La seconde salle

Le passage vers la seconde salle est large d'environ 0,70m. Il ne subsiste aucun décor, ni sur les montants, ni sur le linteau, ni dans le passage lui-même ou son soffite.
On aboutit dans une petite pièce d'environ 2m de côté, percée dans le mur de gauche (sud) et frontal (ouest) par l'orifice d'un passage. Une grande partie du décor a disparu, y compris la quasi-totalité du plafond, qui est légèrement voûté.

Les murs est, sud et ouest

Ils sont traités ensemble en raison de la continuité des trois registres dont ils sont constitués.

1) - La frise

Florale, compliquée à souhait, il vaut mieux l'apprécier en regardant les différentes photos ainsi que le dessin de Davies () plutôt que de la décrire.

2) - Registre supérieur : la fête de Nehebkaou

Il débute sur le mur Est () par une représentation du défunt et de son épouse (). Nakhtamon est assis sur un siège haut ; il tient d'une main un sceptre sekhem et une pièce d'étoffe pliée, tandis que son autre main est tendue vers les offrandes devant lui. Son épouse Kemenaa est assise sur un tabouret ; pour qu'elle se trouve à la même hauteur que son mari, le dessinateur a glissé sous ses fesses un épais coussin et plusieurs épaisseurs de tissu. Elle est coiffée du cône festif piqué d'un lotus et porte une ample tunique plissée.

Les offrandes sont accumulées dans l'espace ouvert que ménagent entre eux les deux bras du signe hiéroglyphique Ka, qui repose sur un pavois (). L'artiste montre ainsi que la nourriture accumulée est destinée au Ka, cette partie de la personne qu'on pourrait appeler "force vitale" à défaut de mieux, qui continue à entretenir la vie du défunt dans l'autre monde comme il l'a fait ici-bas. De nombreuses études ont été consacrées au Ka et aux autres éléments de la personnalité qui se trouvent séparés après la mort, et que les rites funéraires doivent réunir.

On pourrait aussi proposer qu'une des fonctions du Ka est d'agir comme un transformateur d'énergie. Les anciens Égyptiens ne connaissaient pas le processus de la digestion, ni les nutriments. Ce qu'ils voyaient c'est qu'une personne privée de nourriture mourrait. Il y avait donc dans les aliments un principe capable de passer chez l'homme et de le maintenir en vie. C'était le Ka immatériel qui jouait le rôle de convertisseur et de transporteur d'énergie vitale. Il était donc nécessaire sur la terre et, immatériel, ne disparaissait pas avec la mort, mais pouvait continuer à jouer son rôle dans l'au-delà.

Derrière, ce sont des cruches de vin et de bière qui sont posées sur des guéridons individuels en bois blanc. Amenabou, le fils du couple, en présente une à ses parents (). Derrière lui, un guéridon plus grand, décoré d'une guirlande florale, soutient un vase (à gauche) et une amphore jaune (à droite). Remarquer la longue paille qui sort de cette dernière qui, coudée à angle droit, se prolonge jusqu'à la nuque d'Amenabou. De part et d'autre se trouvent de grands bouquets.

Deux musiciennes accompagnent la scène. La première est bien conservée; elle joue d'une grande harpe. La seconde est quasiment effacée () plus petite et sa nudité n'est cachée que par la lyre ornée de têtes de gazelles qu'elle tient. On notera que sur ses cuisses sont tatouées deux représentations du dieu Bes. Ce nain grotesque, à face léonine, ne protège pas seulement les parturientes, il est aussi associé à la musique, à la danse et donc indirectement à la sexualité. Derrière les deux femmes se tenait un autre fils, Bakenptah, sans doute tourné vers la droite : il n'en persiste que le nom. Le texte nous apprend que ces célébrations ont lieu le matin de la fête de Nehebkaou.

La partie droite de la paroi, déjà amputée d'une ouverture, est réduite à très peu de choses ( et ). On voit Nakhtamon, son épouse Kemenaa, ainsi que leur fils Amenabou et Bakenptah faire offrande au dieu Ptah qui se trouve, juste après l'angle, sur la paroi ouest. Le haut du sceptre du dieu est reconnaissable ainsi que sa calotte crânienne ; il était accompagné de Maat. Texte : "[une offrande invocatoire] pour le ka de Ptah, maître de Maat, roi [du Double Pays], le beau de visage…[qui a créé] les hommes et les dieux…".
Les dégâts subis par la paroi ouest sont tels qu'on ne peut guère y reconnaître, à droite, qu'une partie de la scène de la déesse arbre, prolongation du mur nord. On remarque la niche destinée à une statue, et la seconde entrée d'un passage souterrain sur lequel on ne sait rien.

