Le mastaba de Ty à Saqqara est l'une des plus célèbres tombes de l'Ancien Empire, remarquable par la diversité et l'intérêt des sujets traités, ainsi que par la qualité d'exécution de ses reliefs et leur état de conservation.
Le mastaba, identifié comme N°60 (selon Jacques de Morgan) ou D22 (selon Mariette), est situé à Saqqara, à quelques centaines de mètres au nord-ouest de la pyramide à degrés de Djoser et à environ 150mètres du dromos menant au Sérapeum, cet ensemble de galeries souterraines où étaient enterrés les Apis, taureaux sacrés considérés comme l'hypostase du dieu Ptah de Memphis.
Ty vécut sous les règnes de plusieurs pharaons, dont le dernier fut Niouserrê, à la fin du XXVe siècle - début du XXIVe siècle avant notre ère. Il fut l'époux de Nefer-hetep-es (Neferhetepes). Il occupait la fonction de Directeur des coiffeurs de la Grande Maison, ce qui faisait de lui un proche du souverain.

Datation et histoire du monument

Datation du mastaba

Le dernier nom de roi cité sur les parois de la tombe est celui de Niouserre. Mais on trouve également des graffiti d'ouvriers au nom de Neferirkare-Kakai. Ty est par ailleurs cité en Abousir, dans le temple solaire en relation avec la pyramide de Sahoure.
Ty a donc vécu sous plusieurs rois et sa tombe, commencée sous Neferirkare-Kakai a probablement été achevée sous Niouserre, ce que confirme l'étude de Nadine Cherpion qui date formellement le décor du règne de ce dernier roi.
Ainsi, le mastaba de Ty date du milieu de la Vème dynastie et du milieu de l'Ancien Empire.

Historique

Le mastaba de Ty fut découvert en 1860 par Auguste Mariette (), qui l'a partiellement dégagé, comme le montre la réalisée par Dümichen en 1868. "La merveille de Saqqara" (Emmanuel de Rougé) a suscité l'intérêt de nombreux égyptologues, dont Maspero, Steindorff, Montet, Vandier, Epron, Daumas, Goyon, Wild…

Avant de commencer il est important de rendre hommage à Pierre Montet, et à son extraordinaire publication : "Les scènes de la vie privée dans les tombeaux égyptiens de l'Ancien Empire", ainsi qu'à Jacques Vandier et aux tomes de son "Manuel d'archéologie Égyptienne", qui sont à la base de ce qui suit ; ces ouvrages restent, malgré leur âge, des références incontournables, dont il n'existe aucun équivalent.
Nous les avons associés aux deux références majeures en matière de planches et de photos : "Le Tombeau de Ti" en trois volumes de l'IFAO (L.Epron, F.Daumas, G.Goyon et H.Wild) et "Das Grab des Ti" de Georg Steindorff (voir bibliographie)
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les personnages

En principe les noms propres ont un sens dans l'Égypte ancienne ; pourtant, nous ne connaissons pas la signification du nom TY (écrit parfois Ti ou Tey, ou encore Thiy). Pour respecter au plus près l'orthographe nous utiliserons Ty, ce qui a également l'avantage d'être conforme à la transcription selon dans lequel le premier signe du nom, un "T" majuscule, vaut pour un "t" souligné en translittération. La vraie prononciation devait d'ailleurs être quelque chose comme "tchi". Quoi qu'il en soit, Ty est probablement de la forme abrégée d'un nom qui nous reste inconnu.

Comme nous l'avons dit, Ty est contemporain de plusieurs rois de la Vème dynastie.
La dimension de la tombe (plus de 34m d'est en ouest, et plus de 42m du nord au sud), ainsi que la qualité de la décoration montrent l'importance du personnage, de ses fonctions, et de ses moyens matériels.
Sa position sociale éminente d'"Ami Unique" était due à son poste de "Directeur des coiffeurs de la Grande Maison", qui lui conférait le droit d'approcher et de toucher le souverain. Homme riche et puissant, il avait - entre autres - la charge de domaines agricoles et surtout de quelques-unes des plus importantes institutions rattachées au culte posthume des souverains. En effet, il avait des fonctions dans deux pyramides (celles de Neferirkare et de Niouserre) et dans quatre temples solaires, ceux de Sahoure, Neferirkare, Raneferef et Niouserre.
Rappelons l'importance économique considérable qu'avaient à l'époque les fondations en rapport avec les pyramides, les temples solaires et autres. Elles détenaient des terres, des troupeaux et un nombreux personnel, notamment agricole, et devaient être gérées par un personnel spécialisé.
On ignore pourquoi Ty est enterré à Saqqara, alors que les maîtres qu'il servait avaient tous leurs monuments funéraires (pyramides, temples divers) en Abousir, situé à quelques kilomètres ().

