SALLE TRANSVERSALE, MUR SUD

Le décor est relativement symétrique, centré par l'ébauche d'une stèle qui n'a pas encore reçu son enduit préparatoire. On voit très bien sur l'image que les représentations de Houy ont été repeintes après avoir été effacées (fond grisâtre) et qu'une tentative de découpe de la tête du dieu a eu lieu après les années 60.

1) - Le "linteau"

()

Il est divisé en deux parties par le signe de l'Ouest dressé sur un pavois ().

a) - À droite

Houy salue "Osiris, maître de l'Occident" et verse une libation avec un vase-"hes" (terme très archaïque qui devrait être remplacé par "senbet") sur un amas de produits alimentaires (pains, viandes, fruits et légumes) entassés sur une table, tout en récitant une formule d'offrande traditionnelle "… pour le Ka de l'Osiris [Houy]".
Osiris, coiffé de sa couronne atef, est assis sur un trône cubique frappé du sema-taouy. Il est silencieux, comme toujours.

b) - À gauche

Même scène, avec cette fois Anubis.

2) - Les "jambages"

Chacun est divisé en deux registres.
Sur le registre supérieur, le défunt, assis sur un tabouret en bois léger, est en train de "partager toutes bonnes choses avec Osiris, maître de l'Occident" ().

Sur le registre inférieur, il est assis sur un fauteuil, devant une table où sont posées des miches de pain (représentées à l'ancienne) (), avec cette légende : "Être assis en compagnie d'Osiris et d'Anubis, maître de Ro-setaou".

SALLE TRANSVERSALE, MUR NORD

Une grande stèle peinte devait occuper toute la partie centrale de la paroi, mais la mouna n'a même pas reçu son badigeon blanc préparatoire. De chaque côté la paroi est divisée en cinq registres, plus ou moins conservés. Une niche (ou un tunnel) a été creusée au bas de la paroi, mais a rapidement été abandonnée ().
Chacune des scènes montre un geste rituel, fait devant Houy par un prêtre-lecteur portant la peau de léopard.
Dans les deux scènes du registre supérieur, Houy est représenté en noble défunt bienheureux (hiéroglyphes Gardiner A52 et A51 ) ; dans les autres, il est en costume des vivants, portant parfois un sceptre-sekhem ou un sceptre-ouas

Scène 1 () : "Rendre le Ka à son maître Houy". Houy, défunt bienheureux vêtu d'un suaire blanc, est accroupi sur une estrade. Le prêtre agenouillé devant lui lui présente le signe hiéroglyphique du Ka. Cette scène est très rare.
Scène 2 () : "Donner du fard vert et du kôhl" (fards à cils et paupières, cosmétiques et protecteurs).
Scène 3 () : "Donner l'onguent au dieu"
Scène 4 () : "Faire des purifications avec des vases d'eau".
Scène 5 () : "Donner des tissus blancs".
Scène 6 () : "Donner des fruits (?) ".
Scène 7 () : "Donner du pain et de la bière".
Scène 8 (a quasiment disparu) : "Donner des vêtements".

FRISES ET PLAFONDS

1) - Frises

Au-dessus de toutes les parois de la salle transversale court une frise de 13,5 cm de hauteur. Elle est composée de fleurs de lotus épanouies ou en bouton, tournées vers le bas.
Au-dessus, on trouve une bande blanche comportant une ligne noire et une autre rouge. Parfois s'y ajoute un motif "en chaînettes" blanc et noir ; en dessous, on trouve l'habituel motif formé de rectangles multicolores ().

2) - Plafonds

Ils sont magnifiques et extraordinairement conservés bien qu'ils ne soient pas droits… Ils sont cloisonnés par des bandes jaunes (imitant le bois) portant des prières en hiéroglyphes bleus. Ces bandes découpent le plafond en caissons peints de motifs variés.

a) - Les bandes

(, ).

