Des plongeurs retrouvent un temple sur le site submergé d'HéracleionDivers find a temple on the submerged site of Heracleion

Images: Vues d'artistes Tomonews et Yann Bernard

C'est en 2000 que Franck Goddio et son équipe de plongeurs archéologues retrouvent, à 6,5 km des rives égyptiennes et par 45 m de fond, les restes de l'antique cité d'Héracléion. En combinant les données géophysiques provenant du positionnement par satellite, des échosondeurs, des magnétomètres à résonance magnétique nucléaire et des sonars à balayage latéral, les chercheurs ont obtenu des données assez complètes pour mettre en évidence un groupe de ports proches d'Heracleion qui n'étaient pas connus auparavant.
La principale découverte concerne un petit temple en ruine datant du IVe siècle av. J.-C. (XXXe dynastie) qui se trouve sous une épaisseur de 3 m de sédiments. Le temple renfermait des objets encore intacts malgré plus d'un millénaire passé sous l'eau. Parmi les objets répertoriés se trouvent des artefacts en argent et en bronze ainsi que des céramiques.
Héracléion était une cité commerciale dynamique. Sa disparition serait liée à un important tremblement de terre à l'origine d'un puissant tsunami, sous le règne du roi Ptolémée VIII (de -170 à -163). Ce raz de marée a engendré des glissements de terrain ayant précipité une grande partie de la cité dans la Méditerranée. Les quelques petits îlots épargnés ont disparu au VIIIe siècle apr. J.-C. lors d'une seconde catastrophe naturelle. Selon Franck Goddio, seuls 5% de la ville auraient été retrouvés à ce jour.

The ancient Egyptian city of Heracleion was once a bustling trading port. Now, it lies 45 metres (about 148 feet) under the Mediterranean Sea. Recently, divers have revealed perhaps the best find since the submerged city was rediscovered two decades ago by archaeologists led by Franck Goddio. Joining together geophysical data from satellite positioning, echo sounders, nuclear magnetic resonance magnetometers and side-scan sonar, researchers have acquired such comprehensive scans, that the team discovered a group of ports close by Heracleion that weren't previously known about.
The main discovery was of a small temple in ruins dating from the fourth century BC. J.-C. (XXX Dynasty) which is under a 3 m layer of sediment. The temple contained objects still intact despite more than a thousand years under water. Among the artifacts listed are artifacts in silver and bronze as well as ceramics, bronze coins from the reign of King Ptolemy II (283 to 246 BCE), plus pottery, jewellery, and storage utensils found in the remains of several ships.
Heracleion was a dynamic commercial city. The disappearance of the city is linked to a major earthquake that caused a powerful tsunami during the reign of King Ptolemy VIII (from 170 to 163 BC). This tidal wave caused landslides that precipitated a large part of the city into the Mediterranean sea. The few small islets that were spared disappeared during a second natural disaster, in the 8th century AD.

L'inventeur de la Xbox fait du pain avec une levure vieille de 4500 ansScientists Make Fresh Bread out of 4,500-Year Old Egyptian Yeast

Photos: Seamus Blackley

Seamus Blackley - physicien, boulanger amateur, passionné d'égyptologie... et père de la console de jeu Xbox de Microsoft - vient de réussir une expérience peu commune : faire du pain avec de la levure égyptienne antique. Le Peabody Essex Museum et le Museum of Fine Arts de Boston lui ont accordé l'accès à des poteries égyptiennes vieilles de 4500 ans qui servaient à la préparation de la pâte à pain. Pour réaliser son expérience, Blackley s'est entouré d'une archéologue, d'un ancien expert en brasserie et d'un doctorant en microbiologie.
Une solution nutritive a été injectée dans la céramique pour réveiller les levures dormantes. Ainsi un "jus de levure" a pu être recueilli sans abimer les récipients. "Bien que cet échantillon contienne sûrement des contaminants modernes, il contient aussi probablement de véritables souches de levures anciennes", écrit Seamus Blackley. Le bouillon fut mis en culture, en y adjoignant de l'huile d'olive, de l'orge moulue à la main et de l'épeautre, ingrédients identiques à ceux que les anciens Égyptiens auraient utilisés pour faire leur pain. La levure proliféra, permettant de disposer d'une base superposable à celle d'un pain au levain. Après avoir été pétrie, la pâte fut laissée à reposer deux semaines avant d'être mise à cuire au four (moderne !). Il en sortit une miche splendide, sur laquelle Blackley ne tarit pas d'éloge, parlant d'une mie "légère et aérée".
Blackley souhaite maintenant, en étroite collaboration avec des égyptologues, retrouver les vraies techniques de fabrication du pain dans l'Égypte antique, en utilisant les mêmes poteries, les mêmes outils et les mêmes méthodes de cuisson. Il s'agit aussi d'augmenter le nombre d'échantillons afin de différencier les levures anciennes et modernes par l'analyse de leur génome.

