La tombe de Meryra fait partie des six tombes inscrites qui constituent le groupe nord () et porte le numéro 4. Les tombes sont taillées dans la falaise qui enserre le site de Tell el Amarna et dont toutes les entrées sont ouvertes approximativement vers le sud.
Par ses dimensions et sa facture, cette tombe compte parmi les plus belles et les plus imposantes et traduit le statut privilégié d'un très haut personnage de la cour amarnienne. Le monument n'a cependant jamais été terminé, et le puits funéraire n'a même pas été creusé, un des nombreux mystères qui entourent cette tombe.

Le personnage

Meryra est le seul Grand Prêtre d'Aton qui nous soit connu avec certitude. L'étiquette d'une jarre à vin nous montre qu'il exerçait encore sa fonction en l'an 16, et donc probablement à la mort d'Akhénaton en l'an 17. Il est resté en poste au moins 6 ans, un temps largement suffisant pour terminer une tombe, ce qui n'a pas été le cas, sans bien sûr que nous sachions pourquoi.

Meryra est doté des titres suivants :
(1)  "Grand Prêtre (litt : Grand des Voyants) de l'Aton dans la maison d'Aton à Akhetaton."
(2) "Flabellifère à la droite du Roi." (Le flabellifère désigne le porte-éventail)
(3) "Chancelier Royal."
(4) "Ami unique"
(5) "Noble héréditaire et Prince". On peut se demander pourquoi ce titre si important est pourtant si peu présent dans la tombe. Peut-être le mot "héréditaire" est-il de trop et Meryra ne doit-il son titre de prince qu'à la faveur d'Akhénaton, ce qui tendrait à confirmer l'impression générale qu'il s'agit d'un parvenu.
(6) "Proche du Roi."

Situation de la tombe, technique de réalisation et état actuel

a) Situation

La tombe fait partie du groupe nord; elle est creusée dans la falaise qui enserre la ville d'Akhetaton, près de l'entrée du ouadi principal. Voyez cette (Google Earth) et consultez de Norman de Garis Davies. On peut plus précisément situer la tombe sur (courtoisie de l'Egypt Exploration Society)

b) Plan de la tombe

c) - Technique

La falaise dans laquelle fut creusée la tombe est faite d'une roche de qualité assez médiocre, qui ne permettait pas la réalisation directe de reliefs dans le creux. Les artisans ont donc d'abord sculpté finement la roche directement, puis ont passé une couche de plâtre qu'ils ont travaillée profondément pour donner un aspect de relief dans le creux, puis l'ensemble a été peint. Certains détails trop fins, comme les plis des vêtements ont été simplement peints.

d) - État actuel de la tombe

La tombe de Meryra, quoiqu'elle soit une des mieux conservées, est actuellement dans un état assez pitoyable, suite à des ravages liés surtout aux hommes. Ces dégradations remontent haut dans l'histoire, puisqu'elles débutent peu après la mort d'Akhénaton.
L'exécration dont sa mémoire va rapidement être la victime s'étend à toutes ses représentations, ainsi qu'à celles de la reine Néfertiti, qui dans cette tombe comme ailleurs ont été sauvagement attaquées, au point d'avoir quasiment disparu malgré la profondeur de la sculpture.
Puis les Coptes et les Musulmans se sont installés et ont transformé la tombe selon leurs besoins, perçant par ici, plâtrant par là. C'est ainsi que la paire de colonnes de la partie ouest de la salle hypostyle a été détruite. De nombreuses niches ont aussi été percées là où le besoin s'en faisait sentir.
Enfin des pilleurs modernes ont tenté de détacher des fragments de scènes causant ainsi de nouveaux dégâts.

Cette tombe de Meryra a ainsi perdu beaucoup de son aspect original, à commencer par presque toutes ses couleurs. Elle reste néanmoins un monument historiquement important pour mieux comprendre la période, et séduisant pour le visiteur. On ne peut en effet s'empêcher d'être saisi par l'aspect imposant des portes, et par la quasi-obscurité de la salle principale à plafond arqué encore embellie par la corniche à gorge qui en occupe la périphérie.

