MAGASIN

(salle II du MIFAO, room V du Porter & Moss)
Cette pièce servait au stockage des offrandes, et peut être d'objets servant au culte, d'où le nom qui lui a été donné par les archéologues.

Embrasures de l'entrée

Ty debout, son bâton dans une main et un tissu serré dans l'autre, est tourné vers l'entrée, et accueille le visiteur. Devant lui, deux colonnes de texte reprennent son nom et certains de ses titres. Une comparaison entre les images de Steindorff prises en 1910 () et les images actuelles montrent l'abrasion des parois par les visiteurs négligents ( et ).

Le seuil franchi, on entre dans une pièce assez longue, étroite et très haute, où l'on remarque immédiatement de magnifiques reliefs ayant gardé leur polychromie, mais qui, hélas, se trouvent pour l'essentiel en hauteur et sont de ce fait difficiles à examiner ( et ).

Paroi est

Située au-dessus de l'entrée, elle est entièrement occupée par des représentations de poteries des plus diverses qui sont disposées en sept registres, dont deux très courts bordent l'ouverture d'entrée.
Il persiste focalement des couleurs, notamment du rouge pour certaines tables et les cols de cinq vases (troisième registre, à gauche), du marron plus ou moins foncé pour d'autres tables.
Les registres sont conçus selon un modèle unique : une table, avec des récipients (en poterie et probablement en métal) posés sur son plateau et en dessous.
Sur les registres un et deux se trouvent quatre aiguières comportant un bec verseur, et, entre elles, ce qui pourrait être une lampe à huile. Sous la table du bas, deux vases plus hauts que larges en entourent trois autres très étroits (vases à parfum ?).
Sur le registre trois, des récipients pansus trônent sous les tables, de grands vases au-dessus, cinq vases à col étroit, cinq à col évasé, cinq cruches à anses, deux vases à col étroit.
Le registre quatre est plus varié : à gauche se dresse un grand vase en deux parties, avec un pied et un récipient en "v", puis sur deux tables se trouvent de petits vases à col étroit puis à goulot, enfin cinq grands vases occupent toute la hauteur du registre. Les trois registres du haut reprennent le même schéma, avec des vases plus étroits sur la table, plus pansus dessous. On ne peut qu'être confondu par la variété des récipients, et frustré de ne pas connaître leur contenu, puisqu'il n'y a aucune légende d'accompagnement. C'est ainsi qu'on reste perplexe devant le dernier vase à la droite du quatrième registre : pourquoi a t'il une embouchure crénelée?

Paroi sud

() Ty, accompagné de son épouse, de ses deux fils principaux et de serviteurs importants, assiste à un grand défilé de quatre-vingt-un porteurs, disposés sur quatre registres. Sur les trois registres supérieurs s'accumulent les denrées ainsi transportées. Cette paroi est globalement bien conservée, même si à son extrémité gauche elle est un peu dégradée ; c'est ainsi que le fils derrière Neferhetepes, qui par déduction est Demedj, a perdu sa titulature. Puis cela s'améliore et les couleurs sont même très bien conservées pour les six premiers porteurs, beaucoup moins pour les quatre suivants, mais à nouveau les sept derniers ont conservé tout leur éclat.
En cliquant sur le lien vous aurez une vue globale des scènes.

1) - Ty et ses accompagnateurs

Ty debout porte une courte barbe coupée au carré ; il occupe une hauteur de trois registres. Il tient le grand bâton mes de la main gauche et un linge plié de la main droite. Comme pour tous les hommes, sa peau est rouge foncé. La couleur de sa perruque (tout comme celle de Neferhetepes) est passée du noir au bleu avec le temps. À ses pieds se tient son deuxième fils Ty (junior), chef des éleveurs de canards ; il en porte d'ailleurs un dans sa main droite, tandis que de la gauche il agrippe le bâton de son père.
Le texte décrivant les titres et fonctions de Ty est très bien conservé, mais sans couleur sauf pour quelques rares signes isolés par exemple tout en bas de la colonne : "l'ami unique Ty" devant le fils de Ty (), ou les deux Yod ont encore leur magnifique coloration verte, ou encore le pain juste au dessus ; de même les deux hiéroglyphes Hm-KA du prêtre funéraire à gauche ont gardé leur couleur rouge. Les traits de séparation entre les colonnes de texte gardent un reste de bleu.

