Aile sud

On retrouve la frise déjà décrite au sommet de toutes les parois. Le décor est divisé en deux registres ; comme toujours dans un cas pareil, celui du haut est consacré à ce qui se passe dans le domaine divin tandis que celui du bas est consacré aux funérailles ici-bas. Les scènes se suivent sur les trois parois. Le bandeau du bas est différent de celui de l'aile nord, constitué par deux épaisses lignes jaune et rouge, bordées de lignes noires plus fines ; au sud, ce bandeau affleure la marche surélevée qui a été ménagée dans le sol.

Pour respecter la logique des scènes, nous allons les suivre registre après registre d'une paroi à l'autre.

Mur est, registre inférieur

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1) - Barque funéraire et coffre à canopes

La première scène de gauche est largement détruite ; elle concerne le transport sur les épaules de prêtres, du coffret à canopes contenant les viscères du défunt, sous la garde d'Anubis. Un grand bouquet monté se trouve à l'avant. Un nom apparaît devant un des porteurs : "Son fils Amenabou". Au-dessus, sur un fond blanc, se trouve un texte ainsi transcrit par Davies : "Paroles dites par les gens : 'Fatigué est celui qui était paisible pour sa cité et silencieux pour sa ville, lui qui aimait (la Maat ?) et détestait le mensonge'". Rappelons qu'Osiris ne meurt pas, il est en léthargie, il "se repose" ; il est parfois appelé "le fatigué de coeur". C'est pour cette raison qu'on ne devrait jamais parler de la résurrection d'Osiris, c'est une continuité.

Devant le coffre à canopes se trouve la barque funéraire, décorée de rubans de lin plissé blanc et rouge, contenant le cercueil anthropomorphe qui repose sur un lit sur lequel on a placé un matelas. Sous le lit se trouvent quatre sacs blancs contenant des restes du matériel utilisé pour la momification (la comparaison avec des paquets oubliés par les embaumeurs dans des momies est frappante sur d'André Macke ; l'analyse a montré qu'ils contenaient du natron). Le cercueil est entouré d'un dais en bois peint, ajouré, flanqué à l'avant et à l'arrière d'un bouquet et protégé par Isis et Nephtys qui veillent sur le défunt comme elles ont veillé sur leur frère (et mari pour l'une, amant pour l'autre) Osiris.

La barque funéraire repose sur un traineau et bénéficie de trois moyens de traction différents, correspondant sans doute à trois phases du transport ().

Premier moyen de transport : le portage
Des barres de bois supportant la barque reposent sur les épaules de prêtres dont la plupart portent le ruban blanc du deuil serré autour de leur crâne rasé. Ils sont quatre à l'avant, mais aussi à l'arrière où le manque de place a contraint l'artiste à les représenter sur une seule ligne. Devant les porteurs de l'avant se trouve ce texte : "Paroles dites par les gens : 'Vers l'Occident ! Vers l'Occident, (Ô) le favorisé, vers l'Occident ! Elle (te) reçoit dans sa demeure' " ('elle' désigne Hathor ou la déesse de l'Ouest) et devant ceux de l'arrière cet autre texte : "Paroles dites par les gens qui portent celui qui va rejoindre sa tombe : 'Vers l'Occident (Ô) le favorisé du Maître'". Un des porteurs est "Son frère, Amenheriib".

À côté du cortège marchent un homme, les deux bras levés au-dessus de la tête en signe d'affliction, et un petit garçon nu dans la même attitude. Il s'agit de "Son fils Amenabou ; son fils Bakenptah".
Devant la barque, tourné vers l'arrière, un prêtre fait un encensement et une libation : il s'agit une nouvelle fois d'Amenabou, qui porte ici la peau de félin du prêtre-sem. Le texte d'accompagnement dit : "Faire l'encensement et la libation pour le supérieur de l'autel Nakhtamon. Par son fils, le prêtre-lecteur (?) Amenabou". Remarquer sur l'image les deux cordes qui, attachées au traîneau, se dirigent chacune vers un des sous-registres qui se trouvent devant la scène ().

Second moyen de transport : le halage par des hommes
Cinq hommes tirent sur la corde. Devant et derrière eux se trouve un texte étrangement disposé dans des cadres inappropriés : "Paroles dites par les gens qui tirent le défunt : 'Vers l'Occident ! Vers l'Occident !, (Ô) le favorisé, vers l'Occident ! Le fils de ton fils te donne un bandeau et tu es protégé, (Ô) le favorisé d'Osiris [incompréhensible] tu seras devant lui'".