Seamus Blackley — physicist, amateur baker, Egyptology hobbyist... and father of Microsoft's Xbox game consol - just made bread from ancient Egyptian yeast. He was granted permission from the Peabody Essex Museum and Museum of Fine Arts in Boston to have access to 4,500-year-old Egyptian pottery and vessels that were used to make bread. Blackley recruited an archaeologist, an ancient brewing expert, and a doctoral candidate in microbiology to help him. A nutrient solution was injected into the ceramics to reawaken the dormant yeasts. This turned them into a yeasty liquid, which didn't damage the ceramics and allowed them to be easily extracted from the pottery. Most of the yeast was sent off to laboratories to be studied and tested. However, Blackley was able to take some home, enough to make a loaf of bread. He said: "You want to get the old stuff without the contamination of all the modern yeast that's floating around. (..) You want to get to the microbe that has been embedded and gone to sleep inside these little protective cocoons in the ceramics. Then we can compare the genomes of these samples that we've obtained to current modern yeast". At home, he cultivated it for a week, injecting it with olive oil, hand-milled barley, and einkorn, so that he had a starter - similar to how sourdough bread is made. These would have been the same, if not very similar, ingredients that the ancient Egyptians would have used to make their bread. Once baked, Blackley commented that its taste was sweeter and that the crumb was "light and airy" compared with regular bread.
Blackley's plans are now to work closely with Egyptologists to use the same ceramics, tools, and baking methods the ancient Egyptians used to make their bread.

L'Égypte a commencé la restauration du sarcophage doré de ToutankhamonKing Tut's coffin is in 'very bad condition'

Photos: Egypt Ministry of Antiquities

Nous avons signalé le mois dernier que, pour la première fois depuis 1922, le troisième sarcophage - le plus externe, en bois doré - avait discrètement quitté la tombe KV62 de la Vallée des Rois pour être transporté dans les ateliers de restauration du Grand Egyptian Museum, près des Pyramides. On en sait maintenant un peu plus.
En effet ce sarcophage a un urgent besoin de soins et il est très fragile. Avant de pouvoir déplacer la structure de 2,2 mètres de la tombe, il a ainsi fallu procéder à une première intervention par First Aid Conservation and Transportation of Artifacts dont le directeur a déclaré: "Le sarcophage est en très mauvais état, il est très endommagé, surtout le couvercle et le dos. Nous avons trouvé de nombreuses fissures, nous avons constaté que de nombreux fragments manquaient, ainsi que des couches de plâtre et de vernis", ajoutant: "c'est 30% de la surface qui est endommagée en raison de la chaleur et de l'humidité qui règnent dans la tombe". L'une des tâches complexes de la restauration va consister à étudier les centaines de fragments détachés et rechercher la place originelle de chacun d'entre eux" a déclaré Hussein Kamal, directeur général de la conservation du GEM.
La restauration devrait durer 8 mois au moins. Le cercueil pourra alors rejoindre les 5397 autres pièces que contenait la tombe de ce jeune(et insignifiant) souverain.

We reported last month that, for the first time since 1922, the third sarcophagus - the most external, made of gilded wood - had discreetly left the KV62 tomb in the Valley of the Kings to be transported to the restoration workshops of the Grand Egyptian Museum, near the Pyramids. We now know a little more about it.
Inside the lab allocated for wooden objects, the coffin lays inside a plastic incubator with state-of-the-art equipment to fumigate the coffin as a first step in its restoration process. Then, using un-invasive methods, analyses and scientific investigations will be carried on.
The coffin is about "30% damaged, especially in the lid and base" because of high temperatures and humidity inside the tomb, said Eissa Zeidan, general director of First Aid Conservation and Transportation of Artifacts, standing inside the laboratory. "The coffin is in a very bad condition, very deteriorated. We found many cracks, we found many missing parts, missing layers", according to the general director of conservation at the GEM, Hussein Kamal. "There are a lot of fragments," he said. "We should study the original place of each piece" to properly reattach them to the coffin, adding: "we expect between eight and nine months of work to reach a good preservation state."
Mostafa Waziri, Secretary General of the Supreme Council of Antiquities, stated that the total number of antiquities belonging to King Tutankhamen is 5398. Among the 5398 pieces belonging to the Golden King, 4500 pieces have been transferred so far.

