LA PORTE SALLE A - SALLE B

Largeur de la porte = 0,76m ; profondeur = 0,41m.
Avec un peu de recul, on voit clairement que cette ouverture est conçue comme la porte d'un temple. Elle est surmontée par une corniche à gorge, peinte de bandes vertes, bleues, blanches, rouges, qui repose sur un tore. En dessous, le haut de la porte et les montants ont été différenciés du reste de la tombe par l'emploi d'un fond jaune. On devine, à l'extrémité du couloir, les maigres restes de statues, qui centrent donc la porte, comme le fait le soleil du matin entre les môles d'un pylône de temple. A cet endroit, nous sommes à la frontière entre le monde des vivants et le monde mystérieux des dieux

1) - Le dessus de la porte

Il est occupé par deux scènes en miroir par rapport à un axe central matérialisé par une petite colonne de hiéroglyphes qui souhaitent : Toute protection, vie, stabilité, puissance, santé […]" sans aucun doute à Ouserhat. Anubis vient en premier ; sa tête de canidé a été grattée par les amarniens, qui n'ont paradoxalement pas touché à Osiris. Ce dernier est coiffé de sa mitre à double plume, enserré dans un linceul d'où sortent deux avant bras tenant le signe Ankh, le sceptre Ouser et le fouet Nekhakha ; au menton est attachée la longue barbe postiche à bout recourbé, caractéristique des dieux morts. Une table d'offrande se trouve devant chaque dieu, et Ouserhat s'avance vers elle, les bras levés en signe d'adoration. Ces deux grands dieux funéraires règnent sur les défunts, dont ils gouvernent le sort. Il est donc normal qu'Ouserhat leur rende un hommage particulier, et qu'il le fasse à cet endroit.

2) - Les montants

Trois colonnes verticales de hiéroglyphes sont sculptées en un relief levé de haute qualité ; ils ont ensuite été peints de manière à se détacher sur le fond jaune (). Le relief de la colonne proche de l'ouverture est abîmé, mais les deux autres colonnes sont bien lisibles (les lettres b à h font référence au dessin).

b) Offrande que fait le roi pour Amon-Ra, le seigneur du Ciel ; qu’il donne tout ce qui est amené sur son autel pour le Ka du représentant du Héraut et scribe royal, Ouserhat, Juste de Voix.
c) Offrande que fait le roi à Horakhty, le grand Dieu, seigneur de La grande Maison ; qu’il te donne à voir le soleil du matin et te présente les pains qui lui sont amenés quotidiennement. Pour l'enfant du Kep, scribe, Ouserhat Juste de Voix.
d) Offrande que fait le roi à Anubis, qui préside le pavillon divin, afin qu’il donne à respirer le souffle de la myrrhe et de l’encens ; de l’eau fraîche, du vin et du lait. Pour le Ka du représentant du Héraut, scribe royal, Ouserhat […]
e) Offrande que fait le roi à Osiris, premier de l’Occident ; qu’il fasse une offrande invocatoire de pain, de bière, de bœuf et de volailles, toutes bonnes choses pures ; une offrande hnkt et toutes les offrandes annuelles et journalières. Pour le Ka du représentant du Héraut, scribe royal, Ouserhat, Juste de Voix.
f) Offrande que fait le roi à Anubis, maître des embaumeurs, (celui) qui est sur sa montagne, afin qu'il donne l'huile sacrée pour son autel (?), afin qu'il appelle à la voix les choses nécessaires pour le Ka de l'enfant du Kep, scribe, Ouserhat, Juste de Voix.
g) Offrande que fait le roi à Hathor maîtresse du désert de l’Ouest ; qu’elle donne et facilite l’accès, l’entrée et la sortie de la nécropole, afin que mon Ka ne soit pas bloqué dans ses désirs. Pour le Ka du représentant du Héraut, scribe royal, Ouserhat.
h)
inscription horizontale, au bas des colonnes, identique de chaque côté : "Sa (Sœur), son aimée, la maîtresse de maison, Moutneferet".

SALLE B

Longueur Nord-Sud = 4,55m (O) et 4,52m (E) ; Largeur Est-Ouest : 1,93m (N) et 1,86m (S) ; Hauteur = 2,25m.
La salle est plus sombre que la précédente, car nous entrons ici dans un domaine plus spécifiquement funéraire, centré sur le couple de statues qui en occupait le fond. Les deux parois qui se font face sont, en apparence, antinomiques. Scènes de chasse, de pêche, d'agitation à gauche ; scènes solennelles, calmes, de funérailles à droite.

