Mur ouest

Il est coupé à peu près en son milieu, légèrement décalé vers la gauche par l'ouverture donnant sur la salle interne. De part et d'autre, les deux ailes du mur sont divisées chacune en deux registres superposés, qui ont environ la même taille, et qui comportent des subdivisions. L'ensemble mesure (hors bordures et khakérous) 1,4m de haut et 2m de large (un peu moins à gauche).
D'emblée, on constate que la paroi gauche a beaucoup souffert et que la quasi-totalité de son registre haut a disparu.
Cette fois le bandeau de bas de mur a été peint, et les décors sont séparés du sol par d'épaisses bandes jaunes et rouges, bordées de noir ().

Mur ouest, côté sud (à gauche)

Cette paroi dont les deux registres illustraient la "Belle fête de la Vallée", est la plus abimée de toute la chapelle. Sur la droite des deux registres se trouvait une représentation assise du couple Nakht - Taouy ; celle du haut a totalement disparu, et de celle du bas ne persistent que les jambes des convives et les mains de Nakht. Des dégâts supplémentaires sont apparus après que Davies ait réalisé son relevé ; c'est ainsi qu'à droite du registre supérieur, deux jambes d'hommes étaient visibles, et qu'il n'y en a plus qu'une aujourd'hui.

Registre inférieur, de droite à gauche

1) - Le couple

Il est assis sur un banc dont les pieds reposent sur une natte. Comme nous l'avons vu, on ne peut presque rien dire des personnages, mais il n'y a aucune raison de leur supposer une quelconque originalité. Le texte d'accompagnement est perdu aussi.
Heureusement, une image très remarquable (et souvent reproduite) a été préservée : celle d'un chat à robe tigrée en train de dévorer un poisson. Mais hélas, la partie inférieure de l'animal ainsi que le poisson ont aussi subi des dommages depuis Davies, et l'éclat de la lampe qui donne actuellement directement dessus n'aide en rien à apprécier la scène… ().

2) - La table d'offrande et Amenemopet

Devant le couple se dresse une table d'offrandes en calcite, avec probablement un pied, caché par une des grandes

jarres rouges munies d'un bouchon noir (contenant probablement du vin ou de la bière). Les provisions apportées au couple à l'occasion de la Belle Fête de la Vallée sont empilées et, selon la perspective égyptienne, semblent flotter dans l'air : il faut bien sûr comprendre qu'elles sont disposées l'une à côté de l'autre.

En face de la table se tient, si on en croit le texte qui le surplombe, le fils de Taouy, Amenemopet : "Présenter un bouquet après avoir fait son devoir, par son fils, [Amen]emopet, Juste de Voix". Il est très intéressant de noter qu'il s'agit du seul enfant identifié dans la tombe, et qu'il est clairement désigné comme fils de Taouy () sans aucune référence à Nakht. Cela ne peut vraisemblablement signifier qu'une seule chose : Nakht, sans fils vivant au moment de son décès, a choisi son beau-fils, issu d'une première union de Taouy, pour agir comme s'il était son propre fils ainé.
Le jeune homme porte une tunique transparente sur le court pagne blanc qui lui enserre la taille. Sa perruque a perdu (ou n'a jamais reçu) sa couleur noire. On remarquera ses ongles, détaillés en blanc. Dans sa main gauche, il porte un petit bouquet, ainsi que des tiges de lotus enroulées ; dans la droite, il en porte un autre, pas très épais mais très élaboré ; bizarrement il passe derrière le bras gauche : erreur ou volonté délibérée ? Derrière Amenemopet se tiennent les musiciennes et les hôtes du banquet rituel.

3) - Les musiciennes

La scène des trois musiciennes est célèbre, et très souvent reproduite dans les livres d'art, et il faut reconnaître qu'il s'agit d'un chef d'œuvre de la peinture thébaine. L'artiste ne s'est pas contenté de les aligner l'une derrière l'autre (comme chez Djeserkareseneb par exemple, ).Elles forment un ensemble mouvant, se chevauchant partiellement, encore rendu plus vivant par le visage tourné vers l'arrière de la fille du milieu.

