Extrémité est du mur nord

Elle comporte deux sections :

La section du haut montre le retour de Rekhmirê après sa rencontre avec Amenhotep II : le pharaon Thoutmosis III meurt aux alentours de 1425 av. J.-C. et son fils Amenhotep II lui succède. À ce moment, la tombe n'est pas finie. Le vizir, à l'annonce de la nouvelle, se hâte vers le nord en descendant le Nil et rencontre à Hout-sekhem (Diospolis Parva, environ 110 km au nord de Louxor) son nouveau souverain qui, lui, remontait vers Thèbes depuis Memphis. C'est le retour heureux du vizir confirmé dans ses fonctions et fêté par sa famille qui est montré ici, sur les registres du haut.

La section du bas est occupée par une scène où le vizir reçoit des plaignants.

La zone de la paroi la plus à l'est (jusqu'à l'entrée) est restée anépigraphe, soit volontairement, soit parce que le temps a manqué pour la décorer.

Le retour du vizir

1) - Le texte

En haut se trouve une inscription qui a été écrite sur un texte primitif, lequel a été recouvert d'un badigeon indélébile qui en rend toute lecture impossible. Le texte définitif dit : "Arrivée du maire, le vizir Rekhmirê à son retour de Hout-sekhem, de son voyage pour rencontrer Sa Majesté pour offrir un bouquet au souverain, le roi de Haute et Basse Égypte Aakheperourê, puisse-t-il vivre éternellement. Maintenant ledit vizir était superviseur des travaux, superviseur des artisans, un dont la tête était extrêmement attentive dans la direction des travaux de son seigneur et à tous monuments dans le temple d'Amon et dans la ? des dieux de Haute et Basse Égypte, un qui a travaillé selon les desseins et ?? selon ce que Sa Majesté désirait, montrant une activité qui a fait que les gens ont remercié le dieu pour lui. On lui a donné l'or de la récompense en raison de son empathie (?) avec le souverain dont il faisait exécuter les ordres. À son arrivée à Thèbes-qui-fait-face-à-son-seigneur, les serviteurs du temple d'Amon ne se tinrent plus de joie, tous les habitants se réjouirent ensemble, et tout le pays était en joie. Ils rendaient hommage au roi de Haute et Basse Égypte, ils adoraient Horus aux bras forts, car ils avaient vu que Maât avait reçu la récompense d'or fin. Puisse son accolade (celle de Maât) procurer vie et santé à son fils, le roi de Haute et Basse Égypte Aakheperourê et puisse-t-elle accorder qu'il passe une multitude d'années comme Rê, pour l'éternité".

2) - Les bateaux

Le splendide vaisseau du vizir est représenté à une échelle inhabituelle. Celui du haut remonte à toute vitesse le Nil vers le sud pour annoncer la bonne nouvelle de son maintien aux affaires à la ville de Thèbes, à sa famille et à ses proches : la voile déployée est gonflée par le vent du nord et douze rameurs de chaque côté du bastingage s'arc-boutent sur leurs avirons, stimulés par des contremaîtres munis de fouets ().
Celui du bas est amarré à quai, voile roulée et vidé de ses occupants ().

3) - La réception du vizir

Rekhmirê s'avance, suivi par ses serviteurs proches sur deux registres derrière lui (). La faveur que le nouveau souverain a témoignée à Rekhmirê est matérialisée par l'or de la récompense qui lui a été remis : colliers en perles d'or, bracelets et armilles du même métal ().

Devant lui se tient son fils, le second prophète d'Amon Menkhepereseneb, qui lui tend un bouquet avec ces mots : "Pour ton Ka, le parfum de fleurs sauvages qui ont été offertes devant le roi des dieux, Amon". Derrière lui, les enfants et petits-enfants du vizir ainsi que des proches (heureux… et soulagés, car ils risquaient de tout perdre) lui réservent un accueil triomphal.

Sur le registre du haut, six hommes amènent des fleurs ; seul un nom, Kenamon, persiste. Le premier personnage déclare : "Accepte ces fleurs des marais, car il (= le dieu) t'aime et te favorise". Si à première vue le peintre semble s'être trompé dans le nombre de bras entremêlés, il n'en est rien ! Le compte y est :

Onze femmes, toutes chanteuses d'Amon, occupent le registre du bas ; chacune tient en main un sistre et un collier menat, ou deux sistres. La première, Takhaout, proclame : "Tu arrives en paix dans la Cité auguste, car tu as bénéficié de la faveur du maître du château. La Ville du Sud est assemblée, en jubilation, car ils ont vu Maât derrière toi". Comme le fait remarquer Davies, Maât ne se tient en principe que derrière Pharaon. Rekhmirê est donc reçu comme le représentant du souverain, lequel lui fait entièrement confiance au point qu'il n'a apparemment pas jugé nécessaire de se déplacer jusqu'à Thèbes.

Rekhmirê et les porteurs de suppliques

() La présence de cette scène à cet endroit peut sembler incongrue, d'autant que nous avons vu des pétitionnaires se présenter devant le vizir tenant lit de justice dans l'aile sud de la salle transversale. Rekhmirê, qui a disparu, était représenté suivi de ses scribes devant trois registres de quemandeurs, hommes et femmes () ; ils sont si nombreux et pressants qu'un service d'ordre muni de bâtons est nécessaire. Le texte d'accompagnement proclame () : "Rekhmirê, il se lève à l'aube pour effectuer les rites quotidiens et pour écouter les plaintes du commun ainsi que les pétitions de la Haute Égypte et de la Basse Égypte, ne repoussant pas plus le petit que le grand, apaisant le malheureux, soulageant celui dont le fardeau est lourd et faisant retomber le mal sur celui qui l'a commis". Une déclaration de probité et d’impartialité donc, qui nous apprend aussi que le vizir se lève de très bonne heure…

Épilogue

Au terme de cette description de la chapelle TT100 de Rekhmirê, on ne peut que remercier les dieux d'avoir en grande partie préservé ses zones les plus intéressantes des destructions que le temps et les hommes ont infligées à tant de monuments d'Égypte, ce qui nous permet encore aujourd'hui de visiter un monument unique. Par sa qualité technique et par la variété des thèmes qui y sont abordés, elle n'a pas d'équivalent parmi les tombes du Nouvel Empire à Thèbes : outre certains textes très importants, elle nous montre ce que le style thoutmoside a produit de meilleur.
Nous ne saurons probablement jamais ce qu'il est advenu de Rekhmirê, ni pourquoi certains se sont acharnés sur la mémoire du vizir et de sa famille. Espérons pour lui que cela ne l'ait pas privé de l'avenir osirien auquel il aspirait tant.

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