La salle transverse

Elle comporte deux ailes, droite (nord) et gauche (sud) dont la petite taille frappe immédiatement le visiteur : en tenant compte de la largeur des ouvertures, chaque aile ne fait qu'environ 2m de long et 1,40m de large.

Les plafonds ont presque totalement disparu, ne persistant que sous forme de traces dans l'aile sud où il était asymétrique : du côté droit existait une bordure constituée de lignes épaisses, tandis que du côté gauche, c'est un motif formé d'une alternance de carrés blancs et jaunes qui touchait directement la paroi verticale.

La frise

Elle est identique dans les deux ailes, occupant une hauteur notable de la paroi. Elle est composée par l'association de quatre éléments :

Une représentation de la déesse Hathor sous forme d'une tête de femme vue de face, plus ou moins bien exécutée, avec des oreilles de vache ; elle porte une coiffe en plumes et repose sur le signe hiéroglyphique "neb".

Trois khakhérous, ces bottes végétales liées à leur sommet.

Une représentation d'Anubis () sous forme d'un canidé noir, un ruban rouge autour du cou, avec son traditionnel flagellum semblant sortir de son dos ; plus rare, on trouve devant lui un sceptre sekhem et un collier Menat hathorique. Il est allongé sur une représentation hautement symbolique : habituellement, on ne trouve que la façade d'entrée de la tombe, mais ici l'artiste l'a combinée avec les deux montagnes de l'horizon du signe akhet  : le défunt pénètre dans sa tombe comme le soleil se couche à l'horizon occidental ou se lève à l'horizon oriental du ciel (il y a deux horizons pour les anciens Égyptiens).

Deux colonnes à fond jaune, délimitées par des lignes rouges, portent des formules d'éloges suivies du titre et du nom de Nakhtamon. C'est ainsi qu'on trouve : "Pour le ka de l'unique, l'aimé de son seigneur, le loué de Ptah, le supérieur de l'autel, Nakhtamon [juste de voix]" ; "Pour l'unique, le loué de ? en toutes ses places d'éternité, le supérieur de l'autel, Nakhtamon, juste de voix" ; "Pour le ka du grandement loué, l'aimé de Maat, l'Osiris supérieur de l'autel, Nakhtamon, juste de voix" ; "L'Osiris supérieur de l'autel dans le château d'Ousermaatrê-Setepenré (qui se trouve dans le domaine d') Amon (à l'occident de) Thèbes, Nakhtamon, juste de voix, en paix".
En haut et en bas, ces motifs sont bordés d'une double ligne verte bordée de noir avec, au centre, l'habituel motif en échelle, constitué par la juxtaposition de rectangles bleus, rouges, verts et jaunes, séparés par deux petits rectangles blancs encadrant un rectangle bleu central. L'ensemble est enfin surmonté d'un motif en chainette blanc sur fond noir, avec un point rouge central sur la paroi est et sud.

Aile nord

Les scènes sont bordées, en bas et sur les côtés, par un large bandeau coloré comportant une ligne rouge centrale, encadrée de deux lignes blanches bordées d'une ligne noire. Une scène unique occupe toutes les parois : la présentation d'offrandes à Ptah-Sokar-Osiris par le défunt et sa famille, assistés par divers accompagnateurs.
Fait très rare - et peut-être postérieur au décor initial - l'artiste a rajouté au bas des murs est et ouest, sous le bandeau, deux petites scènes évoquant des thèmes de la vie terrestre, telles qu'on les trouvait à la XVIIIe dynastie et avant. Le sol de la pièce étant surbaissé, les eaux de ruissellement ont quasiment détruit ces représentations.

1) - Paroi est

a) - Le roi et le dieu

La scène se déroule sous un édifice dont le toit, compliqué et surchargé en dorures et uraei, repose sur des colonnes multicolores dont les divers chapiteaux (papyriformes, lotiformes) sont coiffés par des abaques rectangulaires ( d'une telle composition se trouve sur une dalle de calcaire peint découverte dans une chapelle de Medinet Habou, qui se trouve actuellement à l'Oriental Institute de Chicago). Le rang supérieur est toujours constitué d'une frise d'uraei. Cet édifice est posé sur une estrade blanche, sans escalier.
Le dieu est désigné comme "Ptah-Sokar-Osiris, qui est dans la chapelle Chetyt, maître de l'éternité Neheh, qui établit la pérennité Djet, le grand dieu, le seigneur de la Terre Sacrée". Rappelons rapidement que les premiers ramessides avaient tiré les leçons de l'épisode amarnien qui avait vu la victoire finale du clergé d'Amon : ils honorent (largement) le grand dieu thébain, mais tentent de contenir la puissance de son clergé en marquant leur dévotion à d'autres divinités, en particulier le dieu solaire Rê d'Héliopolis, mais aussi Ptah de Memphis (seul ou en association avec Sokar et Osiris).

