LE PASSAGE ENTRE LES DEUX SALLES

Il s'ouvre dans le mur ouest, juste dans l'axe de l'entrée. Il ne mesure qu'un petit plus de 1m de long pour 0,76m de large. Le plafond est légèrement en pente, joignant celui de la première salle (2m) à celui de la seconde (1,90m) ; irrégulier au début des années 1900, il a par la suite été aplanie ( depuis la salle 2).

Mur nord (à droite)

Un enduit blanc a été appliqué, mais il semble n'y avoir jamais eu de décor. Peut-être, malgré l'absence de trace, y avait t'-il une porte à cet endroit, dont le panneau se rabattait sur ce côté de la paroi ?

Mur sud (à gauche)

Une grande partie du décor initial est perdu, sauf la partie située près de la seconde pièce. On y voit Menna, suivi de sa femme, tournés vers la sortie et le soleil levant. Un morceau de la frise rectangulaire d'encadrement persiste dans le coin supérieur droit, surplombée par une épaisse ligne noire comportant un motif en maillons de chaine blanc, à centre rouge. L'ensemble est surmonté d'une frise de fleurs de lotus inversées () avec vraisemblablement encore quelque chose au-dessus, qui a disparu ().

Menna et son épouse sont très abimés. Une partie des dommages subis par Henouttaouy sont modernes, comme le montre cette , ayant abouti à la disparition quasi complète de son visage. On reconnait son collier, ses armilles et bracelets, ainsi que sa tunique semi transparente. Elle tenait un sistre doré dans sa main droite ballante, mais on ne peut plus dire ce que tenait la main croisée sur sa poitrine. À la différence de son mari, une petite partie du texte qui la concernait a survécu : "[…] Rê, à suivre dans […] grande fête, [chanteuse d'Amon] sa sœur, la maîtresse de maison, [chanteuse d'Amon, Henouttaouy]".

LA SALLE LONGITUDINALE

Ses dimensions sont mentionnées sur . Comme on le voit, la pièce est légèrement plus large au fond qu'à l'entrée. Actuellement, il y a un éclairage, mais dans l'antiquité, cette pièce était d'autant plus sombre qu'on s'approchait du fond, comme il sied à un endroit consacré à des scènes essentiellement funéraires.
Le plafond n'est que légèrement abimé près de l'entrée et à l'extrémité ouest, et on note une fissure transversal à peu près au centre ().
La longueur des deux parois longitudinales a permis de juxtaposer horizontalement et verticalement de nombreuses scènes différentes, souvent avec un grand luxe de détails. Par contre, à l'exception des scènes terminales de chaque paroi, il n'y a pas de textes d'accompagnement.
Le mur sud (gauche) est constitué de scènes funéraires et se conclut à son extrémité par la scène de la pesée du cœur du défunt. Le mur nord (droite) décrit des scènes rituelles en rapport avec sa transformation en bienheureux : voyage en Abydos, chasse et pêche dans les marais, "banquet".

Le mur d'entrée

Il est presqu'entièrement occupé par l'ouverture d'entrée, ne laissant de chaque côté que deux étroites zones pariétales qui ont perdu tout leur décor, sauf la frise de sommet et les trois barres colorées du bandeau inférieur. Le motif de la frise est identique à celui du reste de la pièce ().

Le mur sud

On peut le diviser en deux parties. À l'extrémité ouest se trouve la scène de pesée du cœur devant Osiris, et des porteurs d'offrandes. La partie Est est divisée en deux registres superposés consacrés aux tribulations du défunt avant d'atteindre le royaume osirien, chacun divisé en deux sous-registres. Le registre inférieur est consacré au transport par le Nil et par voie de terre jusqu'à Anubis, qui se trouve à gauche. Le registre supérieur montre le cheminement vers l'Amentit, la déesse de l'Ouest. La lecture commence par le bas dans les deux cas.

1) - Partie Est, registre inférieur

A- Anubis

()

Sa tête de canidé noire est accompagnée d'une perruque tripartite.. Il porte une tunique à bretelle actuellement verdâtre. Son pagne blanc est doublé d'un surpagne jaune noué à l'avant. Dans sa main gauche il tient un signe de vie tandis que la droite agrippe un sceptre ouas. Il fait face à deux sous-registres, que nous allons examiner de bas en haut.

B- Sous-registre du bas

(il porte six scènes, décrites de droite à gauche)

Deux bateaux de type différent voguent sur le Nil

Le premier est en bois clair, propulsé par trois rameurs debout (et non assis, ce qui est étrange). Le pilote se tient à la proue, surveillant les bancs de sable ou l'accostage, tandis qu'à l'arrière, un homme manie l'aviron de gouverne. Bien qu'il n'y ait pas de corde, ce bateau tracte celui qui le suit.