À l'avant se trouve une harpiste : son instrument, de grande taille, comporte plus d'une douzaine de cordes et sa caisse de résonnance est de taille respectable (et fort joliment décorée) ; viennent ensuite une joueuse de luth et enfin une joueuse de double flûte.

Les représentations de chacune des filles sont clairement différentes, même si, à première vue, la troisième ressemble à la première. Elles ont revêtu une longue robe blanche moulante, surmontée d'une tunique fine dont la partie supérieure est représentée jaune, selon la mode de l'époque, comme si le parfum répandu sur leurs perruques (que le cône d'onguent concrétise réellement ou symboliquement) avait coulé. Par contraste, la fille du centre, sans doute très jeune, ne porte qu'une ceinture de perles autour de la taille, et son triangle pubien est nettement individualisé. Chacune porte une perruque différente, un large collier et des bracelets, et de très grandes boucles d'oreilles sous forme de plusieurs anneaux d'or (?). Peut-être ces détails ressortent-ils mieux sur . On remarquera aussi le travail réalisé sur les doigts, et l'impression de sensualité de la scène, la fille du milieu incitant clairement à l'amour, comme Hathor.
Comparées aux autres femmes du registre, leur peaux sont beaucoup plus brunes, se rapprochant de la carnation des hommes. La faute en revient surtout à la couche de vernis que l'artiste a appliquée à l'époque sur ces représentations : le temps l'a assombrie, mais aussi, et c'est beaucoup plus grave, est sans doute responsable de l'apparition d'écailles dans la peinture, comme on le voit sur le visage de la harpiste (). On remarquera que les pieds des deux musiciennes de droite et de gauche sont nettement plus clairs, proches de ceux des autres femmes, sans doute parce qu'ils n'ont pas reçu de vernis. Pourquoi avoir utilisé ce vernis ? L'artiste était sans aucun doute très fier de cette scène et tenait à la protéger le mieux possible. De plus, dans la semi-obscurité de la chapelle, la lueur des torches lui donnait certainement un éclat particulier.
La taille des musiciennes a été réduite pour permettre la représentation, au-dessus d'elles, de nouvelles provisions sous forme de quatre vases de couleur et de forme différentes, reposant sur une natte ou posés sur un petit guéridon, chacun séparé de son voisin par des grappes de raisin ().

4) - Les hôtes du banquet

ils se répartissent en deux sous-registres, les hommes en haut, les dames en dessous.

Les hommes : les trois personnages sont représentés à l'identique, dans une attitude stéréotypée et rigide qui contraste violemment avec les musiciennes. Ils sont assis sur un tabouret blanc, très simple, portent tous le même pagne, le même collier, la même perruque (? actuellement la couleur est brune) surmontée d'un cône d'onguent, et tiennent tous la même fleur de lotus tourné vers leurs narines.

Les femmes () : la scène est très endommagée, et des quatre convives ne sont préservées, très partiellement, que celles des extrémités. Elles portaient une robe longue, laissant voir le sein, un grand collier, de grandes boucles d'oreilles en or. Leurs perruques tripartites étaient aussi surmontées d'un cône d'onguent ; comme les hommes, elles tenaient une fleur de lotus ouverte devant leurs narines, symbole de renaissance. Elles étaient assises sur un siège noir, du même type que celui déjà rencontré, mais plus bas.

Registre supérieur

Sa distinction d'avec le précédent est purement formelle, car nous restons dans le même contexte. Du couple assis à droite et de l'hypothétique desservant, rien ne subsiste. Il ne reste que les jambes d'un homme (comme nous le disons plus haut, ils étaient encore deux du temps de Davies), avec une branche de vigne pendante.
Derrière ces hommes existe une subdivision en deux.

