La tombe TT82 d'Amenemhat

Amenemhat a vécu durant la première moitié de la 18e dynastie et a fait préparer sa tombe sous le règne de Thoutmosis III, dans la nécropole de Thèbes, sur la colline de Sheikh Abd el-Gournah.

Si l'on s'intéresse d'abord à ses principales fonctions, "intendant du vizir", et "scribe-comptable du grain dans le grenier de l'offrande divine d'Amon", il nous apparaît comme un personnage subalterne : le serviteur d'un autre et un simple scribe au sein d'une immense institution qui en compte des centaines.

Pourtant Amenemhat est un dignitaire riche et cultivé. En effet, il fait creuser une tombe de grande taille, inventoriée aujourd’hui TT 82, et dont la décoration semble être achevée. Celle-ci comprend des textes et des images nécessaires à sa survie dans l'au-delà suivant les différents modèles de renaissance disponibles dans la pensée égyptienne. En cela, Amenemhat suit la tradition de sa classe sociale.
Mais TT 82 comprend un certain nombre de particularités qui la rendent d'autant plus intéressante. Ainsi, Amenemhat réemploie le grand corpus funéraire de l'Ancien Empire, les Textes des Pyramides, comme très peu de notables de son époque. De plus, la tombe est particulièrement riche en informations à propos de la conception égyptienne de la mort et de la renaissance, des croyances divines en général.

Donc, si elle correspond assez bien à la norme des sépultures thébaines contemporaines par son architecture et son iconographie, elle comporte aussi de nombreuses originalités. Chaque tombe étant le reflet des choix de son propriétaire et des moyens qu'il peut consacrer à sa sépulture, la tombe 82 est tout à fait unique au sein des réalisations de la 18ème dynastie.

I- Amenemhat, le personnage

Amenemhat, "Amon est en avant", porte un nom très répandu dans l'onomastique thébaine, car Amon est la principale divinité de Thèbes.

Sa famille

Sa famille est bien connue. En effet dans sa tombe et sur les autres monuments qu’il fait élever il fait représenter aussi bien ses parents et ancêtres que ses frères et sœurs et ses descendants.

Grands-parents

Les grands-parents paternels d'Amenemhat se nommaient Kemy (ou Kay) et Antef. Kemy était "directeur des champs nouvellement acquis" et "Supérieur du portail". Ses grands-parents maternels étaient Antef et Iahhotep. Amenemhat ne fait pas mentionner les titres de son grand-père maternel Antef. Les deux grands-mères portaient simplement le titre "maîtresse de maison", réservé aux femmes mariées.

Parents

Le père d'Amenemhat se nommait Djéhoutymès. Il portait les mêmes titres que son père. Il est aussi désigné par le terme de "notable". La mère d'Amenemhat s'appelait aussi Antef. Elle était maîtresse de maison.

Frères et sœurs

En raison du flou induit par la pauvreté de la terminologie familiale égyptienne, il est souvent difficile de déterminer quel lien de parenté lie deux personnes. Ainsi, les termes "frère" (sen) et "sœur" (senet) sont appliqués non seulement aux enfants nés de mêmes parents, mais aussi aux demi-frères et demi-sœurs, aux cousins, et aux conjoints de cousins germains. Surtout, le mot senet est assez souvent employé pour désigner tendrement l'épouse. C'est pourquoi, dans l'iconographie de la tombe d’Amenemhat, il est difficile de déterminer qui sont ses vrais frères et sœurs, qui sont ses parents par alliance et ses parents plus éloignés : par exemple, lorsqu'une dame assise à côté d’un homme dans une scène de banquet est définie par le terme senet, est-elle "aimée de son mari" (assis près d’elle), ou "sœur d'Amenemhat" ?

Les frères et sœurs les plus importants sont tout de même identifiés avec certitude : la principale sœur d'Amenemhat est Iahmès, la mère de Baket-Amon. Son frère Amenmès est scribe du grenier de l'offrande divine, comme lui. Il est bien placé dans les banquets familiaux et doit être réellement un frère. Amen-[...] (il manque la fin du nom) est scribe du vizir, et suit toujours Amenmès.

