mout (et de) Khonsou, Bakkhonsou" donc il s'agit de son épouse et "Sa fille, la chanteuse [d'Amon] Tyemheb".
Quant à Djehouty, il a été remplacé en ce point stratégique de la tombe par une déesse léonine (qui a malheureusement en grande partie disparu)  : située dans l'axe de l'entrée et bien éclairée, la scène ne peut manquer d'être vue par le visiteur. C'est le principe de la Blickpunktsbild : une image signifiante dans un endroit signifiant.
Le texte suivant a été rajouté sur le fond jaune ramesside : "Paroles dites par Mout, maîtresse du ciel ; (par) Sekhmet, aimée de Ptah ; (par) Bastet", l’œil de Rê, grande de magie, maîtresse du palais du fils du soleil et maître des Deux Terres (= pharaon), maîtresse de tous les dieux".
Sekhmet, Mout et Bastet sont des déesses léonines, en rapport avec des émanations solaires et la lionne est une des principales formes que prend la "Déesse Dangereuse". Sekhmet "la puissante", est la plus importante des divinités léonines du panthéon égyptien. Sekhmet possède une double personnalité. D'un côté elle est considérée comme la fille de Rê, et comme la manifestation principale de l'Œil du soleil ; c'est donc une déesse dangereuse et destructrice, dont le souffle brûle les ennemis, comme le vent brûlant du désert ; elle est aussi responsable d'épidémies par l'intermédiaire de messagers qui en sont les vecteurs. Comme beaucoup de dieux et déesses, Sekhmet est ambivalente et apparaît également comme une guérisseuse des fléaux même qu'elle a déclenchés. Mout est la parèdre d'Amon qu'elle contribue à solariser. Bastet est la forme apaisée, bénéfique, de la Déesse Dangereuse, volontiers représentée comme une chatte ; souvent, comme c'est le cas ici, elle tient en main un sceptre papyriforme.

b) - Partie droite

Le registre est subdivisé en trois sous-registres consacrés à une scène dite de banquet funéraire. Les hommes, sérieux et guindés, occupent le rang du bas, tandis que les femmes, plus joviales, se répartissent sur les deux autres. Tous les invités sont assis de la même façon sur une natte de papyrus, les fesses sur un talon, l'autre jambe pliée. Toutes les femmes portent le cône festif sur la tête, mais aucun des hommes.
La scène du "banquet" est une représentation majeure, qui ne manque jamais dans les tombes de la XVIIIe dynastie (Manniche), mais qui disparaît à l'époque ramesside (comme les scènes dites de la vie quotidienne, par exemple celles montrant le défunt dans l'exercice de ses fonctions). Un bien étrange banquet en vérité, centré sur la boisson. Car, pour atteindre l'état second qui permet la libération de l'esprit et le débridement des sens, on y boit beaucoup (et pas de l'eau !), parfois jusqu'à en être malade, mais on ne mange pas ou peu. Il semble certain qu'aux coupes de vin s'ajoutaient des breuvages psychotropes, sans doute contenus dans les petits vases que tiennent les servantes. Les participants sont tous jeunes, mais il n'y a aucun enfant. La fleur de lotus est très présente, dans les mains ou dans les perruques des hôtes, mais aussi dans les cadeaux qui leur sont faits. Le banquet est sous le patronage d'Hathor, déesse de la joie, de l'ivresse et de l'amour. Moyen de communiquer privilégié entre les vivants et leurs défunts, le banquet est censé se renouveler chaque année lors de la Belle Fête de la Vallée qui voit le dieu Amon visiter les tombes et les temples de la rive ouest.

Sous-registre bas

Quatre pots d'onguents sont posés sur des présentoirs. Les quatre hommes assis sont des fils de Djehoutyemheb. Le premier, qui a fait l'objet d'une tentative de découpage, doit être Panakhtenopet (), le second Ouserhatnakht, le troisième Ounnefer et le dernier, devant lequel se trouve une cruche, Panesoutaouy.

Sous-registres médian et haut

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Ils comportent l'épouse de Djehoutyemheb, Bakkhonsou, ses cinq filles, toutes chanteuses d'Amon : Tyemheb, Nakhtmout, Henouttaouy, Ourneferet et Isisneferet ainsi que cinq filles de ses filles, également (sauf une) chanteuses : Irneferoumout, Akhmout, Dinymouti et Isis.

Trois amphores restent visibles ; leurs bouchons sont surmontés d'une tige de lotus, tandis que devant elles pendent des grappes de raisin, indiquant qu'elles contiennent du vin (). À droite se trouve une petite servante dont le corps, du temps de Djehouty, n'avait pour tout vêtement qu'une ceinture de perles, mais que Djehoutyemheb a jugé bon de vêtir d'une tunique blanche, non par pruderie, mais sans doute pour être en accord avec la mode de son temps. D'une main la jeune fille tient de petites fioles et de l'autre elle tend une coupe à la première invitée, Isisneferet. On voit très bien sur la les ajouts de peinture blanche sur les vêtements.