Le dieu est assis sur un siège cubique archaïque dont le panneau latéral associe le classique aspect "en façade de palais" (la porte est jaune) à un élément rajouté suivant les goûts du temps : une frise d'uraei. Un coussin rouge retombe derrière le dosseret bas du siège. Ptah-Sokar-Osiris a la peau verte des dieux chtoniens, en rapport avec la renaissance ; il est vêtu d'un corselet à bretelles composé de plumes multicolores (rappelant les cercueils Rishi), ses pieds reposent sur un signe Maat biseauté ; de la main droite, il tient la crosse et le fouet traditionnels d'Osiris, et de la main gauche, le sceptre ouas. Remarquons la queue de taureau qui, attachée à la ceinture, est ici projetée vers l'avant. Il porte une couronne Henou (associant deux plumes d'autruche, une paire de cornes de bélier et un disque solaire central) habituellement portée par Osiris ou Ptah-Tatenen par-dessus une "perruque" striée de bleu et de blanc (ce n'est pas le némès, dont les rayures sont horizontales).

Derrière lui, là où on s'attendrait à rencontrer un dieu ou une déesse, se trouve une représentation extraordinaire de Ramsès II, un nouvel exemple de l'effort constant de la monarchie ramesside pour diviniser le souverain régnant (). Le roi est magnifiquement vêtu d'une robe tunique en lin fin plissé, avec un devanteau en orfèvrerie cloisonnée, comme le sont son grand collier et ses bracelets. Il est chaussé de sandales blanches. D'une main, il tient la crosse croisée sur sa poitrine, de l'autre une massue. Deux particularités sont très intéressantes : son menton est piqueté de barbe, et il porte la couronne bleue (Khepresh).
 La barbe : on en trouve d'autres exemples sur des ostraca de Deir el Medineh, notamment l'ostracon DeM 2568 qui montre la même association, et des larmes coulant de l'œil du roi, ou celui qui se trouve au de Baltimore. Mme Desroches-Noblecourt a bien montré que le port de la barbe naturelle est réservé aux périodes de deuil, plus précisément à la période entre le décès et l'enterrement : le jour des funérailles, tous les intervenants sont rasés, le deuil est fini.
 La couronne bleue : Mathieu, repris par Obsomer, commente les choses ainsi : "Certains portraits sur ostraca sont précisément attribuables à cette période transitoire entre avènement et couronnement (…) le pharaon observe le deuil de son prédécesseur dont les funérailles, au terme des soixante-dix jours (NB : durée habituelle de la momification) ne sont pas encore accomplies" ; et sur la couronne bleue : "une des fonctions de cette coiffe, durant les dynasties ramessides, si ce n'est déjà à la XVIIIe dynastie, était de caractériser iconographiquement le souverain au moment de son accession au trône, en passe de s'engager dans les cérémonies officielles du couronnement".

Dès lors, la scène peut probablement s'interpréter ainsi : le dieu assis, en transformation dans ses bandelettes, telle une chrysalide, est le roi Sethy I avant ses funérailles ; il est protégé par son fils Ramsès II, nouvel Horus qui va prendre son envol (ce que nous verrons dans une scène exceptionnelle du mur sud) : l'avènement du fils est immédiat (il n'y a pas de vacance de la fonction royale), mais le sacre est pour plus tard.

b) Devant l'estrade

On trouve un gigantesque amoncellement de denrées diverses reposant sur quatre autels dorés, décorés d'une guirlande de fleurs et d'où pendent des grappes de raisin. Au sommet est posé un bouquet entre deux bassines blanches contenant de l'encens (?). Deux grandes "colonnes" vert sombre encadrent les offrandes, mais seule la base de celle de droite reste visible sur le mur nord. Selon Davies, il ne s'agirait pas de colonnes, mais seulement de trois tiges de papyrus au sommet desquelles ont été insérés des coquelicots et une guirlande florale. Le texte d'accompagnement dit : "Offrir toutes bonnes choses pures (consistant en) pains, (cruches de) bière, (têtes de) bétail, gibier d'eau, eau fraîche, vin, lait, habits, onguents… tous types de légumes frais et purifiés, tous types de nourriture, de douceurs et de sucreries par lesquelles vit un dieu et que le Nil apporte de sa caverne. Elles sont pures pour… ".

