Registres 4 à 6 : scènes devant Anubis dans une chapelle

Anubis se tient debout dans sa chapelle à l'extrémité droite (, , ).

Registre 4

Un coffre en forme de naos repose sur un traîneau dont les patins sont décorés d'une tête de lion (, ). Son contenu reste un mystère. Il est tiré par six hommes plus un prêtre ritualiste. Derrière suivent huit personnages dont l'un brandit un bâton sans raison apparente (, ). À l'avant commence la procession des porteurs qui, sur ce registre, n'apportent que des biens de bouche ; ils sont séparés par des colonnes de textes énumérant les destinataires de ces offrandes (, ). En tête de cortège se trouve un prêtre cérémoniaire qui s'adresse au Ka de Rekhmirê, mais aussi à Atoum, Geb, Osiris, Thot, Amon ().
Devant Anubis, le 4e registre se termine par une pile d'offrandes alimentaires à côté d'un édifice ayant la forme d'une façade de palais

Registre 5

Le défilé des porteurs déjà rencontrés sur le registre 2 se poursuit (, , , ).
Ils transportent des meubles () ainsi que des objets très divers dans des coffres : pagnes (), pots d'onguents, armes (arcs, flèches, massues, boucliers) (, ), nécessaire de scribe (), tissus (), colliers, miroirs ()…

En tête, un homme porte deux statuettes d'un personnage momiforme coiffé de la couronne rouge de Basse Égypte. Dans la tombe TT 60 d'Antefoqer, où on retrouve le même personnage assis, la légende se réduit à un mot : "Menkeret", nom d'une obscure déesse à tête de lion. Mais le mot désigne aussi (non signalé au Wörterbuch) la statuette du roi coiffé de la couronne rouge dont on trouve l'exacte réplique dans la tombe de Séthy II, et dont un exemplaire était présent dans le mobilier de Toutankhamon (, ). Les porteurs sont précédés de trois compagnons et d'un prêtre lecteur ().

Puis vient le sarcophage porté par les neuf Compagnons, suivi et précédé par les pleureuses djerty (, ).

Suit l'image d'un prêtre qui tient en main une sorte de candélabre d'où s'élève une flamme (), puis vient une nouvelle scène de navigation en barque de papyrus. Toujours sous la protection d'Isis et Nephtys, le sarcophage repose sur un lit léonin (pattes, tête, queue), protégé par trois hommes (, ). Un bateau en bois sur lequel se trouvent les neuf Compagnons hale celui en papyrus (). La procession arrive devant la chapelle d'Anubis où un homme pose les mains sur un coffre tandis qu'un autre, à genou, offre deux vases (, ).

Registre 6

Une barque en papyrus porte deux personnages, un qui rame et un second qui fait offrande à l'eau du fleuve d'une patte avant et d'un cour de bouf, afin d'avoir une bonne traversée vers la rive ouest (). Vient ensuite un homme qui lève la main devant un bâtiment blanc, destiné à la purification des prêtres (, ), suivi d'une scène de piochage d'un terrain divisé en parcelles ().

Une nouvelle embarcation en papyrus vogue sur le Nil avec deux prêtres à bord, un Imi-khent (accroupi à l'avant, enveloppé dans un suaire) et un prêtre lecteur (), précédée par les deux grandes pleureuses qui offrent protection pour l'éternité au défunt (). Un prêtre-sem, un bras croisé sur la poitrine, s'approche du pavillon divin, édifice en forme de naos ().

Puis on trouve trois personnages qui semblent être sous cloche : ils reçoivent une double lustration à partir du vase qui surplombe chacun d'eux (). Vient ensuite une chapelle fermée encadrée par un prêtre lecteur et une pleureuse (). Puis nouvelle scène de navigation en barque, en sens inverse ; une femme se tient debout à la proue tandis que deux prêtres sont agenouillés sous un dais protecteur (, ). Suit un prêtre cérémoniaire qui présente un couteau pesech-kaf () devant une chapelle mystérieuse où se trouve Ti, un dieu inconnu par ailleurs ().

On arrive ainsi dans le "Domaine sacré", représenté dans plusieurs tombes des débuts du Nouvel Empire, particulièrement étudié par Settgast et Diamond. Le terme de "Ta djeser" est traditionnellement traduit par la nécropole. Mais le terme a été aussi traduit par "District sacré", "Temenos sacré", "Place sainte", "jardin avec bassin".
Quoi qu'il en soit, c'est un lieu où se déroulent les funérailles et qui est le siège de toute une série de micro scènes, sans ordre précis.
Il s'y trouve un édifice rectangulaire encadré par une frise de khakérou traduisant un domaine clôturé () ; il contient quatre dieux manchots qui se font face deux à deux, "les (grands) dieux des grandes portes" ; leurs corps et leurs vêtements sont alternativement jaunes (couleur du soleil) et bleu nuit. Ils apparaissent pour la première fois dans la tombe de Tetiky, du temps d'Ahmosis. Une image identique se voit par exemple dans la tombe TT39 de Pouiemrê (). La raison pour laquelle il fallait passer par une porte reste mystérieuse, tout comme la signification du rite.
La scène de droite montrant trois bassins est tirée des Textes des Sarcophages ; ces bassins, à visée cultuelle, sont remplis de l'eau primordiale et sont dédiés à Khépri, Heqet et Sokar (, ). Les quatre chapelles qui suivent sont ouvertes et occupées par Sokar, Sokaret, Ti et un avatar de Sekhmet (?) (, ).

