Pièce transversale - suite

Mur sud, extrémité ouest

À droite en entrant se trouve l'aile ouest, plus longue que celle qui lui fait face. Son mur sud (celui qui se trouve devant et à droite) est bordé sur trois côtés par les motifs rectangulaires de la frise dont nous avons parlé, mais la bande verticale de gauche, près de l'entrée vers la pièce intérieure, a quasiment disparu, en même temps qu'une partie des représentations mitoyennes.
Au sommet du mur, la frise n'est plus composée de khakérous mais de fleurs de lotus renversées, avec alternativement une fleur épanouie et une autre en bouton (comme dans l'entrée) (voir et ).
Ce qui semble constituer un simple artifice décoratif est en fait une puissante image symbolique si on connaît le code pour la déchiffrer. La fleur de lotus (bleu) se referme puis s'enfonce chaque nuit sous l'eau et renaît chaque matin avec le soleil : elle sort de l'eau et s'épanouit. Ainsi s'exprime le désir du défunt de participer à la vie de l'astre, jour après jour. Et cette frise n'est pas sur ce mur pour rien : c'est un puissant symbole de renaissance par l'amour physique sur une paroi qui est tout entière consacrée à ce processus.

La paroi est divisée en deux registres d'inégale hauteur, le registre supérieur étant deux fois plus haut que celui du bas. À chaque extrémité gauche se trouve une représentation du couple assis auquel on présente des offrandes, et tout le reste est en rapport avec la scène dite du banquet.

1) - Le registre supérieur

À gauche, il ne persiste du couple qu'une partie du corps de Djeserka, Ouadjrenpet a totalement disparu (). Du temps de Davies, on ne voyait déjà plus que les pieds du siège et le bas de ses jambes.
Le texte qui les surmonte est par contre encore présent aujourd'hui : "Être assis sous un pavillon afin de se réjouir, comme il le faisait quand il était sur terre, comme comptable du grain des offrandes divines et des temples [d'Amon] qui étaient sous son administration, l'intendant du second prophète [d'Amon], Djeserkareseneb, Juste de Voix".
Au-dessus de la zone occupée par son épouse, on trouve : "Sa sœur, la maîtresse de maison, Ouadj[renpet], Juste de Voix, […]", la fin des deux colonnes est endommagée.

En face du couple, il n'y a pas de table d'offrandes, mais un bouquet monté, comme ceux qui étaient offerts lors des grandes fêtes, et notamment lors de la plus importante, la Grande Fête de la Vallée. De l'autre côté du bouquet se tiennent deux des filles du couple qui, bien que représentées légèrement en retrait l'une par rapport à l'autre, se tenaient côte à côte. La première, identifiée comme "Sa fille bien-aimée, la maîtresse de maison Nebtaoui", tend un collier très coloré tandis que l'autre, "Sa fille bien aimée, Meryra", amène une coupe de vin (ou d'une substance psychotrope). Le texte se poursuit par les mots : "Elle dit : 'Pour ton ka ! Fais un jour heureux, (toi) le comptable du grain, dans la maison de justification que tu as établie toi-même dans la région de la Ville (Thèbes) '".

Remarquons que, pour la première fois, Djeserka n'est pas désigné comme "comptable du grain", mais comme "LE comptable du grain", à l'aide du hiéroglyphe .
Ces paroles étaient prononcées par la fille représentée au premier plan ; devant l'autre se trouve un texte horizontal : "Fais un jour heureux, (toi) le comptable du grain [d'Amon]". Les deux sœurs sont habillées à l'identique d'une longue robe laissant nu un sein plus opulent qu'à l'accoutumée, sur lequel repose un large collier de perles et probablement d'or. Les autres bijoux sont aussi en or : bracelets autour des avant-bras (deux, dont un flottant) et des bras, boucles d'oreilles (différentes dans les deux cas).
Le haut de leur robe est représenté jaune, avec une transition progressive vers le blanc au fur et à mesure que l'on descend. Ce type de "dégradé", pour lequel certains ont évoqué l'imprégnation du tissu par les parfums coulant de la perruque, sera la règle à l'époque ramesside.

2) - Les deux sous-registres

()

Ils portent les invités du "banquet" ainsi que les musiciennes et chanteuses qui agrémentent la réunion. La moitié droite des deux sous-registres se complètent, formant une scène unique où se mêlent les femmes et les hommes en haut.