Épouse

Amenemhat est marié à Baket, aussi appelée Baket-Amon. Elle est d'abord désignée comme "la fille de sa sœur". Elle serait donc sa nièce. La définition des mariages autorisés et interdits en Égypte ancienne nous est inconnue. Nous ne connaissons rien des tabous égyptiens en la matière, sinon qu'ils sont différents des nôtres. Nous savons que les Égyptiens se marient jeunes, souvent dès la puberté, la plupart du temps dans le voisinage géographique, dans le même milieu social, et parfois même avec des membres de la famille : il y a endogamie géographique, sociale et familiale. Le mariage d'Amenemhat et Baket ne doit pas paraître choquant, et il n’est pas exceptionnel.

Enfants

Amenemhat a de nombreux enfants, qui sont figurés sur les parois de sa tombe lui rendant le culte funéraire ou participant simplement aux banquets. Cinq fils sont représentés dans le monument. L’un d’entre eux s’appelle Amenemhat comme son père et fait offrande à ses parents trois fois : il doit être l'aîné, le plus important. Sur une paroi apparaissent les artistes de la tombe et le premier représenté est un de ses fils, qui a dirigé les travaux, mais son nom est effacé. Amenhotep doit être le cadet : dans la troisième salle et le caveau, il fait offrande à son père sur les murs opposés à ceux sur lesquels le fils aîné agit. Seules deux filles sont nommées dans la tombe, Satamon et Amenemheb. Dans la chapelle, elles sont toujours représentées ensemble.

Les choix des prénoms dans la famille montrent un réel attachement à Amon. Nous remarquons aussi que les mêmes prénoms reviennent d'une génération à l'autre, et même au sein de la même génération. Enfin, les aînés d'Amenemhat, dans sa famille ou celle de son épouse, portent des titres identiques aux siens…

Sa carrière

Les titres d'Amenemhat reflètent ses fonctions publiques dans la société égyptienne. En Égypte ancienne, il n'y a pas de séparation entre l'État et les clergés et l’on peut être employé dans les deux : Amenemhat en est un bon exemple.
Comme tout lettré, il porte avant tout le titre de scribe, mais rarement seul.

Sa première fonction est probablement celle de "scribe-comptable du grain dans le grenier de l'offrande divine d'Amon". Cela indique qu’il est responsable de l'entrée, du compte et de la sortie du grain conservé dans un grenier particulier du temple et réservé à la préparation des pains et gâteaux servis à la table d'offrande du dieu.

Après celui de comptable du grain d'Amon, son titre le plus important est celui d'"intendant du vizir". Le vizir est le second personnage de l’État égyptien après le pharaon, et, même s'ils sont deux à cette époque - un pour la Haute Égypte et un pour la Basse Égypte - l'intendant d’un tel homme politique a fort à faire : il est responsable de la gestion d’une maisonnée dont la taille se doit d'être à l'échelle de sa fonction de vizir. C'est de loin le poste le plus important d'Amenemhat. Il doit s'occuper des diverses sources de revenu de son maître et garder une comptabilité stricte du personnel, des champs, du grain, et des métaux précieux appartenant au domaine du vizir.

En plus de cela, il a l'habitude de se voir confier des constructions variées et des travaux similaires, non seulement au nom du vizir même, mais aussi au nom du roi : c’est son texte autobiographique dans la tombe qui le mentionne. Selon toute évidence, le vizir que sert Amenemhat est Ouser (TT61), bien connu par ailleurs. Mais peut-être a-t-il aussi géré la maison du père d'Ouser, le vizir Iahmès , puisqu'il rend hommage à celui-ci dans la première salle de sa tombe.

Outre ses titres principaux, Amenemhat en porte trois autres mineurs.

Il est assez régulièrement qualifié de "supérieur des tisserands d'Amon". Les tisserands attachés au temple d'Amon réalisent les tissus des habits sacerdotaux. Ils appartiennent donc à cette foule immense qui fait fonctionner la vie du temple. Amenemhat est responsable de la production de lin devant les prêtres.

Il porte aussi le titre de "directeur des champs nouvellement acquis", qui apparaît occasionnellement à la 18e dynastie. Nous ne savons pas si Amenemhat exerce cette fonction dans le temple d'Amon ou pour l'administration civile.

Enfin, son titre le plus mystérieux est celui de "Supérieur du portail". Cette fonction très ancienne reste méconnue.

Ses titres ne sont pas très nombreux, mais Amenemhat a d'importantes responsabilités au sein du temple d’Amon et auprès du vizir. Mais ni sa tombe, ni les autres mentions qui sont faites de lui sur d'autres monuments ne permettent de retracer sa carrière avec certitude et dans les détails, entre autre parce que les informations que nous recueillons dans TT 82 concernent principalement sa fonction d'intendant.