LE PLAFOND

Le plafond de la pièce semble voûté. En réalité il comporte deux zones planes qui se rejoignent au niveau d'un faîte surélevé d'une dizaine de centimètres. Le principe général de décoration est le même que celui utilisé dans le hall transversal, avec des pseudo-poutres délimitant une zone centrale. Dans celle-ci, ce sont les motifs en losanges et lignes en zigzag décorant les pièces A1 et A2 qui ont été repris.

Les bandes jaunes qui entourent le plafond et celle qui le divise en deux à son faîte, sont inscrites (). Les inscriptions longitudinales partent toutes de l'entrée (Nord) pour se diriger vers la paroi du fond. Les inscriptions transversales quant à elles se dirigent toutes vers la bande centrale. Les textes des bandes longitudinales sont des suppliques aux dieux, ceux des bandes transversales font référence aux Quatre Enfants d'Horus (voir sur ce sujet).

Texte de la bande longitudinale centrale A, une adresse à Osiris : "Offrande que fait le roi à Osiris, le premier des Occidentaux, qu’il veuille donner toutes choses bonnes et pures [offrandes de bouche?] et toutes les offrandes annuelles, le parfum de la myrrhe et de l’encens, de l’eau fraîche, du vin, et du lait, du pain quotidien à prélever en son temple ; et qu’il te soit dit : 'bienvenue, en paix, de la part de celui qui te voit, pour celui qui était travailleur, le transfiguré bien pourvu, l’acclamé, déjà admiré dès sa naissance, le comptable du pain de Haute et Basse Égypte Ouserhat, devenu Osiris, et sa femme Moutneferet'."

Texte de la bande longitudinale côté Ouest (C), une adresse à Anubis : "Offrande que donne le roi à Anubis, le premier du panthéon. Qu’il donne toutes bonnes choses et suaves, les offrandes quotidiennes et annuelles, le doux souffle qui émane de lui et sa faveur de ??? terrestre. Pour le Ka de celui qui est proche de son maître, du Dieu bon et aimé, de celui qui accompagne le maître des Deux Terres partout où il se rend. Le responsable des bovins d’Amon, comptable du pain de Haute et de Basse Égypte, le substitut du Héraut, Ouserhat, justifié auprès du grand Dieu, le seigneur d’Abydos et son épouse, la maîtresse de maison, Moutneferet, justifiée".

Le texte de la bande longitudinale côté Est (B) est très lacunaire.

Texte de la bande transversale du mur du fond (Nord) : Nord-Est (D) : "Bienheureux auprès de Amset, l'osiris Ouserhat, justifié". Nord-Ouest (F) : "Bienheureux auprès de Hapi, l'osiris Ouserhat, justifié".

Texte de la bande transversale du mur côté entrée (Sud) : Sud-Est (E) : "Bienheureux auprès de Douamoutef, l'osiris Ouserhat, justifié". Sud-Ouest (G) : "Bienheureux auprès de Qebehsenouef, l'osiris Ouserhat, justifié".

MUR NORD (petit côté, à gauche)

Longueur = 0,48m.

Ce petit segment de mur comporte quatre registres superposés. Le décor n'est pas autonome, mais s'intègre à celui de la paroi Est.
Sur le registre du haut, trois hommes courent derrière le char du maître, tenant en main cannes, carquois et arc.
Sur les deux registres sous-jacents, d'autres semblent moins pressés…
Les trois femmes figurées en bas s'intègrent à la scène d'offrande qui se trouve sous le chariot.

MUR EST (grande paroi, à gauche)

 Longueur = 4,55m.

Registre supérieur

1) - La scène de chasse en char dans le désert

Cette scène, qui se trouve à l'extrémité Nord du mur Est, est célèbre, et a été maintes fois reproduites en raison de sa qualité et son originalité, traduction de la main d'un vrai Maître.

Le char

Ouserhat est donc debout dans un char, les rênes enroulées autour des reins. Le char est un modèle léger, le même que celui utilisé au combat (les Égyptiens n'utilisaient pas de chars lourds). Sa caisse est faite de pièces de bois courbées, tandis que la partie inférieure et frontale est en vannerie. La partie arrière de la caisse repose sur l’axe des roues à quatre rayons. La liaison entre rayons et moyeu se fait par des lanières de cuir, ce que semble indiquer la différence de couleur (brun clair à rouge brun). L'engin est tiré par deux puissants destriers, représentés en rouge et en blanc, dont les crinières ont été particulièrement soignées. L'artiste a essayé de saisir les chevaux dans une attitude puissante et caractéristique : la tête est relevée, le dos cambré, la croupe saillante, avec une courbure rappelant celle de la crinière. Remarquons cependant que, ici comme dans d'autres tombes, les anciens Égyptiens n'ont jamais réellement su représenter le cheval, un animal qui fait son apparition pendant la Deuxième Période Intermédiaire, et qui était donc relativement nouveau pour eux. Néanmoins, l'ensemble dégage ici une impression de galop maîtrisé, à laquelle répond l’attitude altière du chasseur, contrastant fortement avec le désordre du gibier en fuite.

