Parois Ouest et Nord

(C et D sur le et )

Nous les regroupons car on y trouve des scènes qui se prolongent d'une paroi sur l'autre, Ces scènes sont en rapport avec les funérailles et se répartissent en cinq registres ; elles font intervenir la momie et le cercueil d'Ameneminet. Lorsqu'elles seront achevées, le défunt aura repris sa forme vivante et se présentera devant les dieux du monde souterrain, ce qui constitue le thème des autres parois.

Registre inférieur (N°1)

() Il est très abîmé par les eaux d'infiltration et de qualité médiocre : la couleur de fond n'a pas été appliquée ; les textes, souvent absents, auraient dû être écrits dans des rectangles blancs, au-dessus des personnages. Ces derniers sont dessinés au trait noir, tout comme le mobilier, tandis que les vêtements et certaines offrandes sont en blanc.
Le registre peut être divisé en trois parties.

1) -À gauche

(vue ci-dessus à gauche, et ).

Trois couples sont assis, les hommes sur des chaises, les femmes sur des tabourets garnis de coussins ; ils sont tournés vers la droite. Devant chacun se dresse une table d'offrandes. Tous portent le pectoral ousekh, et leurs longues perruques sont recouvertes d'un cône parfumé, piqué d'une fleur de lotus chez les femmes. Les hommes tiennent dans leur main droite un sceptre sekhem . Derrière le couple de droite, une jeune fille debout lève la main. Devant ces couples et tournés vers eux, un personnage tend les deux mains vers une table d'offrandes.

2) - Au centre

()

La scène se poursuit sur la paroi Est. Un homme, tourné vers la droite, empoigne de la main gauche l'anse d'une composition végétale formée d'oignons aux tiges nouées. Un bouquet d'oignons formant une pyramide se trouve devant lui, à côté d'une table d'offrandes comportant des miches de pain (blanches), surmontées d'une botte d'oignons. Les oignons jouent un rôle hautement symbolique, notamment lors de certaines fêtes religieuses (voir sur ce sujet ). Deux laitues se dressent parallèlement au pied de la table. En face nous trouvons "Le prêtre-ouab, premier prophète de Ptah, Ameneminet" assis, brandissant un sceptre sekhem d'une main, tandis que son autre main est dressée, paume vers les offrandes. Derrière lui se tient son épouse "La chanteuse d'Amon Nefertari" ; viennent ensuite trois jeunes filles et un garçonnet, probablement les enfants du défunt ().

3) -À droite

Le nouvel orant est "Le prêtre-ouab, premier prophète de Ptah-Sokaris dans Hout-neb-Maât-Rê, Djeserkarê" (ce lieu peut correspondre, soit à la tombe d'Amenhotep III, soit plutôt à son Temple de Millions d'Années, l'Amenophium). L'homme est aussi désigné comme prêtre-ouab de Ptah mais son nom a disparu. Devant lui se dressent deux tables d'offrandes. Sur la première se trouvent cinq torches allumées (?) ainsi qu'une grande structure conique qui évoque un cierge, en rapport probable avec la cérémonie intitulée "allumer les torches" (voir sur ce sujet l'article de Davies et un cas superposable dans la tombe TT 31 de Khonsou : ). Sur la seconde table sont posées des victuailles. Le couple qui se trouve en face est anonyme. L'homme, qui a un cône festif sur la tête, tient en main un sceptre. Toute la scène est très détériorée, en particulier son prolongement dans le renfoncement de la paroi conduisant au caveau, où on retrouve ce qui reste de quatre femmes surmontées d'un texte haché : "Sa fille Tai…? ; sa fille…? sa fille Neshor (?) ; sa fille Khia (?) ".

Registre N°2

( et )

1) - Le traîneau

Le décor commence sur la paroi ouest par la représentation d'une barque funéraire reposant sur un traîneau tiré par des hommes et des bœufs. Sur la barque se trouve un catafalque en bois sculpté et doré, rehaussé de frises peintes en noir, qui protège la momie. À l'avant et à l'arrière se tiennent Isis et Nephtys, bras levés. À la proue, un canidé noir se tient debout sur un pavois : il s'agit probablement d'Oupouaout, "l'ouvreur des chemins" ( et ). Devant la barque et tourné vers l'arrière, un prêtre-sem vêtu de la peau de panthère traditionnelle fait un encensement (). Remarquons qu'il porte une perruque, ce qui n'est pas le cas des quatre prêtres chaussés de sandales qui tirent la corde de halage. Cette dernière se dédouble pour aboutir à deux sous-registres sur chacun desquels se trouvent quatre bœufs et leur bouvier ).