La liste des nombreux titres de Ty est donnée dans un fichier annexe

Cette liste a été établie d'après l'ouvrage de P. Piacentini. Elle ne donne pas l'écriture hiéroglyphique. Pour pallier ce problème (qui à la base est un problème de typographie : mélange texte et hiéroglyphes) nous avons utilisé les piliers de la chapelle comme moyen d'illustration :  ;  ;  ; .

La "tombe de Ty" était un monument familial, qui fut utilisé par Ty lui même, mais aussi par son épouse et par ses fils.
Son épouse Neferhetpes, était une prêtresse de Neith et Hathor.
Jusqu'à une période récente, seuls deux fils étaient connus : , qui semble avoir eu une importance particulière, et Ty ('junior').
Là encore, il est important de souligner l'apport de l'ouvrage de Mme Piacentini, qui a attiré l'attention sur le troisième fils de Ty, Benek, ce qui nous a d'ailleurs permis au cours de ce travail d'en découvrir un quatrième, malheureusement anonyme (M. Treillet).

(NB : les dimensions mentionnées sont approximatives : elles ont été soit relevées sur le plan de G.Goyon, soit déduites des échelles données sur les planches, le tout relevé dans le MIFAO LXV, soit encore il s'agit des dimensions indiquées sur les planches de G.Steindorff).

LES SUPERSTRUCTURES DE LA TOMBE DE TY

Comme pour beaucoup de sépultures à Saqqara, l'apport de sable sur plusieurs millénaires a changé la physionomie du lieu, et la tombe est actuellement en contre-bas, sous le niveau du désert.
Le dessin à droite qui utilise l'une des figures dessinées par Mariette, montre l'aspect en "L" inversé de l'extérieur de la tombe.

Depuis son apparition aux premiers temps de la civilisation pharaonique, la superstructure funéraire connue sous le nom de mastaba (dérivé de l'Arabe "banc plat") est caractéristique de l'Ancien Empire (bien qu'on en trouve plus tard), et présente un aspect extérieur quasiment immuable, rappelant une pyramide (très) tronquée. Le corps de l'édifice est construit à partir de morceaux de pierre, d'argile, et cloisonné par des briques crues. Dans le meilleur des cas, il est rehaussé par un parement de plaques de calcaire.
Ainsi est évoqué symboliquement le tertre primordial, la butte initiale qui a jailli du Noun, l'océan des abîmes, au premier jour du monde. Pour le défunt, c'était le lieu magique ou s'établissait la communication entre les mondes, là où les cultes devaient être rendus et les offrandes présentées, afin que la partie immatérielle de l'individu puisse venir en profiter ; ainsi son Ka serait entretenu pour l'éternité.
Si la forme extérieure est quasiment immuable au cours de l'Ancien Empire, il n'en est pas de même de l'arrangement intérieur. En ce milieu de Vème Dynastie, l'essentiel du mastaba reste formé par le noyau solide central, les couloirs et chambres n'occupant qu'une portion restreinte de l'ensemble. Avec le temps, la part de l'espace intérieur va augmenter de plus en plus, au détriment de la partie solide. La VIème Dynastie marque l'apogée de ce processus, qui culmine avec la puissance des grandes familles, comme on le voit dans .

Le plan de la sépulture de Ty est simple : un portique d'entrée donne sur une cour ouverte à piliers ; de là, deux corridors successifs mènent à une première salle (baptisée 'magasin' par les égyptologues), puis un autre conduit à la chapelle destinée à recevoir les offrandes et le culte.
Le mastaba de Ty fut une des premières tombes privées à comprendre une grande cour à piliers. Cette cour est extérieure, à l'est du massif rectangulaire, et non à l'intérieur, ce qui signifie qu'elle a peut-être été rajoutée dans un second temps.
L'orientation du monument est presque parfaitement nord-sud ; chapelle, serdabs et magasin sont donc orientés est-ouest.