Ouserhat

Ouserhat, en grand habit, bande au maximum son arc, et s'apprête à décocher sa flèche devant lui. La maîtrise dont il fait preuve dans cet exercice difficile va contraster avec le mouvement désordonné de ses victimes. Dans son dos, il porte un carquois plein de flèches, tandis que l'équipement du char comporte un fourreau destiné à contenir des javelines.
Un petit coup d'oeil sur le mur opposé, nous montre une scène antinomique : le défilé des éléments de l'attelage démonté, dans le contexte de la procession funéraire.

Le gibier

Le véritable intérêt de la scène se trouve dans la façon dont est représenté le gibier. Nous sommes dans le désert, dont l'atmosphère est rendue par la rareté de la végétation, par les tons bruns foncés du cheval et de l'archer et les tons rouge brun plus pâles du gibier. L'artiste a soigneusement banni les couleurs vertes et bleues.
La faune a été saisie avec un naturel stupéfiant. On est loin ici de l'Ancien Empire où la victime était figuré comme un échantillon statique ; disparus aussi les enclos ou filets qui délimitaient de véritables réserves de gibier.
Seul des animaux sans cornes sont ici représentés, en train de fuir dans une panique indescriptible devant la pluie de projectiles qui s'abattent sur eux. L'artiste a encore accentué l'effet produit en cerclant de rouge certains corps, mais pas d'autres. Deux lièvres blessés sautent sous le ventre des chevaux, tandis qu'un troisième gît sur le sol, mort. Des gazelles bondissent en tout sens en essayant de fuir ; certaines sont blessées, d'autres, déjà mortes ou agonisantes, gisent à terre. Deux hyènes sont représentées sous les chevaux ; l'une s'enfuit tandis que l'autre, touchée, se retourne gueule ouverte laissant échapper un filet de sang ().

En bas, à droite, une petite scène traduit bien le talent de l'artiste : un renard mourant cherche refuge dans un des rares et maigres buissons du paysage. Voici comment Mekhitarian commente cette scène : "les pattes appuyées à l'arbuste qui le soutient, le dos courbé, l'œil égaré, il exprime, autant par l'attitude que par le regard, sa peur et son étonnement du malheur qui lui arrive. Le contraste est grand entre l'agitation qui règne au-dessus et le drame qui se joue en silence dans ce petit coin du tableau. D'avoir su traduire ce drame sans emphase, sans lyrisme, par un simple point rouge sur une tache blanche (l'œil de l'animal mourant), tient du prodige. Rarement génie artistique a pu se contenir à un tel degré, dire tant de choses en si peu de mots. Dépouillée de tout artifice, de toute complication technique, l'œuvre, en partant d'un sujet misérable, atteint au sublime".

Évènement réel et/ou symbole ?

L'interprétation de cette scène de chasse, comme de la scène de pêche qui va suivre, peut se faire à un double niveau. D'une part, on peut la considérer comme une évocation par le défunt des joies de la chasse, et de son désir de retrouver ces sensations dans l'au-delà. Ouserhat a t'il réellement participé à ce genre de chasse sportive de son vivant ? C'est possible, mais pas certain.
De plus, cette scène est figurée dans la partie profonde de chapelle funéraire. A la suite de nombreux égyptologues (Philippe Derchain, Christiane Desroches-Noblecourt, Lise Manniche, … entre autres) il apparaît plus juste de considérer ces scènes comme essentiellement apotropaïques (apotropaïque = qui détourne le danger, qui protège des influences maléfiques).
Les animaux du désert habitent un milieu hostile, non contrôlé par l'homme Égyptien, un milieu où ne règne pas la Maat, mais son contraire, Isfet, le désordre, le chaos non maîtrisé. Les animaux propres à ce milieu représentent donc un danger potentiel, et sont assimilés aux forces hostiles du chaos qui, dans l'au-delà, vont essayer d'empêcher Ouserhat d'accomplir le destin post-mortem auquel il aspire. Ils doivent donc être détruits.