2) - Paroi nord

Après l'angle arrondi, nous continuons la scène précédente sur la paroi nord par une très grande lacune dans laquelle se trouvait Nakhtamon ordonnançant et peut-être consacrant ces offrandes. Derrière lui s'avance un personnage dont l'identité est perdue, sans doute un enfant du défunt. Vêtu d'un pagne long, chaussé de sandales blanches dont la pointe se recourbe légèrement (il faudra attendre le règne de Ramsès III pour qu'elles ressemblent aux poulaines de notre Moyen Âge), paré d'un collier et de bracelets, il brandit haut devant lui deux plateaux sur lesquels se trouve une substance inconnue, peut-être de l'encens. Derrière lui, des paniers de figues et de raisins sont posés sur un guéridon en bois blanc, tandis que, toujours selon Davies, le dernier plateau contient de l'encens en grains et moulé sous forme du petit veau, dont on voit la représentation en rouge. Au pied de la table se dressent quatre amphores contenant probablement du vin. Seule la fin du texte d'accompagnement est préservée : "… pure (pour le Ka) d'Osiris-qui-est-à-la-tête-de-l'Occident, le seigneur de la Terre Sacrée, seigneur de la chapelle Chetyt, afin qu'il te (sic) donne du pain et de l'air, de l'eau fraîche, du vin et du lait, pour l'Osiris Nakhtamon". On notera que le texte a débordé d'une colonne de l'espace à fond jaune qui lui était destiné.

3) - Paroi ouest

Sur deux registres se trouvent les personnages qui escortent et aident Nakhtamon dans sa fonction ; comme nous l'avons souvent dit dans d'autres tombes, il ne s'agit pas nécessairement de serviteurs : ici, nous trouvons le fils et un des frères du défunt. Tous les participants ont le crâne rasé et un collier ousekh, parfois des bracelets.

a) - Registre supérieur

Chaque personnage a devant lui une tige de papyrus dressée, comme fichée en terre ; les petites feuilles qui semblent s'en échapper sont en fait des liserons stylisés (pourquoi ? Voyez l'article )

La scène de boucherie comporte trois intervenants. Une carcasse de bœuf décapité git à terre et le boucher en chef est en train de couper une patte à la jointure, aidé par un assistant qui tire la patte vers lui. Tous deux ont des tabliers blancs maculés de sang. On remarque que seul le chef porte des bracelets. Au-dessus d'eux se trouve un texte en onze petites colonnes sur fond jaune : "[Une offrande] pure [que donne Osiris Oun]nefer [maître de l'éternité Neheh] qui établit la pérennité Djet. Qu'il te (sic!) donne du pain et le souffle, pour le Ka de l'Osiris, le supérieur de l'autel, Nakhtamon, juste de voix. Par son frère, le chef des bouchers de la maison d'Ousermaatrê-Setepenrê, Peteresemhebsed (Ptr-s-m-Hb-sd = Qui se voit à la fête sed), juste de voix ". À gauche, un homme emporte les morceaux de viande fraîchement coupés vers l'autel.

À droite, quatre personnages s'avancent. Ils sont tous vêtus d'un pagne dont la partie haute est orangée. Ils n'amènent pas grand-chose, ce que confirme le texte qui les surplombe, réduit à "Une offrande que donne Osiris". Le premier tient en main le bâton en éventail qui traduit sa fonction de gardien de porte. Le second apporte des figues et des concombres dans un beau plat, que l'artiste a représenté de dessus pour qu'on puisse voir le décor (). Le troisième tient sous son aisselle un balai en fibres végétales : il sera le dernier à se retirer, effaçant derrière lui la trace de pas des intervenants, afin que rien ne vienne troubler la quiétude du dieu dans son naos. Le dernier est encore un gardien de porte.

b) - Registre inférieur

()

Sept personnages s'avancent vers l'autel ; tous sont nommés, leurs noms étant précédés de l'épithète "le serviteur". Il faut y voir une forme de préciosité, rappelant celle raillée par Molière, par exemple dans Le Misanthrope (acte I, scène 2)
Oronte : […] Je suis votre valet, Monsieur, de tout mon cœur.
Alceste : Et moi je suis, Monsieur, votre humble serviteur.