1) - Le sous-registre du bas

À l'avant se trouve un harpiste aveugle, un thème plus volontiers ramesside. Les égyptiens n'ont jamais su représenter correctement les personnages assis en tailleur, et celui-ci ne fait pas exceptions à la règle, si on observe le pied par exemple. Les "chants du harpiste", fondamentalement pessimistes sur la vie dans l'au-delà, pourront y tenir une place importante sous les ramessides (comme chez Inerkhaou, TT359). La cécité est exprimée par une ligne courbe à la place de l'œil, tandis que la bouche entrouverte indique que l'homme chante, ou plus surement, psalmodie un texte. Il est représenté de profil, avec les plis du ventre bien visibles. À la différence des invités, il n'est pas assis sur une natte, mais directement sur le sol. Chauve, comme souvent, il a néanmoins un cône d'onguent sur la tête.

Derrière lui, des dames de qualité sont assises sur leurs talons sur une natte. Elles ont revêtu leurs plus beaux atours et sont représentées dans des poses variées. Trois sont à l'arrière, agenouillées côte à côte, et c'est tout le talent de l'artiste de les avoir rendues différentes dans leur similitude. La petite servant nue penchée vers l'une des dames rajuste sa boucle d'oreille. La première convive à l'avant respire l'odeur d'une fleur de lotus, tandis que celle à son côté, tournée vers l'arrière, tend un fruit à la troisième, dont le bras gauche est lui aussi tourné vers l'arrière et présente le même fruit à la dame assise derrière elle. Dès lors l'explication est claire : la première femme est assise devant le plateau contenant les fruits et les fait passer à sa voisine de derrière, qui fait de même…

2) - Le sous-registre du haut

On ne peut que pressentir que de belles scènes ont disparu dans le naufrage de la paroi.
Juste au-dessus du harpiste on voit des restes de vases sur des guéridons. Derrière, quatre femmes, dont on ne voit que la partie inférieure, étaient assises sur des sièges bas () : deux côte à côte à l'arrière, et deux isolément à l'avant. Les jambes d'une petite servante sont encore visibles.

Le musée de Brooklyn garde quatre petits fragments de cette scène (voir image ci-contre) : ils concernent les femmes se tenant à l'arrière. Curieusement, ils ne sont pas mentionnés sur le relevé de Davies ; l'hypothèse la plus plausible est que ces fragments de petite taille aient été retrouvés dans les déblais, et emportés, sans qu'on songe à les remettre en place.
On peut voir par transparence le sein des femmes sous leurs robes, et toujours les mêmes grands colliers et boucles d'oreille en or, les grandes perruques et les cônes d'onguents.

Mur ouest, côté nord (à droite)

() La paroi n'a pratiquement subi aucun dommage, en dehors de quelques manques dans la bordure jouxtant l'entrée dans la pièce interne, et l'arrachage du nom d'Amon, ce qui nous permet d'admirer des scènes d'une grande qualité d'exécution - si ce n'est d'originalité. La préservation de la frise de khakhérous permet d'illustrer l'irrégularité du plafond, comme le montre cette ).

Sur les deux registres, à gauche, nous retrouvons le couple Nakht - Taouy assis devant une pile d'offrandes en train, selon le texte de "se réjouir (des offrandes) et d'admirer la beauté (des scènes qui se déroulent devant eux) ".

Registre supérieur

1) - Nakht et Taouy

Le couple est assis sur un banc posé sur une natte. On remarque la longue tunique transparente de Nakht, qui lui couvre une épaule et descend jusqu'aux chevilles. Taouy enserre de son bras gauche l'épaule de son mari. Tous deux agrippent de la main droite la tige d'une fleur de lotus.

La mutilation des deux visages sur cette paroi préservée est certainement d'origine humaine, mais qui a fait cela et pourquoi, nous ne le saurons jamais ; une vengeance personnelle est cependant plus vraisemblable que l'action des fonctionnaires envoyés par Akhénaton. Au-dessus de la tête du couple se trouve le seul texte en hiéroglyphes de couleur de toute la paroi : "Se réjouir de voir les bonnes choses, les produits des champs et des marais (par) le prêtre horaire [d'Amon], le scribe Nakht, Juste de Voix, et sa sœur, qu'il aime, qui a une place dans son cœur, la chant [euse d'Amon] Taouy".
Devant le couple, des produits alimentaires sont accumulés sur une natte qui semble flotter dans l'atmosphère.

