Ramsès I (Men-Pehty-Rê) (vers 1315 - 1314 avant J.-C.) est le successeur d'Horemheb et fondateur de la XIXe dynastie.

Le personnage

Monté âgé sur le trône, il a longtemps exercé les plus hautes charges du pouvoir sous le règne de son prédécesseur. Il portait alors le nom de Paramessou.

Origines

L'origine non royale de Ramsès est attestée sur une statue retrouvée en 1913 par G. Legrain au pied d'un colosse d'Horemheb, sous le Xème pylône de Karnak. Elle était dédiée au "prince dans le pays entier, maire de la ville, vizir, Paramessou, qu'a engendré le chef des archers Sethy".
L'inscription sculptée sur le pagne tendu sur les genoux complète ainsi ses titres :"chef des archers, intendant des chevaux, chef du sceau, charrier de Sa Majesté, messager royal vers tous les pays étranger, scribe royal, commandant de l'armée du Seigneur du Double Pays, chef des prêtres de tous les dieux, lieutenant de Sa Majesté en Haute et Basse Égypte, commandant les bouches du Nil, noble, maire de la ville, vizir, Paramessou".
De cette période précédant son accession au trône subsistent aussi deux sarcophages, dont l'un sera réutilisé par son arrière-petit-fils.

La famille ramesside est donc traditionnellement une famille de militaires. Elle est originaire de l'est du Delta, de la ville de Tanis, située aux marches de l'Asie, ce qui a pu influer sur certains aspects de la politique ramesside. Cela explique aussi la fréquence du nom Sethy dans la famille: "celui qui appartient à Seth", dieu particulièrement honoré dans la partie orientale de la Basse Égypte. On sait également, grâce à une stèle datée de Ramsès II et découverte à Tanis que, avant même son avènement, le vizir Paramessou avait envoyé son fils Séthy rendre hommage à Seth en sa ville.
L'épouse de Paramessou, Sat-Rê, également d'origine non royale, est la mère de son héritier Sethy I.

On peut se demander pourquoi Horemheb a choisi cet homme déjà âgé pour lui succéder ?
Général, comme lui, et compagnon d'armes d'Horemheb, ce dernier le nomma vizir, ce qui lui permit de se familiariser avec les affaires de l'état, qu'il devait bien connaître lors de son accession au trône. Legrain a retrouvé, aux pieds du Xe pylône de Karnak, deux statues de Paramessou, aux côtés de deux autres statues représentant Amenophis-fils-de-Hapu ; elles ont sans doute été placées là par Ramses II qui a voulu rapprocher son ancêtre de Horemheb, que les listes officielles considéraient comme le successeur légitime d'Aménophis III.
Surtout, il y a tout lieu de croire qu'il a décelé chez le fils de Paramessou, Sethy (futur Sethy I), des qualités exceptionnelles. Ce fils Sethy avait de plus l'avantage d'avoir aussi un fils, ce qui assurait en principe à la succession pharaonique une stabilité dont elle était privée depuis le décès d'Amenhotep IV - Akhenaton.

Il est possible qu'il y ait eu une courte corégence entre Horemheb et Ramses I, mais ce n'est pas certain.

Ramsès sur le trône

Ramsès se considérait clairement comme le fondateur d'une nouvelle dynastie, comme le montre le choix de son nom de couronnement ("Men-Pehty-Rê = établie (stable) -est-la-puissance-de-Rê"), calqué sur celui d'Ahmosis, le fondateur de la XVIIIème Dynastie ("Neb-Pehty-Rê = Rê-est-maître-de-la-puissance").

La titulature adoptée par Ramsès l insiste sur les liens de la monarchie avec les dieux. Elle ne présente pas encore l'aspect guerrier qu'auront celles de ses successeurs :
Nom d'Horus : "Taureau puissant à la verte royauté" (c-à-d perpétuellement renouvelée, comme la végétation au printemps)
Nom des deux Maîtresses : "Celui qui apparaît en roi à l'égal d'Atoum".
Nom d'Horus d'or : "Celui qui affermit la Maat à travers le Double Pays"
Nom de roi de Haute et Basse Égypte:"Établie (stable) est la puissance de Rê"
Nom de Fils de Rê : "Rê-ms-s" : "c'est Rê qui l'a mis au monde".