Premier personnage : "Le serviteur de Nakhtamon, son fils, son aimé, (issu) de son corps, Amenabou". Il tient d'une main un bouquet végétal et une sorte de besace.

Second personnage () : il porte une amphore à col blanc entourée d'une guirlande. Le texte d'accompagnement dit : "Paroles dites par le serviteur Tjenersethy au superviseur de l'autel Nakhtamon : 'on se réjouit (de voir) ton visage, (toi) qui vit (parmi ceux qui reçoivent) des louanges'".

Troisième personnage : "Le serviteur Anherneheh" à la poitrine barrée d'une écharpe blanche ; il tient en main un bouquet monté.

Quatrième personnage : désigné comme "Le serviteur de l'autel Amenheriib", c'est le frère de Nakhtamon. D'une main, il tient un énorme bouquet monté, de l'autre des tiges de lotus.

Les 5e et 6e personnages présentent tous deux une déformation extraordinaire de la boîte crânienne, certainement volontaire et pratiquée chez le tout jeune enfant ; elle rappelle, mais en plus accentué, certaines représentations de l'époque amarnienne (). Ce type de déformation, excessivement rare dans les tombes, reste de signification obscure. Le 5e personnage tient un bouquet monté ; il est désigné comme "Le serviteur Petjiabaal", un nom d'origine syro-palestinienne. Le 6e, qui a les deux mains jointes et la bouche entrouverte, est "Le chanteur du château d'Ousermaatrê dans (le domaine d') Amon, Nesoutniout, juste de voix".

Le 7e homme appartient au personnel de Ptah-Sokar. Il est bizarrement représenté, avec des bras très courts et, semble-t-il, une gibbosité. Lui aussi est chanteur, c'est "Le chanteur de Ptah-Sokar, Neferaa". Il rythme sa mélopée en frappant dans ses mains.

Les deux autres musiciens, qui appartiennent eux aussi au personnel de Ptah-Sokar, sont assis. Tout en chantant, le premier joue d'un instrument à cordes rappelant un luth dont la caisse est bleutée et dont le manche doré se termine par une tête de faucon solaire. Deux petites cordelettes décoratives pendent du manche. Derrière lui, un autre personnage plus petit chante et donne le rythme en claquant des mains.
Au-dessus d'eux se trouve le texte qui constitue leur mélopée : "Que tes offrandes sont belles, roi Ousermaatrê-Setepenrê, fils de Rê Ramsès, doué de vie, pour le temps infini et le temps éternel. Un millier de pains, de (cruches de) bière, de têtes de bétail, de gibier d'eau, purs, (un millier) d'encens, (de cruches) de vin, de lait, de pièces de tissu, (de jarres d') huiles, de tous légumes frais purs, toutes provisions dont vit un dieu au milieu (des autres). Pour le Ka de Ptah-Sokar-Osiris qui réside dans la chapelle Chetyt avec l'Ennéade. Tu protèges le roi, maître du Double Pays, Ousermaatrê-Setepenrê, le fils de Rê, maître des apparitions, maître de tous les pays étrangers, Ramsès, doué de vie pour l'éternité Djet. Tu l'accueilles, tu le favorises, tu l'aimes. Donne-lui d'être auprès de toi pour le temps infini et le temps éternel. Transfère-lui les offrandes (qui parviennent à) ton temple, chaque jour".

Les petites scènes rajoutées sous le bandeau

Nous ne disposons d'aucune image sur ces scènes très détériorées par les infiltrations d'eau et sommes tributaires de Davies. Il s'agit de représentations de scènes agricoles, incongrues dans ce contexte et dans cette situation, mais peut-être Nakhtamon avait-il la responsabilité de certaines terres agricoles dans le cadre de sa fonction, ou un lopin de terre lui appartenant ?

Du côté Est () on devine des hommes en train de débroussailler, ainsi qu'une charrue tractée par des bœufs. En haut se trouvent des sacs de semences.

Du côté ouest (). Nakhtamon, un linge particulier (sS (d) ) posé sur la tête, image sur laquelle nous reviendrons plus tard, supervise la récolte de blé, comme le ferait un propriétaire terrien. À droite, des hommes coupent haut les tiges que d'autres transportent à dos d'âne vers un lieu de stockage entouré d'une barrière.