En dessous, et se prolongeant sur la droite, la petite scène fait la jonction avec la suivante : un homme, qui appartient à la scène de chasse et pêche, pousse devant lui des canards, tandis qu'il tient en mains par les ailes de nombreux oiseaux des marais encore vivants.

Au-dessus du personnage, et faisant également la jonction, nous voyons deux hommes se diriger vers le marais. Le premier tient en main une branche de palmier (?) et un oiseau vivant, tandis que son compagnon porte un sac sur une épaule, les sandales de Nakht coincées sur l'avant-bras gauche, et une de ses cannes.
Le texte qui les surplombe, et qui s'étend sur une partie de la scène de chasse n'a pourtant aucun rapport avec cette activité, mais prolonge (ou peut-être débute) le discours inscrit au-dessus du couple. Il est monochrome, bleu foncé, mais était peut-être vert à l'origine : "Se réjouir de voir les bonnes choses, le travail des champs, les paniers des produits de la chasse et de la pêche, par le prêtre horaire [d'Amon], le scribe, Nakht, Juste de Voix (et) sa sœur, la chanteuse [d'Amon], la maîtresse de maison, Taouy. Elle dit : 'Réjouis-toi du travail des paysans ; je fais cette libation sur les oiseaux pour toi à ton moment (ta mort ?) ".

2) - Chasse et pêche dans les marécages

Voilà un grand classique, qu'on rencontre depuis l'Ancien Empire (soit depuis plus de mille ans) traité d'une manière traditionnelle. Cette scène représente un des critères de datation de la tombe : si l'ensemble évoque l'époque d'Amenhotep II, le nœud sur le ventre date de Thoutmosis IV.
Au nouvel Empire, la chasse du gibier d'eau au bâton de jet et la pêche au harpon sont toujours associées, les personnages étant parfois l'un derrière l'autre, mais le plus souvent, comme ici, se faisant face. Cette scène chez Nakht a l'avantage d'illustrer les deux facettes de ces activités, d'une part, leur côté pratique (distraction et ravitaillement), d'autre part leur côté symbolique d'aide à la renaissance du défunt.

Les deux actions se situent au sein d'un dense fourré de papyrus qui en constitue la toile de fond : les tiges, alternativement vert clair et vert foncé, sont surmontées de grandes ombelles déjà ouvertes (sur deux niveaux) ou pas encore (troisième niveau). La vie y est grouillante : oiseaux divers (et leurs nids), papillons (dont le monarque), libellules…
La position du chasseur est toujours la même : il est représenté en grande taille sur un tout petit bateau constitué seulement de bottes de roseaux liées, avec cependant ici un petit pont en bois. À l'avant se tenaient des oies, mais les Atonistes n'ont pas épargné l'animal sacré d'Amon. Sur la gauche, Nakht s'apprête à lancer un nouveau bâton de jet sur les volatiles qui s'envolent, affolés. La représentation est très vivante et les couleurs bien conservées. La réussite est certaine, puisqu'un oiseau a déjà été touché (son cou s'enroule autour d'un bâton) et qu'il agrippe déjà un autre volatile dans sa main gauche.
Du côté droit, il s'apprête à propulser un long harpon pour transpercer deux poissons, un Tilapia et un Lates (nous ne reviendrons pas sur la symbolique de ces deux poissons, déjà exposée dans ).
L'artiste n'a pas représenté le harpon. Il pourrait s'agir d'un oubli, mais la tombe de Nakht n'est pas la seule dans laquelle on trouve cette omission, qui a peut-être un sens. Remarquons au passage une incohérence : Nakht est droitier lorsqu'il lance son bâton, et gaucher avec son harpon. Ce dernier aurait dû passer devant son corps, ce qui explique peut-être pourquoi il a été omis ?