La façade

(photo à gauche, courtoisie Egypt Exploration Society)
Certaines parties ont aussi été creusées beaucoup plus profondément dans la falaise que d'autres, aussi l'aspect d'ensemble est assez étrange, car elle est tout sauf régulière. Presque verticale près de la porte, elle présente un fruit considérable quand on s'en éloigne.
L'avant de la tombe a été évidé dans la pente de la falaise qui a été creusée sur une profondeur d'environ 6m sur 30m de long. Il en résulte une sorte d'avant-cour artificielle qui a ensuite été entourée latéralement par des murs.
L'effet de relief autour des jambages qui entourent l'entrée a été obtenu par le creusement d'une sorte de rigole au pourtour. En hauteur, l'avancée de la roche délimite un petit auvent au-dessus de l'entrée avec un linteau surmonté d'une corniche.
La décoration des jambages fait appel à des motifs stéréotypés de l'art amarnien. Sur chacun d'eux, on trouve un hymne adressé au soleil, au roi et à la reine, répété en quatre colonnes. Au bas de ces colonnes, Meryra est représenté agenouillé, en prière. On le retrouve dans cette posture à chacune des extrémités du linteau, regardant vers le centre (, partie médiane).
Dans un motif que nous retrouverons souvent, la partie centrale du linteau est occupée par un motif symétrique (ici très dégradé) comportant le cartouche double mentionnant la titulature de l'Aton imaginé par Akhénaton auquel sont adossés trois cartouches plus petits du roi et de la reine. Ainsi sont représentés les souverains adorant le dieu solaire.

L'entrée

()

L'épaisseur des murs est et ouest accueille deux représentations de Meryra en relief dans le creux (qui accroche mieux la lumière à cet endroit). Tourné vers l'extérieur, il lève les bras en adoration, récitant les prières inscrites autour de lui. Crâne rasé comme un prêtre, il ne porte que les insignes de "porte-éventail à la droite du roi", un sceptre heqa et un grand éventail en rapport avec sa fonction.

Côté Ouest

De cet emplacement, Meryra voit se lever le soleil le matin, et la prière y fait référence :
"Adorer Aton quand il se lève dans l'horizon oriental du ciel. Que ton lever est beau, Ra vivant […] (Tu) donnes la vie pour toujours, à jamais. Tu illumines le Double Pays de toutes tes beautés, tu entoures le Double Pays au moyen de ton disque. […] tu ordonnes les pays pour réjouir son cœur et satisfaire son Ka. […]. Il les gouverne pour toi avec un coeur [aimant]…Le pays lui est soumis comme il t'était soumis. Les neuf arcs (= les ennemis traditionnels de l'Égypte) sont devant sa Majesté […] sous ses sandales. Tu as fait qu'il règne pendant la même durée que toi, étant ici avec toi, éternellement, voyant tes rayons chaque jour. Tu lui accordes des fêtes-Sed et des années par millions. Toutes tes places sont sous son œil, (pour) ton fils, issu de ton corps, le Seigneur des Deux Terres Nefer-Kheperou-Ra, doué de vie".

Côté Est

De cet emplacement, Meryra voit se coucher le soleil le soir. Le texte est fortement mutilé : "Adoration à Aton lorsqu'il se couche dans l'horizon ouest du ciel. Ton coucher est beau, Ô Ra vivant […]". Rappelons que pour les anciens Égyptiens l'horizon ne représentait pas une ligne continue mais le point d'émergence et de coucher du soleil : il y a donc deux horizons !

Le plafond () est séparé en trois caissons par des bandes de hiéroglyphes bleus sur fond jaune entourés d'une classique "frise égyptienne". Chaque caisson comporte un motif traditionnel, soit en diamant, soit en fleurettes. C'est la seule partie de la tombe qui comporte encore un plafond reconnaissable.

L'antichambre

() À la différence des autres tombes amarniennes où l'on passe directement de l'extérieur dans la pièce principale, Meryra a ajouté une antichambre. Il en résulte une pénombre qui rendra d'autant plus solennelles les parties plus profondes de la tombe.
Il s'agit d'une petite pièce carrée d'environ 3,60m de côté dont le toit est légèrement voûté et souligné par une corniche qui renforce l'illusion d'une tombe bâtie plutôt que creusée.
Les murs ont été recouverts de plâtre, mais aucune décoration où sculpture n'a été appliquée.