APPROCHE ET ENTRÉE DU MASTABA

Sur le site de l'Université du Wisconsin se trouve une montrant les piliers et la cour au moment du dégagement du monument. Actuellement, il faut descendre une rampe légèrement inclinée, entourée de murs modernes, pour arriver au niveau du sol antique où se trouve l'entrée du tombeau. Celle ci est située au nord, et comprend un portique avec deux piliers siégeant dans un renfoncement de la paroi extérieure. Cette entrée se trouve le long d'un étroit chemin qui desservait aussi d'autres tombes de proximité, mais qui n'a apparemment pas été achevé. Le sol est dallé, mais j'ignore s'il s'agit du dallage d'origine.

Les piliers

Les piliers mesuraient environ 3,9m de haut ; lors de la découverte du monument, ils étaient cassés à la moitié de leur hauteur, et le linteau qu'ils soutenaient était enfoui dans le sable. La décoration se trouve sur les faces antérieures et débute à 0,90m du sol ; elle devait s'étendre jusqu'au linteau, mais de nos jours elle ne subsiste que sur 2,20m sur le pilier de gauche et sur 1,70m sur le pilier de droite ; aucune trace de couleur n'est conservée ().

Sur chaque pilier, Ty est représenté en pied, tourné vers l'entrée. Au-dessus de lui on trouve une partie de ses titres, dont l'énoncé est différent de chaque côté, mais qui se terminent de façon identique par : "l'ami unique, Ty". Ce titre semble être celui auquel il attachait le plus de valeur, car on le trouve presque partout.

Les deux représentations sont de tailles légèrement différentes, celle de droite est un peu plus petite que celle de gauche, mais le niveau du sol à droite a été surélevé, sans doute afin de compenser la différence de taille. Les représentations et les hiéroglyphes sont en relief dans le creux, vraisemblablement colorés à l'origine.
Des deux côtés, Ty est torse nu, vêtu d'un pagne triangulaire ; son menton s'orne d'une courte barbe carrée, et il porte une longue perruque striée qui descend derrière les épaules, tandis qu'autour de son cou s'étale un large collier.

Il tient une grande canne de la main droite, et de la main gauche, un bâton de commandement (sceptre sekhem) ; si ce dernier est tenu normalement à gauche, il n'en est pas de même à droite, puisque le bâton passe, de manière choquante pour nous, derrière son dos. Les raisons de cette 'anomalie', qui se retrouve dans de nombreux autres monuments, résident dans le mode de représentation égyptien (voir Farout, 2009). Dans un souci d'harmonie et d'équilibre, les scènes (et l'écriture) sont inversées d'un pilier à l'autre, comme l'image antisymétrique que reflète un miroir. Sans elle, un homme qui avance la jambe gauche devrait nous montrer son dos ; la clé de décryptage se trouve dans la représentation du sceptre, qui passe derrière le personnage, ce qui est bien sûr impossible. De même, il paraît tenir la canne la main droite et le sceptre de la main gauche, alors que c'est l'inverse.
Les hiéroglyphes ont bénéficié d'une exécution de qualité, et, en agrandissant l'image, on distingue parfaitement les torsades du signe de la corde (V13 de Gardiner) ainsi que les stries de la plume du "i" ().
Les autres faces des piliers sont anépigraphes.

les parois du portique

Au premier coup d'oeil, on remarque le contraste entre la hauteur des parois et la petite taille des registres dans lesquels sont gravées les scènes. Dans tout le reste du monument ou presque, il en sera de même.

Paroi est

Ces registres s'inscrivent dans un cadre délimité latéralement par un motif en échelle, doublé à droite d'une colonne verticale de titres du défunt. En bas, deux lignes épaisses représentent le sol. Elles se répètent après un petit bandeau.
Le registre du haut est presque intact, en dehors de l'échelle de gauche. Le registre du milieu n'a plus de motif d'encadrement, et la femme de droite est manquante, de même que la suite de la légende verticale. Le registre du bas conserve son encadrement à gauche, mais la partie droite a perdu la dernière représentation féminine, ainsi que l'encadrement et la légende.
Les scènes détruites à droite correspondent pour partie à l'ouverture (bouchée) du premier serdab, ainsi qu'à l'entourage de celle-ci ( et ).