Le second est un esquif léger, construit à l'aide de bottes de papyrus ligaturées (). Il y a cinq passagers, trois hommes et deux femmes. Les hommes sont désignés, dans de courtes inscriptions presqu'effacées, comme l'officiant, l'embaumeur et le prêtre-sem. Ils soutiennent un cercueil rectangulaire en bois clair, avec un décor en face de palais et surmonté d'une corniche à gorge colorée. Il est posé sur un lit léonin. Les deux femmes sont placées à chaque extrémité de la bière et jouent le rôle d'Isis et Nephtys veillant sur leur frère Osiris mort.

Cinq coffres en forme de sanctuaire per-nou de Basse Égypte se dressent sur un socle de pierre blanche
Les quatre de droite doivent correspondre aux boîtes à canope, abritant les vases contenant les viscères du défunt,

car ils sont sous la protection des Quatre Enfants d'Horus (auxquels nous avons consacré ), de droite à gauche : Qebhesenouef, Duouamoutef, Amsit et finalement Hapy. Tous sont représentés comme un personnage anthropomorphe, assis. Leurs noms sont inscrits devant eux, précédés de la phrase "Paroles dites par". Leurs visages ont été mutilés, mais le nom de "l'Osiris Menna" a été respecté. Le cinquième coffret, à gauche, porte l'image d'un personnage anthropozoomorphe, mais la colonne de texte est restée vide.
À gauche de ces coffres se trouve un objet non identifiable car trop abimé, dont nous n'avons, une fois de plus, pas d'image couleur ; à sa gauche se tient un ritualiste portant un rouleau de papyrus dans sa main gauche, sans doute en train de réciter les formules magiques appropriées.

Deux hommes (maladroitement représentés) tirent un traîneau en bois

Sur celui-ci est posé un cercueil avec corniche et décor en façade de palais ; au-dessus, mais il faut bien sûr comprendre dedans, un lit léonin, l'ensemble se trouvant dans une chapelle dont on voit le toit bombé.
Il s'agit du transport vers la tente d'embaumement d'une partie du matériel nécessaire, dont le reste suit à l'arrière sur deux bateaux en papyrus qui traversent le Nil d'est en ouest.

La boite à canopes

()

Un homme qui se trouve à terre attend l'arrivée de l'esquif suivant. Sur ce dernier se trouve un lit léonin supportant un coffre proche du cercueil précédent, mais plus petit, certainement destiné aux canopes. À l'avant et à l'arrière du bateau, deux sont accroupis, tournés en sens inverse.

Une stèle

()

Trois haleurs atteignent leur but et sont attendus par une femme qui porte un piquet d'amarrage, auquel la corde de halage est accrochée. Le bateau contient une haute stèle cintrée au sommet, blanche et encore vierge de toute représentation ou inscription, à laquelle deux femmes accroupies sont adossées.

Le dernier bateau

Il transporte deux hommes accroupis, le premier entièrement enveloppé d'un manteau blanc, le second, qui a un genou relevé, ayant sa main gauche sur la poitrine, poing serré. Nous ignorons leur signification.

C- Sous-registre du haut

(de droite à gauche)

Trois bateaux en papyrus se suivent

. Cette fois, tous trois ont un pont de bois clair.

Celui de droite ressemble au dernier que nous avons décrit. Une femme se tient cette fois à l'avant. L'homme derrière elle brandit de la main gauche une coupe contenant le cœur du bovidé égorgé (nous allons en parler) et tient dans sa main droite une patte avant dont il semble se servir comme d'une rame ().

Vient ensuite un bateau où nous retrouvons une grande stèle blanche dressée, encore une fois associée à deux femmes qui, cette fois, sont debout et semblent la soutenir. Elles sont vêtues d'une longue robe moulante à bretelles, la tête entourée d'un foulard blanc.
Le troisième bateau est endommagé à l'arrière, et l'homme de barre a presque disparu. À l'avant, une femme est accroupie, bras gauche tendu, bras droit agrippant le bras gauche. Suivent deux hommes en pagnes, un accroupi, un debout. Derrière ces trois personnages se dresse une "chose" parallélépipédique ; on a proposé d'y voir un coffre, décoré en noir en bas et de bandes horizontales et diagonales en haut.

Vient ensuite une zone endommagée avec restes d'un homme debout devant un coffre ? une chapelle ? ().