1) - Les murs est et ouest

Ils ont été grossièrement amorcés ce qui aurait pu constituer des ouvertures ou des emplacements pour de futurs autels. Au pourtour on a esquissé à l'encre des jambages (, ). Celui du côté nord du mur ouest représente une énorme accumulation de végétaux stratifiés formant un composition florale verticale, tandis que le "jambage" sud montre les cartouches et titres de l'Aton et du couple royal siégeant sous les rayons du disque.
Une tranchée court nord – sud dans la partie est du sol. On la retrouve dans la première chambre de trois autres tombes de ce groupe. Sa signification reste obscure. Peut-être s'agit-il d'une rigole destinée à recueillir le sang d'animaux sacrifiés à cet endroit.

2) - Les deux côtés du mur d'entrée sud

Ils sont occupés par une image de Meryra debout en adoration récitant l'hymne reproduit en hiéroglyphes bleus à côté de lui ().
Celui-ci s'adresse au roi qui est qualifié du côté ouest de "enfant parfait de l'Aton vivant". Il précise : "tant que durera le ciel, tu dureras. Tu auras de nombreuses années, des milliers de fêtes-Sed. Ta durée est comme l'éternité, la durée de Ra comme souverain des Deux Terres, les années d'Aton dans le ciel. Tu t'es établi à Akhetaton, la place parfaite que tu as élevée pour Ra et où viennent tous les hommes".
Du côté est, on trouve une formulation plus personnelle : "le souverain bon qui m'a formé, qui m'a engendré, qui m'a fait croître, qui m'a associé aux princes, la Lumière par laquelle je vis, mon Ka jour après jour".
Meryra semble ainsi constituer un exemple de ces hommes nouveaux promus par le roi, un parvenu qui doit tout àson souverain.

3) - Côté nord : le pourtour de la porte

() Sur l'architrave du haut, on trouve à chaque extrémité une petite représentation de Meryra agenouillé, les bras levés devant la partie centrale de la scène qui a disparu, mais où l'on reconnaît la présence de restes de cartouches.

Les deux jambages de chaque côté comportent quatre colonnes verticales de hiéroglyphes portant des prières, qu'on retrouvera sur les autres jambages de porte dans la tombe comme ils étaient présents sur la façade.

À gauche, le texte dit : "Louanges à toi, l'Aton vivant, et au Ka du roi (ailleurs c'est à celui de la reine). Puisse-t-il (le roi) donner un grand âge[…], et un bel enterrement dans la colline d'Akhetaton (les tombes de la falaise) , le séjour des favoris. Puisse-t-il donner une longue vie pour voir ta beauté. Puisse ta vision ne jamais lui faire défaut. Puisse-t-il recevoir une offrande de pains et de boissons dans le temple d'Aton. Pour le Ka du grand prêtre d'Aton dans Akhetaton, au Ka du Chancelier Royal et Ami Unique, flabellifère à la droite du roi, au Ka du Chancelier Royal, aimé de son seigneur, grand favori du Seigneur du Double Pays, Meryra, Juste de voix."

À droite, Meryra demande que son nom ne soit pas oublié, que les offrandes qui lui sont faites soient abondantes, …

Le passage vers la première salle hypostyle

L'épaisseur des murs est décorée des deux côtés.

1) - À droite (est)

()

Meryra fait face à l'entrée dans l'attitude de prière déjà décrite. Il est vêtu d'un pagne long soigneusement figuré et qui ne présente pas la transparence diaphane des autres représentations. Autour de son cou sont disposés quatre colliers d'or provenant d'un don du roi qui lui marquait ainsi son estime.
Il récite ce qu'on a coutume d'appeler le Petit Hymne à Aton, ainsi nommé par opposition au Grand Hymne. Si ce dernier ne se trouve que dans la tombe d'Ay, il existe cinq versions du Petit Hymne (parfois plus d'une copie par tombe) dans les tombes de Toutou, Mahou, Apy et Any en sus de celle de Meryra.
Tous ces textes étant rédigés avec la première version du "nom didactique" de l'Aton on peut en déduire qu'ils datent d'une période comprise entre l'an 5 et l'an 9 du règne, période à laquelle un second "nom didactique" est substitué au premier (voir ). C'est ce second nom qu'on trouve ailleurs dans la tombe de Meryra (), prouvant que la décoration de la tombe date au moins partiellement de la seconde partie du règne.

