Mur nord-est

() Il a presque disparu, mais ce qui reste est suffisant pour savoir qu'il portait deux registres superposés, de taille sensiblement égale. Seul persistait le pied d'Ipouky dans le registre inférieur, tout le reste est restauré ; il faut donc être prudent dans l'interprétation. On peut sans grand risque penser qu'Ipouky était assis aux côtés de son épouse Henoutneferet. Devant eux se trouvaient des offrandes accumulées sur une sorte de pavois supportant le signe hiéroglyphique Ka (). Faisant les offrandes, trois personnages, dont une fille encore partiellement conservée ().
Au-dessus, le siège sur lequel reposait la dame est encore visible ().

Mur ouest et mur nord-ouest

Il faut les examiner ensemble, car ils concernent tous deux les funérailles et les rites d'accompagnement. Les scènes se disposent en quatre registres sur chaque mur : à l'ouest se trouvent l'arrière des cortèges, dont la tête se trouve au nord-ouest.
Ces scènes sont célèbres, car elles constituent - avec celles de la tombe TT89 d'Amenmose - les plus complètes du genre ("Funeray Rites Icons" selon Melinda Hartwig). Certains thèmes, qui ne se raréfieront vraiment qu'à la XIXe dynastie, sont pourtant déjà absents ici, comme les pèlerinages (en Abydos, à Saïs et à Bouto) ou les danseurs Mouous.

On peut distinguer deux parties : un cortège sur l'eau, qui intéresse le registre inférieur, et un cortège sur terre, qui intéresse les autres. Cette distinction en recouvre une autre : les deux registres du haut aboutissent à une fausse porte, espace de passage avec le monde d'Osiris, tandis que ceux du bas donnent sur une représentation physique de la tombe où étaient célébrés les rites le jour des funérailles.

Comme le souligne Naguib Kanawati, notre connaissance du déroulement des funérailles reste des plus hypothétiques. Que faut-il croire des représentations pariétales ? On pense depuis longtemps qu'elles ne dépeignent probablement pas la réalité des choses, mais ce qui aurait dû - idéalement- se passer. Ainsi, la valeur performative de l'image palliait aux déficiences éventuelles. Mais il y a plus : nous ne savons pas si ce qui nous est montré se déroulait vraiment et pour la première fois au moment du décès de l'individu, ce qui est particulièrement bien illustré dans cette tombe 181. On nous montre en effet deux cercueils sur lesquels les rites sont pratiqués simultanément, alors qu'il est impossible que Nebamon et Ipouky soient morts en même temps. De même, ici comme dans toutes les autres tombes, l'épouse est toujours censée être vivante et remplir son rôle d'Isis auprès d'Osiris.

Lors de son apparition, dans les Textes des Pyramides, le rite d'ouverture de la bouche n'a rien à voir avec Osiris ou les pratiques funéraires : son but est de célébrer l'achèvement d'une statue royale ou divine et de l'animer avant de la transporter dans sa chapelle. Sur les parois des tombes de l'Ancien Empire, ce rite n'est d'ailleurs jamais pratiqué sur une momie, mais sur une statue et plus tard, au Nouvel Empire, sur un cercueil anthropomorphe redressé : rien n'indique que le corps du défunt y reposait effectivement à ce moment. L'ensemble des funérailles pourrait donc très bien se dérouler… du vivant de l'impétrant. Il existe d'ailleurs une représentation ou le "défunt" est montré comme conduisant ses propres funérailles. La cérémonie finale, après le décès, pourrait constituer en une répétition plus ou moins fidèle - complétée cette fois par l'ajout effectif des offrandes, mobilier, etc… dans la chambre funéraire.
Et, bien sûr, il ne faut pas oublier les variations des habitudes au cours du temps qui rendent impossibles la définition d'un enterrement "standard". Chaque cas est particulier, on ne peut qu'indiquer des tendances. De plus, et comme il est habituel, il ne faut pas chercher un ordre chronologique précis dans toutes ces représentations.

Le registre du bas ouest et nord-ouest

Ils montrent la traversée du Nil par la momie du défunt, accompagnée des parents et relations.

Commencons par le mur ouest.