Voici les noms des différents domaines :

1) - Registre 3 (R3, haut)

1"le palais de Ty", 2"la bière de Ty", 3"les fruits nbS de Ty", 4"le vin de Ty", 5"les deux buttes de Ty", 6"le sanctuaire de Ty", 7"le pain Hbnnt de Ty", 8"le Agt de Ty", 9"l'orge grillée de Ty", 10"les bonnes choses pour Ty ", 11"pour le Ka de Ty", 12"le pain bSt de Ty"

2) - Registre 4 (R4, milieu)

13 : détruit, 14"la fondation de Ty", 15"l'établissement (la chose établie) de Ty", 16"les deux cabanes de Ty", 17"la sandale de Ty", 18"le chateau du Ka de Ty", 19"la colline de Ty", 20"ce qu'aime Ty", 21"l'arbre iAm de Ty", 22"les deux sycomores de Ty", 23"l'arbre nbS de Ty", 24"le pavillon de Ty"

3) - Registre 5 (R5, bas)

25 : détruit, 26"les fruits iSd de Ty", 27"les biens de Ty", 28"l'hirondelle de Ty", 29"le lait de Ty", 30"la figue de Ty", 31"le respect de Ty", 32"les fondations int de Ty", 33"les grains waH de Ty", 34"ce qu'aime Ty", 35"l'établissement de Ty", 36"le leg de Ty"

Paroi ouest

Extrêmement lacunaire (), il n'en reste plus que le bas du registre un, comportant la suite du défilé des domaines ().

Paroi sud, partie Est (à gauche de l'entrée)

Les photos sont ici assez peu parlantes, à cause des conditions d'éclairage difficile sur des parois assombries où les couleurs ont disparu. L'essentiel de l'examen se fera donc en utilisant les planches du MIFAO LXV.
Comme pour la paroi est, on est frappé par la petite taille des scènes (les registres ont une hauteur d'un peu plus de 30 cm).

Nous trouvons ici une des représentations les plus connues de la tombe : la ferme à volailles et les scènes d'engraissage.
Montet distingue deux types de fermes où l'on élève des volailles : la ferme classique, Hrt, consacrée à l'élevage proprement dit, et la ferme Stbw où l'on gave les animaux en vue de les engraisser. Dans le cas de Ty, les deux sont présentes, chacune sur un registre.
À gauche de ces scènes, et occupant environ 1/4 de la largeur du panneau, nous trouvons Ty () debout, de grande taille, surveillant les activités agricoles dont il est séparé par une colonne verticale de hiéroglyphes. Torse nu, et vêtu d'un pagne à devanteau triangulaire, il porte un large collier, doublé d'un pendentif. Dans sa main gauche, il tient une grande canne de fonction, tandis que sa main droite est serrée sur un morceau de tissu replié. Derrière lui, à une échelle plus petite, se trouvent ses deux fils, Ty et Demedj.

1) - Le registre du bas

Vous pouvez voir tout .

La scène débute à gauche par un défilé de quatre responsables de l'administration du domaine chargés de l'enregistrement et des vérifications : 1"intendant", 2"contrôleur", 3"scribe des volailles", 4"chef chargé de l'engraissage (des volailles) ", il y avait probablement un cinquième homme à gauche. Ils sont représentés entre des colonnes à chapiteaux lotiformes, ce qui semble indiquer qu'ils se trouvent dans un lieu recouvert d'un toit, sans doute une véranda annexée à un bâtiment.
Devant ces préposés de l'administration, deux hommes portent des paniers contenant du grain, et le texte dit : 5"verser la nourriture pour la volaille" ; ce sont les mêmes paniers que nous retrouverons un peu plus loin.

L'enclos est représenté sous la forme d'un rectangle ; six bâtons fourchus servent de support à un toit de branchages ou de nattes qui devait empêcher les oiseaux de s'envoler en même temps qu'il les protégeait de la morsure du soleil. en revanche, on ne voit pas comment les volatiles étaient confinés sur les côtés. Au centre de l'enclos se trouve un bassin rempli d'eau, figurée par l'ondulation classique, contenant des palmipèdes indéterminés. Des rigoles en diagonale, positionnées aux quatre angles, assurent l'alimentation en eau. Autour du bassin, d'autres volatiles picorent le grain répandu en abondance à terre.