A- Le sous-registre inférieur

Devant les convives se tiennent huit musiciennes, cinq debout et trois assises. La première, vêtue comme les deux filles de Djeserka, est une harpiste. La suivante est une adolescente qui a perdu aujourd'hui la partie supérieure du corps ; elle chante en s'accompagnant d'un luth ; elle est nue en dehors de ses bijoux et d'une ceinture de perles autour de la taille. Elle est suivie par une petite fille tout aussi peu vêtue, qui porte sur le côté de la tête la mèche de l'enfance, qui chante et danse, tout en battant des mains sur son corps. Vient ensuite une femme vêtue d'une ample robe transparente, dont le visage et le torse ont aussi disparu : tête tournée (on le voit sur le ) elle joue d'un double hautbois, tout en semblant esquisser des pas de danse. La cinquième intervenante est habillée comme la première et, comme elle, reste immobile, pieds joints ; elle joue d'une lyre asymétrique qui comporte sept cordes. La partie carrée de l'instrument servait de caisse de résonance.

À la suite des musiciennes se trouvent trois chanteuses vêtues à l'identique de grandes robes et qui sont assises en tailleur sur des nattes végétales. Elles battent la mesure en claquant des mains et chantent : "Un jour heureux. Se rappeler la beauté [d'Amon avec] un cœur joyeux, faire monter sa louange dans les hauteurs du ciel, jusque devant ton visage, chacun proclamant : 'Notre souhait est de te voir!' Ainsi fais-tu, le comptable du grain [d'Amon], chaque jour".

Du côté droit, derrière les chanteuses, le premier hôte de la fête est représenté. Il s'agit d'une femme, ses cinq compagnes se trouvant sur le registre supérieur. Les hommes, six également, se trouvent derrière elle. De la femme, encore présente du temps de Davies, il ne reste rien ; il faut se reporter au dessin pour savoir qu'elle était vêtue d'une longue robe, portait collier et bijoux, tenait une fleur de lotus en main, avait un cône d'onguent posé sur sa perruque et était assise sur un chaise basse qui semble trop petite pour elle. De la petite servante nue non plus il ne reste rien, hormis les jambes : penchée en avant, elle s'affairait sur la dame, ajustant les boucles de sa perruque et la frottant d'onguents. Seule la seconde servante a survécu en partie : vêtue d'une robe serrée, elle apporte une coupe de vin ().

B- Le sous-registre supérieur

Il continue celui du dessous. À gauche, on trouve quatre magnifiques vases à vin typiques de l'époque, dressés sur des reposoirs ajourés. L'artiste a entouré les jarres de pampres de vignes d'où se détachent de nombreuses grappes. Au-dessus (comprendre à côté) trois vases reposent sur des supports. Les deux larges situés à droite et à gauche contiennent une substance blanche pour l'un, rouge orangé pour l'autre, sans qu'on puisse

préciser leur usage. Peut-être s'agit-il d'onguents parfumés que les servantes appliquaient sur les invités. Au centre, le vase est abimé, mais on reconnaît sa forme triangulaire ; son contenu n'est pas visible.
À droite de ces réserves se trouvaient les cinq autres convives féminins. Aujourd'hui il n'en persiste qu'une, mais Davies avait pu dessiner toute la scène, ce qui permet notamment de voir que les deux dernières femmes, qui sont côte à côte, semblent n'en faire qu'une. On est surpris de les trouver toutes assises sur des sièges si bas que leurs genoux sont repliés sur leurs poitrines, et que l'une d'entre elles les enserre de sa main droite. Comme toujours dans ce contexte festif, il n'y a guère de diversité dans l'habillement d'un même sexe. Ici, il est calqué sur celui de la première dame, dont nous avons parlé plus haut.

Deux jeunes adolescentes, qui ne portent qu'une ceinture de coquillage autour de la taille, prennent soin du corps de la première invitée : l'une, penchée en avant (ce qui plisse son ventre) arrange un premier collier sous sa perruque, tandis que sa compagne, debout derrière elle, lui en tend d'autres ( et ) tandis que de sa main gauche elle tient un bouquet de fleurs de lotus. La convive suivante, aujourd'hui disparue, était également servie par une jeune fille vêtue d'une robe qui lui présentait dans une main une coupe, tandis que l'autre tenait un petit vase avec certainement autre chose que du vin dedans… La femme était tournée vers celle assise derrière elle et lui tendait un fruit. Par manque de place, aucune servante (dont certaines pouvaient être des filles de Djeserka) n'est plus représentée.