Bien sûr, il est d'abord devenu scribe, et a porté ce titre, signe de son indispensable compétence intellectuelle pour entrer dans l'administration. Il hérite de quatre de ses cinq titres : de son père et son grand-père paternel ceux de "directeur des champs nouvellement acquis" et de "supérieur du Portail" ; du père et du grand-père paternel de sa femme ceux d’"intendant du vizir" et de "supérieur des tisserands d'Amon". Donc seul le titre de "comptable du grain dans le grenier de l'offrande divine" ne lui a pas été transmis. Mais pour lui, il semble que son rôle auprès des vizirs compte le plus.

II- HISTOIRE DE LA TOMBE

1)- Les destructions et les réoccupations

Les premières mutilations subies par la tombe semblent être le fait de la période amarnienne, ce qui nous apprend que la chapelle était toujours ouverte et accessible plus de 100 ans après sa décoration. Les fidèles du dieu Aton martèlent au ciseau et au marteau le nom du dieu Amon, les trois signes formant ce nom, partout où ils apparaissent dans la chapelle (à quelques rares exceptions), ainsi que le mot "dieux" (au pluriel). Nous ne savons pas encore à quel moment les figurations du prêtre vêtu de la peau de léopard sont détruites. Le souvenir d'Amenemhat n'a en tout cas pas souffert d'une damnatio memoriae, comme c'est souvent le cas durant des périodes politiquement troublées.

Combien de temps Amenemhat et ses proches ont-ils bénéficié d'un service funéraire, de visites de la famille lors de la Belle Fête de la Vallée ? Aucun élément ne nous permet de le dire.

Le caveau et la chapelle ont été réutilisés pour des inhumations anonymes durant l'époque pharaonique, mais elles ont aussi été entièrement pillées, les voleurs n'ayant laissé que des morceaux de corps et de cercueils brisés, quelques fragments de l'équipement funéraire, des cônes, des vases canopes, près de 150 oushebtis grossiers et une brique magique.

Plus tard, la présence d'ermites coptes dans la nécropole thébaine est responsable d'autres dégâts irréparables dans les tombes. Chez Amenemhat, les moines ont ainsi entaillé les figures féminines des deux premières pièces, craignant peut-être les désirs interdits qui naîtraient en eux face à ces superbes images. Il en est de même dans de nombreuses tombes ayant servi d'habitat ou d'église, par exemple celle d'Ouserhat, TT 56. Sur le mur ouest du passage, ils ont griffonné plusieurs signes, quelques croix, et un mot. La chapelle a donc été réutilisée, peut-être comme habitat ou comme église, à l'époque copte et peut-être postérieurement.

Dans le couloir d'entrée, un trou ovale de la taille d'un corps a été creusé dans le sol, c'est une inhumation sommaire assez tardive, peut-être post-pharaonique. Dans la salle transversale, deux pièces et un renfoncement ont été grossièrement taillés, détruisant les peintures des murs est et sud (paroi est), et du coin nord-ouest. Sur les scènes d'offrande aux ancêtres et aux artistes, nous relevons l'effet de dégradations naturelles de la paroi, mais des martelages sont aussi manifestes. Puis une fois de plus la chapelle a été abandonnée au désert…

2)- L'histoire récente et la "fouille"

La dernière période de destruction de la tombe date des débuts de l'égyptologie. La tombe a été visitée par Robert Hay (Tombe n° 16, décrite dans son carnet de notes : British Library Add. MSS. 29824, pp. 60-65), copiée par James Burton et John Gardner Wilkinson. Richard Lepsius, à son tour, a visité la chapelle et le caveau et a été suivi par bien d'autres. La demande croissante des Occidentaux pour les images de l'Égypte pharaonique a poussé les habitants de Louqsor à arracher des fragments des peintures, chez Amenemhat comme dans les autres chapelles, avant qu'une porte en métal ne vienne en 1907 protéger la tombe des pillages. Mais d'après la description de Robert Hay, la tombe était à son époque dans l'état dans lequel Alan Gardiner l'a connue en 1914. Enfin Norman de Garis Davies et Ernest Mackay ont vidé les puits de leur contenu et restauré l'ensemble en 1914.

La tombe est et restera sans doute fermée au public.

III- Situation, architecture et réalisation de la tombe

Situation géographique

La tombe d'Amenemhat se trouve à Sheikh Abd el-Gournah, une des collines qui bordent les falaises du désert occidental, à Thèbes. Durant la première moitié de la 18e dynastie, c'est ici qu’est creusé le plus grand nombre de tombes privées.