2) - Les pleureuses

()

Elles sont sept plus une petite fille. Chacune porte une très grande robe gris-bleu, frangée, nouée sous les seins ; cette couleur est inhabituelle dans la nécropole thébaine. Leurs cheveux en désordre sont retenus autour de la tête par un bandeau blanc, signe de deuil. Toutes font les gestes traditionnels de désespoir. À l'arrière, dans une composition très théâtrale, la dernière pleureuse semble vouloir se précipiter sur le catafalque, tandis que la jeune fille tente de la retenir (on notera au passage la longueur démesurée de ses bras). Le texte en hiératique au-dessus d'elle dit : "Pour le Ka de la chanteuse d'Amon Takheret".

3) - Les deux couples de femmes

()

Ces deux couples se trouvent devant les pleureuses. Leur attitude ainsi que leurs habits sont uniques dans la nécropole thébaine. Elles avancent à demi courbées, leurs cheveux tombant sur la poitrine ; leurs bras ballants sont ridiculement courts, comme atrophiés, surtout si on les compare à ceux des pleureuses qui les suivent. Elles sont vêtues d'une robe blanche moulante sur laquelle se trouve une sorte de châle jaune ou rouge qui enserre les épaules. Le rôle de ces femmes reste un mystère : peut-être s'agit-il de prêtresses exécutant un rite ou une danse particulière.

4) - Un groupe de huit hommes

Ces huit personnages ont des jambes extrêmement allongées qui contrastent avec de petits bras. Leurs jupes sont alternativement blanches, ocre-rouge et ocre-jaune, de même que le tissu qui enserre leurs chevelures. Ils tendent une coupe devant eux, difficile à distinguer dans le premier groupe où les bras semblent plutôt emmêlés !

5) - Scènes de boucherie

()

Il s'agit de deux petits sous-registres.
Sur celui du haut, un bœuf abattu gît à terre et un boucher est en train de le découper. À gauche, un homme portant un vase ovoïde (ou un cœur stylisé) court vers la momie redressée pour la cérémonie de l'ouverture de la bouche. De même en dessous un autre homme court avec une patte avant, le morceau de choix. Derrière celui-ci une vache au pelage rouge avance vers la droite.
Nous nous trouvons alors à l'entrée de la descenderie, et la paroi oblique brusquement ().

6) - Fin du second registre

()

Dans le petit renfoncement dont nous venons de parler, nous trouvons une déesse et un harpiste. C'est l'aboutissement final de tout le cortège funéraire qui s'étale depuis l'entrée de la chapelle.

La déesse est "Amentit la grande", déesse de l'Occident, assise sur un siège cubique, avec un long sceptre floral en main (). Elle porte sur la tête le hiéroglyphe de son nom. Elle semble défendre l'entrée du domaine souterrain dont elle a la garde.

En dessous, tourné vers l'entrée du caveau, un harpiste accroupi joue de son instrument (). Ses mains sont très maladroitement représentées. Un texte très fragmentaire se trouve devant lui : "[…] le chanteur de Ptah-Sokaris […]"

Registre 3

( et )

1) - Le traîneau

Sur la gauche on trouve un second catafalque placé sur une barque reposant sur un traîneau. L'aspect est presque exactement superposable à la barque du registre sous-jacent ( et ). Toutefois sa taille est inférieure et elle est tirée non plus par des bœufs mais par quatre hommes ; il s'agit donc de la barque transportant les vases canopes qui contiennent les viscères du défunt. Devant les haleurs s'avance un personnage de plus petite taille qui agrippe dans sa main droite les hampes de trois papyri qui reposent sur son épaule ; dans sa main gauche, il tient une situle.

2) - Le prêtre lecteur

Puis on trouve un officiant, qui agit comme prêtre lecteur, "Le prêtre-ouab, le père divin, Piay" ( et ). Il porte dans son dos, au-dessus de sa longue et ample tunique, un panier en osier contenant les rouleaux de papyrus ; il en a sorti un, celui dont les formules accompagnent le rituel de l'ouverture de la bouche et des yeux, et le lit à haute voix. Devant lui se trouvent divers objets du rituel qui étaient rangés à l'intérieur d'un coffre à pieds mais que, selon l'habitude, le dessinateur a représenté isolément afin qu'on les voie mieux : trois herminettes, deux sacs, quatre vases à onguent, quatre pièces de tissu, diverses amulettes, quatre petites plaques rectangulaires blanches et deux curieux objets : un vase contenant le signe hiéroglyphique du siège évoquant la déesse Isis et un objet à manche recourbé qui se termine par une tête de bélier coiffée de l'uraeus.
Devant le coffre, un autre prêtre, "le scribe Piay", est en train de faire un encensement et une libation à l'aide d'un vase hes sur une énorme pile d'offrandes posées sur une natte : pains, morceaux de viande, fruits, raisins, volailles… une cassolette dans laquelle brûle de l'encens se trouve en haut. Ces victuailles occupent deux registres ( et ).

