Aile nord (droite)

Mur ouest

Après avoir traversé le passage donnant vers la salle longitudinale, sur lequel nous reviendrons, nous nous trouvons devant une paroi assez bien préservée, sauf près du passage et au niveau de la frise, qui porte une scène unique d'adoration à Osiris.

1) - Osiris

Le grand dieu des morts, désigné comme "Osiris, qui est à la tête de l'Occident, Ounnefer" est placé dans une zone de choix, que le visiteur entrant dans la chapelle ne peut pas rater. Osiris est assis sous un kiosque surchargé de dorures et de couleurs, conformément au goût baroque de l'époque ramesside. Le toit est tapissé de cobras solaires dressés surplombant une corniche à gorge. On retrouve ces serpents au sommet de colonnes fantaisistes, mais qui multiplient les symboles : à la base se trouve un fût lotiforme fermé, entouré d'une guirlande florale, avec deux types différents de chapiteaux que le peintre a superposés mais qui devaient se trouver chacun sur des colonnes différentes. Entre les colonnes est tendu un tissu à fond rouge orné d'hexagones allongés, qui se termine à son bord supérieur par un large motif floral multicolore. Osiris est assis sur un trône cubique richement décoré, avec une frise de cobras surmontant un décor en façade de palais. Le dieu a la peau verte, couleur de la végétation (re) naissante et porte ses attributs habituels : couronne atef, barbe recourbée, un fouet et une crosse dans chaque main. Il est engainé dans un suaire doré, ce qui, sans être exceptionnel, n'est pas très courant. Un large collier ousekh s'étale sur sa poitrine, ainsi qu'un pectoral dont les détails ont disparu.
Derrière Osiris se tient "Anubis, seigneur de la Terre Sacrée" à tête de canidé noir, qui pose ses mains sur les épaules du dieu en signe de protection. Fils adultérin d'Osiris et de Nephtys (selon certaines légendes), il est celui qui a confectionné la première momie, celle d'Osiris.

2) - Les orants

a) - L'intervenant principal est probablement Khonsou

()

Il présente de la main gauche un encensoir où grésillent des boulettes de résine odoriférante, tandis que sa main droite agrippe un vase complexe formé de l'association d'une croix ansée, d'une tête et d'un bec d'oiseau. L'eau de la libation se répand sur un monceau d'offrandes empilées sur et sous des guéridons. À noter la présence inhabituelle d'un petit oiseau ba, posé à l'extrémité de l'estrade, entre le pied d'Osiris et les offrandes, accompagné d'une légende : "Le ba de l'osiris, le [prêtre de Montou ?], né de (?) Taouseret. Boire de l'eau qui vient du vase à libations" ( ; on discerne (mal) la tête et la partie haute des ailes sur la ). Khonsou porte une peau de félin par-dessus son pagne, estampillée du cartouche de Thoutmosis III. On remarquera que, à la différence des autres personnages, il est représenté avec des sandales, ses pieds reposant sur un sol légèrement plus haut, qui est donc "djeser", "sacré".

b) - Les personnes suivantes

Selon Davies, il s'agit probablement de sa mère, de son fils Ousermontou et de sa femme Moutiay, accompagnée de ses deux enfants qui sont maintenant des jeunes gens : le garçon est "son fils, le second pontife de Thoutmosis III, Khaemouaset, juste de voix" et la jeune fille "sa fille, la chanteuse d'Amon Ouiy, juste de voix" ().
On notera que tous ces personnages ont un aspect allongé, des membres fins, un menton fuyant, toutes des caractéristiques de l'art ramesside.
Les deux femmes et la jeune fille se ressemblent beaucoup. Elles portent des robes de lin fin, aux larges manches plissées et frangées, ainsi qu'un grand gorgerin et des bracelets aux poignets et aux avant-bras. Les mèches de leurs perruques sont nouées, et au-dessus se trouve un cône d'onguent dans lequel sont fichés des fleurs de lotus, et un bandeau floral (). Elles tiennent d'une main un sistre hathorique encadré par deux tiges de papyrus autour desquelles s'enroulent des liserons, parfaitement reconnaissables à leurs feuilles lancéolées (nous avons consacré un article à dont nous vous recommandons la lecture). Dans l'autre main, elles portent un collier menat qui se termine par une tête de la déesse Mout ().
L'homme est vêtu d'un pagne long, au devanteau extravagant (autre trait ramesside) et tient d'une main un petit bouquet et un oiseau (?) tandis que l'autre main est levée en signe de salutation.

Au-dessus des intervenants des colonnes destinées à accueillir du texte ont été tracées sur un fond jaune. Les quelques traces de hiéroglyphes résiduels n'occupent que les premières colonnes et sont illisibles ; il est probable que le reste du texte n'a jamais été écrit.

Mur Nord

Il peut être divisé en deux parties, chacune consacrée à une des activités de Khonsou : en haut, Khonsou dans le cadre de sa fonction dans le temple de Thoutmosis III, en bas, Khonsou dans sa fonction de superviseur du bétail dans le temple de Thoutmosis IV. Un grand hiéroglyphe "ciel", sépare le registre supérieur de la frise.