Bande A : "Une offrande invocatoire que le roi fait à Amon-Rê, roi des dieux, (à) Onouris (et aux) Horus qui sont dans Ouaouat. Puissent-ils accorder leurs faveurs consistant en la vie sur terre, une longue vie au service de l'administration du souverain, la félicité pendant le temps de vie et sa conclusion par un bel enterrement à l'ouest de Thèbes à un âge avancé. Pour le Ka du vrai scribe du roi, qui l'aime, le superviseur des pays du sud (…) Fils Royal de Kouch, intendant des pays du sud, le flabellifère à la droite du roi, Houy".

Bande B : "Le Fils Royal de Kouch, le flabellifère à la droite du roi, le directeur du bétail d'Amon, Houy, Juste de voix. Il dit : Hommage à toi, Ô seigneur de l'éternité, qui règne sur la terre pour toujours, qui est à la tête des Occidentaux, et vous les déesses de la nécropole. Voyez ! Je suis venu vers vous pur et encensé, puissant et pourvu d'un Ba (…) "

Bande C : "Une offrande que donne le roi à Osiris qui est à la tête des Occidentaux, le grand dieu qui est en Abydos et aux dieux seigneurs de Ta-djeser, qui accompagnent Onouris. Puissent-ils accorder les offrandes invocatoires : pain, bière, têtes de bétail, oies, tissus, albâtre, encens, huile, tous légumes et plantes, toutes bonnes choses et tout ce qui arrivera sur l'autel du seigneur de l'univers ; de respirer l'air qui sort de Noun ; de recevoir les offrandes qui ont transité par leurs autels ; de devenir un Ba vivant. Alors il entrera en possession du pain-bière, de l'air, de l'eau qui lui sont donnés dans le cours de chaque jour (…) "

Bande D : " (…) taureau de l'Occident, Amon le seigneur de Karnak qui illumine les Deux Terres de sa beauté. Qu'il veuille donner un grand âge vénérable devant le roi et d'être enterré dans la tombe qu'il a faite par faveur du dieu parfait le roi). Pour le Ka du Fils Royal de Kouch, le flabellifère à la droite du roi, Houy".

Bande E : "Une offrande que donne le roi à Osiris qui est à la tête des Occidentaux, à Anubis à la tête des dieux seigneurs de la nécropole. Qu'ils accordent de respirer de l'air chargé de myrrhe et d'encens, des libations et du vin aux deux changements de saisons ; de recevoir les offrandes qui ont transité par les autels des seigneurs de l'éternité. Puisses-tu recevoir des offrandes par la générosité de Ptah, du pain blanc sur ton autel. Puisse ton Ba vivre et tes muscles être fermes. Puisse ton regard être perçant sur le chemin sombre. Puisse Hapy (la crue du Nil) te donner de l'eau et Nepri (dieu du grain) de la bière. Pour le Ka du Fils Royal de Kouch, intendant des pays du sud, le flabellifère à la droite du roi, le scribe royal, Houy, Juste de voix".

Bande F : "Formule pour respirer l'air et pour obtenir de l'eau dans la nécropole, par le Fils Royal de Kouch, Juste de voix. Il dit : Ô Hapy, grand seigneur du ciel, en ce tien nom de narine (sic!). C'est moi qui me suis installé à cet endroit qui est au milieu de Ouenou (Hermopolis Magna). J'ai gardé l’œuf de ce grand jargonneur. Il est destiné à s'épanouir (bis) S'il vit, je vis (…) Pour le Ka du prince héréditaire, dignitaire des premiers instants, noble en face des gens du commun, le Fils Royal de Kouch, intendant des pays du sud, le flabellifère à la droite du roi, le directeur du bétail d'Amon (…), Houy, Juste de voix".

Bande G : "Une offrande que donne le roi à Osiris qui est à la tête des Occidentaux, à Anubis seigneur de Ro-setaou, les dieux seigneurs de l'ouest et les déesses qui sont dans la nécropole. Qu'ils donnent le pouvoir dans le ciel avec Rê, la puissance sur terre avec Geb, d'entrer et de sortir de Ro-setaou, de recevoir les offrandes invocatoires, vin, lait, toutes plantes et toutes fleurs, de boire sur l'autel, de recevoir des offrandes de pain et bière qui viennent du seigneur du nôme thinite, Osiris, souverain de l'éternité. Pour le Ka du Fils Royal de Kouch, intendant des pays du sud, le flabellifère à la droite du roi, le scribe royal, (…) un qui dit toutes choses et cela s'accomplit pour lui, le vrai scribe royal, qu'il aime, Houy, Juste de voix".

b) - Les motifs des caissons

Les regarder vaut toutes les descriptions.