Amenemhat prépare son inhumation à proximité de celles des deux vizirs qu'il fait représenter dans sa tombe, Iahmès et Ouser (TT 83 et TT 61), de trois premiers prophètes de divinités importantes (TT 86 de Men-kheper-Rê-seneb, TT 59 de Qen, TT 225 appartenant probablement à Amenemhat homonyme), et de personnages possédant les plus hauts postes dans l'administration royale et dans celle du temple de Karnak (Par exemple TT 81 d’Inéni, TT 87 de Min-Nakht, TT 84 d’Iamounedjeh, TT 99 de Sen-neferi). La tombe d’Amenemhat se trouve donc parmi celles de l'élite administrative et religieuse de son époque, qui s'est réservé le haut de la colline, et auprès d'importants notables du temple d'Amon qu'il a côtoyés.

L'emplacement de la tombe, dans l'antichambre de l'Au-delà

Comme la plupart des Égyptiens de haut rang, Amenemhat fait préparer sa tombe sur la rive ouest du Nil. Dans la pensée égyptienne, le soleil "meurt" chaque soir à l'Ouest pour renaître le lendemain à l'Est. En étant enterrés à l'Occident, les défunts espèrent suivre l'astre dans sa course nocturne et renaître avec lui au matin. Plus simplement, ils cherchent à s'identifier à lui.

À Thèbes, certaines particularités topographiques accentuent le caractère funéraire de la rive ouest : ainsi la Cime, le plus haut sommet du plateau derrière les falaises désertiques, est un symbole solaire en raison de sa forme pyramidale et à un symbole hathorique : dans les croyances funéraires thébaines, la montagne est la vache Hathor, incarnation de l'Occident propice aux défunts mais aussi vache du ciel qui avale le soleil chaque soir pour lui redonner naissance au matin. Ainsi, à Thèbes, le défunt, déjà enterré dans le ventre de la déesse, s'approprie un destin solaire.

Traditionnellement, une tombe est orientée selon un axe symbolique est-ouest. Ainsi, la paroi la plus éloignée de l'entrée se trouve le plus près du royaume des morts, à l'ouest. Cette paroi est occupée par une stèle fausse-porte, moyen de communication entre les vivants et le défunt, par le biais d’une statue du défunt. C'est par la fausse-porte que le défunt revient participer au repas funéraire sous la forme de son ka (son énergie vitale).

La tombe TT 82 est orientée selon un axe géographique quasiment sud-nord (l’entrée est au sud-sud-est), de sorte que l'espace le plus sacré, au fond de la tombe, se trouve au nord, et non à l'ouest. À Thèbes, les tombes aménagées dans les collines au pied de la falaise occidentale ne peuvent pas toutes être orientées selon un axe est-ouest, en raison des contraintes topographiques. Artisans et propriétaires ne s'en inquiètent pas, et considèrent que la tombe est orientée malgré tout selon un axe est-ouest, l'axe symbolique.

Remarque : la présentation architecturale de la chapelle et la situation des scènes se feront ici selon une orientation géographique. Les directions "gauche/ droite" se rapportent à une personne entrant dans la chapelle. Les registres sont numérotés de haut en bas car ce sont généralement les registres supérieurs qui sont les mieux conservés.

L'architecture de la tombe, traditionnelle ?

La tombe d'Amenemhat est précédée d'une avant-cour immense creusée dans la colline, un espace transitoire entre le monde des vivants et le monde des morts. L'hypogée est composé de deux espaces creusés distincts : une chapelle funéraire au niveau de l’avant-cour et un complexe souterrain.

1)- La chapelle

La chapelle, c’est-à-dire la partie supérieure de la tombe, toujours accessible aux vivants après l’inhumation, comprend quatre pièces en enfilade.
La première est un long couloir d'entrée de 6,60m de long environ.
Nous pénétrons ensuite dans une pièce transversale perpendiculaire à l'axe de la tombe, qui mesure 11m de large environ.
La troisième pièce est le passage, une longue pièce qui suit l'axe de la tombe, un peu plus basse de plafond que la précédente et qui mesure 5,50m de long.
La dernière pièce constitue presque un carré de 3,25m de côté environ. Cet espace appelé ici "sanctuaire" est le plus sacré de la chapelle. Le mur du fond est percé par une niche de très grande taille qui contenait probablement la statue d'Amenemhat et de son épouse. Aujourd'hui il n'en reste rien.