Registres 7 à 9

Cette fois c'est Osiris qui se tient à l'extrême droite, debout dans une chapelle à fond jaune. Devant lui se trouvent les registres 7 à 9 ; très haut situés, ils sont particulièrement difficiles à photographier ().

Registre 7

À l'extrême gauche, un boucher est en train de couper la patte avant droite d'un bouf tandis qu'un prêtre le purifie par l'eau (). À côté, un prêtre lecteur fait face à un Compagnon et déclame un texte (). Suit un groupe constitué de quatre prêtres et deux femmes : un prêtre se tient debout à l'arrière, deux autres sont assis sur leurs talons, le quatrième entrechoque deux bâtons courbes pour éloigner les êtres maléfiques, tandis que les deux femmes, qui sont les grandes pleureuses, font l'encensement. Tous ces personnages se trouvent devant un étrange bâtiment appelé "la maison trois fois grande (ou la très grande maison) " qui est constitué d'une grande entrée surmontée de quatre colonnes soutenant un toit avec une corniche à l'égyptienne () ; de l'autre côté de l'édifice se trouvent trois lampes qui accompagnent le mystérieux Tekenou.

Ensuite, on assiste à la purification de deux édifices identifiés comme les sanctuaires des deux couronnes du nord et du sud.
Nous trouvons alors deux personnages qui dressent de petits obélisques, symboles solaires dérivés du mythe héliopolitain (, ). Cependant, rien ne rappelle le dogme solaire dans les scènes de proximité. Remarquons au passage que "obélisque" se dit "tikhenou", ce qui peut expliquer la proximité de la scène avec celle du Tekenou par un de ces jeux de mots dont les Égyptiens sont friands. Un rapprochement avec l'érection du pilier djed, puissant symbole de stabilité et de renaissance du culte osirien, peut être envisagé. La scène se passerait à Héliopolis.
Immédiatement à côté, un homme pioche la terre, avec la légende : "Piocher quatre fois (la terre) sous les deux obélisques", comme on le fait pour la fondation d'un temple.
Un prêtre ritualiste se tient debout, canne à la main, devant une femme agenouillée, bandeau des pleureuses attaché autour de la tête, qui fait sur un coffre (?) l'offrande de deux vases contenant du kôhl vert ().

Suit une autre scène de navigation à la rame (), puis des personnages effectuent la 'course à la rame' et présentent ensuite leurs avirons à des prêtres ritualistes (qui se trouvent derrière eux…) ().

Registre 8

À l'extrême gauche, trois femmes sont debout, l'une faisant face aux deux autres. Elles se trouvent dans le "pavillon des femmes" qui pourrait être un équivalent de la Maison de l'Acacia de l'Ancien Empire (voir ). Viennent ensuite six personnages accroupis dans une barque en papyrus halée par trois hommes, précédés par les deux grandes pleureuses et un prêtre ritualiste (). Devant lui se trouve le lieu d'amarrage où un prêtre ritualiste accueille une embarcation, tandis qu'un prêtre-sem fait l'encensement et qu'un troisième personnage est accroupi devant une table d'offrandes ().

La barque contenant le sarcophage est ensuite représentée deux fois Elle a la forme de la barque Nechemet qui, en Abydos, transporte Osiris lors de la célébration des mystères du dieu. Dans la première barque, en bois, un homme et une femme attachent l'embarcation à des piquets d'amarrage à la proue et à la poupe (, ) ; on remarquera la grande qualité des détails dans la représentation de l'aviron-gouverne et de ses étais (). La seconde barque est amarrée () ; un homme agenouillé offre deux vases globulaires, assisté par une femme également agenouillée, enveloppée dans un suaire (). Puis vient un prêtre lecteur qui récite une formule.

À partir de là, les registres 8 et 9 fusionnent et constituent un vaste espace, "la cour de l'abattoir", centré sur un bassin entouré de sycomores () ; huit bovidés gisent à terre, sacrifiés ou en voie de l'être. Du côté gauche de la cour on trouve six personnages qui se tournent le dos deux à deux : il s'agit de nobles officiant pour les sacrifices (, à droite). Du côté droit en bas, on voit deux pleureuses agenouillées qui offrent des vases globulaires. Devant elles s'ouvrent quatre bassins reliés par des rigoles ; les dieux correspondant à chacun ne sont pas nommés ().

Au-dessus se trouve "le jardin de l'étang", entouré de palmiers et de sycomores. Fait étonnant (mais non exceptionnel, on le retrouve par exemple chez à Elkab, ), la pièce d'eau est surmontée par un jeu de plateau (Senet probablement) comportant un damier et ses pions.

Registre 9

À gauche, un bouf, dont une pleureuse tient la queue, est en train d'être découpé () tandis que deux pattes sont offertes aux piquets d'amarrage. Deux hommes se dirigent vers la barque qui se trouve sur la droite, présentant un vase contenant un cour et une patte de bovidé. Suit une barque en papyrus sur laquelle se trouve un coffre avec, devant elle, un pavois supportant un faucon, emblème de la nécropole désertique de l'Ouest. Puis nous retrouvons dans leur salle spécifique les danseurs Mouou qui sont coiffés cette fois de leur couronne de joncs caractéristique et qui se tiennent dans le pavillon des Mouou (). Ensuite, le registre fusionne avec celui qui se trouve en dessous, pour former la Cour de l'Abattoir.

Registres 10 et 11

() Ils se réduisent à quatorze chapelles fermées, dont les dieux ne sont pas nommés, qui se trouvent en face du faucon sur un pavois, symbole de l'Ouest et de la nécropole. Les inscriptions citent les Quatre Fils d'Horus, les dieux Ptah, Sendet, Herer, Her-sen, Menkeret de Pé et de Dep.