()

La momie se trouve sur la dernière barque, protégée par un dais, qu'on retrouvera dans le trajet terrestre ; il repose d'ailleurs déjà sur un traîneau. Il s'agit d'un édifice en bois léger tendu de morceaux de tissu ou de cuir rouge. Aux quatre coins se dressent de grandes tiges de papyrus aux ombelles ouvertes. À côté, accroupie, se tient une femme dans un état d'affliction extrême, fait semblant de répandre de la poussière sur sa tête, le geste de deuil traditionnel (). Les colonnes de texte de tout ce registre sont restées vides, sans doute volontairement, et le défunt peut donc être Nebamon ou Ipouky, et la femme, Henoutneferet ou Tepou… à moins qu'il ne s'agisse d'une pleureuse professionnelle.
Devant elle se tenaient deux personnages qui ont disparu après le passage de Davies : un homme portant des rouleaux de papyrus (destinés au rituel), et devant lui, un prêtre-sem (qui avait échappé aux atonistes) tenait un vase à libation d'une main et un encensoir de l'autre (). L'équipage se résume à un petit bonhomme au gouvernail, presqu'effacé.

Cette barque est tirée par une autre, plus grande, où se trouve préservée la plus belle scène de pleureuses de l'Égypte ancienne (à rapprocher de celle plus connue de Ramose, TT55, datant de la même période).
Les femmes, dans un état proche de l'hystérie, donnent l'impression d'une affliction extrême, et l'artiste a si bien travaillé ce thème assez nouveau dans l'art égyptien qu'on les devine s'agitant en tous sens et qu'on entend leurs hurlements (comme lors des enterrements dans les pays arabes encore de nos jours). On retrouvera ce goût pour la surcharge et la complication plus tard, durant l'époque ramesside. Les hommes, assis, bras enserrant les genoux, semblent à mille lieues de toute cette agitation, presque indifférents. Selon Sweeney, il s'agirait d'une convention sociale : l'homme n'a pas à montrer son affliction en public. Ils se tiennent sur le toit de la cabine, artifice rendu nécessaire par le manque de place. Car un équipage est représenté, avec des rameurs, un barreur, un homme de proue annonçant la direction à prendre en fonction des bancs de sable, et un homme de poupe, debout dans un château ().

La procession fluviale se poursuit sur le mur nord-ouest

(mais nous n'avons qu'une photo fragmentaire et il faut se référer à la ).

De nouveau, une grande barque en tire une plus petite.
Cette dernière embarque cette fois quelques rameurs, un homme de proue, un barreur et un homme de poupe qui semble transmettre un signal à son compère qui se tient à la même place sur la barque tractrice. Des hommes transportant du mobilier funéraire se tiennent sur le pont.
L'homme de proue, qui a presque totalement disparu, récite : "En paix est sa place dans la nécropole ; une sépulture est creusée pour lui à l'ouest ; on fait pour lui des glorifications puissantes à la porte de sa chapelle. Puisse-il adorer le grand dieu […] quand il pénètre dans la salle des Deux Maat, comme on fait pour quelqu'un qui a accompli la maat sur terre ".

La petite barque est tirée par un esquif plus grand, propulsé par douze (6 × 2) rameurs. Sur le château d'avant, trois ou quatre hommes se tiennent debout, tandis qu'un autre, accroupi, fait un geste de deuil. Les personnages étaient nommés, mais une lacune malencontreuse a fait disparaître leurs noms, ne laissant persister que leur titre : "l'ancien… le prêtre… le père divin… le prêtre-ouab (pur) ". Derrière eux, debout sur le pont, se tient un groupe d'hommes travaillant sous les ordres de Nebamon et Ipouky : "Les artisans en chef dans le domaine d'Amon dans la Place Sacrée. Ils disent : Ô bateliers, souquez pour convoyer vers l'occident, souquez pour le favorisé d'Amon, comme il est fait pour un qui a fait le bien sur terre".
Un marin se tient au gouvernail dont le sommet était décoré par une peau de vache, rappelant une nébride. À la poupe se tiennent deux hommes. L'un d'entre eux, tourné vers son compagnon sur le bateau tracté, semble lui faire des signes, probablement annonce-t-il l'accostage. Derrière lui, penché vers l'arrière, et semblant plongé dans une grande affliction, se tient "Son frère (d'Ipouky) [Amen]emhat : 'tu vas vers l'Ouest, tu vas vers l'Ouest, ce ? tu vas vers l'Ouest !".
Sur la berge, les bateaux sont accueillis par un officiel : "Le notable (magistrat) [de l'ouest] qui supervise le district à l'ouest de Thèbes", qui confirme donc l'attribution d'une tombe et son emplacement.