À droite de ce premier enclos, deux hommes identifiés comme des 7"bergers" portent sur l'épaule un panier tressé contenant de l'orge, et le vident devant eux dans un second enclos : 6"verser la nourriture pour le lieu de ponte". Cet enclos est en tout point semblable au précédent. Les deux sont reliés par un poteau, situé à l'extérieur, qui supporte la même couverture de toit, et ils forment donc un ensemble.
Juste après, un préposé au contrôle, qui tient dans sa main droite un très long bâton, suit un homme qui déverse du grain destiné à l'alimentation de grues à l'extérieur de l'enclos 8"verser la nourriture pour les grues".

2) - Le registre du milieu

Il est consacré au gavage des différentes volailles.
La fabrication du pain, représentée dans certains mastabas, ne l'est pas chez Ty. On nous montre en revanche l'étape suivante, la préparation des pâtons, qui sont entreposés sur des plateaux, et le gavage proprement dit. Celui-ci consiste à introduire dans la gorge de l'oiseau, que l'on tient fermement, un pâton, puis à masser le cou pour le faire avaler. Une fois l'opération terminée, les volatiles étaient relâchés, et pouvaient s'ébattre dans l'enclos ou dans une pièce d'eau, ou encore faire, à l'aide d'un guide, une "promenade" ce qui est possible s'ils ont été mis en relation très jeune avec une personne donnée (pensons aux ).
Nous trouvons ici cinq scènes du même type, où seule l'espèce de l'oiseau change : d'abord des oies, puis des canards et des oies, puis des pigeons et enfin des grues.

première scène

La légende supérieure est incomplète 1".. promenade… après le repas" ; des oies s'ébattent ; l'une d'elles est à l'engraissage par un homme assis qui lui introduit de la nourriture dans le bec : 2"engraisser une oie-r". Les volailles accourent : 3"arriver pour la nourriture".

deuxième scène

À gauche, un homme, dont la fonction exacte est perdue, surveille 4"scribe…", devant lui la légende 5"distribution de boulettes sur le sol". La légende supérieure est cette fois complète 6"promener les oies blanches et les canards après le repas". Deux hommes assis confectionnent des boulettes de nourriture 7"rouler des boulettes pour les oiseaux", le deuxième homme semble verser un liquide? dans un vase. Il pourrait s'agir d'humidifier les fragments de pain afin de les rendre malléables. Au milieu des volailles un signe hiéroglyphique 8"hedj", signifiant "blanc (he) " est à considérer comme qualificatif des oiseaux représentés autour, et l'ensemble doit se comprendre "oie blanche".

troisième scène
Deux hommes sont assis, l'un prépare les boulettes 9"préparer le (s boulettes de) pain par le gaveur des oiseaux", tandis que son vis à vis, qui nourrit une volaille, lui dit 10"fais en sorte qu'il soit fait ce pain". Au dessus, le texte est complet 11"promener les canards pilets après le repas". Des légendes (on pourrait dire des bulles) illustrent brièvement certaines attitudes: 12"nourrir les oiseaux", 13"prendre du pain", 14"venir (pour le repas) ".

quatrième scène

À gauche se tient un 15"scribe de la maison de contrôle", devant lui la même scène que précédemment, confirmée par la légende verticale : 16"préparer les boulettes pour les oiseaux ". Deux autres légendes, identiques, précisent 17"nourrir (les sarcelles) ". La légende du haut est dans le même esprit que les précédentes; 18"promener les sarcelles et les pigeons après le repas". Il y a aussi des légendes "bulles": 19"venir pour le repas", 20"nourrir (les pigeons) ".

cinquième scène

À nouveau on trouve la légende 21"préparer les boulettes de pain par le gaveur des oiseaux" ; puis on change d'oiseau 22"nourrir les grues". Le gaveur se tient cette fois debout à côté de l'oiseau, et sa main gauche lui soutient la tête. La légende supérieure confirme 23"promener les grues après le repas". Enfin, commentant l'arrivée des bêtes, 24"venir pour le repas".