Derrière Ty se tiennent des fonctionnaires de sa maison, le dernier en bas est identifiable comme un serviteur du Ka, le troisième est un scribe. Neferhetepes est agenouillée derrière son mari, elle lui tient la jambe droite de la main gauche, tandis qu'elle laisse reposer son bras droit sur ses genoux. Ses mains sont longues et les doigts effilés bien visibles. Au dessus d'elle, sa titulature est bien conservée. Elle porte une perruque sombre, aujourd'hui bleue, tombant de part et d'autre des épaules. Sa robe est tenue par des bretelles et laisse (illogiquement, nous l'avons vu) la poitrine à découvert. Autour du cou s'étale un collier double, avec une partie légèrement pendante et une partie en tour de cou.
La qualité du relief est remarquable, comme d'ailleurs pour le haut du corps de Demedj derrière elle. Celui-ci tient son bras gauche replié sur la poitrine ; sa main, comme celle de sa mère, est longue et fine, et on distingue parfaitement les cinq doigts.

2) - Le défilé des porteurs d'offrandes

De la gauche jusqu'au 12ème porteur du registre un :  ;  ;  ;  ; .
Vient ensuite une zone où les couleurs ont moins bien survécu :
Puis, du 18ème au 25ème porteur, les couleurs retrouvent leur éclat : , , .
Même la frise de bordure est encore visible, ce qui n'est pas fréquent dans cette tombe : .

Paroi nord

( et ). Elle est presque symétrique de celle du sud, mais encore mieux conservée (voir par exemple ). Nous y retrouvons Ty, accompagné de son épouse, de deux fils, et de serviteurs regardant un défilé en quatre registres de soixante-huit porteurs d'offrandes les plus diverses, que l'on retrouve accumulées dans les cinq registres du haut. Par ailleurs, un renfoncement est percé à environ 1,50m de l'entrée. L'ouverture mesure 1,75m de large, quelques dizaines de centimètres de profondeur, non décorée, et n'empiète que légèrement sur le dernier registre du bas. Cette annexe a été voulue dès le départ, comme l'indique la décoration qui la surplombe, une collection de divers pains, dont les dimensions et le nombre ont été adaptés à sa présence ().

1) - Ty et ses accompagnateurs

C'est la zone la moins bien préservée de la paroi, mais qui reste tout de même lisible. On remarque que c'est Demedj qui tient cette fois le bâton de son père, tout en conservant un canard dans l'autre main. Quatre serviteurs sont représentés derrière la colonne de hiéroglyphes consacrée à l'épouse de Ty.
Neferhetepes se tient aux pieds de son mari, enserrant sa jambe gauche (). Sur le premier registre, qui se trouve immédiatement sous elle, et dont la première partie occupe l'espace entre la porte et l'annexe, quatre autres personnes s'avancent. En tête se trouve le "serviteur du ka, Ini", suivi de trois scribes : Khenou, Hesen et Hemnou ().

2) - Les porteurs

Au nombre de soixante-huit, ils sont fort bien conservés. En dehors des six hommes amenant des volailles, ils sont presque tous différents, même si l'on peut reconnaître un modèle de base commun pour ceux portant les mêmes objets : le dessinateur devait disposer de modèles séparés pour le corps et les mouvements de bras selon les offrandes transportées.