Le Petit Hymne traite successivement du cycle solaire quotidien et de ses conséquences sur la création, puis des rapports entre Akhénaton et Aton.
Chez Meryra, l'hymne commence par une formule d'adoration puis se continue ainsi :
"Que ton lever est beau, Ô Aton vivant, Seigneur de l'Éternité ! Tu es étincelant, beau et brillant, ton amour est grand et puissant de ses rayons (…) Ta surface brille donnant vie aux coeurs. Tu remplis le Double Pays de ton amour, le bon guide qui s'est formé lui même, créant chaque terre et ce qui est dessus (…) ils vivent quand tu te lèves pour eux. Tu es le père et la mère de tout ce que tu as fait : leurs yeux, quand tu te lèves, voient par ton intermédiaire. Tes rayons illuminent toute la terre (…) quand tu te couches à l'horizon occidental du ciel, ils reposent, comme s'ils étaient morts. (…) Quand tu as envoyé tes rayons, tout le pays est en fête : les chanteurs et les musiciens haussent le ton de joie dans la cour de la Maison du Benben.".
Vient ensuite l'éloge du roi, représentant unique du dieu sur terre : "Ton fils est pur, accomplissant ce qui te plaît, Ô Aton vivant, celui qui l'a créé, son fils, l'Unique de Ra, comme son image (…) "

2) - À gauche (ouest)

()

On trouve une représentation de l'épouse de Meryra, la dame Tinro décrite comme "grande favorite de la Dame des Deux Terres". Elle est dans la même attitude de prière que son mari. Elle est vêtue d'une grande robe de lin fin débordant sur les bras qui laisse voir ses formes, dans un style caractéristique de l'époque. Elle est coiffée d'une grande perruque sur laquelle repose un cône d'onguent. Elle récite une longue prière :
" (…) tu te lèves dans l'horizon oriental du ciel pour donner la vie à tout ce que tu as créé (…) Tu as donné ton fils bien-aimé, qui vit de Maat, le Seigneur du Double Pays…etc… et sa Grande Épouse Royale, Dame des Deux Terres, sa bien-aimée, …etc..étant à ses côtés pendant qu'il satisfait ton coeur et voit ce que tu fais chaque jour. Il se réjouit de voir tes rayons. Puisses-tu lui donner l'Éternité comme roi du Double Pays."
Finalement on voit que ce discours n'est guère différent de celui du Petit Hymne.
Remarquons toutefois qu'elle a eu beaucoup de chance d'avoir le droit de se faire représenter dans la tombe de son mari, faveur qu'elle doit probablement au fait qu'elle soit proche de la reine Nefertiti. En effet, une des nombreuses originalités des tombes amarniennes par rapport à celles des périodes précédentes est la disparition des représentations familiales dans la plupart des tombes. Il s'agissait pourtant d'un souhait - et d'un besoin - majeur pour le défunt jusque-là. Tout se passe maintenant comme si la tombe n'était qu'un pseudopode, une projection, de l'idéologie royale, dont elle représente un des supports.

La première salle hypostyle

()

Il s'agit d'une pièce imposante, dont la majesté est encore accentuée par la pénombre qui règne. Elle mesure environ 5m de long pour 6m de large. Le sol est irrégulier, mal fini, donnant une hauteur de plafond variable qui culmine à 4,75m à l'extrémité nord.
On est immédiatement frappé par les deux grandes colonnes qu'on voit sur la droite, et instinctivement on recherche leurs symétriques. Hélas, les deux colonnes de gauche ont été entièrement arasées lors des réutilisations de la tombe, pour gagner de l'espace. Cette mutilation a cependant un effet positif : tout le mur ouest montrant la procession royale vers le temple est devenu plus lisible.
Quand on est au centre de la pièce, les deux ouvertures d'entrée et de sortie apparaissent majestueuses en raison de leur hauteur imposante.
Tous les murs sont décorés en reliefs dans le creux qui n'ont hélas conservé que très partiellement leurs couleurs. L'éclairage moderne par des néons donne de plus une désagréable teinte verdâtre qui n'aide pas vraiment à saisir la qualité des figurations. Enfin les dégâts infligés à la tombe après la mort d'Akhénaton sont partout visibles : les figures du couple royal ont été sauvagement martelées ainsi que leurs cartouches.
Tout autour des scènes figurant sur les murs, on trouve une superposition de bandes colorées. Tout d'abord une classique baguette formée de rectangles de couleur, entourée d'une double ligne verte; puis se succèdent une alternance de bandes rouges et bleues. Ce type de représentation est inhabituel par la surface qu'elle occupe. Peut-être faut-il y voir une figuration des différentes enceintes entourant le temple ?