3) - Les registres du haut

Ils sont mal conservés, mais nous voyons bien qu'il ne s'agit plus de s'occuper d'oiseaux, mais bien d'animaux du désert.
Au début du registre trois se trouve une scène plutôt rare, et qu'on ne reverra jamais après l'Ancien Empire, le gavage d'une hyène ; si l'on avait un doute, le texte correspondant lève toute ambiguïté 1"engraisser une hyène" (). On reste songeur devant le fait que les Égyptiens aient pu consommer la chair de ce puant animal. Mais après tout, quelqu'un y a t'il goûté à l'époque moderne…? Autre proposition : la hyène aurait servi d'aide à la chasse, et aurait préalablement été gavée pour la rassasier. Explication douteuse, car dans ce cas, comment aurait-on pu la forcer à chasser ? L'animal était peut-être uniquement destiné au sacrifice ?
Quoi qu'il en soit, le gavage, activité dangereuse, nécessitait la présence d'au moins deux personnes, comme ici : un homme maintient l'animal, pendant qu'un autre lui fourre de la nourriture dans la gueule. À droite, on devine que deux hommes amènent une autre hyène. Plus à droite encore (), on trouve les maigres restes d'un défilé d'autres animaux du désert, capturés puis domestiqués. On reconnaît des oryx à leurs longues cornes légèrement recourbées, ce que semble confirmer la légende 2, incomplète et difficile à comprendre.

Dans le sous registre immédiatement au-dessus du gavage des hyènes, nous trouvons cinq oryx qui mangent dans un récipient qui se trouve à leurs pieds. Cette fois, leur nom est clair : 2"ren maâ hedj". Le terme "ren" n'est encore pas entièrement compris dans ce type d'utilisation (dans l'usage le plus courant il signifie (le) "nom"). Voici ce que rapporte Madeleine Peeters-Destéract : "…d'après Loret "ren" s'applique à un animal vierge [?] ou domestiqué. En fait ce terme "ren" précède souvent le nom des animaux qui sont conduits à l'abattoir, il faut plutôt y voir le sens de 'jeune'".
Immédiatement au-dessus, des hommes accroupis s'occupent d'animaux (oryx ou autre), sans qu'on puisse clairement définir leur activité tant le registre est abimé.

Paroi sud, partie ouest (à droite de l'entrée)

Le peu de relief subsistant sur cette paroi est très mal conservé. Les scènes ont dû se détériorer encore dans le courant du XXème siècle, car il est vraisemblable que P.Montet, lorsqu'il a décrit la scène du bateau en donnant le texte juste au-dessus de sa pointe, ainsi que L.Epron, lorsqu'elle a dessiné la planche IX du MIFAO LXV étaient en présence d'une paroi en meilleur état ().
De nos jours, il subsiste un peu de la partie gauche des registres un et deux et de rares fragments du registre trois. Aucune trace de couleur n'est plus visible.
Contre la porte on retrouve la bordure en échelon classique.

1) - Registre 1

Surmonté par une bien étrange 'frise' sur la gauche, se déroule un défilé de pêcheurs. Le premier porte sur les épaules une palanque à chaque extrémité de laquelle est attaché un panier plein de poissons ; on remarquera que le bras droit passe négligemment par dessus le bâton. Les deux suivants soutiennent une perche avec deux énormes poissons suspendus ; les deux suivants portent un lourd panier, également par l'intermédiaire d'une perche. Puis viennent trois porteurs dont il ne reste que peu de traces. La légende qui court au-dessus est également incomplète : 1"…en très grande quantité pour vérification…"

2) - Registre 2

Nous avons ici, à gauche, une scène de pêche à la nasse. Dans le demi-registre inférieur, un pêcheur à pied place son engin en eau peu profonde ; des poissons sont déjà en train d'entrer ! Au dessus de lui, par un de ces raccourcis qu'affectionnent les anciens Égyptiens, un autre pêcheur se hâte d'apporter la nasse pleine, qu'il tient à la verticale, à un de ses collègues, qui la vide à terre (2"vider la nasse") et s'exclame : 3"le poisson est dans la nasse de façon excellente".
À droite, la pêche a lieu en bateau, mais la scène est si dégradée qu'il est difficile de dire avec précision ce qui se passe ; à droite de la poupe du bateau de gauche, l'un des deux pêcheurs dit : 4"bon coup de rame". Plus à droite, un homme commence une phrase : 5"…tire".