Il faut ensuite faire un bond dans l'espace, car la suite de la scène se passe devant la façade de la tombe, que nous décrirons plus bas, sous les auspices de la déesse de l'Ouest. Le cortège est accueilli par trois sœurs d'Ipouky : Asy, Moutneferet et Henouttaneb, accompagnées de pleureuses. Deux petits édifices proposent ombre, boissons et grappes de raisin aux nouveaux arrivants.

Le second registre à partir du bas, mur ouest

()

Il montre une partie du cortège terrestre se dirigeant vers la tombe, chargé de mobilier funéraire et autre. En tête se trouvent neuf hommes (les "neuf amis") (2 - 3 - 4) () qui tiennent de longues tiges de papyrus ; pour rompre la monotonie, un des hommes tourne la tête vers l'arrière. Chacun d'entre eux porte sur l'épaule une palanche recouverte d'un tissu (?) de couleur (rouge bordé de blanc ou inversement). À chaque extrémité est suspendu un coffre, tantôt en bois plein, tantôt ajouré, en osier, contenant alors de petits vases. Un homme du second rang transportait un encensoir posé sur un coffre et un vase à libation retenu par un clip en forme de main : tous deux ont disparu dans une lacune d'origine indéterminée. De même la petite gourde pendue dans un filet a aussi été emportée.

Le premier personnage qui le suit porte une chaise avec coussin et un lot de cannes. Le suivant a passé le bras dans les lanières d'une paire de sandales et porte un coffre ainsi qu'un étui d'osier avec du matériel de scribe. Puis vient un homme tenant d'une main le plumier du scribe, auquel est attachée une planchette, et qui tient cérémonieusement sur un plateau d'osier deux boites à ouchebtis (en forme de sanctuaire per-nou). Deux hommes sont nécessaires pour porter le lit d'ébène (ou peint en noir…) recouvert de son matelas sur lequel on a placé un repose-tête. Sous le lit, un petit garçon porte sur la tête un coffret et tient une canne à laquelle est attaché un autre repose-tête. Un gamin encore plus jeune amène un tabouret d'osier et une paire de sandales, tandis que, juste derrière lui, s'avance le porteur d'un guéridon d'osier contenant des vases à onguent. Sept notables clôturent le cortège, épaule droite drapée, main gauche sur la poitrine.

Les deux registres du haut, mur ouest

()

Ils sont consacrés au transport terrestre des défunts, après que le catafalque ait été déchargé du bateau. Les deux registres sont des duplicatas, le cortège du bas étant celui d'Ipouky et celui du haut, celui de Nebamon. Ce choix n'a pas permis de faire figurer certaines scènes, comme le halage des vases canopes (et peut-être celui du Tekenou) en raison du manque de place.

1) - Registre inférieur

À l'avant, une jeune fille annonce l'arrivée du cortège à l'aide d'une paire de castagnettes (). Le traîneau est tiré par un couple de vaches dont Davies a souligné la qualité de réalisation, mais avec des détails qui ne peuvent se voir que de très près. À côté, un bouvier échevelé - que l'on n'aurait pas imaginé dans ce rôle - fait une libation de lait à partir d'une situle.
Les vaches tirent le traîneau à l'aide d'une corde, aidées -symboliquement - par trois hommes, devant lesquels se tenait un prêtre faisant l'encensement, qui n'a pas échappé à l'iconoclasme amarnien.
Au-dessus, on trouve ce texte : "Hâler (le traîneau) par les gens de Pe (quartier de Bouto, ville sainte d'Osiris) vers l'Ouest, vers la terre de ceux qui ont accompli la maat, le pays dont tu dis 'mon cœur va vers lui'. Vois ! Il est dit aux animaux de trait 'tirez ferme, (vous) les plus gros des gros, et ne laissez pas vos cœurs se fatiguer (car) le sculpteur dans la Place Sacrée, Ipouky, Juste de Voix, est avec vous. Tirez ferme, gros parmi les gros vers […] la charge du favori [d'Amon]. Vers l'Occident ! Ta place où tu résideras pour l'éternité, osiris sculpteur Ipouky, Juste de Voix. L'horizon de l'Ouest s'ouvre pour toi […]' ".
Le catafalque repose sur une barque miniature, elle-même posée sur le traîneau (). On remarque à l'avant et à l'arrière de petites images des déesses Nephtys et Isis, qui veillent le défunt comme elles ont veillé leur frère Osiris. À côté du traîneau, on trouve une image insolite pour l'époque : une pleureuse en train de se lamenter. On remarquera la robe grisâtre en raison de la poussière que la femme y a répandue, ainsi que les larmes ().