Nakht est accompagné de sa femme et de trois enfants. Dans les deux représentations, une jeune femme se tient agenouillée entre ses jambes, et en agrippe une. À gauche, elle tient une fleur de lotus ouverte, et à droite une fleur en bouton. La femme qui se tient debout derrière Nakht enserre sa taille d'une main. Celle de gauche tient dans sa main un petit canard, un symbole sexuel dans l'Égypte ancienne. Il est difficile de dire qui est la mère et qui est la fille aînée dans ces scènes.
À droite, une petite fille se retourne vers son père, comme pour l'avertir ; un jeune garçon se tient à l'avant de la barque de gauche ; il n'est pas pubère comme le montrent sa nudité et la mèche de l'enfance qui pend sur le côté de sa tête. Tourné vers l'arrière; il tend un nouveau bâton à Nakht, tandis que de l'autre main, il empoigne un oiseau, peut-être une prise qu'il a ramassée. Théoriquement, ce rôle est dévolu au fils aîné, mais Nakht n'a pas de garçon (du moins vivant). Aucun des participants n'est identifié, aussi ne savons-nous pas s'il s'agit d'une personne en particulier ou s'il faut y voir un cliché stéréotypé. Cela pourrait expliquer aussi le petit personnage debout, à droite : il pourrait représenter "le" serviteur en général.
Le texte d'accompagnement (du côté droit) décrit la scène : "Traverser les roselières, pénétrer dans les marais, se réjouir en harponnant le poisson, par le prêtre [horaire d'Amon, le scribe] Nakht, Juste de Voix".

Nous avons souvent eu l'occasion d'évoquer le rôle hautement symbolique de ces représentations en étudiant d'autres tombes. Il suffit d'observer comment les personnages sont habillés, et comme ils son entassés sur des esquifs trop petits, pour se rendre compte qu'il ne s'agit pas uniquement de représenter les plaisirs d'une partie de chasse (même si cette réalité existe aussi) et que la scène a une autre dimension. Le marécage et ses hauts papyrus (qu'on ne trouve que dans le Delta) sont pour le défunt ce qu'ont été les marais de Kemmis pour l'enfant Horus, un lieu à l'écart, où il peut grandir, et qui doit être protégé de l'Isfet. Nous retrouvons tout cela : les forces du mal (l'Isfet), représentés par les oiseaux doivent être combattues, car elles menacent Nakht renaissant comme Seth menaçait Horus.
Mais il a fallu d'abord se régénérer, et pour cela avoir des relations sexuelles, et de nombreux détails y aident, dans ces représentations qui ont toujours revêtu aux yeux des Égyptiens un caractère puissamment érotique.

Registre inférieur : l'alimentation des défunts

1) - Le couple est assis sur la gauche

Il se tient cette fois sous un pavillon dont on remarquera l'élégante colonne papyriforme doublée de fleurs de lotus. Les deux personnages sont quasiment superposables à ceux du dessus, si ce n'est que les visages ont été respectés et que Taouy enlace véritablement son mari, le protégeant (comme Isis) et le stimulant (comme Hathor).

Le texte proclame : "Être assis dans le pavillon pour se réjouir de toutes les bonnes choses (provenant) des marécages de papyrus, par le prêtre horaire [d'Amon], le scribe, Nakht, et sa sœur, la chant[euse d'Amon, Taouy] ". Le terme "marécage de papyrus" fait référence, comme les activités du registre supérieur, à la zone du Delta. Ce qui laisse perplexe puisque le fonctionnaire moyen thébain Nakht n'a certainement pas eu de possessions dans le Nord… et surement pas des vignes.

2) - Offrandes et porteurs

Déjà sous le pavillon on trouve, posées sur un petit guéridon devant les époux, une corbeille de raisins et des fleurs de lotus ouvertes. La pile devant le kiosque est impressionnante ! Outre les denrées habituelles, on trouve en plus des œufs, du gibier d'eau et du poisson (deux Tilapias) provenant de la scène sus-jacente. Malgré l'importance donnée à la vigne dans ce registre, aucune jarre de vin n'est représentée ; par contre, il y a de nombreuses grappes de raisin et des paniers de grenades.
Les porteurs sont au nombre de quatre, répartis en deux petits sous registres. Ils sont vêtus à l'identique d'un pagne blanc remontant haut sur les reins. Ils apportent des produits issus des activités représentées sur les deux registres : nombreux oiseaux, nombreux poissons et raisin.