Six coffres ou chapelles de haute taille, en forme de per-nou, ont un décor fait de lignes verticales (ou courbes sur les sommets), sauf le quatrième où on trouve un croisillon rouge sur fond blanc, délimitant des losanges centrés par un point. Un homme se trouvait à leur gauche, mais ne persiste qu'à l'état de débris.

Un autre bateau en papyrus porte à l'arrière deux hommes accroupis, entièrement cachés par leurs manteaux blancs, et l'esquisse d'un troisième personnage à l'avant ().

Sacrifice d'un bœuf. L'animal égorgé git sur une natte, pattes arrières ligotées. Un boucher tire sur une patte avant tout en découpant la chair à l'articulation. Un prêtre effectue une libation d'eau sur le sacrifice, tandis que l'homme qui le suit récite les formules inscrites sur le rouleau qu'il tient en main.

2) - Registre supérieur

Celui-ci se focalise sur la déesse Amentit, la déesse de l'Occident, à l'extrême gauche, tout comme le registre supérieur était focalisé sur Anubis. La zone qui se trouve devant elle se divise en deux registres dont les occupants se dirigent vers elle.

A- Amentit

Elle porte une perruque tripartite, avec un serre-tête blanc noué sur la nuque, sur laquelle est posé un faucon doré, idéogramme déterminant son nom. D'habitude, le faucon se trouve placé au-dessus du hiéroglyphe de l'ouest (). La confusion avec Hathor est fréquente et volontairement entretenue pour montrer l'interchangeabilité des deux déesses. Progressivement au cours du Nouvel Empire, Hathor prendra le dessus sur Imentet, qui n'avait pas de culte spécifique, mais à qui on rendait hommage dans les tombes, comme ici.
Imentet est vêtue d'une robe blanche moulante à bretelles, qui descend presque jusqu'à ses pieds nus. Elle porte un collier et des bracelets autour des poignets, des avant-bras et des bras. Dans une main elle tient un signe de vie, dans l'autre un sceptre ouas.

B- Sous-registre inférieur

Vaches, bouvier et haleurs

Juste devant la déesse se trouvent deux paires de vaches, de trois couleurs différentes, attachées par les cornes. Elles sont suivies d'un bouvier qui les guide de la main et avec une badine. Derrière lui, dix hommes répartis en paires tiennent la même corde que celle tirée par les bovidés

Zone endommagée

Au moment de la découverte (photo de gauche), il apparaissait clairement que le (s) personnage (s) le plus à droite avait été volontairement effacé ; depuis, les dégâts se sont aggravés et étendus, vers l'avant aux deux derniers haleurs et vers l'arrière au personnage vêtu d'un grand manteau blanc enveloppant et portant une canne (le vizir ?) (). La femme qui se tient derrière lui a subi aussi de nouveaux dommages par extension de la lacune qui se trouve derrière elle. Dans celle-ci, on ne voit plus que la partie supérieure, bombée, d'un catafalque (ou d'un coffre).
À l'extrémité gauche de la grande lacune se trouvaient de nombreux personnages habillés différemment qui portaient un modèle réduit de barque surmontée d'un catafalque, et qui ont disparu aujourd'hui.

Deux adolescents et huit hommes

Comme on le voit sur la photo, la lacune s'est également agrandie dans cette direction. Les deux jeunes gens portent chacun une grande jarre bouchée blanche en équilibre sur une épaule. Les huit hommes qui suivent portent des sur-pagnes ou des tuniques transparents, et tiennent des cannes de fonction : il s'agit de dignitaires, collègues ou amis du défunt. L'arrière de la scène est également en lacune.

Quatre bateaux concluent le sous-registre

Les trois premiers sont du même type et presque superposés. Il s'agit de grand bateaux de bois richement décorés, mais dont la partie avant a disparu. À la poupe de chacun se trouve un grand aviron de gouverne, joliment décoré d'une grande fleur de lotus et d'yeux oudjat, maintenu en place par une pièce de bois également décorée. La poupe du vaisseau est ornée d'une grande fleur de lotus, tandis que la cabine de pont porte un décor vert et blanc, encadré de la même frise rectangulaire que les parois de la tombe ().

Les rameurs ont le dos tourné à la direction dans laquelle ils avancent ; l'un tourne cependant la tête vers l'avant. Ils sont debout, et il faut comprendre que les manche des avirons qu'ils manient passent dans les fentes ménagées en marron dans le plat-bord.