Devant le traîneau, tournée vers lui comme pour l'empêcher d'aller plus loin, se lamente "Sa fille Moutneferet. Elle dit : 'Bon voyage à toi, bon voyage à toi, mon père ! ". Derrière le traîneau, on trouve, courbé en deux et semblant anéanti, "Son fils, le graveur dans la Place Sacrée, Amenemhat" ; le nom d'Amon a échappé à la vigilance des atonistes. Derrière lui, la première dame penchée sur le catafalque n'est autre que l'épouse d'Ipouky, Henoutneferet, dont le hasard a préservé le nom. Viennent ensuite deux autres dames anonymes, et quatre notables tenant en main leur canne de fonction.

2) - Registre supérieur

C'est le symétrique du précédent, mais destiné cette fois à Nebamon.
À l'avant, quatre vaches tirent le catafalque. Cette fois, elles sont accompagnées par un petit veau () - et pour la troisième fois, une image déborde sur une des limites verticales. Le rituel d'ouverture de la bouche prévoit la présentation à la momie de la patte avant d'un bovidé, le khepesh, et il est probable que c'est une des bêtes tirant le traîneau qui aura le triste honneur de le fournir. Mais il existe dans plusieurs tombes du Nouvel Empire ainsi que sur des papyri des représentations de veaux mutilés vivants, à qui le membre est coupé sous le genou, en quelque sorte la "main" du jeune animal. Nadine Guilhou pense qu'il s'agit d'une métaphore représentant l'ablation des mains d'Horus par sa mère dans le conte d'Horus et Seth.
La réalité de la mutilation au Nouvel Empire reste douteuse (mais que penser de la représentation qui date de la XIXe dynastie - reproduite par Weigall ?) : outre sa cruauté (mais c'est notre point de vue, peut-être anachronique), elle me semble économiquement aberrante : que faire d'un animal à trois pattes ? D'ailleurs le veau est parfois - comme ici - représenté non mutilé. De plus, aucun texte ne parle de cette scène. Peut-être s'agit-il d'une référence à une cérémonie plus ancienne et bien réelle. Le veau est presque toujours accompagné d'une vache qui, tête levée, meugle son désespoir de voir faire du mal à son petit.

Derrière les vaches se trouvait un prêtre effacé par les atonistes, puis des personnages (placés cette fois l'un derrière l'autre et non plus dans un côte à côte fictif) tenant la corde de traction. La place restante est occupée par le catafalque, derrière lequel ne pouvaient tenir que quelques pleureuses - et peut-être Tepou ? Le début du texte est une copie de celui du bas, et il mentionnait sans aucun doute Nebamon.
Ainsi, les deux hommes ont choisi de dupliquer cette scène si importante pour eux.

La paroi nord-ouest

Elle peut être divisée en deux parties : les deux registres du bas, qui correspondent à la partie terrestre, profane, des funérailles, avec l'installation des officiants et les rites pratiqués sur les corps, tandis que les deux registres du haut sont plus religieux, évoquant le passage dans le monde souterrain. Il s'agit non seulement d'assurer l'éternel approvisionnement des défunts, mais aussi de montrer à tous l'importance de leur statut social grâce à la taille du cortège, au nombre de participants, à l'abondance du mobilier funéraire, etc…

1) - Les deux registres du haut

()