3) - Vendanges et pressage du raisin

a) - Vendanges

Sur la droite, deux hommes cueillent les grappes d'une vigne représentée sous forme de trois rangées superposées ; on voit que les Égyptiens la cultivaient sur support. Les vendangeurs sont originaux, représentés comme des individus. L'un semble avoir les cheveux crépus, tandis que l'autre, plus âgé, présente une semi-calvitie grisonnante et du ventre. Il n'ont qu'un petit panier, manifestement insuffisant pour la masse des grappes mûres.

Il est intéressant, pour l'anecdote, de comparer le dessin de Davies, l'aquarelle de sa femme Nina et la photo (derrière une vitre) : il y a inversion du noir et du blanc dans le dessin ( et ).

b) - Pressage

Le pressoir représenté sur la gauche est une aire probablement circulaire, en pierre, dans laquelle les vendangeurs écrasaient le raisin avec leurs pieds, tout en se tenant à une liane pendant des poutres qui les surplombaient. La couleur de peau des cinq hommes en train d'officier a été artificiellement modifiée par l'artiste, afin qu'on les distingue mieux. Ils sont vêtus d'un pagne beaucoup plus court que les autres personnages. La scène est moins vivante, quoiqu'un peu mieux préservée, que celle de la tombe d'Ouserhat ().
Un homme, qui ressemble étrangement à celui que l'on voit sous la treille, est penché sur un petit bassin dans lequel s'écoule le jus. Les énormes jarres qui se trouvent au-dessus de lui peuvent contenir, soit ce jus, qui sera alors apporté au vigneron pour la vinification proprement dite, soit, par un de ces raccourcis dont les Égyptiens ont le secret, le vin terminé et prêt à la consommation : le bouchon d'argile qui ferme les amphores plaide pour cette hypothèse.

4) - Le sous-registre en bas, à droite est consacré à des oiseaux

Deux scènes se succèdent : la capture au filet puis la préparation des oiseaux.

a) - La capture

Voici encore une scène qui n'aurait pas dépareillé à l'Ancien Empire (où elle est le plus souvent nettement plus détaillée). Nous sommes de nouveau dans un fourré de papyrus, ou plutôt sur une petite bande de terre entourée d'eau. Un filet rhomboïdal -dont je n'ai jamais compris le fonctionnement, malgré les explications de Montet (TB) - a été dressé. Les oiseaux, attirés par la nourriture qu'on y a déposée, s'y sont posés en nombre. Sur un signal du maître de chasse (représenté à moitié caché), un groupe d'hommes, ici réduit à trois, tirent violemment et en même temps sur la corde qui fait s'effondrer le filet sur les volatiles. Il ne reste qu'à les ramasser et les porter au préparateur. L'artiste a déployé un grand talent dans les détails des oiseaux pris au piège, dont aucun n'a pu s'échapper. La comparaison avec la scène similaire chez Ouserhat est cette fois tout à l'avantage de Nakht, que ce soit dans la réalisation ou la préservation (). On remarque les différences : chez Ouserhat, il n'y a pas de guetteur et tous les hommes sont représentés séparément et vêtus d'un pagne plutôt sophistiqué ; chez Nakht, ils ne portent qu'un cache-sexe et se superposent : on ne peut les différencier que par la carnation.

b) - Plumage et préparation

Assis sur un petit tabouret, un homme plume un oiseau. L'artiste a individualisé le mouvement des doigts, le geste résultant semble délicat, presque "précieux". Les oiseaux plumés sont empilés devant lui, avant que son compagnon ne s'en empare pour les vider. L'homme travaille assis sur un siège plein. Sur une planche inclinée, il tient fermement la volaille de la main gauche, tandis que de la droite, il la fend avec un couteau. Les oiseaux sont ensuite pendus à une barre placée entre deux piquets. Une fois secs, avec ou sans salage, ils sont fourrés dans les jarres qui se trouvent au-dessus du plumeur, et peuvent ainsi être conservés et voyager.