3) - Registre 3

Il est presque totalement effacé et ne montre que des fragments d'hommes en train de pêcher au panier en eau peu profonde.

le passage d'entrée

Il comporte deux parties : une partie étroite, qui occupe les 4/5 environ de la longueur puis le passage s'élargit de chaque côté et en hauteur pour accueillir une porte ouvrant sur la cour. Seuls les panneaux droit et gauche de la partie étroite sont (actuellement) décorés.

Panneau est (gauche)

Il porte la célèbre "adresse aux visiteurs", associée à l'image de Ty ().

1) - L'inscription

Elle a été aussi nommée "appel aux vivants", mais E.Edel qui en a fait une étude très poussée, réserve cette dernière appellation à un autre type d'inscription.
La terminologie "adresse" est due à J. Sainte Fare Garnot, qui distingue trois circonstances : lorsque il n'y a que l'élément prière, il parle d'appel aux vivants, lorsqu'il ne s'agit que de menaces, il parle d'une formule prohibitive, lorsqu'il y a à la fois menaces et prières, il parle d'une adresse aux visiteurs.
La conservation du texte est moyenne, aucune couleur n'a survécu. La traduction d'Henri Wild est publiée dans le BIFAO 1959 (en accès libre sur internet, voir bibliographie). Elle est le résultat d'un travail complexe, prenant en compte différentes tombes dont celle de Mererouka.

L'inscription occupe huit grandes colonnes verticales devant l'image de Ty, au-dessus de laquelle quatre petites (plus abimées) donne des titres. La correspondance entre les , et la traduction n'est pas très claire.
" (1) L'ami unique bien aimé, intendant du palais, chef des perruquiers du roi (Wild donne pharaon, mais ce terme est anachronique avant la XVIIIème dynastie) , prêtre ritualiste, Tjy. Il dit :
(2) [Toutes personnes qui entreront dans ce (mien) tombeau d'] éternité en état d'impureté parce qu'elles auront mangé des choses abominables auxquelles répugne un esprit parvenu dans la nécropole
(3) ([n']étant [pas] pures en temps (opportun) comme elles doivent l'être pour pénétrer dans le temple du dieu), contre elles, un jugement sera prononcé à cause de cela par le grand dieu, à l'endroit où l'on juge en vérité.
(4) [(Car) je suis un esprit excellent, instruit de tous les secrets du divin livre de l'art du prêtre ritualiste.] Pour moi sont célébrés tous les rites solennels de spiritualisation, dont la célébration est assurée à un excellent d'entre les esprits
(5) par le service horaire du prêtre ritualiste. Je suis initié [à tous les secrets de la bibliothèque sacrée]. Je connais tous les rites par lesquels un esprit qui est parvenu à la nécropole est spiritualisé ;
(6) [je connais tous les rites par lesquels il est équipé auprès du grand dieu ; je] (connais tous les rites par lesquels il monte) auprès du grand dieu et je connais tous les rites par lesquels il est glorifié auprès du dieu.
(7) [Tout homme au contraire qui entrera dans ce mien tombeau d'éternité en état de pureté en temps opportun, comme il est pur] pour pénétrer dans le temple du grand dieu, je serai son soutien dans cet auguste tribunal du grand dieu, et j'agirai diligemment.
(8)… Jamais je ne laisserai (lui) arriver) quoi que ce soit qu'il déteste et (jamais) je ne permettrai que lui advienne quelque mécompte (?) auprès du grand dieu.
(9) (Car)……me sont apportés l'approvisionnement (rituel ?)] avec l'offrande funéraire provenant de mon bien de fondation, quotidiennement et à jamais.
(10)……
(11) Je dis tout cela à toute personne qui entrera dans ce mien tombeau d'éternité.
(12)…[ce sera l'ami d'Anu]bis [tout prêtre ritualiste qui viendra dans ce mien tombeau d'éternité pour accomplir en ma faveur les rites. Récitez pour moi la formule rituelle de l'équipement…"

2) - Le défunt

Ty est représenté debout, dans l'attitude de la récitation. Il tient de sa main droite son bâton, tandis que la gauche est levée. Il porte un pagne à devanteau, un collier, et une perruque (striée) qui lui descend derrière les épaules. Devant son visage est écrit "djed-f" ("il dit")

Panneau ouest (droit)

( et )

Extrêmement lacunaire, il ne subsiste que le bas de quatre colonnes de texte, peut-être en rapport avec l'adresse aux vivants mieux conservée lui faisant face. On aperçoit les pieds de Ty sur la gauche.