1) - La procession fluviale de la statue de Thoutmosis III

a) - La barque

Elle fait pendant à celle de Montou sur le mur sud. Ici toutefois, la barque flotte sur un canal du Nil, qui se termine en "T" devant un débarcadère à la porte du temple. Celui-ci est représenté par les deux môles blancs de son pylône d'entrée, dont les sommets sont estampillés au nom de Thoutmosis III. Au milieu de la porte se trouve une petite scène montrant le pharaon adorant Amon ().
La barque de Thoutmosis III est de forme très simple, avec une proue et une poupe se terminant en ombelle de papyrus. Sous un kiosque en bois doré se dresse une statue du pharaon qui a été habillée et décorée. Le roi est coiffé de la couronne bleue doublée d'un uraeus et agrippe une massue. Devant lui se tient "Le grand prêtre de Thoutmosis III, Khonsou", habillé en prêtre, crâne rasé, qui fait libation et encensement à la statue. De hauts bouquets se dressent devant et derrière le kiosque où se tiennent les deux déesses Isis et Nephtys. Derrière Isis se trouve une natte avec un bœuf mort et un cuisseau ; devant elle se trouvait une enseigne montrant pharaon en sphinx.
[N.B : Nous venons de consacrer un article spécial au culte des statues royales : et vous y renvoyons].

La barque n'a pas d'équipage. En effet elle est tractée par un vaisseau militaire par l'intermédiaire d'une corde qui relie (de manière irréaliste) sa proue à l'aviron de gouverne du vaisseau tracteur. Poupe et proue sont décorées des emblèmes de Montou et Amon sur un fond jaune. La partie centrale du bateau est restée brute, comme le montrent les nœuds et veines du bois. La caisse du capitaine est décorée d'un pharaon en sphinx et comporte une enseigne terminé par une plume de Maat. Le décor de la plaque rectangulaire pourrait constituer un rébus au nom de Ramsès II (Davies). L'officier en charge est "le porte-enseigne du grand régiment de Menmaatrê (Sethy I), Ousermontou". L'homme est en train d'offrir un brasero grésillant devant une pile d'offrandes entassées sur un guéridon. Cinq matelots, au visage tout aussi inexpressif que le sien, rament pour faire avancer les bateaux.
Après avoir débarqué, la statue du pharaon divinisé est accueillie par des prêtres, des prêtresses et des pleureuses.

b) - Sous-registre du haut : les prêtres

Au nombre de huit, ils font tous partie de la famille de Khonsou, ce qui montre l'emprise que celle-ci avait sur le temple. Ils se ressemblent tous et ressemblent à tous ceux déjà vus, sauf les deux premiers, les plus importants, qui n'ont pas la peau de panthère, mais une écharpe blanche en travers de la poitrine et une ceinture blanche frangée. Le premier est "le prêtre pur de Thoutmosis III, Khay" ; il tient un encensoir et un vase à libation. Le second est " le prêtre pur de Thoutmosis III, Khaemouaset" ; il tient deux vases, dont un en forme de ankh.
Les six autres () font encensement et libation, ou apportent vases et bouquets. Il s'agit, de droite à gauche de : "Le grand prêtre (du culte) d'Amenhotep II, Neferhotep" (le père de Khonsou) ; "son fils, le grand-prêtre (du culte) de Thoutmosis I, Nay" ; "son fils, le grand-prêtre (du culte) de Thoutmosis I Iouy" ; "son fils, le prêtre pur du roi [Amenhotep II ?], Mont[ouhotep]" ; "[son fils]… d'Amenhotep II, To" ; "son fils, le grand prêtre de Sobek, Ousermontou".

c) - Sous-registre du bas : chanteuses, pleureuses

Côté gauche

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Un petit édifice estampillé aux cartouches de Thoutmosis III et contenant un monceau d'offrandes attend la statue et ses accompagnateurs. À sa gauche, la première femme qui salue d'une main et tient une tige de papyrus et un sistre hathorique de l'autre est " (la principale de) celles qui se lamentent, …, la chanteuse d'Amon Moutiay" suivie, après le quai sous lequel se trouvent d'autres offrandes, par "la chanteuse de Montou Taouseret" et de "sa fille, la chanteuse de Montou Tentiounet, (la) fille de Taouseret", dans la même attitude.

Côté droit

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Deux groupes de prêtresses vont à la rencontre l'un de l'autre. Les cinq filles de gauche sortent du temple et accueillent, mains levés, les nouvelles venues. Trois noms ont survécu, il s'agit de : "sa fille Maia" ; "sa fille Ouseri" (? il peut s'agir de la fille de Taouseret ou de Moutiay) et de "Maany, fille de Tentiounet".
Le groupe arrivant, qui accompagnait la procession, débute par deux prêtresses qui ont les bras croisés, dont au moins une est fille de Maany. Parmi les autres noms qui ont survécu : "Taysen" ; "Maia" ; "Ounerro" ; "Henoutneferet".