I- Les colonnes et le plafond

Elles sont massives (environ 1m de diamètre pour 3,8m de hauteur, directement évidées dans la masse), représentant l'assemblage de huit tiges de papyrus à boutons fermés, réunies par quatre bandes horizontales sous l'émergence des boutons. Leur base repose sur une excroissance circulaire.
Sur le côté qui fait face au centre de la pièce, on a rajouté du plâtre afin de former une plaque rectangulaire sur laquelle on a représenté le disque rayonnant surmontant les cartouches des souverains et de l'Aton. Au sommet de chaque colonne se trouve un abaque qui semble supporter la pseudo architrave rapportée dans le plafond. Les deux abaques restants portent sur leur côté ouest le nom et les titres de Meryra :
sur la colonne sud : "Le grand prêtre d'Aton dans Akhetaton, Meryra, juste de voix"
et sur celle du nord : "Le porte-éventail à la droite du roi, le grand favori du dirigeant parfait, Meryra, Juste de voix".
Une inscription en très grands hiéroglyphes courait tout le long des deux architraves mais elle a aujourd'hui quasiment disparu.
La partie centrale du plafond située entre ces deux architraves est légèrement voûtée, tandis qu'elle est plate en dehors ; son décor a disparu.
Une corniche décorée à l'origine de motifs de plumes verts, bleus et rouges court tout le long des murs à la limite d'avec le plafond, et ne s'interrompt qu'aux ouvertures d'entrée et de sortie où ce sont les grandes corniches à l'égyptienne qui prennent le relais.

II- Mur sud

()

1)- La porte sud

Son linteau est identique à ceux précédemment rencontrés. Les jambages portent des prières en trois colonnes, récitées par le défunt agenouillé, accompagnées des cartouches de Ra-Horakhty et du couple royal ().

2)- Partie ouest du mur sud

C'est celle que l'on découvre sur sa droite après s'être retourné vers l'entrée.

a)- registre supérieur

Il est consacré à l'investiture de Meryra en tant que "Grand des Voyants d'Aton dans le domaine de l'Aton qui est dans Akhetaton" par le roi accompagné de la reine Néfertiti et de la princesse Merytaton.

La scène se situe au niveau de la fenêtre d'apparition du palais (). Cette ci est décorée sur ses montants de cartouches et à la base d'une composition florale. Au sommet, se trouve une ébauche d'architrave surmontée d'uraei couronnés du disque. Elle est interrompue à la partie centrale, rappelant ainsi les portes d'entrée des temples d'Aton. Car rien ne doit gêner le cheminement des rayons lumineux terminés par des mains qui descendent du disque qui surmonte la scène.
Sous la corniche qui sert de balustrade, un immense motif semi-circulaire rappelle un collier Ousekh. Le roi est penché par-dessus cette balustrade, et semble appuyé sur un coussin, représenté en rouge foncé constellé de figures bleues en forme de diamant. Il se penche pour donner ou jeter quelque chose pendant qu'il proclame devant tous la nouvelle dignité dont il honore son serviteur Meryra.

Ce dernier se tient avec les assistants sous la fenêtre. Ceci n'étant pas possible à représenter valablement pour l'artiste, il a placé des personnages qui auraient du être côte à côte sur des plans superposés. En bas se tient Meryra, qui est figuré deux fois : agenouillé puis porté en triomphe par ses proches et portant alors des colliers d'or autour du cou ( et ).

Dans un petit sous-registre au-dessus on trouve cinq personnages. Quatre sont des scribes qui notent les paroles royales :
"…Vois, je te fais pour moi Grand des Voyants dans le temple d'Aton à Akhetaton car tu es dans mon cœur. Il dit : Ô mon serviteur, qui écoute l'enseignement, mon cœur est satisfait par tout ce que tu fais. Je te donne cette dignité (en) disant : tu mangeras les provisions de Pharaon - Vie, Santé, Force - ton souverain dans le temple de l'Aton"

Au-dessus encore se trouvent deux séries de personnages de rang inférieur, vêtus d'un pagne simple à devanteau rectangulaire ; entre les deux, un mât palmiforme à oriflamme traverse tout le registre. Les quatre premiers sont des porteurs d'éventail, les quatres autres portent en main un bâton et assurent le service d'ordre.

Couronnant tout le registre, et centré par le disque rouge solaire orné d'un uræus, on trouve les cartouches de l'Aton, du roi et de la reine et l'inscription : "Aton vivant et grand, maître des jubilés, maître de tout ce qu'il entoure, Aton maître du ciel, maître de la terre, dans le temple d'Aton à Akhetaton".

b)- En dessous de ce registre principal se trouve un second registre

().