Registre 4

()

1) - Les officiants

À gauche, deux porteurs d'offrandes marchent vers la chapelle (). Chacun d'eux tient dans sa main droite un gros bouquet de tiges de papyrus liées entre elles, qui repose sur une épaule. L'autre main agrippe une palanche d'où pend à chaque extrémité un petit coffre qui semble recouvert d'un coussin (?). Un vase hes est attaché à deux d'entre eux. Le petit texte écrit en hiératique dit : "verser de l'eau".
Devant eux se trouvent quatre prêtres-ouab, crânes rasés, sandales aux pieds, qui portent leur main gauche à la bouche en signe de deuil. Ils sont vêtus d'amples tuniques à bords frangés. Derrière eux, le texte dit : "Le père divin, le prêtre-lecteur dans (?) le temple d'Amon" () tandis que celui qui se trouve devant eux dit "Les prêtres ouab, les prophètes, sont devant lui (?) ".
Cinq autres officiants les précèdent, tenant en mains les objets du rituel d'ouverture de la bouche, qui sont représentés juste en dessous, au registre inférieur. Près du monceau d'offrandes on reconnaît "le prêtre-sem (dans) le temple de Sokaris, Minmes" qui fait une lustration à l'aide de quatre vases (qui semblent n'en former qu'un).
L'eau ruisselle par-dessus les offrandes pour entourer les deux cercueils redressés devant la chapelle, but final de la procession ( et ).

2) - Devant la chapelle

(, )

a) - Les sarcophages

Ce sont deux sarcophages anthropoïdes avec une barbe tressée contenant probablement la momie qui sont redressés à la verticale. Le fait qu'il y en ait deux pour l'enterrement d'une seule personne pose un problème : la barbe postiche indique qu'il s'agit d'un homme, et comme aucun autre défunt n'est mentionné dans les textes, Mme Vandier pense qu'il s'agit du même sarcophage représenté à deux moments différents de la cérémonie. C'est d'autant plus vraisemblable que dans les deux scènes suivantes relatives, à la fin des funérailles, il n'y a plus qu'un seul sarcophage, et que tous ces cercueils sont identiques.
Les deux cercueils sont démesurément longs, encadrés de hautes tiges de papyrus. Aux pieds du premier on trouve l'épouse du défunt "La chanteuse d'Amon, Nefertari" qui porte la même robe gris-bleutée que les pleureuses ; elle verse de la poussière sur ses cheveux défaits, signe classique de deuil, tandis que son autre bras entoure les jambes du sarcophage ; on remarquera comme sa main est maladroitement coincée entre l'arrière du sarcophage et le pagne du " (Le) prêtre ouab Ptahmes" qui maintient le cercueil debout ().
Derrière cette scène on trouve, reproduite en miniature, la stèle qui se dressait autrefois sur la façade de la chapelle.

b) - La stèle

Dans le cintre () se trouve le défunt en adoration devant Rê-Horakhty qui est assis sur un trône cubique et qui tient en mains une croix ankh et un sceptre ouas. Au-dessus d'Ameneminet, on trouve écrit :"Adorer Rê-Horakhty, le grand dieu, pour le ka du père divin du temple funéraire d'Amenhotep III, du temple de Sokaris, Ameneminet, juste de voix".

En dessous du cintre se trouvent six lignes horizontales destinées à accueillir un texte qui n'a jamais été écrit.
La partie inférieure de la stèle () montre à nouveau le cercueil dressé, maintenu par un prêtre qui a revêtu un masque d'Anubis. Devant le cercueil un autre prêtre, "[…] Piay" fait une lustration sur des offrandes à ses pieds et un encensement. Une femme agenouillée se lamente comme le faisait Néfertari dans la scène précédente.

Au-dessus de la stèle se trouvent deux lignes de texte en hiératique : "Le prêtre ouab, le père divin du temple de Neb-Maât-Rê (Amenhotep III), vie-santé-force, dans la maison d'Amon à Thèbes, Piay, surnommé le scribe Amenemopet".

c) - La chapelle

On voit bien qu'elle est adossée à la montagne thébaine dans laquelle elle pénètre.

Au sommet se trouve une pyramide recouverte d'un pyramidion noir, avec l'habituelle niche destinée à une stèle ().

En dessous on trouve deux corniches à gorge avec entre les deux une saynète montrant le défunt agenouillé, en adoration devant la barque solaire, avec les restes fragmentaires d'un texte : "[…] pour le père divin Ameneminet, juste de voix".