Pour cette paroi nous avons pu regrouper les prises de vues par registres.
Registre 1 (porteurs) :  ;  ;
Registre 2 (porteurs) :  ;  ;  ;
Registre 3 (porteurs) :  ;  ;  ;
Registre 4 (porteurs) :  ;  ;  ;
Registres 5,6, 7 (offrandes) :  ;  ;

Paroi ouest

() Nous avons là l'une des parois les plus connues de l'iconographie funéraire égyptienne. Elle est excellemment préservée et détaille la fabrication du pain, de la bière, de poteries, ainsi que l'enregistrement des résultats par les scribes attachés au domaine : tout un pan d'activité économique est ainsi résumé en une composition cohérente.
Pierre Montet l'a bien décrite dans "Scènes de la vie privée", et a traduit la plupart des légendes. [N.B : les traductions que nous donnons ici puisent largement dans ce travail, mais il peut arriver que l'on s'en éloigne un peu : il traduit par exemple, bsA par "orge", alors que les dictionnaires actuels disent : B.Menu : "grains finement concassés" ou encore Sadek : "céréale, peut-être orge"]

Examinons d'abord l'ensemble de la paroi ouest, sous forme d'une , puis en plus grand la partie inférieure et supérieure .
La paroi mesure 1,55m de large et 4,50m de hauteur, dont 2,75m sont décorés. Elle met en scène soixante-quatorze personnages répartis en sept registres de hauteur identique, ce qui donne une impression de continuité. Le registre du haut (N°7), est occupé par la fabrication des poteries, le registre le plus bas (N°1), présente la comptabilisation des résultats. Au milieu on trouve sur les registres N° 2,3 et 4 la fabrication du pain, sur les registres N°5 et 6 celle de la bière.
Il n'est pas possible de suivre les divers stades de fabrication en se basant sur la chronologie des registres, et il faut donc reconstituer l'ordre des scènes autrement.

1) - Poterie : Registre 7

()

Sur ce registre, le plus haut, nous assistons à la fabrication des pots, indispensables à la cuisson du pain et au brassage et stockage de la bière, activités qui sont toujours intimement liées.
À gauche se dresse un grand four, strié horizontalement, peut être pour suggérer les planches sur lesquelles on pose les vases à cuire. Un homme est assis devant l'ouverture et attise le brasier, tout en levant la main pour se protéger le visage de la chaleur. Au-dessus, il est précisé : 1"chauffer le four".
Viennent ensuite toutes les étapes de la fabrication, avec en premier lieu un tourneur, assis ; le tour utilisé est simple, formé d'une table dont le plateau rotatif est activé de la main droite, tandis que la main gauche modèle l'ouverture du pot (). Il pourrait s'agir là de la plus ancienne représentation d'un tour de potier de l'ancienne Égypte (Jaromir Malek). La légende précise la nature de la tâche : 2"tourner les pots Knw". Les vases humides sont représentés stockés au-dessus de lui, avant d'être enfournés. Selon la perspective égyptienne, il faut bien sûr comprendre qu'ils sont soigneusement alignés.
Viennent ensuite des scènes de finition : deux potiers dos à dos sont penchés sur des jarres hautes dont ils polissent l'extérieur, avec deux légendes allant en sens inverse, mais ayant le déterminatif jarre en commun au milieu : 3"tourner une jarre" / "modeler une jarre". Un homme assis à droite tient haut le récipient d'une main, tandis que l'autre, plongée dans l'ouverture, enduit l'intérieur avec un produit appelé "sin" (il n'est pas nommé chez Ty, mais on le connaît par d'autres tombes). Il s'agit très probablement d'argile, destiné soit à l'étanchéité de la cruche, soit à l'éclaircissement du breuvage. Enfin, un dernier personnage range les pots terminés sur des étagères.