3) - Le registre inférieur

Lorsque Davies a réalisé ses relevés, il a encore pu voir le couple qui siégeait à gauche. Devant les époux se dressait une table probablement en pierre, car tenant sur un seul pied. Elle portait des miches de pain représentées selon le schéma canonique. En-dessous, on trouvait deux jarres à bouchon pointu entourées d'une tige de lotus dont la fleur est fermée. À la différence du registre du dessus, nous avons ici la représentation concrète d'une fête, qu'on peut identifier par la référence faite plus loin à Djeser-Djeserou, c'est-à-dire Deir el Bahari : il s'agit de la Belle Fête de la Vallée, nous y reviendrons. Le texte au-dessus du couple proclamait : "Tout ce qui arrive devant [… pour…] Djeserkareseneb (et) son épouse, la maîtresse de maison, Ouadjrenpet, Juste de Voix".
À droite de la table se trouve un reposoir supportant une aiguière élancée, avec un bec, certainement destinée aux libations. En dessous se trouvait un vase ressemblant à ceux dressés sous la table. Devant la table se tenait un des fils de Djeserka effectuant la libation ; hélas, il avait déjà disparu avant les relevés de Davies, probablement victime du fanatisme des zélateurs d'Akhénaton. Le texte d'accompagnement, une formule d'offrande, subsiste : "[Son fils] Nebse (n) y dit : 'Un millier de pains, de pots de bière, de bétail, de gibier, un millier de fleurs, de parfums, un millier de pièces de tissu et de biens en albâtre'".

Immédiatement derrière le fils aujourd'hui disparu s'avancent quatre hommes apportant des denrées pour l'offrande. Le premier est " (le) scribe Neferhebef", qui tient un grand bouquet composite, dit "bouquet d'Amon". Le second porte un guéridon levé à la hauteur de son visage, mais ce qui se trouvait au sommet a disparu, tandis qu'à la saignée du bras était suspendu un objet perdu lui aussi dans une lacune. Le troisième homme porte un panier en osier contenant des légumes et des fruits, avec au-dessus des fleurs de lotus. De la main droite, il tenait encore d'autres objets, qui ont disparu. Le dernier personnage, identifié comme " (le) gardien du dépôt d'Amon, Nebenter" porte sur la tête un plateau où se trouvent des pains, et de l'autre main, un petit bouquet qui repose sur son épaule gauche. Un texte en face de lui proclame : "Il dit : 'Pour ton ka, un bouquet [d'Amon] dans Djeser-Djeserou'". Djeser-Djeserou désigne Deir el Bahari où la statue divine d'Amon se rendait une fois l'an depuis son temple de Karnak sur l'autre rive. Au passage, elle parcourait la nécropole où parents et amis étaient venus rendre hommage à leurs défunts et prendre un repas en commun. D'ailleurs, le défunt lui aussi est censé participer à la fête en rendant hommage à Amon, un souhait souvent exprimé dans les textes, mais absent de TT38.

La moitié droite du registre représente la fin de la scène du banquet qui se trouve au-dessus et montre les participants mâles. Au nombre de six, ils ne disposent que d'un seul serviteur. Debout sur la gauche, il est vêtu d'un pagne et sa poitrine est barrée d'une écharpe blanche, comme en portent certains prêtres, et il offre au premier convive une coupe. Tous les invités se ressemblent : ils sont vêtus d'un pagne, ont un large collier autour du cou et un cône d'onguent sur la tête. Tous sont assis sur de légers tabourets en jonc. Le premier lève la main vers la coupe qui lui est tendue, en signe d'acceptation, tandis que son autre main est serrée autour d'une tige de lotus ; le troisième et le quatrième convive les tiennent de telle façon que la fleur ouverte se trouve devant leurs narines. Le dernier convive, qui a abusé du vin et peut être de psychotropes, est tourné vers l'arrière et vomit dans un vase à large ouverture qui se trouve derrière son tabouret. Le personnage qui se trouve devant (à côté) de lui essaie de le réconforter. On voit bien avec cette scène que le but à atteindre était clairement l'ivresse, afin de se rapprocher le plus possible d'Hathor, mais gare à celui qui ne connaît pas ses limites. Cette scène n'est pas exceptionnelle dans les tombes, mais ce sont plus souvent les femmes qui sont victimes de ces excès. Il n'y a aucun texte d'accompagnement.

Mur ouest

Il ne reste rien de la décoration, qui avait déjà disparu à l'époque de Davies. Vous trouverez sur la l'état actuel de l'angle supérieur droit de cette paroi, à l'endroit où elle rejoint les pauvres restes de la partie ouest du mur nord.