Après l'époque amarnienne et la persécution d'Akhenaton, le dieu dynastique traditionnel, Amon a été rétabli dans ses prérogatives. Au rang des rares réalisations que l'on peut attribuer à Ramsès I, on trouve les débuts du travail dans la grande salle hypostyle de Karnak, qui sera achevée par ses successeurs.
Mais il semble que Ramsès I ait manifesté la même méfiance qu'Horemheb à l'égard du clergé d'Amon, dont l'excès de puissance a probablement été une des causes de l'hérésie amarnienne. Pour celà, il a voulu donner également une place importante aux croyances héliopolitaines et memphites.

Le règne de Ramsès I sera très bref, moins de deux ans. Il eut apparemment la sagesse d'y associer son jeune fils Sethy, ce qui permettra à ce dernier de succéder à son père sans problème majeur.

La tombe – Généralités

La tombe de Ramsès I est la KV16 dans la Vallée des Rois. Elle est située en face de celle d'Horemheb. Elle fut découverte par Belzoni en octobre 1817. Vu la brièveté du règne du roi, elle est demeurée inachevée.
Il existe deux théories pour expliquer la petite taille de la tombe :
La première postule que le souverain, déjà âgé et peut-être malade lorsqu'il est monté sur le trône d'Horus, aurait dès l'origine prévu une petite tombe. Seul l'achèvement de celle-ci et notamment du sarcophage se serait fait dans la hâte.
Pour d'autres, les plus nombreux, la tombe était conçue pour être un monument beaucoup plus grand mais que l'état de santé rapidement dégradé du roi ait amené à réduire de façon drastique le programme initial : la première salle en cours de creusement, qui aurait dû servir d'antichambre, fut hâtivement transformée en caveau à la mort du roi.

Plan

La tombe est rectiligne et ne mesure que 29 m de longueur. Elle comporte deux escaliers séparés par un couloir. Le second escalier donne directement dans la petite chambre funéraire rectangulaire, qui est flanquée de deux niches et d'une annexe. Un sarcophage en granit rouge occupe une portion notable de la pièce ().
Plan plus détaillé

Le décor

Uniquement présent dans la salle du sarcophage, il est très bien préservé. Il reprend à la fois le style et les thèmes de l'hypogée d'Horemheb (vous pouvez consulter ). Il est d'ailleurs très vraisemblable que la plupart des artisans ayant travaillé sur la tombe de Ramsès I aient déjà été en charge de celle de son prédécesseur Horemheb. Les scènes sont bordées en bas par un bandeau formé de deux grosses lignes rouge et jaune, séparées par des lignes noires plus fines. Une grande zone noire non colorée s'étand jusqu'au sol. En haut, on trouve l'aspect classique ; une bande de rectangles colorés, surmontée d'une frise de khakérous.
Sur un fond bleu-gris (déjà présent, il faut le noter, chez Aménophis III) les couleurs vives de la palette se détachent nettement.
Ramses I n'ayant régné que dix-huit mois, il n'a pas été possible de faire de relief levé, comme chez Horemheb.

Avec cette tombe et celle d'Horemheb, on sent la volonté d'une coupure. En effet, à la XVIIIème Dynastie on trouve dans les tombes royales de Thoutmosis I, Thoutmosis III, Aménophis II, Aménophis III, le Livre de l'Amdouat, qui sera très réduit il est vrai chez Toutankhamon et Ay. Ce livre va disparaître chez Horemheb et Ramsès I. Plus tard il réapparaîtra chez Sethy I, Ramsès II, Merenptah, … associé au Livre des Portes.

Devenir

La tombe est restée scellée après que la momie du roi en ait été déménagée pour la protéger à la XXIème Dynastie par les prêtres d'Amon. De ce fait, on n'y retrouve aucun graffito d'époque gréco-romaine. Il n'y a que peu de dégâts des eaux. Par contre le plafond s'est craquelé et menaçait d'effondrement, ce qui a obligé à mettre en place un soutènement en bois autour du sarcophage, afin de soutenir la voûte ().

Le Livre des Portes

Le Livre des Portes est une composition funéraire dont le nom original est inconnu. Il apparaît dans la Vallée des Rois dans la tombe de Horemheb, puis dans celle du premier représentant de la XIXe dynastie, Ramsès I.
Il s'agit d'un des livres décrivant le périple nocturne du soleil en barque. Il remplace dans cette fonction le Livre de l'Amdouat employé précédemment, duquel il est largement inspiré.

Comme celui de L'Amdouat, le Livre des Portes est divisé en sections réparties en trois registres.