Aile nord : , , .

Aile sud : , .

Un motif particulièrement original doit être signalé, celui qui occupe les deux caissons de la partie médiane de la salle longitudinale, séparés par la bande D. Il est formé de tourbillons jaunes entourant des sortes de corolles radiées. Dans les interstices, sur un fond blanc, on trouve les titres de Houy écrits en lignes ().

PASSAGE VERS LA SALLE À COLONNES

Ce passage d'environ 2m de long a perdu presque tout son décor ().
À gauche (sud) (, ) se trouvait une représentation d'Osiris auquel le défunt adressait une prière, ainsi qu'à Ptah.
À droite (nord) () il ne reste presque rien. À signaler une structure rouge dont j'ignore la nature ().

LA SALLE À COLONNES

C'est un carré de 5,80m de côté comportant quatre piliers de section à peu près carrée. Les diverses surfaces ont été aplanies et recouvertes de mouna, mais il n'y a aucun décor (). Comme dans les tombes amarniennes, l'atmosphère était sombre et quelque peu oppressante. Un puits funéraire menant à un caveau souterrain s'ouvre dans le sol près de la paroi nord ().
Au fond de la salle, la paroi ouest comporte une niche incomplètement dégrossie devant laquelle on a replacé ce qui reste d'une statue en granit noir découverte dans la chapelle (, ).

RÉseau souterrain

Les cavités et galeries souterraines sont si étendues sous la chapelle que Davies a dû en faire étayer les plafonds - en particulier sous l'aile transversale - de peur qu'ils ne s'effondrent. Presque toutes sont postérieures à Houy, témoignant de la réutilisation de la tombe. Le seul puits d'origine semble être celui de la partie nord de la salle à piliers : étroit et peu profond, il donne sur une chambre très basse et mal dégrossie.

Les trouvailles

Ni la momie, ni le mobilier funéraire de Houy n'ont été retrouvés. Dans un puits situé à proximité de la tombe, on a retrouvé un fragment de statue à son nom () portant une prière à Rê qui comporte la mention d'Aton : "contempler le disque (Aton) tout au long du jour".
Par ailleurs, une petite stèle offerte en ex-voto se trouvait dans la "cachette" de Karnak ; dédiée à Amon, elle s'adresse au roi : "Viens à moi mon seigneur Nebkheperourê (Toutankhamon) car j'ai vu les ténèbres que tu as engendrées. Fais la clarté pour moi, que je puisse te voir et je proclamerai ton omnipotence aux poissons du fleuve et aux oiseaux du ciel […]". Les interprétations divergent sur ce genre de textes qui apparaissent à l'époque de d'Amenhotep III : cécité réelle, image pour traduire un "aveuglement" de l'esprit ou allusion à une éclipse solaire qui s'était produite sur le site d'Amarna en l'an 9 du règne d'Akhénaton. Progressivement, ce type de formulation deviendra un moyen d'expression de la culpabilité individuelle, notamment chez les ouvriers de la nécropole royale à Deir el Medineh. Dans le cas de Houy, on peut vraiment s'interroger sur les motifs qui l'ont poussé à faire réaliser ce monument : avait-il quelque chose à se faire pardonner ? Par ailleurs, les archéologues ont retrouvé à Faras (siège de la Vice-royauté à l'époque) un fragment de linteau d'un édifice dédié à Houy sur lequel le nom du Vice-roi a été gratté alors que celui de Toutankhamon est intact.
Si on réunit tous ces éléments et l'effacement des représentations de Houy dans sa chapelle, l'hypothèse d'un bannissement peut être envisagée, avant un retour en grâce, peut-être posthume.