"Digitized treasures" chez Meretseger Books"Digitized treasures" at Meretseger Books

On ne peut que féliciter François Olivier, le dynamique directeur de Meretseger Books, pour sa nouvelle initiative, l'ouverture sur le site d'une section appelée "Digitized Treasures". Certains ouvrages, parmi les plus rares de l'égyptologie et de l'antiquité méditerranéenne, ont été photographiés et peuvent maintenant être lus gratuitement online comme des e-books. Par rapport aux scans habituels, la combinaison de la technologie FlippingBook et de photographies en couleur permet au lecteur non seulement de disposer du contenu, mais aussi de se sentir proche de ces merveilleuses éditions.
Vingt-huit titres sont déjà disponibles et plusieurs titres sont ajoutés chaque mois. Cette section est gratuite, comme l'était déjà l'autre section appelée "Egypt in Pictures" (l'Egypte en photos), qui offre 15 000 photos sur la plupart des sites de l'Égypte.

We can only congratulate François Olivier, the dynamic director of Meretseger Books, for his new initiative, the opening on the site of a new section called "Digitized Treasures". Some of the rarest books in Egyptology and the Ancient Mediterranean world have been photographed and can be read online as e-books. Compared to the usual scans, the combination of FlippingBook software technology and colour photographs gives the reader not only the contents, but also the feeling of being close to those wonderful originals.
Twenty eight titles are already available and several titles are added every month. This resource is free of charge, like the other resource called "Egypt in Pictures", which contains 15,000 photographs of most sites of Egypt.

Les rampes d'Hatnoub ne sont pas la réponse.The Ramp at Hatnub Quarry: No Solution for Pyramids

Photo: Internet

Dans la newsletter de novembre 2018 nous avions parlé de la découverte par des archéologues de l'IFAO sur le site des carrières d'Hatnoub d'une rampe très particulière. En effet, sa pente atteint et parfois même dépasse 20% (11°). Or jusqu'à maintenant, lorsqu'on évoque les rampes qui ont pu servir à la construction de pyramides, on estime la pente entre 5 et 10 %. Moins pentue et donc plus longue, "jusqu'à 2 km". Alors qu'avec une pente à 20 %, "la rampe peut faire une centaine de mètres tout au plus". Alors, bien sûr, se pose la question: la Grande Pyramide a-t-elle été construite à l'aide de pentes droites très raides ?
Non! dit Stephen Brichieri-Colombi dans un article qui vient de paraître dans PalArch. Les archéologues pensaient que les caractéristiques de la rampe d'Hatnoub auraient permis de diviser les hommes en deux groupes. Le premier, placé plus haut que la pierre tirant directement le bloc vers le haut, tandis que l'autre la tirait depuis le bas, les cordes passant autour des poteaux servant de poulies.
Les calculs faits par l'auteur démontrent que l'hypothèse est insoutenable car les poteaux n'auraient fourni aucun avantage mécanique. Ils servaient à négocier la courbure de la rampe. Ainsi, les spécificités d'Hatnoub ne présenteraint aucun intérêt dans le cadre de la construction d'une pyramide, et l'hypothèse devrait être abandonnée.

In the November 2018 Newsletter, we reported on the discovery by French archeologists of the IFAO, on the site of the quarries of Hatnub, of a ramp. It was used to pull very heavy blocks. The ramp, is sometimes very steep since the inclination is 20% or more. However, until now, when we talk about the ramps that may have been used to build pyramids, we have estimated the slope to be between 5 and 10%. Less sloping and therefore longer, "up to 2 km". While with a 20% slope, "the ramp can be up to a hundred meters long". So, of course, the question arises: was the Great Pyramid built using steep straight slopes? This puts into question the theories on how the ramps -if any- were built" says Yannis Gourdon, mission head.
No! says Stephen Brichieri-Colombi in an article that has just appeared in PalArch. The archaeologists hypothesize that these features allowed the haul team to be split into two groups, one hauling upslope with a direct pull, and the other downslope on ropes passed around the posts "acting as pulleys", thus enabling a steep slope to be used. This paper is based on the physics of various arrangements and demonstrates that the hypothesis is untenable as the posts would have acted as bollards and provided no mechanical advantage. The posts were necessary because of the problems large haul teams would have had negotiating the curvature of the ramp. Interesting as the features at Hatnub are, they are unnecessary and undesirable on the ramps that would have been required for pyramid construction, and the hypothesis should be rejected.