2) -Fabrication du pain

A - Registre 4

(Photo+planche : )

Le début de la préparation se situe à l'extrémité gauche de ce registre, où se dresse le grenier composé de trois silos cylindriques, à sommet pointu, reposant sur un socle afin qu'ils ne soient pas en contact avec le sol. À leur base se trouve une ouverture par laquelle le grain peut s'écouler. La légende résume la situation : 1"le grenier qui est dans la maison des grains, sous la direction de l'équipe du mois". Le scribe assis fait évidemment partie de l'équipe en service. Son rôle est de consigner la quantité de grain que prélève l'homme accroupi au pied du silo. Du côté droit, deux hommes debout, face à face, utilisent de longs pilons pour broyer le grain, en détacher la balle restante, et commencer le concassage. Au-dessus d'eux, la légende dit 7"pilonner", ce qui se fait en mesure, l'un réglant l'alternance de la frappe 5"descends toi !", tandis que l'autre confirme : 6"c'est moi qui fait". Puis des femmes (remarquer leur peau jaune, très différente de celle rouge brique des hommes) doivent 2"mesurer le grain", qui est immédiatement confié à une première trieuse munie d'un crible rond qui élimine le maximum de la balle : 3"tamiser le grain", puis suit un premier broyage du grain : 4"moudre le grain".

B - Registre 3

(Photo+planche : )

Il est divisé en deux parties à peu près égales par un homme de grande taille, à demi effacé, le 2"responsable de l'atelier", qui est appuyé sur une canne presque invisible aujourd'hui, selon une attitude classique des surveillants à l'Ancien Empire.
À gauche six femmes sont en train de broyer sur leurs meules de pierre le grain provenant des opérations précédentes, qui se trouve dans des récipients et sacs en face d'elles. Au milieu, deux femmes assises par terre sont occupées à 1"tamiser la farine". Leur tamis rectangulaire séparera la farine fine de celle plus grossière, qui sera remise au broyage, et ainsi de suite. À droite du responsable, deux autres femmes tamisent tandis que les quatre suivantes sont occupées à moudre. À l'extrême droite, les deux dernières sont vêtues de robes à bretelles (toutes les autres ont la poitrine nue) et recueillent la farine définitive pour la mettre dans des récipients.

C - Registre 2

(Photo+planche : )

Nous sommes au registre décrivant la cuisson du pain. Les Égyptiens pouvaient cuire le pain directement dans un four ou sous la cendre. Mais la plupart du temps, ils utilisaient un récipient évasé en terre cuite, le moule à pain "bedja" (il existait aussi un modèle "setchet", dont nous reparlerons, et un modèle "aperet"). Ce récipient était d'abord chauffé, puis, il était posé au sol et rempli de pâte, tandis qu'un second moule, placé à l'envers couvrait le premier. [N.B : il existe encore un ustensile analogue nommé "le diable" qui sert à cuire à l'étouffée pommes de terre ou châtaignes.]
La scène se présente comme suit : dix pots (et non pas neuf comme il est écrit dans la littérature, qui suit en cela Montet) sont accumulés en pyramide autour d'un foyer central. Celui-ci est attisé de la main droite (munie d'un tisonnier) par une femme assise qui se protège le visage de la main gauche. Au-dessus d'elle, on lit le commentaire 1"faire chauffer le four". Debout devant elle une autre femme dispose les pots, ouvertures vers le bas, et 2"vérifie le four". À droite du registre, on retrouve une scène semblable avec les mêmes légendes, mais cette fois c'est un homme qui empile les pots.
Le milieu du registre est divisé en deux. En bas, un gros vase pansu contient 3" (la) pâte"". La femme courbée devant lui, chevelure enserrée dans un linge, est occupée à 4"verser la pâte"dans un moule chaud sorti du four. En face d'elle, une autre (coiffée d'une perruque) est occupée à 5"pétrir la pâte". Lui tournant le dos, une autre verse dans un récipient calé ausol une préparation du nom de "hesa", dont Montet a démontré qu'il s'agissait de levain : 9"ajouter le levain". Enfin, une dernière ouvrière 4"verse la pâte" dans les pots bedja. Deux d'entre eux sont fermés, ils contiennent donc déjà la pâte qui est en train de cuire.
Au sous registre du dessus, deux femmes l'une debout courbée, l'autre assise, vérifient à l'aide d'un bâton si le pain est cuit ; l'action est ainsi commentée : 6"la pâte est en bonne condition". Juste après, deux hommes assis, une jambe relevée, tapent chacun sur le fond d'un pot pour 7"faire tomber le pain", qui sera placé dans un panier.
Petit clin d'œil du concepteur de la paroi : un enfant se régale d'un fragment de pain tout chaud.