Troisième moyen de transport : le halage par deux couples de vaches
Curieusement, l'artiste a peint en bleu les cornes, les sabots et les mufles. À côté de la vache se tient un bouvier, dont la chevelure est réduite à une tonsure, qui fait avancer les bêtes à l'aide d'un bâton ; il est accompagné par un texte : "Paroles dites par le bouvier qui se tient derrière les vaches qui tirent le défunt : 'Vers l'Occident ! Vers l'Occident ! (Ô) le favorisé, vers l'Occident où ton œil sera ouvert, où ton oreille entendra et ton ventre sera rempli.'".
Derrière lui s'avance un homme qui fait une libation de lait à partir d'une situle avec ce texte : "Paroles dites par celui qui asperge [la route devant] le défunt : 'je purifie la route pour toi avec du lait'".

2) - Les deux porteurs

Sur le sous-registre du haut, ils terminent la paroi du côté sud. Il s'agit de "son fils, son aimé, Bakenptah", et de "son fils Amenabou" qui dit "Mon père est fatigué". Bakenptah porte trois tiges de papyrus et, suspendu à la saignée du coude, un vase. Sur l'épaule gauche, une palanche supporte un coffret à chaque extrémité. Amenabou porte une palanche identique, à l'extrémité de laquelle est suspendu un encensoir, et tient un bouquet monté dans la main droite.

L'angle entre les parois sud et ouest

( et ).

Il a été volontairement laissé arrondi afin de pouvoir continuer l'action. Les deux sous-registres sont occupés par une scène identique dédoublée. Nourritures et boissons dans des cruches rouges sont empilées sur des guéridons ; l'ensemble est entouré de tiges de papyrus et de palmiers. Devant chaque pavillon, un prêtre au crâne rasé, penché en avant, vide une cruche par terre. Cette action entre dans le cadre du rituel du bris des vases rouges, destiné à conjurer les forces maléfiques qui hantent la région liminale entre le monde des vivants et celui des morts. Le vase vidé est ensuite cassé. Dans les tombes thébaines où elle figure, cette représentation se déroule toujours devant ce type de pavillon comprenant un empilement d'offrandes, avec souvent du raisin pendant du toit et entouré de branches de palmier. Il est même probable que les différents pavillons n'en forment qu'un seul montrant différents stades du rituel (van Dijk).

Mur sud, registre inférieur

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Sans transition, nous sommes maintenant dans le cortège funèbre où sont représentés cinq hommes et neuf femmes.

1) - Les hommes

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Le premier, un prêtre lecteur, lit les formules de purification du rituel de l'ouverture de la bouche, dont les instruments se trouvent devant lui, sur la paroi ouest. Parmi les quatre hommes qui se tiennent derrière lui, trois sont des frères du défunt. Tous font des gestes de désespoir et ont placé un bandeau de deuil autour de leur crâne rasé. Deux portent des sortes de capes nouées autour de leurs cous. On trouve : "Son frère, le chef boucher de Khnemet-Ouaset (le Ramesseum), Peteresemhebsed. Son frère, son aimé, Amenheriib. Son frère, son aimé, le chef des gardiens de portes dans le trésor d'Amon, Mehef (juste de voix ?) ". Le quatrième est "Le prêtre pur Hori".

2) - Les femmes

Elles ont à leur tête une dame qui semble avoir un certain âge, vêtue d'une robe bouffante et d'une perruque exagérément longue, c'est "La maîtresse de maison et chanteuse d'Amon, Raia" ; celles qui la suivent sont peut-être des pleureuses professionnelles, car désignées comme "Celles (les personnes) qui se lamentent à l'avant.". Mains levées, elles répandent de la poussière sur leurs têtes. L'une d'elle (la troisième à droite dans ) tient par le coude son autre bras bandé.

Mur ouest, registre inférieur

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1) - La fin du périple terrestre

L'angle entre le mur sud et le mur ouest est, ici aussi, suffisamment arrondi pour que l'artiste ait choisi d'y placer dans un coffre et sur une petite table, les instruments servant au rituel de l'ouverture de la bouche. À partir d'ici, nous sommes sur le flanc de la colline de l'ouest (représentée en rose sous les pieds des intervenants) où se trouvent la tombe et les officiants.
La cérémonie devant la tombe fait intervenir, outre le prêtre lecteur déjà vu, trois autres prêtres ( et ). On remarquera l'habileté avec laquelle le peintre a su représenter les bras enchevêtrés des personnages. L'un fait une libation d'eau sur des offrandes, un second tient une herminette, un troisième présente un encensoir. Le prêtre sem tient à deux mains un vase subdivisé en quatre, car il fait quatre aspersions d'eau sur le cercueil devant lui.

