La salle transversale est divisée en deux ailes, nord (à droite en entrant, , ) et sud (à gauche, ) par la porte d'entrée sur le mur Est et l'ouverture donnant sur la salle longitudinale sur le mur Ouest. L'aile sud comporte les éléments les plus intéressants : le texte sur les Devoirs du Vizir, le texte d'Installation du Vizir par Thoutmosis III, ainsi que les scènes de tributs des peuples étrangers. Dans l'aile nord ce sont des scènes plus traditionnelles de chasse et de pêche, ainsi que la généalogie du vizir. Le haut des murs est occupé par la classique frise de khakerou tandis qu'à leur base se trouve un bandeau, formé de deux bandes jaune et rouge bordées par des lignes noires, puis vient un espace vide qui descend jusqu'au sol.

Salle transversale, aile sud

Mur Est

()

1) - Les taxes des villes du sud

(, )

De chaque côté de l'entrée de la tombe, on trouve cinq registres superposés où figurent des processions de personnages qui apportent au vizir les produits des villes du sud et du nord de Thèbes (région appelée "Tête de Haute Égypte", qui s'étend d'Éléphantine jusqu'à Assiout). Nord et Sud comportent 40 districts fiscaux (soit un total de 80). Chacun des 80 fonctionnaires responsables de district apporte sa contribution en bétail, produits agricoles et autres, mais aussi souvent en anneaux ou colliers d'or et d'argent. Au-dessus de chacun d'eux, une légende indique son titre, son district et son apport en métaux précieux exprimé en deben (1 deben = 91g) ou un de ses multiples. Une des fonctions de Rekhmirê consiste à contrôler la bonne entrée de ces produits.

Le texte d'introduction dit : "Vérifier les comptes. Les comptes du bureau du vizir de la Ville du Sud (Thèbes). Les comptes face aux maires, aux chefs de districts, aux conseillers ruraux, aux chefs de la police des nomes, leurs scribes et leurs scribes du cadastre qui sont dans 'Tête de Haute Égypte' depuis Éléphantine et la forteresse de Biggeh, réalisés conformément aux écrits des temps anciens".
Les collecteurs de taxes sont placés à droite des registres, séparés des payeurs par l'empilement des contributions versées ( et ).

Registre 1 (le plus haut) () : des singes, un panier de peaux (en haut, à droite), deux fagots de flèches en roseaux, un sac contenant ? dix étranges morceaux de bois, des produits de l'arbre-nebes : dix arcs faits de son bois, trois peaux remplies de pâte de ses fruits et deux corbeilles contenant des gâteaux faits avec ces mêmes fruits.

Registre 2 (, ) : encore des fruits du nebes, un panier de "bonnes peaux agesou", des pigeons en cages ( et ).

Registre 3 () : cette fois ce sont des coffres pleins de tissus, des anneaux d'or et d'argent (ces derniers sont blancs, ) et des colliers comportant des perles d'or.

Registre 4 () : la pile d'objets est remplacée par une balance avec laquelle les métaux précieux sont pesés. Un scribe note soigneusement les résultats. La scène est très abîmée.

Registre 5 : il est en très mauvais état. Davies décrit des sacs, des nattes de roseau, des cordages et dix meules à grains faites d'une pierre rouge dure.

On remarque qu'il n'y a pas de poissons, de capridés ni de porcs (aliments non prestigieux) et que le seul oiseau représenté est le pigeon ().

2) - Les Devoirs du Vizir

())

Ce texte long (36 colonnes) et important (dont on ne connaît que quatre versions) ne se trouve que dans une seule chapelle avant Rekhmirê, celle de son oncle Ouseramon (TT131) ; il sera repris dans celle de son successeur Amenemope, TT 29 (dans laquelle la MANT a découvert portant une copie de quelques lignes du texte, sans doute un modèle destiné aux dessinateurs).
Comme les autres grands textes de la chapelle, celui-ci est particulièrement ardu et sujet à interprétation.
Vu la longueur de ce texte, il est présenté sur une page spéciale : .
On voit en le lisant que le vizir a une tâche et des responsabilités écrasantes, ce qui fait dire au souverain, dans un autre texte, celui de l'Installation : "Vois, quant au vizir, vois, ce n'est vraiment pas une chose douce, vois, c'est une chose amère comme le fiel".
Représentant du roi, chef de l'exécutif et détenteur du pouvoir législatif, Rekhmirê gouverne depuis le "per-nesout" qui "désigne l'État et l'appareil administratif qui gère l'ensemble des ressources de l'Égypte [.] Il englobe aussi les bâtiments, les bureaux qui abritent les institutions de l'État, établis dans la Résidence royale" (Florence Maruéjol) .

3) - Le vizir tient séance

Rekhmirê était assis à l'extrémité de la paroi, tourné vers la gauche. Il a été entièrement effacé et la zone où il se tenait couverte de peinture rouge ; on reconnaît à ses pieds le fantôme d'une oie d'Amon (, flèche blanche). Au-dessus de lui se trouve un court texte qui nous informe que Rekhmirê "tient séance pour écouter (les cas) dans la salle du vizir" et parmi les épithètes laudatives, on le trouve "dispensant la justice impartialement et attentif à satisfaire les deux parties en présence, jugeant entre le pauvre et le riche de la même manière, aucun pétitionnaire ne pleurant à cause de lui".