3) - Registre inférieur : la fête de Bastet

Nous retrouvons Amenabou sur le mur Est, en train de faire un encensement et une libation d'eau pour ses parents, dont il est séparé par sept colonnes de texte, qui font la jonction avec la paroi sud () : "Le quatrième mois de la saison de la germination (Peret), le quatrième jour, le jour de la fête de Bastet. Fais… Ô l'Osiris, le superviseur de l'autel, Nakhtamon, juste de voix. Viens par toi-même, viens, Ô ton Ba dans l'aspect de ton existence terrestre. Viens avec les Bas des imakhous (les défunts transfigurés)… seigneur d'Hermopolis, afin qu'il puisse accomplir ta purification et te donner des offrandes. Prends ce qui t'a été donné, ce que les dieux ont placé dans ta bouche. Rends leur hommage… "

De l'autre côté des colonnes de texte, nous trouvons le couple assis devant trois énormes bouquets d'oignons surmontés d'une anse, confectionnés lors de la fête de Sokar et de celle de Bastet.

Mur nord

Un grand sycomore chargé de figues occupe la plus grande partie de la paroi ; il a été entaillé, laissant sourdre du latex ; ces entailles se détachent sous forme de demi-lunes roses sur le fond bleuté de l'arbre (). De son tronc émerge le corps de la déesse Nout qui, penchée en avant, présente, sur un lit de feuilles, des pains et des figues au défunt et à son épouse. Au pied de l'arbre se tient, accroupi, Amenabou, qui bénéficie lui aussi de la générosité de la déesse. Cette scène, qui est un grand classique des tombes privées, dérive de la vignette du chapitre 59 du Livre des Morts : "Formule pour vivre de la brise et avoir de l'eau à volonté dans l'empire des morts" ; ici l'eau arrive directement au visage des récipiendaires sous forme d'un filet pour chacun.

Nakhtamon et Kemenaa reçoivent ces dons avec reconnaissance. Une nouvelle fois le défunt est assis sur une chaise à (très) haut dosseret, ses pieds nus sur un repose-pieds ; son pagne est agrandi, avec un devanteau frangé que l'artiste a voulu mettre en évidence. L'épouse est assise sur un tabouret surélevé par des coussins et linges et porte aussi des vêtements exagérément amples. Sous sa longue perruque frisotée, on devine une boucle d'oreille ronde et un filet servant de base à la perruque, qui pouvait être fait en cuir, lin ou mèches de cheveux. La perruque est décorée de rubans floraux et surmontée du cône d'onguent associé à trois fleurs de lotus, une ouverte, deux en boutons.
Au-dessus du couple, outre leurs noms, on trouve ce texte : "Paroles dites par le sycomore : 'grand est celui qui suit la Maat. Vois ! j'amène de l'eau sur mon bras pour toi. Donne-moi du vin, de l'eau et de l'encens. Vois ! je te donne dans la place de vérité, en présence de l'Ennéade, les seigneurs de l'Occident' ".

Mur est, partie nord

Il porte une représentation de Nakhtamon qui, crâne rasé, chaussé de sandales, se dirige vers la sortie de la tombe. Sa main gauche agrippe une grande canne, tandis que dans la main droite il serre une pièce de tissu repliée et tient par le manche une sorte de goupillon végétal.
Fait très original, il porte sur la tête une pièce de tissu repliée, frangée à ses extrémités, formant le hiéroglyphe Gardiner V12 sS (d) . Nous avons déjà vu cette même pièce de tissu dans la scène agricole rajoutée dans la première pièce, au bas de la paroi ouest. Cette image a été diversement commentée (El-Shahawy) : protection contre le soleil (Davies) ; symbole de justification (Meeks) ; cadeau de Nouvel An (Liptay). Le sSd, mentionné dans le court, mais obscur chapitre 46 du Livre des Morts, est placé sur la tête du défunt pendant la momification et l'aide à monter dans la barque solaire en le protégeant des effets dévastateurs de l'astre. Le seul autre exemple connu se trouve dans la chapelle de Panehesy, TT16 : le défunt est dans la campagne, en train de surveiller les travaux agricoles ().

Au-dessus de Nakhtamon se trouve un texte : "Une Offrande invocatoire à Osiris-Khentimentyou (qui est à la tête des Occidentaux, c'est-à-dire les morts) , maître de l'éternité Neheh, qui fait advenir l'éternité Djet, Ounnefer, seigneur des vivants (les morts redevenus vivants) , afin qu'il accorde l'entrée et la sortie de la nécropole, sans que mon Ba soit repoussé aux portes de la Douat. Puisse-t'il faire en sorte que je reçoive la nourriture qui a été présentée sur l'autel des seigneurs de l'éternité, afin de pourvoir aux besoins quotidiens du Ka de Nakhtamon, juste de voix".