La principale nouveauté, c'est l'apparition d'une scène de jugement devant Osiris, après la Vème division. Néanmoins, il ne s'agit pas d'un jugement du roi, comme on a pu le dire, nouveauté qui aurait été introduite en raison de l'épisode amarnien. Le roi est déjà un Osiris et à ce titre il assiste, en gloire, au jugement des ennemis d'Osiris. Notons d'ailleurs que seul Osiris est présent ; il n'y a pas d'assemblée des dieux juges ou d'accesseurs comme dans une tombe privée.
Chez Ramsès I, la justification se fait, d'après le texte, devant la grande Ennéade. Il s'agit là d'un rappel mythologique, puisque la grande Ennéade avait déjà jugé le différent entre Horus - qui réclamait le trône de son père défunt - et son oncle Seth - qui l'avait usurpé. Le roi sera donc, comme Horus, conforté dans sa royauté par ce jugement.
Dans la conception même de la salle, avec l'apparition de la corniche à gorge et la disposition générale, on a nettement voulu recréer une salle de tribunal et une spatialisation. Autre nouveauté l'utilisation de l'écriture cryptographique (procédé cependant déjà présent sur les chapelles dorées de Toutankhamon).

Enfin, la caractéristique iconique principale du Livre des Portes est la présence de portes qui sont au nombre de douze ; la Douat elle-même comprend onze divisions (penser au problème des intervalles et du nombre de barreaux d'une échelle).
Ces gigantesques portails qui ponctuent les différentes étapes du périple de la barque solaire matérialisent les heures de la nuit et font référence à des éléments essentiels d'un temple égyptien ou du palais royal. Tout comme les portes qui se succèdent dans un bâtiment, ils semblent conduire le voyageur vers le cœur de l'espace architectural.
Ces portes, déjà citées dans le Livre de l'Amdouat n'y étaient en revanche jamais représentées, alors qu'elles le sont ici.

Un serpent veille

sur chacune d'elles et son corps s'étend sur toute la hauteur des trois registres.

Chez Ramsès I on ne trouve que des extraits des 3ème et 4ème heures

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Les premières parties de la tombe

Après une première longue volée d'escaliers, on arrive à l'entrée proprement dite (). Celle ci est plus grande que celle des tombes de la XVIIIème dynastie.
Un corridor descendant, à parois lisses mais non revêtues de plâtre conduit à une second escalier taillé dans la roche. De chaque côté se trouvent deux profondes corniches, dont la fonction n'est pas évidente. Elles ne sont pas décorées.
La salle du sarcophage s'ouvre directement en bas de cet escalier, là où aurait dûe se trouver la salle du puits.

La salle du sarcophage – vue d'ensemble

Ce qui frappe d'emblée c'est la petite taille de la pièce, l'immense sarcophage à couvercle bombé qui en occupe une grande part, et l'aspect très coloré des murs en bon état. Ils sont surmontés d'une corniche à gorge qui a pour but de spatialiser l'espace. Dans le livre funéraire de l'Amdouat, précédemment employé, on trouvait des bandes de sable symbolisant le monde souterrain.

La taille de la pièce ne permettait que d'entreposer un matériel funéraire peu abondant, dont il ne restait déjà presque plus rien lors du transfert de la momie du roi à la XXIéme Dynastie. Ce matériel devait être bien inférieur en quantité à ce qui a été retrouvé chez Toutankhamon.

Le déroulement des scènes donne une bonne idée de la progression du roi défunt dans son voyage dans l'au-delà.
Celle-ci est comme dédoublée, une partie sur les parois de droite, une partie sur les parois de gauche aboutissant sur la paroi du fond respectivement à Osiris et à Khépri. Il en résulte un intéressant effet de symétrie qui, comme toujours en Égypte, n'est jamais complète.

Nous suivrons le voyage du roi successivement dans les deux directions théologiques, droite et gauche à partir de l'entrée.

Progression sur la voie de droite

Mur nord, côté ouest (à droite de l'entrée)

De chaque côté de l'embrasure, deux images de ladéesse Maat accueillent le roi défunt. Elles rappellent que –à la différence de ce qui se pratiquait avant- le roi rentre dans la salle dite des deux Maat, c'est à dire une salle de jugement, et nous reverrons sur le mur opposé qu'il va être amené devant Osiris.