L'entrée de la tombe s'ouvre au flanc de la montagne d'Occident ; elle est en grande partie perdue, mais il persiste la pyramide qui la surplombe, encadrée de deux yeux oudjat. On y a ménagé une niche destinée à contenir une statue agenouillée présentant une stèle (statue stélophore). Devant la tombe, dans la cour qui est devenue habituelle - et rituelle - à l'époque ramesside, se dresse une stèle de grande taille dont ne persiste que la partie supérieure. Adossée à celle-ci se trouve le magnifique sarcophage anthropomorphe de Nakhtamon portant sur la tête un cône d'onguent dans lequel est fiché une fleur de lotus ouverte, symbole de renaissance. Au pied de la momie, une femme, en principe l'épouse du défunt, se lamente ; elle est accompagnée d'une petite fille.

2) - Nakhtamon et son épouse dans la montagne de l'ouest

Nous sommes ici au début du voyage dans l'autre monde que va accomplir un Nakhtamon régénéré par les rites et, suivi de son épouse. En adoptant le rose pour toute la composition et en courbant d'un trait net la limite gauche, l'artiste a habilement combiné l'approche de la montagne avec son sol vallonné et la montagne elle-même.

Nakhtamon s'avance, bras levés (). On remarque l'ampleur disproportionnée de son pagne, un critère stylistique de datation. Derrière lui se trouve son épouse dont la longue perruque est surmontée du cône d'onguent associé à une fleur de lotus. Elle tient en main une sorte de goupillon végétal ainsi qu'un sistre hathorique dont le bruit de crécelle, qui ressemble à celui des papyrus qu'on froisse, est censé attirer la déesse Hathor hors de la montagne d'Occident afin qu'elle prenne le défunt dans son giron où il pourra renaître de ses propres œuvres.

Et cela fonctionne, évidemment, puisqu'on voit la déesse qui, sous forme d'une vache, sort à moitié de la montagne. Elle est coiffée d'une couronne Henou associée à la paire de cornes lyriformes habituellement associées à la déesse (ici complétée d'un uraeus). Autour du cou elle porte un autre de ses attributs typiques, le collier menat.
Dans les tombes thébaines de l'époque ramesside, la déesse Hathor est souvent représentée associée au pharaon, comme ici. Elle est proche d'Isis, et donc souvent considérée comme l'épouse et la mère d'Horus (ce dont témoigne son nom, Hwt-Hr, qui peut se traduire par "la maison d'Horus"). Sa présence sous forme d'une vache symbolise son rôle nourricier et protecteur de l'héritier du trône. La peau du roi est noire, couleur du limon fertile, symbole de renaissance. Devant lui, une fleur de lotus ouverte et un vase à libations posé sur un piédestal.

Texte entourant Nakhtamon et son épouse : "Rendre hommage à Hathor, dame de Djeserou, maîtresse de l'ouest, œil de Rê qui se trouve dans son disque, souveraine de tous les pays, grande de ? dans la barque Sektet, libre de se déplacer dans la barque Mandjet, celle qui dissimule les nombreux (suivants) de Maat, celle qui donne refuge au juste. Elle étend sa protection sur terre, et prend soin de celui qui entre et ne ressort pas. Petits et grands sont amenés à la Place de Vérité. Laisse-moi passer et me reposer en elle. Car je suis droit, je n'ai pas proféré de mensonges en connaissance de cause, et ma bouche n'a pas dit le mal".
La déesse répond : "Paroles dites par Hathor, dame de Djeserou : 'vers l'Occident, vers l'Occident, (Ô) toi le favorisé, vers l'Occident ! Fais ta demeure dans la nécropole, comme les suivants d'Horus. Tous tes parents qui sont en elle […]'".

Mur Est, registre supérieur

Nous nous retournons donc de 180° et regardons de nouveau la paroi Est, cette fois dans sa partie haute. On remarque tout d'abord que l'artiste a de nouveau fait preuve d'ingéniosité en remplissant d'une grand bouquet couché l'espace triangulaire vide délimité en haut de la paroi par l'irrégularité du plafond ().
Sous la frise, le registre supérieur montre le début du parcours de Nakhtamon dans le monde de l'au-delà, qui se fait par une longue prière.