Ce sommet de la peinture égyptienne de la XVIIIème dynastie marque également la fin de ce thème de chasse, qui disparaîtra des tombes privées après le règne d'Amenhotep II.

2) - La scène de chasse et pêche dans les marécages

C’était un motif déjà traditionnel dans les mastabas de l’Ancien Empire et qui perdure par la suite dans les tombes privées jusqu'à la fin de la XVIIIème Dynastie, puis qui disparaît lui aussi.

a) - Chasse aux oiseaux des marais

Cette scène et celle de pêche au harpon se font habituellement face et sont séparées par ce que l'on nomme le tumulus ou la montagne d'eau ; mais ici elles sont linéaires et se succèdent, séparées seulement par un fourré de papyrus (). Le motif du marais, se poursuit d’une scène à l’autre par une bande de couleur bleue, sans ondulations, symbolisant le Nil.

Accompagné de sa femme et de sa fille, Ouserhat avance à la surface du marais sur un bateau léger fait de tiges de papyrus. Le pont est représenté couvert par une natte brune, Au milieu de l'esquif, Ouserhat, dont le costume n'est pas achevé, campé sur ses jambes écartées adopte une posture royale, celle du souverain face à l’ennemi, comme on la voit sur les pylônes des temples. Sa main droite brandit derrière sa tête un bâton de jet, qu’il s’apprête à projeter dans le fourré de papyrus. De sa main gauche, il retient par les pattes trois canards vivants, servant peut-être d’appâts. Les deux femmes qui sont représentées à échelle plus petite sont Moutneferet et une de ses filles ; elles sont habillées et parées de bijoux (diadèmes, bracelets, colliers). Toutes deux tiennent des fleurs de lotus, la mère agrippant en plus deux canards par les ailes.
Le tableau d’ensemble est d'une grande raideur académique, accentuée par le fourré de papyrus quasiment rectangulaire. En haut, à gauche, on remarquera un motif très prisé durant l’Ancien Empire : un nid avec deux oisillons menacés par un prédateur dont le poids fait plier la tige de papyrus. Trois canards s’envolent au-dessus du fourré tandis qu'un quatrième, touché par le bâton, s’effondre tête en bas ().

b) - La scène de pêche au harpon

La scène, le décor, les attitudes sont en tous points similaires à la scène précédente, avec un manque de finitions et une absence de textes. Moutneferet tient une fleur de lotus et un harpon de rechange. Sa fille se tient à l’une des jambes de son père, qui guide son harpon d’une main et l’arme de l’autre. Devant lui se dresse une "montagne d’eau", dans laquelle il harponne deux poissons, des Tilapia Nilotica. Cinq canards effarouchés ont pris leur envol et se dirigent vers le chasseur.
La signification de ces scènes dans les marais est la même que celle des scènes de chasse. Il s'agit d'empêcher les forces mauvaises, celles du chaos, du désordre, de perturber la seconde gestation du défunt dans le sein de la déesse mère, dont le liquide amniotique est assimilé à l'eau du marais. Et ce n'est pas par hasard que la femme et la fille du défunt sont présentes : elles doivent stimuler la sexualité du défunt afin qu'il soit capable de renaître de ses propres œuvres.

Vous avez sans doute remarqué que des animaux bizarres ont été rajoutés dans ces scènes. Ce sont les Coptes qui ont fait ces graffiti, fort laids, de bêtes monstrueuses, des créatures de l'enfer (surtout celle sur le premier bateau). A mon avis, ce n'est pas un hasard s'ils ont choisi de les faire figurer précisément ici. Le vieux fond de superstition pharaonique devait persister, et les anachorètes se rappelaient vaguement la signification de ces scènes pour leurs ancêtres. Ils ont voulu, à leur tour, contribuer à la destruction du (des) démon (s). J'y vois une preuve convaincante de la justesse de l'explication symbolique proposée.
Le registre se termine par un second fourré de papyrus, qui n'apporte rien de plus, ni esthétiquement, ni symboliquement.

Registre inférieur

Il est divisé en deux zones bien distinctes, sans toutefois que la séparation ait été matérialisée.