Maat reçoit le roi à son entrée dans le caveau :
"Paroles dites par Maat, fille de Rê lorsqu'elle accueille son fils aimé l'Osiris-Roi Men-Pehty-Rê, juste de voix, et qu'elle lui donne le trône de son père Osiris, pour l'éternité (bis) "Derrière la déesse : "Protection, vie, stabilité, toute dilatation de cœur (= joie) sont autour d'elle".
Le roi est ensuite figuré faisant offrande de deux vases à vin au dieu Nefertoum. Il est présenté encore une fois comme "l'Osiris-Roi Men-Pehty-Rê, juste de voix auprès du grand dieu maître de Busiris (=Osiris) ". Devant lui : "Donner du vin, afin qu'il le fasse (?) comme Rê".
Le dieu Nefertoum est facilement reconnaissable au lotus ouvert qu'il porte sur la tête. Son nom est également inscrit au-dessus de lui. Il porte d'une main le signe de vie Ankh, de l'autre le bâton de puissance Ouser. Cette représentation fait référence au Chapitre 81 B du Livre des Morts : "Formule pour prendre l'aspect d'un lotus… Ô ce lotus, cette image de Nefertoum, je suis quelqu'un qui connaît ton nom". Ainsi est symbolisée la naissance du soleil qui sortit pour la première fois du chaos initial lorsque les pétales bleus de la fleur de lotus se sont écartés.

Ce rapprochement de Nefertoum avec le royaume solaire est très ancienne puisque le Spell 266 des Textes des Pyramides proclame qu'il est "la fleur de lotus au nez" du dieu soleil Rê.
A partir du Nouvel Empire, Nefertoum est considéré comme le dieu-fils d'une triade Memphite regroupant également Ptah (que l'on retrouvera sur la paroi à gauche de l'entrée) et la déesse léonine Sekhmet.

Au-dessus de lui : "Paroles dites par Nefertoum, le grand dieu, Maître de Ta-Djeser (= la nécropole), qui ordonne d'apparaître devant la montagne de l'Occident. Maître pour l'éternité, gouverneur de l'éternité". Derrière lui :"Protection, vie, stabilité, puissance, sont autour de lui comme Rê".
On trouve ensuite un grand "nœud Tit" (ou nœud d'Isis) qui fait allusion au chapitre 156 du Livre des Morts : "Formule pour le nœud-Tit de jaspe rouge…Tu as ton sang, Isis, tu as ton pouvoir magique, Isis, tu as ta magie, Isis, l'amulette qui est la protection de ce grand dieu, qui réprime celui qui lui cause du tort". La signification exacte de ce symbole de la déesse reste obscure.

Mur ouest (droite)

On y trouve représentée une partie de la 2éme division (ou 3éme heure) du Livre des Portes ; manquent : la porte (sauf le battant), le registre supérieur (sauf le début du texte placé au 2ème registre), les neuf personnages après les serpents du registre inférieur, la fin du texte du registre d'en bas.
Le mouvement des scènes se fait de droite à gauche, prolongeant ainsi la phase d'accueil initiale.
Au-dessus des représentations du registre du haut, on trouve une frise de rectangles colorés, surmontée d'une frise de khakérous.
Sur cette paroi sont creusées dans le haut du dernier registre deux petites niches destinées à contenir des briques magiques, au nombre - théorique - de quatre, qui sont censées être orientées selon les points cardinaux. Manifestement ici ce n'est pas le cas. Sans doute les amulettes contenues dans les niches compensaient elles ?

1) La première porte

Elle est représentée uniquement par son battant. Celui ci porte sur un fond jaune le gigantesque serpent gardien dressé, Aqeby (, ).

(en écriture rétrograde, avec inversion du sens des signes) : "Aqeby, il est sur ce battant, il ouvre à Rê. Ouvre pour celui de l'Horizon, lorsqu'il éclaire les denses ténèbres et qu'il donne la lumière dans la Douat ! (= la Chambre Cachée). Cette porte est scellée après que ce grand dieu y est entré et Ceux-qui-sont-dans-leur-pylône (= les défunts) se lamentent quand ils entendent la porte se refermer sur eux".

2) Registre de la barque

Dans la barque se tient un dieu criocéphale surmonté d'un disque solaire (). Il s'agit de la forme nocturne du soleil, qui réunit les Bas d'Osiris et de Rê. Une explication claire en est donnée dans la (grande épouse Royale de Ramsès II).
Le dieu se tient debout sous un dai, un sceptre de puissance Ouas à la main, devant lui se dresse un serpent protecteur. Le dai est entouré et protégé par les replis d'un autre grand serpent, Mehen.
On remarque combien l'équipage de la barque est réduit : il n'y a que le dieu Sia pour incarner le pouvoir de la Connaissance à l'avant, et le dieu Héqa pour le pouvoir magique à l'arrière.
La barque est halée par quatre Dwawtyw (= habitants de la Douat, le monde inférieur).