Ils ont, hélas, beaucoup souffert, mais on distingue facilement deux parties de taille identique.
La moitié gauche est formée de deux registres superposés montrant la suite des deux processions dont nous avons parlé. Elle est inaugurée en haut par les maigres restes d'une jeune fille, tandis qu'à l'avant, des porteurs amènent des offrandes sur des plateaux. En bas, il ne persiste du cortège que des pleureuses qui, seins nus, lèvent les bras au-dessus de la tête ().
Les deux processions se terminent au niveau de la tombe représentée par une fausse porte en façade de palais, reposant sur du sable, sous la surveillance de la déesse de l'Ouest qui accueille les défunts (). Là se trouve le subtil passage entre les mondes, et c'est ici également que les offrandes seront déposées pour que les kas des deux hommes puissent en absorber la substantifique moelle.
Après avoir passé cette barrière, nous retrouvons, dans un seul registre fusionné, Nebamon et Ipouky rendant hommage à Osiris et à Isis. Les restes des offrandes empilées sur une table sont encore visibles. Une partie du discours persiste au-dessus de Nebamon - expressément nommé - qui, une nouvelle fois, a une légère préséance sur Ipouky : il y est fait mention d'Osiris - Ounnefer, de Geb, d'Isis et Nephtys. Devant Ipouky se trouvent deux courtes colonnes de texte, qui pourraient être la fin du discours sus-jacent, aux accents amarniens : " (on est) satisfait par ton lever superbe à l'aube de chaque jour, par le sculpteur de la Place Sacrée, Ipouky, Juste de Voix".

L'édifice dans lequel se trouvent Osiris et sa sœur-épouse ressemble beaucoup à celui qui abritait le couple Amenhotep I - Ahmes Nefertari. À l'avant persistent des tiges de papyrus courbées au sommet desquelles se trouvaient les Quatre Enfants d'Horus. On ne peut pas dire grand-chose du dieu, sinon qu'il portait un suaire rouge piqueté de cercles bleus Le trône cubique sur lequel il est assis présente un intéressant aspect en façade de palais centré par une fausse porte en bois. La déesse est nommée, Isis, ce qui permet de la distinguer d'Hathor dont elle porte la coiffe. Mais on connait les relations intimes entre les deux entitées.

2) - Les deux registres du bas

(, , )

Nous avons déjà examiné le registre de la navigation (le plus bas). Le cortège a ensuite emprunté la route terrestre pour se rendre dans l'avant-cour de la tombe, où se déroulent les rites funéraires, ici résumés à quelques épisodes du rituel de l'ouverture de la bouche et des yeux.

La tombe est représentée cette fois non plus sous forme d'une fausse porte, mais sous forme de la façade d'entrée de la chapelle, bien concrète, d'un blanc immaculé. Un linteau portant deux fois le nom de la formule d'offrande "hotep-di-nesou" autour d'un signe ankh, est posé sur deux jambages de pierre et surmonté d'une corniche à gorge. L'ouverture est fermée par une porte de bois (l'artiste en a représenté les veines), avec au centre un petit panneau montrant le défunt faire offrande à Osiris.
Au-dessus, dans le mur, une petite niche accueille une stèle montrant un orant. Elle est surmontée par une frise décorative comportant quatre rangs superposés de cônes funéraires (dont on sait maintenant la fonction décorative). La partie haute a une forme cintrée, et l'ensemble, vu avec du recul, avait la forme d'une stèle, avec sa fausse porte (). Il n'y a pas de pyramide en surplomb. L'entrée est flanquée, d'un côté par un grand bouquet monté, de l'autre par l'emblème de la déesse de l'Ouest au sommet d'un mât, accompagné de quelques mots : " (voici) ta demeure […] dans l'ouest, ta place d'éternité".

À gauche, quatre petits édifices destinés à rafraîchir les participants fatigués s'ajoutent aux deux du registre inférieur : "le sculpteur Nebnefer" a réussi à immortaliser l'offrande qu'il a faite ce jour-là à son maître (). Pour voir les pleureuses - que Davies avaient dessinées - il faut se rendre au .

Comme le halage des traineaux, le rituel est dédoublé, pratiqué sur deux cercueils anthropoïdes redressés, volontairement non différenciés.
La scène est célèbre en raison de son exceptionnel état de préservation, et de la qualité de sa réalisation, qui en fait, selon moi, une des plus belles de toutes les peintures thébaines.
Les deux cercueils sont noirs, cerclés de bandes dorées, un type qui existe depuis Thoutmosis III et s'éteindra après Amenhotep III (les cercueils de Youya et Touyou, les beaux-parents d'Amenhotep III en sont les exemples les plus connus). Chacun comporte une fausse barbe et une perruque bleu sombre, imitant ainsi le lapis-lazuli, surmontée d'un cône d'onguent. Chacun est soutenu par un prêtre au crâne rasé, anonyme et accompagné d'une magnifique composition florale ().