1) - Partie gauche du registre

Elle doit se lire de façon rétrograde, en commençant par la jonction avec la scène suivante.
Nous retrouvons un bosquet de papyrus, qui plante le décor, puis vient la représentation d'une chasse d'oiseaux sauvages au filet, scène traditionnelle du répertoire de l'Ancien Empire. Le fourré de droite est plus haut que celui de gauche, qui laisse passer au-dessus de lui l'envol de canards. Le plan d’eau ovale entre ces buissons révèle le filet hexagonal qui s’en détache grâce à un coloris bleu vif, alors que l’eau est verdâtre (). Les mailles sont peu visibles et les baguettes de soutien sont absentes. Mais l’intérieur du filet, avec quelques plants de lotus et des oiseaux qui s’ébattent, est bien visible. Un échassier blanc, appât bien connu, est présent à côté du filet. Au dessus de l’eau, un vol de huit canards qui ont réussi à s'échapper. On aperçoit la cordelette qui retient le piège ouvert. En la suivant des yeux, on aboutit à trois piégeurs cachés par un bosquet de papyrus. Ils s'apprêtent à tirer sur le cordon pour fermer le filet. Le bout du cordon après le troisième homme est fixé à un plot. De toutes les scènes analogues connues, c’est la seule dans laquelle le "guetteur" est absent, celui qui, dissimulé dans les papyrus, donne le signal de la fermeture du piège.

Sur la gauche, nous voyons la suite de la scène précédente () : Ouserhat et Moutneferet sont assis sur une large banquette avec haut dossier. Celle-ci est posée sur une natte, à côté d’un pot à onguent et d’une cruche ventrue. Le manteau d'Ouserhat est fermé, il porte au cou une chaîne avec pendentif, et hume le parfum de la fleur de lotus. Derrière le couple, sur le mur Nord nous avons déjà évoqué les trois servantes. Les couleurs sont très abîmées, mais on reconnaît que la première porte à la main des sandales et peut être un éventail, la troisième porte un pot à onguent à long col, et la seconde touche de sa main l’épaule de la précédente.
Devant la grande table où s'empilent des offrandes, deux hommes présentent des canards, cinq pour le premier et quatre pour le second, qui porte de plus un bouquet de papyrus. Trois autres canards sont posés sur une table basse, à côté de la grande table d’offrandes (tous les oiseaux sont vivants, et il n'y a pas non plus de canard mort dans l'empilement des offrandes).
Le texte d'accompagnement est inscrit sur 12 colonnes et une ligne horizontale ; quoique très effacé, le sens est compréhensible, à savoir que ce sont les prises effectuées par le filet basculant qui sont présentées ici.

Cette chasse au filet n'a pas la valeur symbolique de son homologue du registre du dessus… à ceci près que le canard a une connotation érotique. Rappelons-nous que, sur la barque, ce sont des canards que la femme d'Ouserhat tient en main. Il s'agit donc là, sous une forme extrêmement déguisée, d'un nouvel appel à la sensualité.

2) - Partie droite du registre

À droite du bosquet de papyrus se déploient trois saynètes ayant trait à la vigne. Là encore, il ne s'agit pas d'un sujet aussi profane qu'on pourrait l'imaginer, car le vin (rouge) est assimilé au sang du dieu Osiris, tué et dépecé par son frère Seth. De plus, le vin favorise l'ivresse et donc l'amour et la sexualité.
Nous trouvons tout d'abord deux petits registres superposés, montrant des vignerons en pleine vendange. Les grappes violettes s'entassent dans des paniers d'osier.

Il faut ensuite passer dans la troisième scène qui montre le pressage du raisin. Celui-ci se fait dans une grande cuve où les hommes piétinent les grappes depuis un bon moment sans doute. De chaque côté sont représentées des colonnettes florales dont les chapiteaux ouverts supportent des poutrelles. Pendant de ces supports, des branches feuillues (en fait sûrement des cordes) tombent à la hauteur des six hommes qui s'y agrippent. Il s'agit d'un travail pénible et fastidieux, réservé à des gens de basse extraction sociale, comme en témoignent leurs habits, et l'expression de stupidité sur le visage des deux derniers ; il est vrai que les vapeurs du vin n'ont peut-être pas arrangé les choses… ().
Puis il faut regarder au milieu pour avoir la suite de la scène. Deux hommes apportent les jarres pleines qui sont stockées sur trois rangs. Un scribe agenouillé, fort joliment réalisé, note tout, y compris le nombre de paniers qui avaient été amenés au pressoir : il ne faudrait pas qu'il y ait une discordance entre la quantité de vin théorique attendue, et la quantité réelle apportée.
Enfin, la séquence se termine sur l'extrême droite par la représentation, très abîmée, d'Ouserhat rendant hommage à une déesse-serpent anonyme. On pourrait y voir Renenoutet, la déesse des moissons, mais elle n'a a priori pas de rapport avec le vin ; en effet, le dieu du pressoir est Chesmo, mais celui-ci a d'habitude une tête léonine, et n'est guère représenté dans les tombes.
La scène de pêche au filet adjacente est totalement détruite.