Ensuite, on trouve deux petites servantes qui s'occupent de "la fille de sa fille, la chanteuse, Akhmout"  (). La première, penchée sur la dame, applique un onguent ou un parfum qui provient du vase blanc tacheté de brun que tient une jeune Nubienne, reconnaissable à son teint plus foncé.
Dans la scène suivante () une autre Nubienne arrange un collier floral autour du cou de "la fille de sa fille, Isis" ; derrière elle on trouve, debout, "la fille de sa fille Dinimouti" () qui tient en main un de ces colliers floraux, ainsi que des lotus à fleurs ouvertes et fermées. Sur l’image on voit bien les petites perles bleues constituant la ceinture qui, du temps de Djehouty, était son seul vêtement.

Le début du sous-registre haut montre quatre grandes jarres blanches. Deux sont fermées par un bouchon végétal tandis que des tiges de feuilles vertes tombent sur leurs panses : elles contiennent sans doute de l'eau ; sur les deux autres jarres, ce sont des tiges de dattes qui retombent sur la panse : elles contiennent probablement de la bière (qui était souvent aromatisée avec des dattes).
La dame Bakkhonsou, dont le nom a disparu dans une lacune, est en tête des invitées. Derrière elle, "sa fille, la chanteuse d'Amon Tyemheb" se retourne vers sa sœur Nakhtmout et lui présente une fleur de lotus ; Davies pensait que les sœurs comparaient le parfum de leurs fleurs respectives, ce qui me semble peu vraisemblable puisque la fleur est en bouton, fermée… En fait, elle lui offre le symbole de la gestation et lui souhaite ainsi une bonne grossesse.
Vient ensuite "la fille de sa fille, la chanteuse d'Amon, Irneferoumout". Debout derrière elle, penchée en avant, une petite servante verse le contenu d'une fiole dans les mains jointes de "sa fille, la chanteuse d'Amon Henouttaouy" (, ). Il paraît étrange que, dans ce contexte, celle-ci n'ait pas utilisé une coupe.

2) - Registre inférieur

a) - Partie gauche

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Initialement, Djehouty et sa mère (?) assis sur des sièges, recevaient un bouquet d'Amon d'un personnage debout devant eux. Quand Djehoutyemheb a récupéré la tombe, il a changé le texte d'accompagnement d'origine "Pour ton Ka, un bouquet d'Amon […]" en : "[…] son fils, le scribe du trésor dans le temple d'Amon, Panakhtenopet. " ; il a également choisi de remplacer le bouquet d'Amon par de longues tiges de lotus et de papyrus.

Ensuite, nous trouvons six fils et petit-fils de Djehouty disposés sur deux sous-registres : en haut, le premier, qui a fait l'objet d'une tentative de découpage, est "Son fils, Panakhtenopet, juste de voix" () qui apporte un dressoir en bois sur lequel est posé un panier de raisins ainsi que les inévitables lotus ; il est suivi de "Son fils, Ouserhatnakht, juste de voix" qui tient un panier de figues (). Vient ensuite "le fils de sa fille, Amenemopenakht" qui fait deux offrandes originales : des grenades tressées sur une tige centrale munie d'une anse et des poissons posés sur une natte : bien que de consommation courante, le poisson, sans doute considéré comme trop commun, n'est que rarement représenté parmi les offrandes funéraires.
Le premier personnage du sous-registre du bas est "Son fils Ounnefer" qui apporte du raisin et des fleurs, suivi du "fils de sa fille Panebenopet" qui amène aussi du raisin et un canard. Enfin vient "Le fils de sa fille Souti, juste de voix, appelé Khensniouaâ" qui porte un veau dans ses bras.

b) - Partie droite

Une table d'offrandes bien garnie se dresse devant un couple assis (). Le début du texte d'accompagnement d'origine, écrit pour Djehouty et sa mère (?) est réalisé en hiéroglyphes peints ()  : "Toutes offrandes provenant de l'autel d'Amon-Rê à Karnak, dans le cours de chaque jour, pour le ka du [superviseur des tisserands, qui] est apprécié de son seigneur, firm…" ; la fin du texte a été effacée pour être remplacée par celui de Djehoutyemheb, tracé en hiéroglyphes monochromes : "Le supérieur des fabricants de lin fin dans le temple d'Amon, Djehoutyemheb, juste de voix ; sa sœur, la chanteuse d'Amon, Bakkhonsou, juste de voix". L'homme porte à ses narines une immense fleur de lotus (qui remplace le bouquet d'Amon préexistant) et tient dans son autre main une pièce d'étoffe repliée.