Il s'agit d'un bandeau qui présente des personnages secondaires qui assistaient aussi à la cérémonie, formant une sorte de second cercle mais que l'artiste a représenté en dessous, tournés vers un centre où aurait dû se trouver Meryra. Il est difficile de savoir exactement si ces gens avaient un rôle autre que celui de spectateur. Peut-être certains d'entre eux étaient-ils chargés de collecter des présents offerts par le roi à Meryra ? Le coffre représenté en haut à gauche pourrait en être un.
En tous cas on distingue clairement en bas, à droite, un groupe de femmes chantant, battant du tambourin et dansant en signe d'allégresse. Des porteurs d'étendards sont également présents pour ce moment de jubilation.
Du côté gauche, le char attelé attend Meryra pour quitter le lieu de la cérémonie.

3)- Partie est du mur sud

La scène montre ici le couple royal faisant offrande au soleil. Elle aussi est séparée en deux sous-registres : en haut, la scène principale, et en bas des personnages secondaires ().

a)- le sous-registre supérieur

Il n'y a aucune représentation architecturale dans ce panneau, pas même un autel. Seules trois tables d'offrandes sont figurées reposant à même le sol.
Les conventions du dessin égyptien sont parfaitement respectées. La scène montre le roi et la reine l'un derrière l'autre, mais qui se tenaient en réalité côte à côte (), qui jetent une résine odoriférante dans les deux braseros qui surmontent la table d'offrande. Ces braseros se trouvaient en fait devant la table sur laquelle on avait empilé les denrées animales et végétales habituelles. Akhénaton est coiffé du khepresh, et n'est vêtu que d'un pagne remontant haut sur les reins. L'ensemble du corps est représenté particulièrement gynoïde (c.-à-d. avec un aspect en poire associant un élargissement des fesses et des hanches de type féminin), très semblable à celui de Néfertiti. [N.B. : La signification possible de cette représentation physique du souverain est discutée dans l'article ]. Derrière le couple, deux de leurs filles qui portent la mèche de l'enfance - Merytaton et Maketaton - agitent un sistre.
Meryra est accompagné d'un autre prêtre, beaucoup plus petit. Il tend au roi des produits destinés à l'offrande, probablement un cône d'encens.
On voit ici la place qu'Akhénaton assignait au plus haut dignitaire de son clergé : celui d'un subalterne, sans aucun rôle théologique puisque le roi et la reine, et eux seuls, pouvaient s'adresser à Aton et rendre le culte dans sa plénitude. Sans doute avait-il cependant le pouvoir de rendre un culte, probablement simplifié, lorsque les souverains étaient indisponibles.

La représentation du disque qui surmonte la scène est extraordinaire et n'a jamais été retrouvée ailleurs (). Elle a fait l'objet de nombreuses spéculations qui méritent .

b)- Le sous-registre inférieur

De taille moindre, il représente sur deux lignes ce qui se passait en dehors de la scène ou en dehors du temple. Les groupes sont disposés symétriquement par rapport à un centre vers lequel ils semblent converger ().
En haut à droite, des prêtres courbés, dont l'un offre une fumigation ; à gauche, un groupe de deux hommes et de huit femmes portant éventails et étendards, apparemment encadrés d'une sorte de service d'ordre ().
En bas, à gauche, un chariot attelé attend la famille royale pour la ramener au palais.

À droite se trouve une des plus belles scènes de toutes les tombes d'Amarna.
Il s'agit d'un groupe de huit hommes assis. Le premier joue d'une harpe, les sept autres sont manifestement des chanteurs, tous sont aveugles comme c'est la tradition (et l'on sait qu'avec la fréquence des maladies oculaires, les aveugles ne devaient pas manquer dans le pays). Nous ignorons la teneur de leur chant et notamment s'il se rapproche d'un de ces "chant du harpiste" de l'époque ramesside, qui véhiculeront une idée pessimiste de l'existence et du devenir dans l'au-delà.
Ce qui est frappant ici, c'est l'extraordinaire dimension humaine et réaliste du rendu des visages : vieux, avec des traits marqués, des rides. Peut-être l'artiste s'est-il inspiré des vrais protagonistes qui oeuvraient dans le temple.
D'une manière générale, dans cette tombe (comme dans d'autres tombes amarniennes), les traits des personnages sont souvent beaucoup plus détaillés que dans les tombes des époques précédentes, avec même une accentuation caricaturale des traits les plus marquants.