3) - Brassage de la bière

Activité fondamentale de la vie quotidienne, la fabrication de la bière égyptienne n'est cependant toujours pas entièrement comprise. Aucune tombe ne comporte une illustration complète du -long- processus, et les explications proposées le sont à partir de scènes provenant d'endroits différents. Même une série de représentations aussi exceptionnelle que celles que l'on trouve chez Ty n'échappe pas à la règle.
"Il est certain que la bière égyptienne était faite avec des pains et un liquide parfumé ; on brassait le mélange sur un filtre et le liquide que l'on recueillait était celui qu'on buvait sous le nom de bière (heneqet) […] P. Montet, le premier, a supposé que ce liquide était fait avec des dattes" (Vandier)

A - Registre 5

(Photo+planche : )

C'est le premier des deux registres consacrés à la fabrication de la bière.
Le début de la scène se situe à droite : un homme debout retire le contenu d'une très grande jarre posée horizontalement sur plusieurs supports. Elle semble contenir quelque chose fait avec des grains, sans doute des céréales mises à germer, c'est-à-dire le malt (). Au-dessous, un homme agenouillé est en train de 8"étendre" ce malt, ce qui a pour effet de stopper la germination. La scène est décrite ainsi : "pétrir le pain vert". Devant lui un autre est occupé à 6"modeler le psn" pour former des pâtons oblongs, qui sont ensuite transportés sur un plateau jusqu'à un homme qui, penché en avant, touille une mixture dans un récipient posé à cheval sur une cruche, laquelle repose elle-même sur un socle. La scène est décrite par le mot 5"dnt" que Montet n'avait pas compris, mais qui d'après Wörterbuch 5,464-2 pourrait se traduire par "5"faire tremper" : sans doute s'agissait-il de faire tremper dans de l'eau le pâton précédemment modelé, et d'effectuer un mélange dans un récipient à fond percé, la pâte liquéfiée, allégée, tombant dans la jarre. Par contre, on ne voit pas dans ce cas pourquoi la pâte avait besoin d'être modelée en 'psn'…

À gauche du registre, des moules sont chauffés, et la scène ressemble à celle de la fabrication des pains, mais les vases ne sont plus des bedjas, comme pour la boulangerie : il s'agit de setchet, qui sont plus larges et de moindre hauteur. C'est un homme qui, cette fois, attise le foyer, tout en se protégeant le visage. La légende précise 1"cuire les setchet". Devant lui un autre homme prend un vase, pour le retirer (avec des isolateurs qu'on devine), et la légende précise : "prendre le porte-pain". Derrière lui, un de ses compagnons verse la pâte malaxée dans un des moules que l'on vient de sortir du four. La légende explique : 3"verser la pâte à pain". La cuisson ne devait pas être trop intense, sous peine de détruire les enzymes du malt. La pâte étant très liquide, les pains étaient plus friables, ce qui facilitait leur émiettement ultérieur.