La porte en bois est peinte en jaune et comporte une petite représentation du défunt en adoration devant Osiris.

Le linteau qui la surplombe comporte, comme les jambages, un texte () :"Une offrande que donne le roi à Rê-Horakhty, le grand dieu ; Une offrande que donne le roi à Atoum, maître d'Héliopolis"

Jambage gauche : "Une offrande que donne le roi à Osiris khentyimentyou, Ounnefer, seigneur d'Abydos […] pour le ka […] Ameneminet".

Jambage droit : "Une offrande que donne le roi à Anubis, (maître de) la tente de purification, qui est dans ses bandelettes, le maître de la nécropole, pour le Ka du père divin de Ptah-Sokaris, Ameneminet".

5e registre

Il met en scène la procession de statues royales d'Amenhotep III et de sa grande épouse royale Tiy vers le lac sacré de l'Aménophium (probablement) (, , ).

1) - La procession

Les statues reposent sur des traîneaux qui sont tirés chacun par un groupe de quatre prêtres chaussés de sandales : les quatre premiers haleurs portent des perruques, les quatre autres sont rasés. Derrière le groupe, tourné vers l'arrière et tenant un grand éventail à plumes se trouve Ameneminet en personne "père divin dans le temple d'Amenhotep III" : nul doute qu'il a souvent, en tant que flabellifère, participé à cette cérémonie de son vivant.

Derrière lui se dresse une statue du roi Neb-Maât-Rê (). La statue a été vêtue d'une grande robe blanche à bords frangés tenue aux reins par une ceinture. Il porte la couronne bleue ornée d'un uraeus. Un large collier ousekh s'étend sur sa poitrine. Sa main gauche tient une grande canne, tandis que sa main droite empoigne une massue hedj. De chaque côté de la tête du souverain on trouve (et chez la reine pareillement) des tiges de papyrus épanouies.

Entre la statue et le personnage qui la suit, on trouve un court texte : "Le (prêtre) sem de l'Aménophium, Ousermontou, juste de voix" ; ce personnage porte effectivement la peau de félin de cette fonction. Vient ensuite un autre flabellifère du nom de Piay.

La statue de la reine repose elle aussi sur un piédestal (). Elle est vêtue d'une grande robe à bords frangés ; en main elle tient une fleur de lotus ouverte et le flagellum végétal courbe des reines. Sur sa tête est posé une dépouille de vautour ; au-dessus, sur un mortier, sont placés deux grands uraei entourant une nèpe, un scorpion d'eau (voir le site ). Cet insecte n'a pas de dard, mais sa queue dressée hors de l'eau lui permet de respirer. Cette coiffe royale, qui n'a pas d'équivalent dans les autres tombes, devait être en or. Derrière la reine se trouve un personnage désigné comme ""Son fils, le père divin de Ptah-Sokaris, Ptahmes, juste de voix" ; le personnage fermant la marche, un éventail en mains, est "Son fils, le prêtre-ouab Ouserhat, juste de voix".

2) - Le lac sacré

De chaque côté du débarcadère se tiennent, accroupies devant un petit plateau garni de pains et de végétaux, Isis et Nephtys (). Le bassin, rectangulaire, semble de grande taille. Il s'agit probablement de celui de l'Aménophium, peuplé de fleurs et de nombreuses espèces de poissons (, ). Un débarcadère se trouve entre les deux déesses.

3) - Les deux barques

L'aspect d'ensemble de la scène fait dire à Vandier qu'il s'agit probablement d'une manœuvre d'accostage. Le premier bateau, sur la gauche, est le bateau tracteur, tandis que le second, qui n'a aucun rameur, représente la barque sacrée, qui est tractée. On ignore à quelle occasion les statues ont été ainsi sorties.

a) - La barque sacrée

Au centre trône le naos de bois orné de piliers djed et de nœuds d'Isis et surmonté d'une frise. Un prêtre sem pratique un encensement, tandis que de part et d'autre, Isis et Nephtys se lamentent. Derrière la déesse de gauche se trouve un pavois surmonté du canidé Oupouaout, L'homme de proue, qui tient la corde reliant les deux barques, fait un signe à l'homme de poupe qui relâche ses avirons de gouverne pour l'accostage.

b) - La seconde barque sert de remorqueur

Cinq marins tiennent des avirons ; l'homme de proue sonde le fond à l'aide d'une longue perche et, tourné vers l'arrière, donne des indications au barreur de poupe qui a lâché son aviron de gouverne et prépare, avec son collègue de la seconde barque, l'accostage des statues après leur pèlerinage sur le lac.