1) - Prière de Nakhtamon

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"Adoration d'Osiris-Ounnefer par l'Osiris, le superviseur de l'autel du Ramesseum, Nakhtamon, juste de voix. Il dit : 'je suis venu auprès de toi, maître de la Terre Sacrée, maître de l'éternité Djet, le fils aîné de Geb, le premier né du corps de Nout. Je fais révérence au seigneur de la nécropole, qui dilate le ciel de ses bras. Je suis un second Thot. Je me réjouis de tout ce qu'il a fait, il apporte le souffle à tes narines, la vie et la force à ton beau visage. […] vient d'Atoum pour tes narines, souverain de l'Occident. Il fait briller la lumière sur ta poitrine. Il éclaire la route sombre et soumet les maux attachés à ton corps grâce à l'efficacité des formules qui sont sur ses lèvres. Il a apaisé pour toi les deux dieux faucons, les frères. Il a soumis à son profit la violence de leur dispute. Il surpasse pour toi les deux déesses sœurs. Les Deux Terres sont en paix grâce à toi, car il a fait disparaître le mécontentement sur leurs visages (étant de nouveau ?) comme deux frères l'un avec l'autre. Ton fils Horus est victorieux devant tout l'Ennéade des dieux, on lui a donné sa royauté sur terre, l'uraeus est sur son front dans le pays tout entier. Le trône de Geb lui a été remis et la fonction d'Atoum mise par écrit par Thot'. Par l'Osiris, superviseur de l'autel d'Amon, Nakhtamon, juste de voix".

2) - Le passage des portes

Il fait référence aux chapitres 144 à 147 du Livre des Morts. Chaque porte est gardée par un génie féroce et armé, qui doit repousser les forces du mal et leurs représentants. Le défunt, bien pourvu grâce au rituel funéraire et au Livre des Morts sur papyrus dont il est doté, est capable de franchir ces redoutables obstacles et de progresser vers la salle du jugement osirien.
Nakhtamon va traverser six "portes", numérotées de droite à gauche et de haut en bas, matérialisées par une image en équerre, formée d'une barre de rectangles colorés et d'un "toit" dont il existe trois types. Les portes 3 et 6 ont un toit composé d'une corniche surmontant la représentation d'un long serpent devant lequel se trouve un œil Oudjat ; les portes 2 et 5 ont une corniche dorée ; les portes 1 et 4 ont une frise de khakérous. Les génies gardiens sont assis sur une natte ; deux génies anthropomorphes désarmés s'associent au génie à tête animale porteur du couteau (exception : le porteur du couteau de la porte 5 a une tête humaine).
Nakhtamon, agenouillé, rend hommage aux divinités ; il a alternativement la tête rasée ou porte une perruque ; voir porte 3, et porte 4, .
Au dessus de Nakhtamon, le texte comporte une introduction, du type :"Paroles dites en atteignant la première porte (par) Nakhtamon" suivie d'une formule dont il n'existe que deux types. Type 1, au niveau de la porte 1 : "Ils te donnent du pain et des offrandes, de l'eau et du vin" ; type 2, au niveau de la porte 2 : "Pour parler en paix, reçois le souffle". Après avoir entendu les paroles magiques récitées par le défunt, celui-ci est autorisé par les gardiens à passer dans la salle du tribunal.

3) - La joie après le succès

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La fin de cette séquence se trouve en fait sur le mur sud, mais il est plus logique d'en parler ici. Nakhtamon est en compagnie de son épouse Kemenaa ; tous deux sont tournés vers l'arrière et manifestent leur joie, leurs deux bras levés faisant le signe du ka ; chacun porte un cône festif sur la tête. Nakhtamon brandit une plume d'autruche, symbole de Maat et porte à la ceinture un mât avec une voile qui matérialise le souffle retrouvé. Le texte au-dessus d'eux se contente de les nommer : "Par le supérieur de l'autel Nakhtamon. Par sa sœur, la maîtresse de maison Kemenaa". La scène pourrait se dérouler après la pesée du cœur que nous allons voir maintenant.