2) - L'inspection du bétail du temple de Thoutmosis IV

On s'étonne de trouver ici cette scène car on la croirait sortie tout droit d'une sépulture de la XVIIIe dynastie. Il ne s'agit pas d'une preuve d'usurpation car Eva Hofmann a montré que la scène est d'inspiration archaïsante, et s'intégre dans l'ensemble du décor.
Elle peut être divisée en deux parties : à gauche, les employés du domaine amènent le bétail devant le superviseur ; à droite, Khonsou-To et des membres de sa famille surveillent les opérations.

a) - Khonsou et sa famille

Ce n'est certes pas un peintre talentueux qui a travaillé ici. Outre l'allongement exagéré du corps du garçon, un trait ramesside nous l'avons vu, les bras des personnages sont ridiculement minces et mal proportionnés, les visages sont inexpressifs.
Khonsou est assis, vêtu d'une grande tunique par-dessus laquelle l'artiste a plaqué un improbable devanteau. Sa main gauche tient un sceptre sekhem, la droite est tendue devant lui, au-dessus d'une enseigne où on voit Maat devant le nom de Thoutmosis IV, Menkheperourê, dans un cartouche lui-même inséré dans un cadre, l'ensemble représentant sans doute le nom d'un domaine agricole. Ses deux pieds nus reposent sur une natte ou un repose-pieds. Devant lui se trouve un petit texte où il s'adresse aux bouviers qui sont devant lui : "Le superviseur du bétail de Thoutmosis IV, To, juste de voix. Il dit : 'Puisse Montou vous favoriser. Les animaux du dieu prospèrent. Amenez ce veau au temple !'".
Derrière lui, assise sur un siège placé légèrement plus bas pour suggérer une perspective, se tient "Son épouse Rouia" ; le nom n'est pas précédé de l'habituelle épithète "la maîtresse de maison". La représentation est particulièrement malhabile : proportions fausses, bras trop mince, robe qui ressemble à un sac, visage quelconque… Rouia se tient dans l'attitude habituelle de l'épouse, entourant de ses deux bras les épaules de son mari.
Derrière elle, debout, on trouve un fils de Khonsou, surmonté par ce texte : "Son fils, le prêtre pur de Montou, Montouhotep, juste de voix. Sa fille, la chanteuse de Montou, Ouiay". Cette dernière est assise sous le siège de sa mère, sur un coussin posé par terre.

b) - Les bouviers et leurs troupeaux

Ils se disposent sur deux registres superposés, en plein air, comme en témoignent les arbres. "Kaka" et "Nefersekherou" sont des contremaîtres, qui, agenouillés, "flairent la terre" devant leur patron. Devant chacun d'eux est plantée une petite enseigne, la même que celui qui se trouve devant Khonsou. Davies fait remarquer que, surtout sur le registre supérieur, les vaches, bœufs et veaux sont presque réduits à l'état de caricature, mais, ajoute-t-il avec sagesse, "puisque Montou, To et l'artiste s'en sont contentés, nous ne devons pas y voir matière à critique"…
Attardons-nous un peu sur les deux derniers personnages du registre que nous avons la chance d'avoir en photo de bonne taille (). Le premier tient une palanche sur l'épaule gauche, à laquelle sont suspendues par une anse de petites cruches, il tient également une corde enroulée à la saignée du même bras ; de la main droite, il tient un bâton avec lequel il frappe la croupe d'une vache blanche qui, dans une attitude de reproche, tourne la tête vers lui : elle s'est probablement arrêtée car son veau s'est pendu à son pis. Son compagnon porte également une palanche sur l'épaule gauche avec, à une extrémité, un filet contenant une grosse cruche ; de l'autre côté, on a plus de mal à savoir ce qui se passe, car la main droite de l'homme semble saisir la cruche et un objet vert, attachés à la barre de bois. Deux chiens maigres, à queues droites, accompagnent les hommes.

La partie arrière du registre sous-jacent est un peu confuse. Derrière les bovidés viennent deux troupeaux de chèvres ; entre les deux se trouvait un homme qui a presque disparu. Ce "petit bétail" selon l'expression égyptienne possède des cornes variées, droites, recourbées, torsadées. Un bouc essaie de s'accoupler. Derrière les animaux, deux hommes passent à côté d'un arbre. Le premier, qui semble démesurément grand, tient une palanche sur l'épaule gauche avec, à une extrémité, un filet qui contient une cruche et à l'autre extrémité ? De la main droite, il agrippe un bâton avec lequel il dirige le troupeau. Son compagnon plus petit tient une canne dans la main droite, et une palanche sur l'épaule gauche. L'un des filets qui y est attaché contient une cruche et l'autre un petit veau, qui est peut-être celui que Khonsou demande d'amener au temple ; il est difficile à voir, aussi vaut-il mieux s'aider du dessin de Davies (, flèche rouge). Derrière lui se trouve un chien semblable aux deux précédents.