2)- Le complexe souterrain

L'accès aux pièces souterraines, fermé au jour des funérailles après que le défunt et son matériel funéraire y est descendu, se fait par un puits vertical de 8,50m de profondeur partant du sanctuaire. En bas se trouvent plusieurs salles, mais une seule est décorée, le caveau proprement dit. C'est une pièce rectangulaire large de 2,60m, longue de 3,60m. L'entrée se fait par l'extrémité orientale du mur nord, tandis qu'à l'extrémité occidentale du même mur s'ouvre une niche profonde.

3)- Aspect général

La structure de la tombe d'Amenemhat suit le schéma général "en T renversé", un plan commun à la plupart des tombes de la 18e dynastie : une première salle parallèle à la façade de la tombe et une seconde qui lui est perpendiculaire, complétée par un sanctuaire et une niche.
Mais TT 82 n'est pas une réelle "tombe en T", le couloir d'entrée étant exceptionnellement long. En effet, la tombe a été creusée au Moyen Empire, deux cents ans avant qu'Amenemhat ne l'achève et ne l'aménage à son goût.
Au début de la 18e dynastie, tandis que le pays se reconstruit et que les rois de Thèbes réaffirment leur pouvoir par de grandes constructions, les riches nobles trouvent peu de main-d'œuvre habile pour creuser leur tombe. Ils se contentent souvent de tombes déjà ébauchées qu'ils font achever. Il y aurait finalement autant de tombes du Moyen Empire que du Nouvel Empire dans la nécropole thébaine.

La réalisation de la tombe

Comme ses voisines, la tombe d'Amenemhat n'est pas ornée de bas-reliefs, mais simplement peinte. En effet, se trouvant haut sur la colline, elle est creusée dans une couche de calcaire de mauvaise qualité qui ne peut pas être sculptée. La paroi de calcaire grossièrement taillée est couverte d'une couche de calcaire broyé, puis d'une couche de mortier de calcaire plus fin, avant que les pigments de peinture ne soient appliqués.

Tous les plafonds sont divisés en sections par de longues bandes jaunes inscrites de grands hiéroglyphes bleus et peints de façon élaborée () Les motifs sont des fleurs et des figures géométriques dans les tons blanc, ocre, brique et bleu.

variété des plafonds

Le style des encadrements de porte (ce sont des lignes et des colonnes de textes hiéroglyphiques entourant les portes) varie peu dans la tombe, et comme celui des plafonds, il est tout à fait traditionnel (). Les formules peintes sont principalement des prières aux dieux ou des rappels des titres d'Amenemhat. Ces encadrements viennent rompre la continuité des scènes.

Le décor n'occupe pas la totalité des parois. Comme dans la plupart des tombes thébaines, le soubassement est plâtré et laissé blanc. Ici, il mesurerait 55 cm sous les scènes et au moins 75 cm dans les encadrements de portes. Une bande noire de 10 cm sépare cet espace vierge des figurations. Différentes bordures entourent les scènes sur les côtés et au-dessus. Partout au-dessus des scènes, la bordure supérieure est surmontée du motif khekherou en frises de 17 à 19 cm de haut, de couleurs bleue, verte et rouge.

Enfin, dans la chapelle, les principales inscriptions des scènes sont dessinées minutieusement et peintes avec des couleurs variées, tandis que les textes mineurs, descriptions ou discours, sont de plus petite taille et toujours peints en bleu.

IV- LE PROGRAMME ICONOGRAPHIQUE ET TEXTUEL DE LA TOMBE

Une remarque préliminaire s'impose : dans la civilisation égyptienne, l'image a, avant tout, une utilité. Ce qui pour nous est une œuvre d'art picturale est, pour les Égyptiens, un élément nécessaire dans leurs conceptions funéraires. Sa qualité artistique est importante mais secondaire. C'est pourquoi l'artiste est souvent demeuré anonyme. Les sources permettant d'identifier l'auteur d'une œuvre d'art sont très rares, mais la tombe d'Amenemhat fait partie de celles-ci, comme nous allons le voir…
Dans le large répertoire de thèmes iconographiques disponible à Thèbes au Nouvel Empire pour les tombes, Amenemhat a sélectionné certaines scènes et en a écarté d'autres. Le programme décoratif qu'il a choisi est donc révélateur de sa pensée et de ses besoins en matière funéraire.