Au pied de chaque bière, une femme accroupie se lamente, mais il existe une différence sensible entre elles. À gauche, il s'agit de "sa sœur Henoutneferet" (elle est nommée), sous l'aspect d'une femme assez âgée, le sein flasque, des larmes coulant sur ses joues qu'on devine grisâtres en raison de la poussière qu'elle répand sur sa tête et qui a sali sa robe. Elle touche le pied du cercueil de sa main droite et présente les signes d'une grande affliction (). Par contraste, la femme de droite est beaucoup plus jeune, et semble presque indifférente. Sa robe est propre, et si quelques larmes sont visibles, elle ne fait aucun geste de deuil, touchant simplement les pieds du cercueil. Elle n'est pas nommée, ce qui pose un problème. Je pense que l'explication est la suivante : Henoutneferet se lamente sur chacun des deux cercueils, la jeune fille est un simple substitut pour que l'espace ne reste pas vide. Il est nécessaire dans ce cas que les deux cercueils soient anonymes, ce qui est le cas.

En face des cercueils se tiennent les officiants représentés les uns derrière les autres pour montrer l'ordre de leur intervention.

Le premier effectue un des rites fondamentaux de la cérémonie, la libation, à l'aide d'un vase. La représentation est typique, avec le filet d'eau qui se prolonge pour aller s'écouler au-dessus des deux cercueils. Entre ceux-ci commence le texte du début de la cérémonie : "Formule pour ouvrir la bouche la première fois sur la statue, son visage étant tourné vers le sud. Récité (?) au début de la cérémonie d'entrée dans la tombe…" le texte se poursuit, après une lacune, derrière le premier officiant : "du vent du nord, ton visage étant tourné vers le sud. Un linceul t'enserre. Ta face avant est dans la maison de l'or. Une purification royale (car) le roi est pur".

Vient ensuite le second officiant, "Son fils Amenhotep", dont la partie supérieure du corps est revêtue d'une cape de roseau ; il tient en main l'instrument en forme d'herminette - netjerty, qu'il va appliquer sur la bouche, les yeux et les autres orifices du visage. Son discours (abrégé par le scribe) proclame : "Ta purification est celle d'Horus, et vice-versa ; ta purification est celle se Seth, et vice-versa ; ta purification est celle de Toth, et vice-versa ; ta purification est celle de Djedy, et vice-versa ; ta purification est celle de Sepa, et la purification de Sepa est la purification de l'osiris Neb (amon] et la purification de son ka." (Sepa est un dieu mille-pattes protégeant contre les piqures de serpent, nous aurons l'occasion d'en parler un jour, car il existe une relation entre les pattes de l'insecte et les jambes des porteurs dans les processions…).

Entre le second officiant et le prêtre-lecteur qui le suit, l'artiste a représenté en miniature les différents objets intervenant dans la cérémonie, ainsi que le coffre qui les contient () : encensoir, spectre, herminettes ntjeryt, ciseau psS-kf, burettes, vases… Le prêtre lecteur tient en main un rouleau de papyrus blanc (le papyrus frais est très clair, ce n'est qu'avec le temps qu'il jaunit) sur lequel est inscrit : "Le scribe et le prêtre-ouab Pa[sa]nesou, faire l'ouverture […]", tandis qu'un autre nom est inscrit devant lui : "le scribe Parennefer". Il s'agit certainement de Pasanesou alias Parennefer, que nous avons rencontré parmi les travailleurs de l'atelier. Le texte qui le surplombe est difficile à lire ; il y est question d'un serpent qui est détruit pour le défunt, car il est dans la suite de ?… ainsi que de fixer la couronne rouge et la couronne blanche.

Venait ensuite un autre prêtre lecteur qui, portant probablement la peau de félin, a été effacé par les hommes d'Akhenaton. Ce qui reste du texte derrière lui parle de "Thot, maître des paroles divines" et promet au défunt la défaite de ses ennemis.