III- Mur ouest et partie ouest du mur nord

Tout le panneau est occupé par une grande représentation de la famille royale se rendant vers le temple d'Aton, et des scènes secondaires à côté et en bas (). Cette scène se continuera sur la partie ouest du mur nord où elle trouvera sa conclusion avec l'arrivée sur place et l'accueil des souverains ().
La place exacte de la scène par rapport à Meryra (qu'on ne reconnaît plus formellement) reste incertaine : fait-elle partie de son investiture, ou s'agit-il d'une des visites quotidiennes que le roi rendait pendant qu'il était déjà en fonction ?

1)- Mur ouest

a)- En haut et à gauche nous trouvons le palais royal

(, ) De là vient le cortège, qui nous est montré dans la perspective égyptienne où l'on superpose ce qui ne peut-être montré sur le même plan.
Il existait une cour externe protégée par un mur. Au milieu de ce dernier se trouvait une porte monumentale, de type traditionnel mais sans linteau (comme pour tous les édifices amarniens : rien ne doit gêner le passage de la lumière), flanqué à gauche par une ouverture plus petite. Dans la cour, un serviteur répand de l'eau à la main sur la terre battue, tandis qu'un second manie un petit balai.
Seule une partie de ce monument de très grande taille est représentée. L'empilement de denrées diverses montre ainsi l'opulence qui règne. Certaines étaient sans doute destinées à être emmenées au temple. Remarquons que les denrées figurées à l'extérieur sont isolées de la poussière et des animaux errants par une protection représentée comme un V renversé qui rappelle le hiéroglyphe
Devant, deux hommes, l'un appuyé sur une longue canne discutent ; ils sont probablement responsables de la prise en charge des offrandes.
On peut comparer dans la tombe, selon deux axes différents, sur les murs ouest et est.

b)- La suite du cortège

() Il s'étire derrière le couple royal et s'étend sous la représentation du palais évoquée plus haut. Nous voyons défiler en chariot les princesses royales et leur suite, encadrées de chaque côté (mais figuré en dessous et au-dessus) par le service d'ordre dont les agents sont représentés (comme dans toutes les tombes amarniennes) d'une manière bizarre, non naturelle, courant tout en étant courbés à l'extrême, et tenant en main un bâton.

() Ce sont quatre princesses qui accompagnent ici leurs parents. Les aînées Merytaton et Maketaton se tiennent sur le premier char, mais sont presque effacées ; elles sont suivies sur le second par Ankh(es)-n-pa-aton et Nefer-neferou-aton-(ta)-sheryt (lit : Nefer-neferou-aton-la-petite, pour la distinguer de sa mère Néfertiti). Elles sont figurées comme des femmes adultes, ce qui est manifestement impossible : l'aînée devait avoir une dizaine d'années, pas plus. On peut d'ailleurs comparer avec leurs représentations sur le mur est : les petites princesses y sont bien figurées comme des enfants.
Dans chacun des chariots, l'une des princesses tient les rênes ainsi qu'un fouet, tandis que la seconde s'accroche de la main gauche à une poignée et passe le bras droit affectueusement autour de l'épaule de sa sœur, les protégeant ainsi toutes deux des cahots du chariot ().
Chaque chariot de princesse est accompagné de trois autres, totalisant six suivantes qui tiennent en main les enseignes surmontées d'une grande plume, elles aussi omniprésentes dans l'art amarnien. Les suivantes comme les princesses sont simplement vêtues d'une longue robe-manteau et d'un châle coloré ().
Ces chars devaient être d'une certaine largeur car le conducteur se trouve dans une petite cabine latérale, séparé ainsi des femmes, et ne risquant pas de les toucher en cas de cahot.
L'art amarnien aime les chevaux, et dans le cortège ceux-ci sont bien sûr nombreux. Leur pelage est d'un rouge sombre, comme presque toujours d'ailleurs dans l'art égyptien en général. Remarquons la raideur et le manque de naturel des animaux. Pas plus ici qu'ailleurs les artistes n'ont bien su représenter le cheval, un animal nouvellement introduit dans le pays et pour lequel il n'existait pas de canon traditionnel.

c)- En avançant vers le milieu du cortège, nous trouvons le roi et la reine.