B - Registre 6

(Photo+planche : )

Le pain ayant été fabriqué, la brasserie proprement dite peut commencer. Les miches sont émiettées et les fragments mis à tremper dans un grand récipient en osier, avec de l'eau et le reste du pain vert, puis le mélange est brassé par deux hommes. Le panier repose sur une grande cruche évasée munie d'un bec verseur dans lequel le mélange s'écoule lorsqu'il est suffisamment fin. À gauche, une substance du nom de sgnn est ajoutée à partir d'une jarre. Le 4""scribe de l'atelier", ses instruments de travail sous le bras, stimule les brasseurs : 5"fais que ce soit prêt!" dit-il aux ouvriers devant lui, et 3"fais vite !" à ceux derrière lui. Il s'agit de ne pas perdre de temps car certains des ingrédients devaient être rapidement périssables. La première légende dit : 1"tamiser (ou filtrer ou brasser) ", la deuxième a été traduite par Montet 2"verser le parfum" ; il suppose par analogie avec des scènes du même type dans d'autres tombes, que le sgnn représente une décoction de dattes, destinées à élever la teneur en sucre pour faciliter la fermentation. En jouant sur la quantité de sgnn et le rythme de remplacement des pains on pouvait obtenir une bière plus ou moins forte. Plusieurs auteurs ne sont pas d'accord avec l'assimilation sggn = liqueur de dattes, mais ne proposent rien d'autre. Sans doute la traduction la plus convenable serait "moût" (J. Hirst)

Un homme assis à droite des brasseurs apporte une touche finale aux jarres qui vont recevoir la bière en terminant l'enduit intérieur de l'une d'elles (). Les récipients sont ensuite dressés verticalement dans un support (sans doute un assemblage en tiges de roseaux) et on voit un des brasseurs en train de verser la préparation précédente dans l'un d'eux à l'aide de la cruche à bec déjà rencontrée (texte : 7"remplir les jarres"). Immédiatement, un aide ferme le récipient à l'aide d'un bouchon plat, qui sera lui-même coiffé d'un cône en argile (tous deux sont noirs). L'action est décrite : 8"boucher les jarres".
Au-dessus et à gauche, un homme est assis devant quatre jarres fermées ; son rôle est de : 6"garantir l'authenticité" en étiquettant la jarre, en précisant la qualité du breuvage, le lieu et le jour de fabrication.

4) - Enregistrement Registre 1

(Photo+planche : )

Au premier registre, les responsables rendent des comptes aux scribes qui enregistrent les résultats, lesquels seront ultérieurement communiqués à Ty. Les légendes de ce registre ont été particulièrement difficiles à rendre.
•  À droite () sont assis les scribes, avec en premier un personnage désigné comme l'5"intendant" 2"Setet-seped". Il écrit à l'aide de son calame sur le papyrus déroulé sur ses genoux. À ses pieds, sa palette est négligemment posée sur la boîte en vanerie ou en cuir où sont rangés les rouleaux de papyrus alignés par taille. C'est le rôle de 4"l'archiviste Imem", qui se tient incliné à l'extrême droite, un rouleau de papyrus en main d'y veiller. Derrière l'intendant, les deux scribes ont pour nom 7"le scribe Hen" et 6"le scribe Hemmou". La légende qui court au-dessus d'eux précise 3"recevoir les produits des domaines de la fondation".
•  À gauche (), juste devant l'intendant, un homme courbé désigné comme "le mesureur Neferhy" plonge sa mesure dans un vase. Assis derrière lui se tient " (l') inspecteur des prêtres du ka, Ini". Puis, courbé en signe de respect, vient un contremaître du nom de "Niankh-Bastet", décrit comme "puissant de voix" : sans doute annoncait il à voix haute la nature des produits enregistrés ainsi que leur quantité? À l'extrême gauche se trouve une scène dont on sent qu'elle a amusé le concepteur de la paroi : "le gardien Iounenek" administre une bastonnade à un 1"chef de l'entrepôt". Il avait probablement eu l'occasion de recevoir lui-même des coups de bâton de surveillants ou responsables divers, et n'était pas mécontent de perpétuer ce spectacle…
Collé contre la frise de gauche se trouve une sorte de grand sac (?), très haut et étroit, dont la nature reste mystérieuse.