Une corde blanche relie ce bateau tracteur à celui qui le suit, sur lequel un homme accroupi vérifie qu'elle est bien attachée. Ce bateau est en forme de papyrus, vert sombre, mais en fait en bois, avec deux magnifiques corolles de papyrus ouvertes à la poupe et à la proue (). À côté de l'homme accroupi, le pilote, tourné vers l'arrière, donne ses instructions au barreur de la poupe. Trois jeunes pleureuses sont accroupies sur le pont : elles font les gestes de leur profession, mais, en bon observateur, l'artiste les a représentées indifférentes, comme étrangères à la scène. À côté d'elles se dresse un objet blanc, cubique, de grande taille pour lequel on peut suggérer, sous toutes réserves, qu'il s'agisse d'un catafalque recouvert de tissu blanc et dissimulant la momie.

C- Sous-registre supérieur

Derrière deux paires de bœufs (), il est formé d'une litanie un peu monotone de porteurs d'offrandes qui suivaient le cortège.
Deux bouviers conduisent chacun deux paires de vaches attachées entre-elles, de trois couleurs différentes. Le second est représenté avec une alopécie fronto-pariétale androgénique typique. Les vaches sont probablement destinées aux offrandes de lait lors des rituels et à pourvoir le défunt dans l'autre vie.
Les porteurs sont au nombre de vingt-cinq, et transportent les choses les plus diverses.

Tous sont dessinés selon le même modèle, à quelques nuances près au niveau des cheveux. Parmi les biens transportés, de nombreux coffres, deux chaouabtis sur un plateau, des denrées alimentaires diverses, des fleurs, une chaise (bizaremment portée ! ), un lit transporté par deux hommes, des tissus, des vases de pierre, des rouleaux de papyrus, des fleurs de lotus, un éventail et même un oiseau tenu par les ailes.

3) - Extrémité ouest - Registre inférieur

Sous la représentation de la pesée du cœur, nous trouvons quatre hommes en simple pagne, tête rasée, qui s'occupent des offrandes qui se trouvent devant le couple.

Les quatre serviteurs de gauche amènent toujours plus d'offrandes ; en face du premier se trouve une table basse chargée de fruits, la même que celle portée par le dernier. Le cinquième personnage, sur la droite, s'active autour des feux des quatre autels où rôtissent viandes et oiseaux (). Trois autels sont composés d'un pied blanc surmonté d'une vasque blanche. Le dernier, à droite s'apparente plus à un four. Entres les autels se trouvent des bols rouges contenant une substance blanche formant un bloc conique doublé de végétaux.

4) - Extrémité ouest - Registre supérieur

Scène principale de la paroi, la plus proche des statues de la niche ouest, elle représente la célèbre pesée du cœur (ou psychostasie) devant Osiris.

A- Osiris

Le grand dieu des morts se trouve à l'extrême droite, identifié comme "Osiris Ounnefer, seigneur de la Terre Sacrée (= la nécropole), le grand dieu, seigneur de l'éternité". Le dieu est assis dans un pavillon posé sur une plinthe noire et blanche, elle même posée sur un signe maat biseauté. Son siège cubique archaïque à petit dosseret couvert d'un coussin repose sur une natte tressée épaisse. Engainé dans son suaire, le dieu à les chairs vertes, comme ses mains qui émergent seules, brandissant le fouet et la crosse symboliques du pouvoir royal. Il est coiffé de la couronne atef et porte une longue barbe tressée recourbée. Autour du cou s'étale un collier à contrepoids.

B- Menna

Il lui fait face, dans une attitude respectueuse et humble, sans bijoux, bras droit sur l'épaule gauche, main gauche saisissant l'avant-bras droit. Il est vêtu de son pagne noué par une grande ceinture, ainsi que d'une longue tunique transparente à manches et d'une perruque. Son visage a été mutilé.
Il est accompagné de huit colonnes de texte : "Le scribe du domaine du seigneur des Deux Terres, Menna, juste de voix. Il dit : Ô mon cœur de ma mère (bis), mon cœur de mon existence, ne te dresse pas contre moi, avec le gardien (de la balance) comme témoin contre moi ; ne soit pas un ennemi contre moi devant les puissances divines, ne fais pas pencher (la balance) devant moi en présence du gardien de la balance, toi qui es mon Ka qui est dans mon corps. Khnoum a fait résonner mes membres ; sors, toi, vers la félicité vers laquelle nous allons ; que c'est plaisant pour toi, plaisant d'entendre, le jour de peser les paroles".

C- La balance

Devant Menna, lui faisant face, se trouve la balance. Un des plateaux porte le cœur de Menna, l'autre la déesse de l'équilibre du monde, Maat. La justesse de la pesée est garantie par Horus, qui vérifie le peson. Les deux plateaux sont en équilibre, le jugement est favorable (comme toujours !), ce qui est noté par Thot à tête d'ibis, maître de l'ogdoade, qui se trouve au-dessus.