Rekhmirê se tenait dans une grande salle dont les colonnes sont estampillées à mi-hauteur au nom de Thoutmosis - Menkheperre ( - flèche verte -, et ), , "aimé de Maât". L'artiste a séparé les personnes admises dans la salle d'audience et celles qui sont à l'extérieur (). Devant le vizir se trouvent quatre nattes supportant chacune dix objets allongés ; on pense bien sûr aux 40 rouleaux de cuir portant le texte des lois dont il est question dans les Devoirs, mais, comme le fait remarquer Davies, c'est peu probable, car on aurait affaire à des objets plus gros et plus courts, noués par une corde ; il propose d'y voir les bâtons d'autorité dont se servent les assesseurs. Les grands des Dix du Sud se placent devant lui à droite et à gauche, avec autant de scribes, soit 40 personnes au total. Si les pétitionnaires sont traités avec respect par les appariteurs dans et hors de la salle, il n'en est pas de même des responsables si leurs comptes n'ont pas été trouvés satisfaisants.
À l'extérieur du bâtiment, en haut et en bas, deux messagers s'empressent vers la salle d'audience. Ils portent d'une main un végétal et de l'autre un bâton, tandis que le fonctionnaire qui les accueille n'a qu'un bâton.

Mur sud

Il est entièrement occupé par une grande inscription de 45 lignes, abîmée par de nombreux décollements : l'autobiographie du vizir (). Ce genre littéraire est souvent constitué, dans l'Égypte ancienne, par une accumulation de poncifs et de phrases laudatives. Mais on peut y trouver des faits réels, parfois historiquement importants (comme chez ).
Vu sa longueur, le texte est présenté sur

Mur ouest

Historiquement important, il est découpé en trois parties de gauche à droite (, ) : les "tributs" versés par les peuples étrangers, puis le texte de l'installation du vizir prononcé par Thoutmosis III et enfin le souverain siégeant sous un kiosque.

Les "tributs" des peuples étrangers

 (les traductions sont de Michel Dessoudeix)

Thoutmosis III, roi conquérant, étend considérablement les frontières de l'Égypte et met ainsi les Égyptiens en contact avec des peuples nouveaux pour eux. Avec leur don naturel pour l'observation, les peintres égyptiens ont reproduit ces étrangers sur les parois de leurs chapelles en mettant en avant leurs traits caractéristiques, parfois de façon caricaturale.
Le défilé dans la chapelle de Rekhmirê commémore une cérémonie annuelle au cours de laquelle les contributions des peuples étrangers sont présentées à Pharaon en présence du vizir qui aura pour tâche de les enregistrer puis de les entreposer. Les richesses s'empilent en tas dont les scribes font soigneusement le relevé (). Certaines constituent des taxes, directement prélevées par des fonctionnaires égyptiens dans les régions vassalisées, telle la Nubie. D'autres, les "inou", sont des tributs à proprement parler puisqu'ils sont imposés aux vaincus des régions syro-palestiniennes : un fonctionnaire égyptien estime chaque année le montant de la contribution, à charge pour l'administration locale de la réunir. Enfin on trouve des cadeaux versés par les ambassadeurs des pays asiatiques, par les Crétois ou les habitants du pays de Pount, qui constituent en réalité un échange et supposent la réciprocité, même si la propagande pharaonique se garde bien de le préciser : en effet, dans le monde idéal des représentations, tous ces peuples sont soumis au roi d'Égypte.

La composition s'étage sur cinq registres () montrant, de haut en bas, les tributs et ambassadeurs 1) de Pount, 2) du monde égéen, 3) de peuplades nubiennes, 4) de populations syriennes et enfin 5) les captifs nubiens et syriens accompagnés de femmes et d'enfants. Problème : "si les contenus du texte et de l'image sont bien identiques, c'est l'ordre d'énonciation qui est bouleversé. Le texte annonce d'abord les pays du sud puis ceux du nord, tandis que l'image les alterne" (Valérie Angenot) . Il s'agit de profiter de la complémentarité du texte et de l'image - puisque l'on dispose de deux moyens simultanés d'expression - ; dans le texte sont regroupés les pays appartenant aux mêmes régions (nord ou sud) et dans l'image les contrées ayant le même régime politique (pays soumis ou non soumis).

Registre 1 (supérieur) : Pount

(, , )

Ce pays très lointain et mystérieux, que l'on connaît surtout par les représentations qu'en a laissées la reine Hatchepsout dans son temple de Deir el-Bahari, a toujours attiré les Égyptiens. Pount n'a jamais été vassal de l'Égypte et il s'agit donc ici de cadeaux ou de commerce. Les richesses apportées sont constituées en grande partie de gommes odoriférantes, essentiellement de la myrrhe et de l'encens, en morceaux ou en cônes dans des paniers (), s'accumulant devant les scribes comptables sous forme de tas pyramidaux (). Les deux obélisques rouges tachetés de blanc sont probablement faits d'encens. Un arbre à myrrhe, transporté par deux hommes, fera l'objet d'une tentative de plantation.
Les Pountites apportent aussi de l'or, des défenses d'éléphant, de l'ébène, des oufs et des plumes d'autruche, des peaux de léopard, des queues de girafe, des colliers et quelques animaux vivants : guépard (), singe, babouin hamadryas, ibex.
Les hommes ont une carnation variant du rouge sombre au noir. Ils sont vêtus d'un pagne dont le rabat, qui leur descend entre les jambes, est bordé d'un liseré coloré.
Texte d'accompagnement : "Venir en paix par les grands de Pount en se courbant, en inclinant la tête, portant leurs tributs vers le lieu où se trouve Sa Majesté, le roi de Haute et Basse Égypte Menkheperrê, vivant éternellement et tous les beaux présents provenant de leur contrée qui n'a jamais été foulée par d'autres, tellement sa puissance est (répandue) à travers leur contrée, tandis que chaque pays étranger est le serviteur de Sa Majesté. C'est le prince, gouverneur, confident du roi, celui qui préside à […] qui reçoit tous les tributs de toutes les contrées étrangères qui sont apportés du fait de la puissance de Sa Majesté pour sa victoire."