Devant les haleurs, huit momies debout portent la Barque de la Terre, qui traverse un espace symbolisé par une barre ou un boyau (). Au-dessus de celle-ci, huit divinités sont assises ; chaque extrémité se termine par une tête de vache avec des oreilles hathoriques, tandis qu'un taureau se tient sur la barre ().
La corde des haleurs entre dans la gueule de la vache de droite et en ressort à l'autre extrémité, montrant que la barque est censée traverser ce boyau, ce qui fait de cette traversée un rite de passage et de renaissance. Il faut probablement comprendre (ce n'est pas très clair) qu'il s'agit d'un équivalent du portage de la barque d'Aker dans son domaine souterrain, les deux taureaux dos à dos pouvant représenter les deux monticules qu'on retrouve associés à ce dieu. Remarquons que les momies porteuses arborent toutes la barbe postiche recourbée des dieux défunts, qui passe même de manière non réaliste devant la barre afin de mieux la mettre en valeur.

Devant les haleurs et leur faisant face, se dressent quatre personnages osiriformes dans un linceul blanc, la tête revêtue du klaft () sont désignés comme "les Outous de la terre".
Au-dessus, le texte en écriture rétrograde dit : "Ce grand dieu est halé par les dieux de la Douat, ce grand dieu arrive à la Barque de la Terre, à (l'embarcation) des dieux".
"Rê leur dit :"ô dieux qui portez la Barque de la Terre, porteurs de l'embarcation de la douat, que vos formes soient élevées, que la lumière soit pour votre embarcation. Sacré (Djeser) est ce qui est en elle ! La barque de la terre flanche devant moi (?), l'embarcation de la douat élève mes formes. Voici, je traverse la Région Mystérieuse pour m'occuper de ceux qui sont en elle. La terre tremble (bis). L'âme est honorée, le double taureau se réjouit et le dieu est satisfait de ce qu'il a créé."
"Ces dieux disent à Rê :"Rê est honoré, son âme est puissante (quand elle est) avec Celui de la Terre (?). Ces dieux honorent Rê lorsqu'il se couche. La barque jubile, sa douat est cette embarcation. Puis ils se lamentent lorsque Rê a passé près d'eux. Leurs offrandes consistent en légumes frais ; leurs offrandes leur sont données lorsque (ils) entendent la voix de ceux qui halent ce grand dieu. Ceux de la douat dans la barque sacrée, qui se trouvent dans la terre, ordonnent aux Outous de la terre".

"Rugissements de Khenty-mnt-f : Découvrez vos têtes ! Cachez vos bras ! L'air est pour vos nez ; que vos bandelettes soient déliées ! Vous avez le pouvoir sur vos dons, vous êtes satisfaits avec ce que j'ai créé ! ""Leurs offrandes consistent en pains, leur bière est la boisson djsrt, leur rafraîchissement, c'est l'eau. Ce qu'on leur donne comme offrande, c'est des étoffes de couleur claire dans la douat".

La suite de ce texte est un passage mutilé du Livre des Portes, 2éme division (ou 3éme heure), 1er registre : " (Les dieux saints qui se trouvent dans la douat) dans leurs chapelles, chairs divines dont le serpent Sty garde les chapelles".
"Rê leur dit : Vos chapelles (sont ouvertes) et mes rayons pénètrent dans votre obscurité. Je vous ai trouvé en deuil, vos chapelles scellées sur vous. Je donne (de l'air à vos nez) ".

3) Registre d'en bas

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Le dieu Atoum est appuyé sur un bâton devant la représentation de l'énorme serpent Apophis (). Le dieu empêche ainsi Apophis d'exercer son action maléfique et de renverser la barque solaire. Curieusement, le reptile n'est pas découpé comme on le voit si souvent ailleurs.
Au-dessus de la niche, à droite, une inscription : "L'assemblée des dieux, qui repousse Apophis". Les divinités elles-même ne sont pas représentées.
Remarquons que la représentation d'Apophis se situe juste sous celle de la barque divine.