Mur sud, registre supérieur

Nakhtamon et Kemenaa sont introduits par Horus dans la salle du jugement ; le dieu est coiffé de la Double Couronne et tient en main un sceptre ouas. Le texte d'accompagnement (fond blanc), très abimé, commence par "En paix vers la Place de Maat". Le cœur du défunt, aujourd'hui disparu, est posé sur un plateau tandis qu'une représentation de la déesse Maat occupe l'autre. Anubis s'occupe du peson tandis que Thot-babouin surveille. Les deux plateaux sont en équilibre : le défunt est justifié, ce qui lui évitera d'être englouti par la monstrueuse "Dévorante" "dont la partie avant est un crocodile et la partie arrière un hippopotame" dont l'image, disparue, persiste en négatif.

Bien sûr, on remarque immédiatement une représentation extraordinaire, unique dans toutes les tombes thébaines, cet être qui, bras et jambes étendus en croix, semble enjamber la balance en direction du ciel (). Il est entouré de petites lignes bleues qui semblent irradier de lui : "son image entière est entourée de sortes de flammes bleu pâle, pareilles à des vibrations émanant de son être" (Ch. Desroches-Noblecourt) . Dans chaque main il tient un signe de vie ; il porte le pagne royal shendyt. Ses quatre membres sont doublés d'une aile. Il ne s'agit certainement pas du Ba du défunt, mais très probablement d'un pharaon, ce qui ne souffrirait sans doute plus de discussion si la tête n'avait pas été découpée par des pillards…
On connait des représentations de pharaon ailé, évoquant Horus sur terre. Ainsi sur un bloc datant de l'époque de Thoutmosis IV, sorti du 3e pylône de Karnak (). Ce souverain déclare d'ailleurs (Urk IV, 159.13) : "Je me suis envolé vers le ciel comme un faucon divin". Une petite statue en albâtre récemment reconstituée, qui se trouve à Manchester () en constitue un autre exemple. Il existe aussi une représentation de ce type dans le temple de Séthy I en Abydos, dans l'escalier menant au cénotaphe ().
Mme Desroches-Noblecourt, suivie par Obsomer, y voit "une habile transcription graphique du nouveau roi faucon (Ramsès II) qui s'envole pour prendre possession du trône", écartant ainsi l'hypothèse de la montée au ciel du roi Sethy I défunt. Le débat n'est peut-être pas clos, mais en tout état de cause il reste une question apparemment insoluble : qu'est-ce que cette représentation peut bien faire ici, au-dessus de la balance de justification de Nakhtamon ??

Mur ouest, registre supérieur

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Après avoir été déclaré juste de voix (= justifié, acquitté) par le tribunal, le couple, dont il ne persiste presque rien, est conduit par Horus vers Osiris, souverain de la Douat (le monde inférieur). Nakhtamon, courbé, main droite tenant l'épaule gauche en signe de déférence déclare (le texte commence devant Horus et continue au-dessus du couple : "Je suis venu vers toi avec la Maat dans mon cœur, (Ô) Osiris (seigneur) des vivants. Il n'y a pas de fausseté dans mon cœur. Je fais… Maat chaque jour, car je sais que tu vis d'elle, par l'Osiris, le supérieur de l'autel du Ramesseum… Par… d'Amon, Kemenaa en paix à sa place' ".
Thot-ibis, sa palette de scribe à la main, consigne le résultat de la pesée, en même temps qu'il déclare : "Paroles dites par Thot, seigneur d'Hermopolis, juge de l'Ennéade : 'Vois ! le nom du supérieur de l'autel d'Amon, Nakhtamon est devant nous. Son cœur est sorti acquitté. Aucune abomination n'a été retrouvée en lui…' ".
Puis vient le discours d'Horus : "Paroles dites par Horus protecteur de son père, héritier bénéfique d'Ounnefer : 'Vois! J'introduis le supérieur de l'autel Nakhtamon, je viens de l'examiner sur la balance. Je n'ai pas trouvé de chose blâmable en lui. Fais que son cœur lui soit rendu à sa place, comme avec tout homme juste' ".

Devant Thot, au pied de l'estrade d'Osiris, des offrandes s'accumulent sur quatre tables monopodales.

La scène représentant Osiris est très détériorée. Le dieu se tient assis sur une estrade, sous un édifice en bois. Son suaire est décoré d'un motif en plumes. Derrière lui, il est protégé par Isis ; devant lui, les Quatre Enfants d'Horus (dont nous avons parlé dans un ) se dressent sur une fleur de lotus ouverte.