() Akhénaton est représenté a plus grande échelle que Néfertiti, mais en dehors de cela, chars et chevaux sont strictement superposables. Probablement l'artisan a t-il voulu ainsi nous montrer qu'en fait le couple partageait le même chariot ().
Ce dernier est d'un modèle très léger - même sa caisse en bois est ajourée - tout à fait semblable à ceux trouvés dans les tombes de Thoutmosis IV et de Toutankhamon.
Le roi porte un pagne serré à la taille par une écharpe décorée. Il est coiffé du Khepresh et derrière son cou flottent deux rubans qui, comme l'écharpe, donnent une idée de mouvement. Il tient en main les rênes et un fouet. Les chevaux sont richement harnachés. Ainsi au niveau du garrot on trouve un harnais de cuir surmonté d'un disque. Ils portent sur la tête une sorte de capuchon de cuir auquel sont fixées de hautes plumes alternativement blanches rouges et bleues. Deux petits personnages courent sous la figuration du cheval, peut-être des palefreniers en cas de problème?

d)- Devant le cortège royal

( et ) On voit courir les hommes de la garde royale, disposés sur trois rangs. Celui du haut est formé de porte-étendards, de porte-éventails et à l'avant un archer (probablement Nubien, avec sa plume dans les cheveux) puis un porteur de lance (probablement asiatique avec sa barbe), puis un guerrier avec une hache ronde (probablement un Lybien).
Le second rang est formé de soldats portant lance, hache et un bouclier.
Enfin en dessous quatre hommes portent sur l'épaule ce qui ressemble à un fléau (?).

En dessous encore sont représentés quatre hommes représentant une sorte d'avant-garde : deux soldats et deux prêtres venus du temple pour les accueillir.

e)- Le registre inférieur

Formant une sorte de bandeau, il montre une autre escorte accompagnant un char. Il s'agit peut-être de celle de Meryra, ou plutôt de celle qui accompagnait de chaque côté le couple royal.

2)- Partie ouest du mur nord

Elle constitue la continuation du tableau, avec l'arrivée au temple ().

a)- Devant le temple

Tout le personnel est sorti pour accueillir et louer le couple royal ().
La scène semble se lire de bas en haut, avec tout d'abord quatre personnages qui ne sont pas des soldats (peut-être des prêtres accompagnant le roi) sont accueillis par des membres du clergé du temple, avec peut-être Meryra le plus en avant - mais hélas le texte est illisible.
En dessous, quatre flabellifères, un genou à terre, précèdent trois prêtres portant des bouquets et tirant deux boeufs gras (dont un richement paré) destinés au sacrifice (). Leurs collègues représentés en dessous sont, d'après ce qui reste de texte, de même rang qu'eux.

Sur les deux rangs du haut, des femmes revêtues d'une ample robe sont des chanteuses qui s'accompagnent de tambourins. On remarquera au second rang une fillette brandissant une branche festive ( et pour plus d'information voyez l'article ). Elles sont accompagnées de serviteurs de moindre rang dont certains, selon l'expression égyptienne, "flairent la terre".

b)- Le bandeau sous-jacent

Il continue celui du mur ouest, d'autres personnages de moindre rang, amenant également des boeufs sont représentés sur le même modèle ().

c)- Le Grand temple

Nous pouvons dans un premier temps examiner grâce à une et à une représentation dessinée par Jon Hirst le véritable aspect de ce complexe, dont l'étendue au sol est immense. On peut également apprécier la distance considérable entre l'arrière du temple (Gem-pa-Aton) et le sanctuaire (Hout-Benben)

L'artiste égyptien quant à lui nous donne une vue d'ensemble du monument selon une pseudo perspective est-ouest (). On entre dans l'enceinte par le grand pylône du bas. On pénètre ainsi dans un large espace tapissé sur les côtés de centaines de tables d'offrandes et qui entoure tout le bâtiment principal du temple.
Les différentes divisions du temple sont ensuite schématisées.

On voit de plus qu'à l'arrière du bâtiment principal et séparé de lui par un vaste espace vide (voir la photo satellite) s'en trouve un autre plus petit, le sanctuaire proprement dit (). Il s'agit du Saint des Saints, spécifiquement réservé à la famille royale.
On remarque dans la cour précédant ce dernier, à gauche, un escalier conduisant à une stèle sur un piédestal.

Tout ceci sera vu plus en détail dans la description du mur est.