4) À gauche, après la niche

Nous retrouvons Atoum dans la même pose, debout, tenant un sceptre et le signe de vie Ankh, devant neuf divinités "maîtres des provisions" (, )

Le texte au-dessus de ces représentations est en gravure rétrograde et dit : "Ce qu'Atoum fait (pour) Rê : diviniser le dieu, jeter bas le rebelle. Tu es renversé, toi qui n'es plus debout ! Tu es charmé toi qui ne te retrouves plus ! Mon père est justifié contre toi, je suis justifié contre toi, je te repousse de Rê, je te punis pour Celui de l'Horizon ! "
"L'Ennéade dit à Rê (lorsqu'elle) repousse Apophis de Rê: "Ta tête est tranchée, Apophis ! Tes replis sont coupés ! Tu ne t'approcheras pas de la barque de Rê, tu ne descendras pas vers la barque divine ! La flamme est contre toi venant de la Région Mystérieuse. Nous t'avons destiné à être anéanti ! "
"Ils vivent des dons de Rê, des offrandes de Celui qui est à la tête des Occidentaux (= Osiris). On leur fait offrande sur terre, on leur présente le rafraîchissement comme à ceux qui ont droit aux offrandes par devant Rê.""Atoum dit à ces dieux qui portent le sceptre et le signe de vie, à ceux qui s'appuient sur leurs sceptres : Repoussez le rebelle de Celui de l'Horizon, coupez les chairs du mauvais !
Ces dieux charment Apophis, ils ouvrent la terre pour Rê, ils scellent (la terre pour Apophis) ".

Mur ouest (au fond), côté ouest

Sur la paroi du fond sont représentées quatre scènes séparées. Osiris et Khepri, termes des deux voyages, centrent la paroi et sont entourés de chaque côté de quatre personnages. L'ensemble présente un aspect presque symétrique, avec la corniche égyptienne qui prend la forme d'un toit au-dessus des représentations divines.

Sur la demi paroi de droite, le roi mort est conduit par Horus, Atoum et Neith devant Osiris assis sur un trône archaïque placé sur un socle (). C'est l'aboutissement du voyage dans l'au-delà sur le chemin de droite (Livre des Portes, 2éme division - ou 3éme heure).

À partir du Nouvel Empire, les théologiens égyptiens ont enfin réussi à faire se rejoindre les destinées solaires et osiriennes, à priori contradictoires : Osiris est devenu la forme nocturne du soleil. Les Baou des deux dieux se rejoignent, comme cela est exprimé par la formule : "Osiris, (c') est le Ba de Rê, Rê c'est le Ba d'Osiris".

Devant Osiris, un personnage plus petit, le prêtre Iwn-mwt-f, habillé de la peau de panthère (). Ce prêtre représente le fils idéal d'Osiris qui accomplit la fonction de prêtre funéraire.
Devant Iwn-mwt-f : "Paroles prononcées par Iwn-mwt-f, quatre fois : En paix, tu es en paix, éternellement et à jamais ! ".
Au-dessus d'Osiris, une inscription qui reproduit le discours du dieu :
"Paroles à dire : Je viens, je serai ta protection. J'établis ton trône comme celui de Rê au ciel. Tu te lèves (comme le soleil) éternellement et à jamais dans tout endroit que tu désires, Osiris qui est à la tête de l'Occident, Ounen-nefer, roi des Vivants".
Horus porte la double couronne et un sceptre. Au-dessus et devant lui : "Paroles prononcées par Horus, fils d'Isis : Allez et venez, introduisez le dans le grand palais qui est dans la douat, au milieu de la terre de la montagne de l'Occident".

Au-dessus du roi : "Je viens devant toi, roi des dieux, grand dieu, maître du ciel".
Au-dessus d'Atoum : "Paroles dites par Atoum, maître des Deux Terres et d'Héliopolis, grand dieu, maître du ciel, qui réside dans les Deux Terres".
Devant lui : "Paroles à dire : Je te donne les apparitions de Rê au ciel. Que tu sois comme lui".
Au-dessus de Neith () : "Paroles prononcées par Neith la grande, Mère divine, Maîtresse du ciel, Maîtresse des dieux".
Devant elle : "Paroles à dire : Je te donne le trône d'Osiris pour que tu te reposes en lui, éternellement".
Les autres représentations situées à gauche sur la paroi du fond sont l'aboutissement de la progression royale à partir de la paroi d'entrée côté gauche, nous les reverrons donc plus bas.